Numéro 429 - décembre 2014


Que vivent nos 75 langues régionales !

Parlez vous l’alsacien, le créole, l’arpitan, le polynésien ? Ce sont pourtant quelques une des langues qui sont parlées sur le territoire français et qui devraient être protégées par la Charte européenne des langues régionales et minoritaires... que la France est l’un des seuls pays à ne pas avoir ratifié. Au-delà des fantasmes de repli communautaire, la diversité des langues est une richesse que nous vous invitons à découvrir dans ce dossier.

• Dossier

Que vivent nos 75 langues régionales !

« Aujourd’hui, la plupart des sociétés sont plurilingues. » (Entretien avec Gilbert Dalgalian par Divi Kerneis)

La mort des langues n’est pas un destin (Divi Kerneis)

Les luttes pour les langues « régionales » en France : un combat pour la démocratie (Tangi Louarn)

Nos langues et nos identités (Marion Durand)

Ai’ta ! : la désobéissance civile au service de la langue bretonne (Tristan An Nedeleg)

Quand la langue corse passe à la télé (Lisa D’Orazio)

En Pays basque nord, l’enseignement joue un rôle moteur (Peio Jorajuria)

• Articles

Comment notre corps est devenu une décharge ambulante (Entretien avec Fabrice Nicolino par Michel Bernard )

En Algérie, l’eau se fait de plus en plus rare (Mohamed Nichane et Mohamed Anouar Khelil)

Algérie : les opposants à l’exploitation du gaz de schiste en mode résistance (Mehdi Bsikri)

Dystopia, main basse sur l’agriculture (Alexa Brunet, Patrick Herman)

État Islamique et Kobanê : que peut la non-violence (Guillaume Gamblin)

Résister aux importations d’OGM (Guillaume de Crop)

• Chroniques

BD : Une recette bien exotique (S. Moizie)

Sur les terres de l’abstention et du FN, un maire résiste par l’écologie (L. Lavocat)

Les jeux et Noël... (M. Scrive)

Le cauchemar de TEPCO est aussi le nôtre(M. Douillet)

Guerres, épidémies et accaparement des terres en Afrique(O. Tobner)

Élargir les failles(P. Bouveret)

• Brèves

Alternatives • Femmes, hommes, etc. • Société • Vélo(rution) • Climat • Environnement • Nucléaire • Énergies • Nord/Sud • OGM • Paix • Agenda • Annonces • Courrier • Livres

• Éditorial

Cultivons la biodiversité des langues

S’il est fréquent d’entendre parler basque ou catalan lorsque l’on voyage au sud de la frontière franco-espagnole, les choses changent dès que l’on met les pieds sur le territoire français. Rien de naturel à cela : c’est plutôt le fruit de politiques linguistiques contrastées.

Nous vivons dans un Etat construit sur une tradition républicaine jacobine qui a mis en place, depuis plus de deux siècles, un véritable ethnocide des différentes cultures présentes sur le territoire national. Ce sont les langues régionales mais aussi les cultures et traditions qui leur sont liées qui ont été détruites avec application. Aujourd’hui, les différentes langues présentes sur le territoire français sont dans une situation critique.

Il en va de même pour la terre : d’un côté, le modèle productiviste entraîne des monocultures agricoles qui appauvrissent le sol et participent à l’érosion de l’humus ; et de l’autre, des cultures et des langues minorisées sont en voie de disparition. Ainsi la diversité des langues et des cultures, c’est à dire le prolongement de la biodiversité chez l’humain, est en train de disparaître au profit d’une société monolingue (1).

Le lien entre monolinguisme et monoculture végétale est très concret : l’une d’entre nous a constaté que son oncle et son grand-père connaissaient une quantité de salades sauvages, délicieuses, qu’elle mangeait il y a ... 50 ans. Ils en connaissaient le nom occitan. Il s’est avéré que la traduction française de ces noms n’a pas été faite ou transmise. Résultat, après le décès des anciens, le nom de ces salades (herbes comestibles) n’ayant pas été mémorisé ni traduit, il est bien difficile de les retrouver. Ces salades sauvages ont été, de fait, perdues.

Notre dossier donne la parole à des personnes engagées dans la défense et la promotion des langues régionales (2). Ce sont les acteurs de la résistance et de la vie de ces langues qui nous parlent de l’importance de faire vivre ce trésor linguistique et culturel. Et de leurs combats pour faire respecter le droit à la diversité.

Monique Douillet, Guillaume Gamblin et Divi Kerneis

(1) Le même phénomène se met en place, à une autre échelle, entre l’anglais et les langues d’usage au niveau européen, et bien malin le ou la député-e européen-ne qui ne voudra pas ou ne parviendra pas à utiliser l’anglais.

(2) Essentiellement les langues situées en métropole. Les autres n’ont été qu’effleurées dans ce dossier, tant le sujet est vaste et tant elles mériteraient un dossier à part entière.