Fukushima, octobre 2015

1er octobre

  • Japon : le porte-avions nucléaire USS Ronald Reagan est stationné de nouveau à Yokosuka, ville portuaire au sud-ouest de Tokyo, dans le cadre des accords de défense entre les Etats-Unis et le Japon. Ce porte-avion avait été gravement touché par le nuage radioactif de Fukushima, en mars 2011, et aujourd’hui de nombreux marins souffrent de maladies diverses. L’armée US n’a pas communiqué sur l’éventuel état de contamination du navire aujourd’hui.
  • Japon : début d’un exercice de crise sur le site de Sendaï dans la perspective de relancer le 2e réacteur à partir du 15 octobre.

2 octobre

  • Japon : publication d’un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations, concernant les déplacés de la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le rapport s’étonne de l’absence de statistiques sur les déplacés « volontaires », personnes ayant décidé d’elles-mêmes de quitter les zones jugées pas assez contaminées par l’Etat pour ne pas être déplacées d’office. Le rapport rappelle que l’ONU a mis en place des textes pour les déplacés au sein d’un pays, textes qui leur garantissent des droits : le Japon ne prend pas en compte ces textes. Le rapport dénonce également la politique du retour qui se fait de la seule initiative des autorités, avec seulement des « réunions d’explication », alors que la procédure normale au niveau international est la nomination de médiateurs indépendants chargés de faire dialoguer autorités et déplacés. Le rapport demande au gouvernement japonais d’accorder aux réfugiés un statut selon le droit international, de proposer retour ou réinstallation sur un pied d’égalité, de reconnaitre les « déplacés volontaires » comme des réfugiés du nucléaire, d’admettre qu’il y a des controverses scientifiques sur les faibles doses de radioactivité.
  • Japon : le Centre d’études psychologiques post-catastrophe de l’Université de Fukushima a mis en place un barème pour mesurer le stress. Ce barème va de 0 à 3. Dans les provinces éloignées, ce niveau de stress est en moyenne de 1,06 à 1,08. Dans la province de Fukushima, cela monte en moyenne à 1,36 avec des pointes à 1,48 à Sôma et 1,85 chez les mères évacuées. La moyenne de personnes déprimées est de 35 % au niveau national, cela monte à 67 % pour les personnes évacuées, 45 % dans la ville de Fukushima, alors qu’entre 2011 et 2014 le niveau de stress et de dépression était en baisse.
  • Japon : TEPCO s’inquiète de la montée rapide de la radioactivité autour du réacteur n° 2 : +260 % en une semaine dans les eaux souterraines.
  • Russie-France : Nadejda Koutepova, animatrice d’une association qui se bat pour la reconnaissance des victimes de l’accident dans l’Oural, en 1957, a dû quitter la Russie en juillet 2015 suite à des menaces physiques. A l’occasion de la rencontre entre Hollande et Poutine elle a demandé l’asile à la France.

3 octobre

  • Japon : séisme de magnitude 4,2, épicentre à seulement 27 km de la centrale de Sendaï, la seule où un réacteur est en fonctionnement.
  • Japon : visite de Manuel Valls au Japon pour essayer de négocier une entrée dans le capital d’Areva de firmes japonaises, notamment de Mitsubishi qui travaille déjà avec Areva sur un projet de réacteur en Turquie. Pour rappel, les ingénieurs d’Areva, présents sur le site de Fukushima au moment de l’accident, ont été les plus rapides pour quitter le pays.
  • Japon : 3800 pages et 60 heures de vidéos privées appartenant à l’autorité de sûreté la NRA, sont mises en ligne sur internet. La NRA n’a pas trouvé l’origine de la fuite. Il s’agit principalement de documents de formation interne.
  • Japon : bien que TEPCO dispose déjà d’une capacité de stockage sur le site de 950 000 m3, cela pourrait ne pas suffire. Déjà 700 000 m3 sont stockés et 300 m3 s’ajoute chaque jour. TEPCO annonce la mise en place de 20 cuves de 700 m3 supplémentaires d’ici mars 2016.

