Numéro 317 - décembre 2004


Vivre à la campagne sans voiture ?

Vivre à la campagne sans voiture ?

Dossier

  • La campagne sans voiture, ça n’existe pas ?
  • Vive la rurbanisation ?
  • Les dégats de la voiture à la campagne
  • L’habitat écolo sera-t-il à la campagne ?
  • Vivre dans l’Arctique sans voiture (de Elisa Peter)
  • Des îles turques qui ont refusé la motorisation (de Yaakov Garb)
  • Libérer les villes ou la campagne
  • Voiture et nature peuvent-elles coexister ?

(dossier coordonné par François Schneider)

Articles

  • Vaccins et colonialisme (de Francis Vergier)
  • Analyses internes ou récupération (de Bertrand Liatard et Daniel Lapon)
  • Débattre à Thiviers (de Madeleine Nutchey)

Editorial

Les joies de la campagne moderne

Pas besoin d’être perspicace pour s’apercevoir qu’il y a des difficultés d’accès au moindre service à la campagne (1), pour aller à l’épicerie, pour aller à l’école, pour aller à la poste. Le message étant : comme ces services s’éloignent, alors la voiture est indispensable.

Mais les services sont bien souvent supprimés car les gens ont l’alternative d’aller en voiture. Les villages où de nombreuses personnes sont sans voiture ont beaucoup plus de services de proximité. Il suffit de comparer le nombre de bars et d’épiceries dans un village portugais avec une très faible motorisation et dans un village américain de même taille. La baisse des services a longtemps été attribuée à la dépopulation des campagnes. Mais ce n’est plus un argument valable : les populations augmentent en campagne depuis les années 70 et cela n’empêche pas le gouvernement de supprimer de nombreux petits hôpitaux ou petits bureaux de poste en milieu rural.

Le phénomène d’étalement qui s’est déroulé dans les villes se retrouve dans les campagnes avec une perte de cohésion des villages dû à l’usage omniprésent de la voiture. Là aussi les villages n’ont plus besoin d’être « multifonctions », offrant logement, travail, convivialité, services, transports en commun puisqu’on peut aller voir ailleurs avec la voiture. Cela contribue à l’uniformisation de la campagne, sans « couleur locale », réduisant la diversité du pays. Et c’est ainsi que l’on voit apparaître des restaurants isolés, des habitats de plus en plus dispersés, des zones d’activités loin des zones d’habitation et de grands supermarchés, le tout connecté par des voies rapides. C’est la campagne telle qu’elle est actuellement. Heureusement, des réflexions et des expériences commencent à percer.

François Schneider

François Schneider, coordinateur de ce dossier, habite à la campagne, sans voiture. Il a parcouru l’Europe en long et en large pour étudier les alternatives à la voiture… en utilisant uniquement le train, le vélo et la marche à pied.

(1) Par campagne, nous entendons le milieu rural, ce qui inclut également les villages.