Fukushima, juin 2016

1 juin

  • Taïwan : après le changement de gouvernement, dans une conférence de presse, le ministre de la Santé et des Affaires sociales, Lin Tzou-yen, a expliqué que son ministère n’envisageait pas pour l’heure de lever les restrictions imposées par les précédents gouvernements envers les aliments en provenance des régions contaminées par Fukushima au Japon.
  • Etats-Unis : Exelon annonce la fermeture anticipée des centrales nucléaires de Clinton et Quad-Cities, pour des raisons de non-rentabilité. Selon l’électricien, le développement des énergies renouvelables fait baisser le prix de l’électricité et le nucléaire n’est plus rentable. Interrogé dans les médias, le directeur d’Exelon estime que de nombreux autres réacteurs devraient fermer, car la vente d’électricité à bas prix ne permet plus de couvrir les frais de fonctionnement.

2 juin

  • France : EDF propose de reporter le démantèlement des réacteurs de plusieurs dizaines d’années. Cela aurait effectivement l’avantage de diminuer les réserves financières bloquées aujourd’hui, à un moment où l’entreprise est proche de la faillite. Cela permet aussi de ne pas aborder trop vite la question et de se rendre compte que cela coûtera beaucoup plus cher que prévu. Et pendant ce temps, on négocie pour prolonger la vie des vieux réacteurs en espérant en tirer encore quelques bénéfices.

3 juin

  • Chine-Japon : le gouvernement chinois demande au Japon de mettre en place une mission internationale pour surveiller les rejets radioactifs en mer qui durent maintenant depuis plus de cinq ans. La Chine craint une contamination de ses côtes.
  • Japon : une fuite de liquide radioactif (avec du Cobalt 60 à des taux 40 fois supérieurs aux limites) est détectée à la centrale nucléaire de Tokaï. Le réacteur n° 2 qui fuit est à l’arrêt depuis cinq ans. Même à l’arrêt les réacteurs vieillissent.

4 juin

  • Japon : le quotidien Maïnichi rend public un rapport gouvernemental sur l’impact sanitaire de Tchernobyl. Ce rapport avait été commandé en novembre 2012 à la demande du gouvernement précédent. Remis en mars 2013 au nouveau gouvernement, il n’avait jamais été rendu public. Le rapport avait terminé à la bibliothèque du parlement via le ministère de l’Environnement. Il avait été commandé à un cabinet-conseil créé par les compagnies d’électricité, ce qui peut expliquer son contenu qui minimise la réalité. Interrogé sur le silence autour de ce rapport, un porte-parole du gouvernement a avancé vouloir prévenir des « rumeurs néfastes ».

7 juin

  • Japon : de nouvelles données sur les cancers de la thyroïde dans la province de Fukushima font maintenant état de 172 cas suspects, dont 131 confirmés, au 31 mars 2016. Soit 6 de plus qu’au précédent rapport, le 31 décembre 2016. 381 000 jeunes sont suivis. Pour la première fois, une femme de 21 ans, atteinte d’un cancer de la thyroïde, est apparue à la télévision pour expliquer que les familles des malades sont abandonnées. L’ancien premier ministre Naoto Kan interrogé par une télévision sur l’augmentation du nombre de malades déclare « Cela ne peut pas être ignoré plus longtemps... Le nombre de personnes malades augmente et leurs symptômes empirent » avant de s’effondrer en larmes.