4 octobre

  • Japon : TEPCO publie ses relevés de contamination pour le mois de septembre. On peut y constater qu’en aval des réacteurs, toutes les mesures dans la nappe phréatique sont en hausse. Les taux de césium, de tritium, de strontium… montent régulièrement. Au niveau des eaux de pluie, des records en tritium ont été enregistrés lors des précipitations des 10 et 12 septembre. Conséquence : le taux de radioactivité monte également dans le port. Alors que jusqu’à maintenant le taux de radioactivité à la sortie du port restait faible, en dessous de 1 Bq/l, en septembre, la moyenne a été de 2 Bq/l avec des pointes à 4 Bq/l dans les jours qui ont suivi les précipitations. La nouvelle loi sur le secret fait que les médias sont entièrement dépendants de ce que TEPCO veut bien communiquer. Et la firme ne donne pas de renseignements par exemple sur le panache de fumée radioactive qui, quatre ans et demi après l’accident, continue à polluer l’environnement.

6 octobre

  • France : mise en ligne sur le site de Sciences et avenir de films documentaires sur Fukushima tourné par Gil Rabier et Claude-Julie Parisot. Le premier documentaire porte comme titre « Une pollution en mouvement » et pose la question de savoir comment se protéger d’une radioactivité qui se déplace au gré du vent et des pluies.
    Japon : première publication d’une étude épidémiologique sur les cancers de la thyroïde depuis l’accident de 2011. L’équipe dirigée par Toshihide Tsuda, épidémiologiste environnementale à l’Université d’Okayama, conclut que le cancer de la thyroïde a déjà augmenté d’un facteur 20 à 50 dans la province de Fukushima par rapport au reste du Japon. L’étude porte sur un échantillon de 370 000 personnes. Pour l’équipe, il ne fait aucun doute que cette hausse est liée à la propagation du nuage radioactif… mais le Centre national sur le cancer a tout de suite réfuté cette liaison, estimant qu’il est encore trop tôt pour se prononcer. L’affaire a provoqué de nombreuses polémiques dans les médias au cours des jours qui ont suivi.
    Japon : des mesures faites par des associations à Tokyo ont permis de trouver du sable à 360 Bq/kg (3,6 fois la limite alimentaire). Ce sable se trouve à proximité d’une aire de jeux pour les enfants. L’analyse de l’échantillon montre qu’il s’agit bien d’une contamination en provenance de Fukushima. Le même laboratoire a analysé des poussières d’aspirateur d’un appartement de Tokyo et trouvé une pollution de 32 Bq/kg.
    Japon : le conseil municipal d’Ikata accepte le redémarrage du réacteur n° 3 de sa centrale à l’unanimité. La commune dépend financièrement totalement des taxes perçues sur la production électrique.
    Japon : TEPCO a réussi à retirer des blocs de béton qui empêchaient le passage des robots dans le réacteur n° 2. Il a fallu envoyer des travailleurs, car les robots n’arrivaient pas à découper ces blocs. Ensuite, un renouvellement rapide des intervenants, la radioactivité étant de 4 à 6 mSv/h alors que la limite annuelle est de 20 mSv.
    Japon : le contrôle des sacs de riz va être poursuivi en 2016. En 2012, 72 sacs avaient dépassé la dose limite, en 2013, seulement 28 et en 2014, seulement 2… cette baisse n’est toutefois par le reflet de la baisse de radioactivité : c’est seulement que des rizières ont été abandonnées lorsqu’elles sont trop polluées. Des essais de décontamination de rizières ont été tentés, mais le résultat n’a pas été convainquant. 

7 octobre

  • France : un rapport d’expertise remis à l’Autorité de sûreté nucléaire confirme les défauts de fabrication de la cuve de l’EPR.
  • Japon : la revue Politis met en ligne des photos du site de Fukushima montrant l’énorme capharnaüm du chantier.

8 octobre

  • Suisse : la centrale de Beznau, arrêté pour révision depuis mars 2015 devait initialement redémarrer en février 2016. C’est la centrale nucléaire en activité la plus ancienne du monde. Mais un rapport des autorités de sûreté devrait bloquer le processus : plus de 1000 fissures ou trous dont certains atteignent 5 mm de diamètre sont visibles sur la cuve du réacteur ! Et cela ne peut pas être réparé.

9 octobre

  • Japon : la NRA, autorité de sûreté, fait le point sur les procédures en cours pour le redémarrage des réacteurs. Le réacteur n° 3 de la centrale d’Ikata attend encore le feu vert de quelques autorités locales, mais cela est en fin de procédure. Le démarrage des réacteurs 3 et 4 de Takahama est bloqué consécutivement à une décision de justice. Les autres dossiers sont en cours d’instruction. Donc d’ici la fin de l’année, un 2e réacteur devrait démarrer à Sendaï et peut-être un à Ikata.
  • Japon : les autorités annoncent qu’il n’y aura pas de campagne pour demander d’économiser l’électricité cet hiver, estimant que les capacités de production sont suffisantes actuellement… alors que pratiquement tous les réacteurs nucléaires sont à l’arrêt.
  • Japon : en un an, la part du solaire dans l’électricité est passée lors des pics de consommation de l’été de 3,7 % à 6,4 %.

