Numéro 471 - octobre 2018


L’arbre, cet allié méconnu

L’arbre des villes est grignoté par l’urbanisation, l’arbre des champs est grignoté par la mécanisation, l’arbre des forêts est grignoté par l’exploitation. Pourquoi ? Peut être parce que nous avons tendance à aborder la nature du côté qui nous est directement utile. Énergie, climat, agriculture, biodiversité, sens, les arbres sont à la convergence de toutes ces dimensions. Explorer la fabuleuse richesse des arbres nous aidera peut-être à changer notre regard sur ceux-ci et à les préserver.

Dossier : L’arbre, cet allié méconnu

Les propriétés insoupçonnées des arbres

Les récentes découvertes autour des arbres forment un univers fascinant. À travers quelques exemples et anecdotes, en voici un échantillon.

L’arbre et le CO2 : source d’énergies et de débats

L’exploitation des forêts vit une intensification sans précédent, surtout pour la récolte du bois énergie. Tout cela au nom de postulats qui, à force d’être répétés, semblent aussi évidents qu’incontournables : le bois serait un combustible abondant et écologique.

L’arbre : une clef pour le climat

L’arbre, l’évaporation, le sol jouent dans le climat un rôle déterminant, qui dépasse largement la question des émissions de gaz à effet de serre habituellement mise en avant.

L’agroforesterie : l’alliance des arbres et de l’agriculture

L’agriculture n’est pas forcément synonyme de déforestation. L’arbre, au contraire d’autres plantes, comporte une vaste surface aérienne et souterraine. Les plantes et les arbres peuvent donc partager l’espace dans une logique de complémentarité, ce qui fait de l’arbre un allié des productions agricoles.

Défendre l’arbre en ville

En 2011 et 2012, la commune de Nîmes décide de faire abattre 80 platanes et micocouliers du secteur sauvegardé de la ville pour les remplacer par les abribus d’un futur Tram’bus. Des habitant·es se mobilisent alors contre l’abattage illégal de ces arbres centenaires.

Lutte pour la préservation d’un campus aux odeurs de pins

En plein cœur du massif des Calanques, le campus universitaire de Luminy, faculté des sciences d’Aix-Marseille, détonne. Îlot au milieu du parc national, il est l’héritage d’une préemption par l’État en 1945 ; il faisait figure de bien commun au même titre que les arbres qui composent la pinède.

Articles

Le développement, un colonialisme qui ne dit pas son nom

Thierry Sallantin revient ici sur la guerre des mots organisée discrètement par les forces du marché liées aux États : comment elles ont introduit le mot « développement » puis comment est arrivé l’adjectif « soutenable » travesti ensuite en « durable ». Une utile mise au point.

Rafiki, une voix pour l’île Maurice

Jeune rastaman et « vieux sage », musicien et surfeur, engagé et enthousiaste, Rafiki était de passage en Europe à l’été 2018 et Silence a eu le plaisir de le rencontrer. Il parle surtout de son pays, Maurice, où les plages paradisiaques sont en passe de n’être plus qu’un décor pour les touristes.

Le prolifique jardin des Fraternités ouvrières

À Mouscron, en Belgique, Gilbert Cardon cultive son jardin en permaculture depuis 50 ans. Il a rassemblé autour de lui un groupe de jardiniers et de jardinières, devenu l’association Les Fraternités ouvrières. Les bénévoles partagent leurs savoirs et les 6 000 variétés de semences de leur grainothèque, avec plus de 3 000 adhérent·es.

Le problématique essor des énergies renouvelables

Le secteur des énergies renouvelables a passé cette année le seuil des 10 millions d’emplois dans le monde. Une bonne nouvelle, mais qui ne doit pas masquer les problèmes posés par cette expansion rapide.

Eotopia, confronter l’utopie à la réalité

Et si l’on vivait de l’économie du don ? C’est le rêve de l’éco-lieu Eotopia qui tente d’appliquer un modèle où tout système de valeur marchande serait aboli. Une expérience où l’on se rend compte du long chemin entre l’utopie et la réalité, mais où l’on cherche patiemment l’équilibre entre idéal et réalisme.

Bretz’Selle – Les ateliers vélos où c’est toi le mécano

Depuis 2010, Bretz’Selle permet aux cyclistes du dimanche comme aux pros de la pédale de pouvoir réparer (et d’apprendre à réparer !) leur bolide. L’association forme à la mécanique en proposant des ateliers et la mise à disposition d’ateliers équipés.

Chroniques

Chroniques terriennes : Le siècle des… Lumières !

Un lieu à soi : Jinwar, communauté de femmes en résistance et expérimentation écologique

Action non-violente, mode d’emploi : Militer c’est la santé !

En direct de nos colonies : Vestiges rénovés du colonialisme : les sels de Salins du Midi

L’écologie, c’est la santé : Climat : un été de tous les records… et demain ?

Brèves

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Éditorial : Dis, ça sert à quoi un arbre vivant ?

L’arbre des villes est grignoté par l’urbanisation, l’arbre des champs est grignoté par la mécanisation, l’arbre des forêts est grignoté par l’exploitation.

Pourquoi ?

Peut-être parce que nous avons tendance à aborder la nature du côté qui nous est directement utile. Et nous ne connaissons que trop l’utilité d’un arbre mort : il fait des planches, du papier, du bois pour se chauffer. De même, il nous est utile de supprimer des arbres pour gagner de la place où habiter, circuler en voiture, ou encore pour laisser le champ libre au tracteur.

Mais, pour défendre nos arbres, nous gagnerions à mieux connaître en quoi ils nous sont utiles de leur vivant. Ils savent nous aider dans de nombreux domaines, dont certains sont tout simplement vitaux. Au-delà de leur utilité, les arbres regorgent d’une richesse que nous commençons à peine à percevoir. La science s’intéresse depuis peu à l’arbre pour des propriétés que nous croyions réservées aux animaux : l’échange, la communication, la mémoire… Les découvertes sont surprenantes. Ces conclusions résultent de longues et minutieuses études, pourtant nous sommes parfois tenté·es de dire qu’elles pourraient provenir du simple bon sens, comme le fait que nous nous sentons mieux en présence des arbres. Après tout, nos lointains ancêtres vivaient dans les arbres. Quoi de plus logique que d’être faits pour vivre en leur compagnie ?

Raison de plus pour s’armer de bons arguments et s’organiser collectivement afin de préserver nos arbres. Parce que quand on coupe des branches ou un tronc, c’est un peu nos propres racines que nous coupons.

Philippe Crassous