8 juin

  • Japon : l’évacuation d’une partie de la commune de Minami-Sôma sera levée le 12 juillet prochain, ce qui devrait permettre la reprise, le 24 juillet, d’un festival de feux d’artifice qui célèbre une bataille remontant à plus de 1000 ans. Venir se faire irradier pour voir un feu d’artifice, il y a mieux comme loisir !
  • Japon : alors que le tribunal a suspendu le redémarrage de deux réacteurs de la centrale de Takahama, l’exploitant Kansaï Electric vient de commander du combustible MOX à Areva qui devrait commencer à en produire dès l’automne 2016 à l’usine Mélox, dans le Gard. Kansaï Electric fait ainsi pression sur la justice alors que le procès en appel n’a pas encore eu lieu.
  • Japon : le réacteur n° 5 de la centrale de Hamaoka a été envahi par 400 m3 d’eau salée au moment du tsunami de 2011. Un contrôle sur 8700 pièces a montré que 700 sont corrodées. Alors qu’il n’est pas sûr que cela soit réparable, la compagnie électrique annonce qu’elle déposera une demande d’autorisation de redémarrage en 2017 au plus tôt.
  • Japon : le marché de l’électricité est libre depuis le 1er avril 2016. Sur les deux premiers mois, plus d’un million de clients ont changé de fournisseur, soit 1,7 % du total. TEPCO a perdu 650 000 clients soit 2 %. Tokyo Gas qui gère des centrales thermiques a pour le moment gagné plus de 300 000 clients.
  • Etats-Unis : selon la chaine de télévision Enenews, plus de 400 anciens militaires présents sur le porte-avions USS-Reagan qui se trouvait au large de Fukushima au moment de l’accident sont aujourd’hui gravement malades.
  • Pays-Bas–Belgique : par 78 voix contre 72, le parlement néerlandais adopte une motion demandant au gouvernement de s’associer au Luxembourg et à l’Allemagne pour prier la Belgique de fermer ses centrales nucléaires fissurées.
  • France : suite à la chute d’un générateur de vapeur le 31 mars 2016, à la centrale de Paluel, EDF annonce que le réacteur ne sera pas redémarré avant le 31 août 2017 soit 17 mois de réparation en perspective.

10 juin

  • Japon : le ministère de l’Environnement annonce que l’on a dépassé 10 millions de m3 de déchets radioactifs mis en sac pour la décontamination des sols autour de Fukushima. Ces sacs sont actuellement éparpillés sur 130 000 sites. Le ministère estime que l’on devrait atteindre à terme, au moins 22 millions de m3. Il y a toujours le projet d’ouvrir un immense site de stockage à proximité de la centrale accidentée, sur 1600 hectares, pour regrouper tous les sacs, mais pour le moment le gouvernement n’a réussi à acheter que 2 % de cette surface. Ce stockage devrait durer une trentaine d’années avant un stockage définitif « ailleurs ». Cet ailleurs reste à définir. La seule idée avancée est le « recyclage » dans des matériaux de construction dès que les déchets passent en dessous de 8000 Bq/kg. Une limite critiquée par de nombreuses organisations, car pour le moment la limite est de 100 Bq/kg. Et surtout, le milieu du BTP est mouillé dans de multiples scandales et personne n’a confiance dans le respect d’une telle limite de contamination. Si cette décision devenait effective, cela signifierait la dissémination de la radioactivité dans tout le pays !
  • Japon : 33 personnes résidant à proximité de la centrale de Sendai, la seule en activité actuellement, ont déposé plainte contre l’autorisation d’exploiter la centrale. Elles estiment notamment que le risque volcanique est sous-estimé.
  • Japon : la centrale de Sendai se trouve sur la commune de Satsumasendaï. La mairie a décidé de tourner la page du nucléaire en annulant dans un premier temps l’autorisation de construction d’un troisième réacteur, puis en développant les énergies renouvelables. Alors qu’elle ne comptait qu’une petite éolienne de 0,25 MW en 2011, les renouvelables atteignent début 2016, 134 MW soit déjà de quoi alimenter en électricité l’ensemble des foyers de la commune (102 000 habitants).
  • Suède : la coalition au pouvoir (socio-démocrates, modérés, centre et chrétiens-démocrates) signent un accord prévoyant le renouvellement des réacteurs nucléaires et un objectif de 100 % renouvelables en 2040. Interrogé par les médias sur l’incohérence de ce texte, le ministre social-démocrate de l’énergie a répondu embarrassé : « c’est un compromis ».