10 octobre

  • Japon : TEPCO s’interroge sur le devenir des réacteurs 1 et 2 de la centrale de Fukushima. De 120 mètres de haut, elles présentent des fissures et des déformations. Il faut soit les démanteler soit les renforcer… ce qui dans les deux cas est compliqué, car elles sont extrêmement radioactives : à certains endroits, cela monte à 25 sieverts par heure… ce qui correspond à une dose létale pour un humain en 20 minutes.
  • Japon : le ministère de la Santé annonce que des kakis ont été retirés de la vente après découverte que 46 d’entre eux sur 50 analyses, dépassent les limites autorisées.

12 octobre

  • Japon : 2000 personnes ont manifesté à Kagoshima contre le redémarrage du deuxième réacteur de Sendaï. Ils dénoncent l’absence de remplacement d’un générateur de vapeur dont le remplacement avait été planifié pourtant pour… 2009 !
  • Japon : des analyses de cendre d’une cuisinière au bois dans la région de Nasu (130 km à l’ouest de la centrale de Fukushima indique un taux de radioactivité de 8570 Bq/kg. Selon les normes, la cuisinière est à classer dans les déchets radioactifs !

13 octobre

  • Japon : selon une enquête du quotidien Maïnichi, il y a des négociations entre TEPCO et 17 provinces [sur 47] et 7 grandes villes. Ces dernières demandent des indemnités. Pour le moment, TEPCO — grâce aux prêts de l’Etat — a accepté de rembourser les surcoûts liés au contrôle des eaux et des aliments dans les cantines scolaires, les contrôles sur les produits alimentaires, les coûts de gestion des déchets radioactifs… pour un montant de 414 millions d’euros. TEPCO refuse pour le moment de prendre en compte les pertes liées à la baisse de collecte des taxes locales du fait des personnes qui sont parties, les campagnes de communication pour lutter contre les « rumeurs néfastes » ou les aides versées aux victimes par les provinces. Les écarts les plus importants entre les demandes et les remboursements se situent dans les trois provinces les plus touchées [Fukushima, Miyagi et Iwaté].

14 octobre

  • Suède : annonce de la fermeture anticipée de deux réacteurs : les réacteurs 1 et 2 d’Oskarshamm devaient fonctionner jusqu’en 2020 et 2030. Ils seront fermés en 2017 et 2019. L’exploitant OKG indique vouloir fermer ces deux réacteurs pour cause de non-rentabilité. Il restera 8 réacteurs nucléaires en Suède après ces fermetures. Deux autres réacteurs de l’entreprise publique Vattenfall doivent également être arrêtés d’ici 2020 au lieu de 2025, également pour des raisons économiques. Actuellement, le gouvernement « gauche » et « vert » pousse à une sortie du nucléaire… alors que lorsque la droite était au pouvoir précédemment, elle avait essayé en vain de relancer la construction de réacteurs.

15 octobre

  • Japon : redémarrage du réacteur n° 2 de la centrale de Sendaï. Le couplage au réseau est prévu pour mi-novembre.

16 octobre

  • Japon : TEPCO annonce avoir réussi à retirer un débris de 2,6 tonnes tombé dans la piscine du réacteur n° 3. Ceci après avoir retiré un débris de 20 tonnes en août dernier. Ces deux débris ont écrasé des crochets de fixation des barres de combustible, ce qui rend leur enlèvement plus difficile. Quatre ans et demi après l’accident, seule la piscine du réacteur n° 4 a pu être vidée. Celles des réacteurs 1, 2 et 3 peuvent toujours tomber à l’occasion d’un puissant séisme… ce qui provoquerait un accident sans doute plus grave que l’actuel !
  • Japon : une association indépendante met en ligne des mesures de radioactivités sur les rives du fleuve qui traverse Kashiwa, à 30 km du centre de Tokyo. Les taux montent jusqu’à 0,53 µSv/h (soit 4,5 mSv/an et donc 4,5 fois la limite fixée pour le public avant l’accident).

