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La Réunion : Mov_A, fèr danser tout do moun !

Gaëlle Ronsin

Sur la côte ouest, l’association MOV_A développe des projets culturels dans des zones inhabituelles, des quartiers défavorisés, des zones industrielles, les jardins des « hauts », des stades…, avec leurs zabitans, et plus encore !

Rouv’ la Kaz (1) est né en 2013 à l’étang Saint-Paul, un quartier en pleine rénovation urbaine. L’idée : « taper à la porte des riverains pour qu’ils mettent à disposition leur bout de jardin, de kour ou de varangue (2), auditionner des groupes amateurs de tous types de danse (du maloya au hip hop !) et, grâce à la moulinette, de la chorégraphe Céline Amato, en retirer un spectacle itinérant dans les rues et les kaz pour faire bouger le quartier, » nous raconte Myrose, chargée de production. Avec elle, les danseurs et les habitants (3) s’approprient le projet durant six mois, au fil des répétitions les week-ends. En 2014, c’est un vieux quartier défavorisé de pêcheurs, Carosse, à Saint-Gilles-les-Bains, qui a été investi. Malheureusement, quand les danseurs et les projets s’en vont ,au bout de quelques mois, rien ne suit, faute de politique culturelle plus ambitieuse.

Faire bouger la culture en corps.

Rouv’ la Kaz est un des projets portés par l’association MOV_A. Composée de quatre jeunes femmes, elle crée et accompagne des projets culturels autour de toutes les danses sur la côte ouest de la Réunion.
L’association est l’une des seules de l’île à proposer des activités culturelles totalement gratuites (4) . MOV_A invite marmays, gramoun, montonton et voisins (5) à se retrouver pendant les vacances scolaires dans des ateliers de danse intergénérationnels nommés « Danse en famille ». Il vise à renouer avec la communication non verbale dans les communautés de vie.
Un festival de danse en plein air, Danse Péi, se déroule pendant une semaine en mai. Des danseurs réunionnais, français et étrangers investissent les plages, les places, les rues, les arbres… et présentent des chorégraphies adaptées à ces lieux pour « valoriser par la danse les espaces naturels et publics. Quitte à les détourner à surprendre. La culture doit se nicher où bon lui semble, » nous dit Mélisande, la directrice.
Outre le fait d’inviter sur l’île des artistes d’autres continents, MOV_A veut tisser des liens forts dans la zone de l’océan Indien. Ainsi, elle accueille chaque année pour le festival une à deux compagnies malgaches. Les procédures administratives sont alors très contraignantes, car si les Réunionnais peuvent se déplacer sans visa dans les îles alentours (5) grâce à leur nationalité française, ce n’est pas le cas de leurs voisins !
MOV_A soutient également de jeunes compagnies réunionnaises. Elle travaille avec les autres acteurs pour « des cultures ouvertes, accessibles et modernes à la Réunion ». Zot la enkor du travail !

Gaëlle Ronsin

(1) « Ouvre ta maison ! »
(2) La terrasse, en créole
(3) Les familles, le kiné, les maîtresses d’écoles, le marchand du snack, le coiffeur, etc.
(4) Elle repose sur des subventions publiques et des partenariats privés, notamment avec un bailleur social.
(5) Enfants, grands-parents, oncles et tantes
(6) Mayotte, Maurice, Madagascar et les Seychelles


Association MOV_A

http://www.mova.re
2 impasse des Turquoises, Saint-Gilles-les-Hauts
direction@mova.re

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