12 juin

  • Japon : le gouvernement lève l’ordre d’évacuer de la commune de Katsuro. Sur 1347 personnes concernées, seules 126 personnes (9,3 %) ont fait les démarches pour revenir dans la commune. La moitié des rizières de la commune sont occupées par le stockage des sacs de déchets radioactifs, aucun magasin n’a ouvert et le gouvernement a mis en place un service de livraison à domicile. Aucun médecin n’a souhaité revenir… alors que ce sont des personnes âgées qui acceptent de se réinstaller. Le gouvernement a changé l’alimentation en eau : alors qu’avant elle provenait d’un torrent situé en amont, elle provient maintenant d’une nappe phréatique profonde pour le moment épargnée par la radioactivité.
  • Japon : séisme d’intensité 5, la plus importante dans le pays depuis le 19 avril dernier. Nous en sommes à 1700 répliques sensibles à l’homme (magnitude supérieure à 1) depuis le 14 avril.
  • Japon : comme TEPCO n’arrive toujours pas à faire un mur congelé du fait de la chaleur dégagée par la fusion des cœurs, des essais vont être faits en remplaçant l’eau par du ciment.

13 juin

  • Japon : dans le Japan Times , le sismologue Kunihiko Shimazaki analyse ce qui s’est passé en avril 2016 avec des milliers de secousses atypiques. Il estime que les méthodes utilisées pour valider les normes de sûreté dans les réacteurs nucléaires ne sont pas adéquates et qu’il faut revoir les calculs, notamment lorsque sont présentes des failles susceptibles de provoquer un décrochement vertical.

14 juin

  • Japon : deux mois après le début des tremblements de terre dans la région de Kumamoto, il y a encore 6431 personnes évacuées dans 145 abris et 575 personnes qui dorment dans leurs voitures. 30 120 habitations ont été abimées ou détruites.

15 juin

  • Japon : l’Agence de reconstruction mise en place en mars 2011 essaie selon ses propres termes « d’éliminer l’impact d’une mauvaise réputation ». Elle insiste ainsi pour dire que 7 % seulement de la surface de la province de Fukushima a été évacuée… oubliant de préciser que justement nombre de scientifiques protestent contre cette limitation des évacuations. Le ministre de l’Industrie tient le même discours affirmant dans une vidéo en ligne que le retour des populations « progresse en douceur ». Sur la vidéo, on voit des maisons décontaminées… mais pas les sacs de déchets stockés pourtant à proximité. On n’y parle pas des malades de la thyroïde, pas de l’immense majorité des résidents qui refusent de rentrer dans des zones qui restent fortement radioactives.
  • Japon : dans une école d’Iizaka, 20 m3 de déchets sont stockés à côté du parking à vélos des élèves. Excédé, un enseignant a fait mesurer la radioactivité de ces déchets : cela atteint entre 27 000 et 33 000 Bq/kg (les autorités classent en déchets à stocker et à surveiller lorsque l’on dépasse 8000 Bq/kg). L’enseignant a donné les résultats au quotidien Asahi, en signalant que d’autres déchets, plus dangereux, sont enterrés sous ces sacs.
  • France : A la suite des révélations de malfaçons à l’usine Areva du Creusot, EDF arrête le réacteur n° 2 de Fessenheim. Le chantier de l’EPR est bloqué depuis maintenant de longs mois pour la même raison.

16 juin

  • Japon : TEPCO reconnait qu’il avait reçu des consignes de la part du gouvernement pour ne pas employer l’expression « fusion de cœur de réacteur ». Le premier ministre de l’époque, Naoto Kan et le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano ont démenti toute pression contre la compagnie à propos de cette expression.
  • Japon : des parents ont prélevé des pousses de bambou servies à la cantine scolaire de la ville d’Utsunomiya (à 150 km au sud-ouest de Fukushima), le 10 mai 2016. Les analyses révèlent que la concentration en Césium 134/137 est de 234 Bq/kg… alors que la limite est de 100 Bq/kg. Trop tard : les enfants les ont mangées ! Il y a fort à craindre que ce genre de dépassement soit fréquent… mais que personne ne s’en rende compte, et ceci sur l’ensemble du Japon, car les contrôles alimentaires ne portent que sur une infime partie de ce qui est consommé.