17 octobre

  • Suisse : des analyses effectuées par ultrason sur la cuve de la centrale de Beznau montrent que l’on a plus de 900 irrégularités. Beznau, 46 ans de fonctionnement, est le plus vieux réacteur au monde encore en fonctionnement. Le réacteur est à l’arrêt pour travaux depuis mars 2015. Ces irrégularités n’étant pas réparables, l’arrêt actuel pourrait être définitif.

18 octobre

  • Etats-Unis : En début d’après-midi, un incendie provoque des explosions dans un stock de déchets radioactifs situé dans le désert au Nevada, à 160 km de Las Vegas. La fumée a été vue de loin, mais l’incendie étant sur un site militaire, peu d’infos sont disponibles. Une station de contrôle de la radioactivité de l’EPA, Agence de l’environnement, située à Las Vegas, enregistre le bref passage d’un nuage radioactif vers 18 h 30.

19 octobre

  • Japon : le fleuve Kido passe dans le périmètre évacué de la centrale de Fukushima. Alors que les habitants de la ville de Naraha, située au bord de ce fleuve, peuvent rentrer depuis le 5 septembre 2015, la commune vient d’inaugurer la reconstruction d’une usine de transformation du saumon détruite par le tsunami. La pêche aux saumons dans le fleuve est de nouveau autorisée… et les contrôles montrent pour le moment un taux de contamination des poissons qui reste en dessous de la limite alimentaire de 100 Bq/kg.
  • Japon : la commune d’Ôkuma, 10 000 habitants avant l’accident, est l’une des plus contaminées et aucune date de retour n’est envisagée pour le moment. Mais des personnes âgées ont demandé à pouvoir revenir sur place pour y finir leur vie. Le maire de la commune a donc décidé de lancer la construction d’une maison de retraite dans la partie de la commune la moins radioactive. Cette maison de retraite devrait ouvrir en mars 2017 et devrait pouvoir accueillir une centaine de personnes. La commune assure que le personnel ne serait exposé qu’à 2 mSv/an (alors que les autorités autorisent le retour jusqu’à 20 mSv/an). TEPCO a demandé à pouvoir construire sur le même site pour y loger des travailleurs intervenant sur le site accidenté de la centrale.

20 octobre

  • Japon : le ministère de la santé annonce la reconnaissance du lien entre la leucémie d’un travailleur sur le site de Fukushima et son exposition aux radiations. Il s’agit d’un sous-traitant âgé de 41 ans qui est intervenu sur le site en décembre 2013. C’est le premier cas de « maladie professionnelle » reconnu, même si de nombreuses personnes sont déjà mortes sur le site des radiations dont plusieurs anciens dirigeants qui sont restés sur le site au moment du début de l’accident. Selon le communiqué du ministère : « sur 45 000 personnes qui sont passées sur le site depuis le début de l’accident, plusieurs milliers ont reçu des doses pouvant potentiellement entraîner un cancer ». Cette annonce réaliste brise enfin le tabou qui entourait les conditions de travail sur le site… et met à mal le discours officiel tant au niveau national qu’international (l’AIEA avait annoncé que les conséquences sur la santé seraient à peine mesurables !). Le Ministère annonce qu’il a 8 autres dossiers en cours de traitement pour des reconnaissances de cancers professionnels.
  • Japon : Janick Magne, représentante française au Japon pour EELV, révèle sur Radio France international que le travailleur qui développe un cancer n’aurait reçu au cours de son intervention qu’une dose de 20 millisieverts (mSv)… ce qui correspond à la limite annuelle tolérée pour ne pas évacuer les populations, des bébés jusqu’aux personnes âgées… et qu’il faut donc s’attendre à une catastrophe sanitaire. Elle rappelle que 104 jeunes ont déjà développé un cancer de la thyroïde et que 9000 travailleurs ont officiellement dépassé cette dose de 20 mSv (sachant que tout n’est pas mesuré et que dans les premiers jours de l’accident, il y avait une pénurie de dosimètres).
  • Japon : TEPCO a envoyé un robot dans l’enceinte de confinement du réacteur n° 3. Ce robot est en principe insubmersible. Il a transmis des images jusqu’au moment où il entre dans l’eau… avant de tomber en panne. Sans doute victime de la radioactivité intense sur place. Il aurait dû descendre sous 6,40 m d’eau pour essayer de localiser le combustible fondu. Au moment de tomber en panne, il était exposé à une dose de 1 Sv/h.