17 juin

  • Monde : Greenpeace publie une note interne d’Areva révélant les réacteurs concernés par des falsifications au niveau des contrôles des pièces. Cela concerne 80 pièces dans 21 réacteurs français et d’autres réacteurs dans douze pays. Selon EDF, à part le cas de Fessenheim où l’unité 2 vient d’être arrêtée, les falsifications n’ont pas de conséquence sur la sûreté des installations.
  • Japon : le recours de TEPCO devant la justice pour demander l’annulation de la décision du tribunal d’Otsu, le 9 mars 2016, de bloquer le redémarrage des réacteurs de la centrale de Takahama est rejeté : le tribunal estime que TEPCO n’a pas apporté de nouveaux éléments concernant les insuffisances de sûreté en cas de tsunami. La centrale sera donc encore à l’arrêt pour longtemps. Le Japon ne compte toujours que deux réacteurs en fonctionnement à Sendai.
  • Japon : pour rassurer le monde, l’ambassadeur de France à Tokyo, Thierry Dana, organise un « diner d’amitié » avec uniquement des aliments provenant de la province de Fukushima. Charles Aznavour, en tournée au Japon, est présent à ce repas. L’ambassadeur n’a pas précisé si la radioactivité des aliments a été contrôlée. Pire, il a réussi à présenter la soirée sans jamais prononcer les mots « nucléaire » et « radioactivité ».

18 juin

  • Etats-Unis : Omaha Public Power district annonce la fermeture de la centrale nucléaire de Fort Calhoum, dans le Nebraska, d’ici fin 2016. Elle bénéficiait d’une prolongation d’autorisation de fonctionnement jusqu’en 2033, mais l’électricien estime qu’elle n’est plus rentable.

19 juin

  • Japon : A Kawauchi, une commune où l’ordre d’évacuer a été levé en octobre 2014, le taux de retour atteint 60 % des 3000 habitants d’avant… mais ce sont principalement des retraités qui sont revenus. Cette commune rurale connaissait déjà une baisse et un vieillissement de la population… l’accident nucléaire a accéléré les choses. La mairie a donc décidé de verser une somme de 5000 euros à chaque nouveau foyer venant avec des enfants et prendra en charge la moitié du coût du logement. Enfin, elle assure que la garde des enfants sera assurée (un problème récurrent au Japon). Les élus espèrent attirer ainsi 5 à 10 personnes cette année et une quinzaine l’année suivante.
  • Japon : trois jours après que le tribunal ait estimé que les conditions de sûreté ne sont pas suffisantes pour les réacteurs 3 et 4 de la centrale de Takahama, la NRA, autorité de sûreté nucléaire, autorise la prolongation de la durée de vie des réacteurs 1 et 2 de la même centrale, deux réacteurs qui ont déjà plus de 40 ans et pourraient redémarrer jusqu’à 60 ans. Mais elle y met des conditions : l’exploitant devra faire pour plus de 1,7 milliard d’euros de travaux : renforcement des enceintes de confinement, remplacement de 1300 km de câbles électriques inflammables… Déjà des recours juridiques sont annoncés, car selon la loi l’extension de durée de vie d’un réacteur au-delà de 40 ans ne peut se justifier que par un risque de pénurie d’électricité… ce qui n’est pas le cas actuellement.

21 juin

  • Japon : pour avoir interdit l’utilisation de l’expression « fusion du cœur », le directeur de TEPCO se voit privé de 10 % de son salaire en juin et celui du directeur exécutif de 30 %. Et pour avoir négligé des mises aux normes ayant favorisé l’explosion de 3 réacteurs, on leur retient combien sur leur salaire ?
  • France : si seul un réacteur de Fessenheim a été mis à l’arrêt en urgence, les révélations sur les défauts de fabrication des générateurs de vapeur construits par Areva au Creusot pourraient bloquer 18 autres réacteurs. A la Bourse, les actions d’Areva ont perdu plus de 40 % depuis le début de l’année, 60 % en un an.