21 octobre

  • Japon : le réacteur Sendaï 2, remis en route le 11 août est couplé au réseau électrique. Il y a donc maintenant deux réacteurs qui produisent de l’électricité au Japon.
  • Japon : séisme de niveau 5,4 avec un épicentre à seulement 11 km au sud-est du site de Fukushima Daïchi (la centrale accidentée) et 7 km de la centrale Fukushima Daïni (à l’arrêt depuis 2011).
  • Japon : TEPCO lance un chantier de construction pour mettre en place une structure au-dessus du réacteur n° 3. Comme la radioactivité est trop intense, il s’agit de préfabriqués, construits à plusieurs kilomètres de là et remontés sur place. Cette construction doit permettre d’installer des grues pour sortir le combustible des piscines endommagées du réacteur.
  • Grande-Bretagne : EDF incapable de trouver le financement pour la construction d’EPR signe un accord de partenariat avec deux compagnies électriques chinoises, China General Nuclear Power Corporation (CGN) et China National Nuclear Corporation (CNNC). Si le ministère de l’Economie britannique se déclare enchanté, ce n’est pas le cas du ministère de la Défense qui craint que cela ne remette en cause les critères de sûreté des réacteurs.
  • Grande-Bretagne : les analystes de la Banque HSBC estiment que le projet d’EPR d’EDF en Grande-Bretagne n’est pas approprié. Le prix annoncé du kWh serait de l’ordre de 109 € du MWh… alors que sur le marché international, les prix de vente sont actuellement autour de 40 €, et que le développement des énergies renouvelables a tendance à faire baisser ce prix. La banque prévoit une baisse du prix de 7 % d’ici 2022… alors qu’EDF annonce l’EPR pas avant 2025. Greenpeace dénonce un investissement financier qui serait beaucoup plus utile pour le renforcement des renouvelables. Benjamin Dessus, sur Mediapart, s’étonne que l’on puisse vouloir construire un réacteur qui produira une énergie déjà 7 fois plus chère qu’avec une éolienne terrestre et 12 fois plus cher qu’avec une turbine à gaz.
  • Belgique : Electrabel annonce avoir vérifié les cuves de ses sept réacteurs nucléaires. Seules celles de Doel 3 et Tihange 2, déjà détectées, présenteraient des fissures.

22 octobre

  • Japon : dans une interview au quotidien Asahi , un représentant du ministère de la Santé indique que pour qu’une leucémie soit déclarée maladie professionnelle pour un travailleur, il faut que celui-ci soit exposé à plus de 5 mSv par an. Difficile ensuite d’expliquer aux expulsés qu’ils peuvent rentrer chez eux quand la décontamination n’a fixé comme seuil qu’une limite de 20 mSv par an !
  • Japon : une étude épidémiologique est publiée sur internet (www.bmj.com/content/351/bmj.h5359). Elle a comparé les habitants de Hiroshima et Nagasaki et les travailleurs du nucléaire. Dans le premier cas, les victimes des bombes ont reçu une forte dose pendant un temps limité, alors que les seconds ont reçu de faibles doses pendant une longue durée. L’étude conclut que les conséquences sanitaires sont les mêmes que l’on ait reçu une forte dose en une fois ou de petites doses de nombreuses fois. Ce sont bien donc les doses cumulées qui sont à prendre en cause… et cela signifie que les populations qui vivent actuellement depuis quatre ans et demi en zone plus ou moins contaminée vont développer des cancers dans les années à venir.
  • France : dans le cadre de la préparation du sommet sur le climat, l’ADEME publie finalement son étude sur la possibilité d’arriver à une électricité 100 % renouvelable d’ici 2050. Coïncidence, le même jour, EDF publie une étude insistant sur la nécessité de lancer la construction d’une trentaine d’EPR pour remplacer les 58 réacteurs existants… En comparant les deux, le scénario EDF coûte au moins deux fois plus cher !