24 juin

  • Japon : vers le démarrage d’un 3e réacteur ? La Shikoku Electric a annoncé le début du chargement du réacteur n° 3 de la centrale d’Ikata. Il y a 157 assemblages, dont 16 de Mox. Le chargement devrait être effectif le 27 juin. La compagnie espère ensuite un feu vert des autorités pour un redémarrage. Un recours au tribunal est en cours depuis mai 2016 à l’initiative de citoyens habitant dans le voisinage. Si le feu vert est donné, le réacteur pourrait démarrer d’ici la fin juillet.
  • Monde : le radiobiologiste Abraham Behar, ancien président de l’association des médecins pour la prévention contre la guerre nucléaire (IPPNW) dénonce une évolution de langage dans les documents de l’UNSCEAR, agence de l’ONU sur la radioprotection. Cette dernière organisation (pronucléaire) reconnaîtrait enfin que les faibles doses (inférieures à 100 mSv) ont un effet sur la santé, mais elle affirme que les maladies alors induites seraient « négligeables » par rapport aux autres facteurs de cancer.

25 juin

  • Monde : selon une étude de l’AIPRI, Association internationale pour la protection contre les rayonnements ionisants, les essais nucléaires, les explosions d’Hiroshima et Nagasaki, les accidents nucléaires, les destructions de satellites… tout cela a libéré environ 50 tonnes de plutonium dans l’atmosphère sous forme de nanoparticules qui restent en suspension indéfiniment. La période de vie du plutonium étant très longue (perte de la moitié de la radioactivité en 24 400 ans), cette pollution est présente pour toujours et nous la respirons sans le savoir. Le plutonium étant un puissant toxique, cette pollution est à rapprocher de l’augmentation constante du nombre de cancers.
  • Tchernobyl : dans un entretien dans la revue USA Today, Youri Bandajevsky, médecin en exil, explique que « la catastrophe vient à peine de commencer ». C’est maintenant, une génération plus tard, que les enfants naissent malformés ou mort-né et le taux de pathologies augmente d’année en année.

26 juin

  • Japon : TEPCO découvre une fuite dans une cuve de stockage. L’eau est extrêmement radioactive (96 000 Bq/l). 72 litres auraient fui soit environ 7 millions de becquerels de pollution supplémentaire. La cuve en question a été installée en 2013 et était en principe garantie pour cinq ans. TEPCO reconnaît qu’il y a un grand nombre de cuves à changer, mais qu’il n’a pas les moyens d’organiser un chantier suffisant pour suivre le rythme de renouvellement des cuves.

27 juin

  • Japon : la haute cour de justice de Fukuoka rejette le recours de citoyens contre l’usage de Mox contenant du plutonium dans le réacteur n° 3 de Genkai. Ce réacteur a été le premier à utiliser du Mox en 2009. Il avait été arrêté en 2010 pour maintenance et n’avait pas redémarré avant la catastrophe de Fukushima. Ce deuxième jugement confirme le premier de la cour de Saga qui estime qu’il n’y a pas de preuve que ce combustible est plus dangereux.
  • Japon : une commission d’experts remet un rapport au Ministère de l’Environnement concernant la possibilité de réutiliser les sols contaminés actuellement stockés un peu partout dans la région de Fukushima. Le gouvernement envisageait de placer les déchets de moins de 6000 Bq/kg en sous-couche sur les autoroutes en coulant dessus du béton. Les scientifiques estiment que cela n’est pas possible… la durée de blocage de la radioactivité par le béton n’est que de 70 ans d’années, alors qu’il faut 190 ans pour que les déchets passent de 8000 à 100 Bq/kg, la norme d’avant l’accident. D’ici là, comme les experts ne savent pas comment les stocker dans de bonnes conditions, ils poursuivent leurs recherches pour le « recyclage ».
  • Japon : séisme de magnitude 5,5. Epicentre à 120 km au sud-est de Fukushima. Réplique de magnitude 4,9. Epicentre à 100 km au nord-est de Fukushima.
  • Japon : Jonathan Cobb de l’Association nucléaire mondiale (WNA) affirme qu’il n’y a presque plus de combustible nucléaire dans les réacteurs de Fukushima. Comprendre : celui-ci a percé toutes les enceintes et en train de s’enfoncer dans le sol, ce qui en rend le contrôle d’autant plus difficile.
  • Japon : une étude scientifique présentée lors de la conférence de géochimie à Yokohama montre que les particules de césium trouvées à Tokyo n’ont pas pu provenir d’une dilution dans les eaux de pluie. Elles sont trop grosses pour cela. Le plus probable est qu’elles ont été dispersées sous forme de petites « billes » (de 0,000 5 à 0,005 mm) lors de l’explosion des réacteurs et que ces particules sont retombées jusqu’à Tokyo, bien que l’on soit à 230 km du lieu de l’explosion. L’étude estime que 89 % des émissions de césium radioactif des trois réacteurs accidentés en mars 2011 l’ont été sous cette forme de microparticules de verre. Pire : ces « billes » ont été détectées dans des filtres à l’ouest de Tokyo, Fukushima étant à l’est, cela signifie que toute la capitale est sérieusement contaminée. Et selon l’étude, ces « billes » sont très concentrées en césium radioactif (jusqu’à 500 millions de becquerels par kilo), ce qui signifie que la pollution va être durable. L’ingestion — probable — de ces « billes » par des habitants de la capitale (mais aussi par ceux habitants entre Tokyo et Fukushima) pourrait provoquer de sérieux dégâts sur la santé. Mais pour s’en apercevoir, il faudrait mettre en place des études, ce que le gouvernement refuse de faire. Les experts estiment que cela signifie qu’il faudrait revoir la zone à décontaminer (actuellement 2400 km2) ainsi que les techniques utilisées pour cela, car pour le moment le résultat est plus que discutable.