26 octobre

  • Japon : le feu vert est donné par le conseil municipal et par le gouverneur pour le redémarrage du réacteur Ikata 3. Le réacteur pourrait être remis en route début 2016, une fois les inspections de sûreté de la NRA terminées. Il est intéressant de constater que les élus ont pu se prononcer sans savoir ce que vont donner ces inspections !
  • Japon : TEPCO annonce avoir fini de fermer la barrière mise en place entre les réacteurs et le port de la centrale pour éviter l’écoulement des eaux souterraines contaminées en mer. La barrière fait 780 m de long et 30 m de profondeur. Elle n’arrête l’eau que parce que cette dernière est pompée en permanence en amont du mur. En pompant environ 400 m3 d’eau par jour, TEPCO estime qu’il y a maintenant moins de 10 m3 par jour qui s’écoule en mer. TEPCO ne peut pas pomper plus d’eau, car sinon il y a le risque de faire baisser le niveau de la nappe phréatique… ce qui provoquerait alors un écoulement de l’eau injectée dans les réacteurs vers l’extérieur. Cette dernière eau est beaucoup plus contaminée que les nappes phréatiques. L’eau qui est pompée dans la nappe phréatique est nettoyée, diluée, avant d’être rejetée en mer. Alors que l’eau qui est injectée dans les réacteurs (environ 300 m3 par jour) est ensuite pompée et stockée sur place. A ceci s’ajoute l’eau de pluie qui lorsqu’elle est récupérée en amont du site est rejetée en mer, lorsqu’elle est récupérée après lessivage sur le site et donc plus fortement contaminée, est stockée sur place.
  • Japon : sortie d’un documentaire de Hiroyuki Kawai qui rappelle que lors de l’accident de Fukushima, TEPCO a envisagé l’abandon pur et simple du site, mais que le gouvernement s’y est opposé. Le documentaire montre aussi le plan d’évacuation envisagé un moment qui couvrait un rayon de 250 km, c’est-à-dire jusque dans la banlieue de Tokyo. Si ce plan avait été appliqué (et on sait aujourd’hui qu’il aurait été raisonnable de le faire), cela aurait nécessité le déplacement de 60 millions de personnes. Comme elles n’ont pas été évacuées, elles se préparent de sérieux ennuis de santé pour les années à venir.

27 octobre

  • Japon : quatre ans et demi après l’accident, le Ministère de la Santé donne des statistiques sur les secouristes qui sont intervenus dans les premiers jours pour réaliser l’évacuation des populations. 2800 militaires et 170 pompiers et policiers ont été mobilisés. Ils portaient tous des tenues de protection et sont donc supposés ne pas avoir eu de contamination interne. 76 % n’ont pas dépassé 1 mSv en 20 jours (du 12 au 31 mars). Pour les policiers et pompiers, 19 % ont reçu entre 1 et 2 mSv et 5 % plus de 5 mSv. La plus forte dose enregistrée atteint 10,8 mSv. Ces chiffres ont été donnés parce que le Ministère étudie la limite à mettre en place pour les chauffeurs de bus et les employés municipaux appelés à travailler dans les zones contaminées et où les services reprennent. Le gouvernement envisage pour le moment de rester à 1 mSv par an.
  • Japon : selon les contrôles effectués par TEPCO à proximité d’une cheminée d’évacuation, la fumée relâchée dans l’air est deux fois plus radioactive aujourd’hui qu’il y a un an. TEPCO et le gouvernement ne communiquent que très rarement sur le fait qu’un nuage radioactif continue à s’échapper du site et à polluer les régions alentour.

29 octobre

  • Japon : des analyses de champignons de la région de Fukushima cueillis le 22 octobre ont un taux de radioactivité de 52 339 Bq/kg (soit 523 fois la limite de consommation !). D’autres champignons atteignent 30 865 Bq/kg (308 fois la limite)

30 octobre

  • Japon : selon l’ Asahi , une association des évacués volontaires et de ceux qui refusent de retourner sur place après la levée des ordres d’évacuation, vient de voir le jour. Elle dénonce le choix entre la pauvreté ou le retour en zone dangereuse (20 mSv par an toléré contre 1 mSv avant l’accident !) et demande une prise en charge jusqu’à un retour du niveau de radioactivité normal.
  • Japon : TEPCO annonce avoir trouvé un lieu, proche de l’enceinte de confinement du réacteur n° 2 où le taux de radioactivité est intense (9,4 Sv par heure, une dose qui peut être mortelle en quelques minutes pour un humain). La compagnie ne connaît pas l’origine de cette radioactivité, ni depuis combien de temps elle est présente là et annonce qu’elle lance un chantier de décontamination.
  • Japon : TEPCO annonce des bénéfices records de 2,7 milliards d’euros pour l’année fiscale 2014 (qui s’achève en avril au Japon). Evidemment, cela ne prend en compte que le secteur électrique de la compagnie, le site de Fukushima faisant l’objet d’une comptabilité séparée.