29 juin

  • Taïwan : le gouvernement réaffirme son intention de sortir du nucléaire d’ici 2025 en s’appuyant sur les économies d’électricité, les énergies renouvelables et des centrales thermiques au gaz. Le nucléaire représente actuellement 16 % de la production d’électricité.
  • Japon : la commune de Chiba, qui dispose de 7,7 tonnes de déchets radioactifs, estime que la contamination de ces déchets est maintenant inférieure à 8000 Bq/kg et demande un « déclassement » en déchets ordinaires. Mais un déchet ordinaire, ce n’est pas moins de 8000, mais moins de 100 selon les normes fixées au Japon. Pour passer de 8000 à 100, le Césium va mettre 190 ans.
  • Japon : 53e versement financier de l’Etat à TEPCO : 747 millions de plus. Le total atteint 55 milliards d’euros. Il s’agit d’un prêt sans intérêt… et pour le moment sans remboursement.
  • Japon : la NRA annonce que les contrôles sur les câbles électriques dans les réacteurs montrent plus de difficultés que prévu. 19 réacteurs de 6 centrales et l’usine de retraitement (jamais mise en route) ont des câbles qui ne passent pas selon des trajets différents comme le veut la règle pour éviter la perte de contrôle en cas d’incendie ou d’inondation. La NRA en est à 5344 anomalies et n’a pas fini ses inspections.

30 juin

  • Japon : à l’occasion de l’inauguration d’une centrale solaire de 30 MW, installée dans des rizières contaminées de la province de Fukushima, le quotidien Asahi Shimboun , dresse un bilan du développement des énergies renouvelables. Quasiment inexistantes avant l’accident de Fukushima en 2011, elles atteignaient, fin 2015, selon l’Agence gouvernementale pour les énergies et la nature, la puissance de 227 GW pour le solaire photovoltaïque et 430 GW pour l’éolien. Les projets sont multiples et KEPCO annonce avoir atteint 25 % d’électricité renouvelable en 2015. La production des renouvelables dépassent actuellement celle du nucléaire (ce qui est facile avec seulement deux réacteurs en fonctionnement) et il n’est pas sûr que le nucléaire puisse un jour repasser devant, car cela supposerait de redémarrer déjà une vingtaine de réacteurs, ce qui est loin d’être acquis. Si cette dynamique se poursuit, les renouvelables pourraient produire autant que le nucléaire d’avant 2011 d’ici seulement 5 ans. De quoi inciter les Japonais à freiner autant qu’ils le peuvent les tentatives actuelles de relance des réacteurs nucléaires.