Fukushima, novembre 2014

1er novembre

  • Japon : les prix d’électricité dans l’île d’Hokkaïdo, augmentent ce jour de 12,4 % pour les particuliers et de 16,4 % pour les industriels.
  • Japon : TEPCO entame un chantier pour retirer les assemblages de la piscine du réacteur n°5 (non accidenté).

2 novembre

  • Japon : le quotidien Asahi révèle que la Japan Atomic Power Co a fait un don secret de 11 millions d’euros à la commune de Tsugura entre 2012 et 2014. Sur cette commune se trouve une centrale qui ne devrait pas pouvoir redémarrer car elle est sur une faille déclarée active.
  • Japon : le Japon Times rappelle dans son éditorial que le redémarrage des réacteurs de Sendaï ne peut se faire pour le moment car le plan d’urgence n’est pas encore finalisé. Il est encore défaillant pour ce qui concerne l’évacuation des patients des maisons de retraite, des hopitaux et des cliniques.

3 novembre

  • Japon : un exercice de crise à la centrale de Shika (Ishikawa) tourne court. Le plan d’évacuation des personnes prévoit en effet qu’une partie de la population soit évacuée par la mer. Or ce jour-là, la mer était trop agitée pour qu’un navire puisse approcher des côtes. Le plan de secours ne prévoyait pas de scénario de substitution.
  • Japon : la société japonaise de vulcanologie interpelle la NRA sur les insuffisances des plans actuels de sûreté des réacteurs, lesquels ne prennent pas en compte l’impossibilité de prévoir à temps les éruptions.
  • Japon : l’utilisation du Mox, mélange uranium-plutonium, devait être généralisée dans les réacteurs japonais à partir de 2010, pour essayer de diminuer les stocks de plutonium présents dans le combustible usé. Mais avec le retard pris pour le démarrage de l’usine de Rokkashô, cela avait été reporté à 2015. La Fédération japonaise des compagnies d’électricité vient de renoncer à mettre en place un nouveau calendrier, ne sachant pas quand les réacteurs et l’usine fonctionneront. Le Japon dispose actuellement de 47,1 tonnes de plutonium.

4 novembre

  • Japon : le Parlement adopte la loi sur les déchets radioactifs de Fukushima qui prévoit un entreposage de 30 ans maximum dans la province de Fukushima avant un entreposage définitif dans un lieu qui reste à trouver. La loi prévoit aussi des recherches pour diminuer le volume de ces déchets estimé actuellement entre 25 et 30 millions de m3.
  • Japon : le quotidien Ashai a interrogé les 155 maires des communes situées dans un rayon de 30 km autour d’une centrale. 69 demandent que toutes les communes soient décisionnelles pour le redémarrage des réacteurs… dont 66 ne sont actuellement pas consultées. A part trois élus, tous les maires et gouverneurs actuellement concernés refusent donc d’élargir le processus de décisions. Ce sont les mêmes qui bénéficient des retombées financières des centrales.
  • Japon : petit calcul du quotidien Maïnichi : les seules combinaison des ouvriers qui deviennent chaque jour des déchets radioactifs représentent 1000 m3 de déchets par mois. TEPCO a demandé à la NRA l’autorisation de construire un incinérateur pour les brûler. Brûler des déchets, cela envoie la radioactivité dans l’atmosphère et donc recontamine le site et les environs. C’est n’importe quoi !
  • Japon : le société des Etats-Unis Kurion embauchée sur le site de Fukushima pour mettre en place une usine qui permettrait d’extraire le tritium de l’eau, annonce avoir un procédé qui permettrait en plus de produire du dihydrogène pouvant être utilisé dans des piles à hydrogène. Mais l’entreprise ne dit rien sur ce que consomme ou coûte son procédé, ni ce que devient la tritium radioactif piégé. Cela ressemble plus à de la communication qu’à une démarche scientifique.

5 novembre

  • Japon : TEPCO annonce que les 11 derniers assemblages de combustible usé viennent d’être évacués de la piscine du réacteur n°4. 1533 ont été enlevés : 1331 usés et 202 neufs. Il a fallu un an pour y arriver. Cela ne lève pas encore totalement la menace d’un effondrement de cette piscine en cas de fort séisme car il reste encore 180 assemblages neufs qui doivent être transférés vers la piscine du réacteur n°6. Par ailleurs, TEPCO étudie comment pourraient être évacués les assemblages présents dans les réacteurs 1, 2 et 3, ce qui du fait de la radioactivité ambiante, est encore plus problématique.
  • Japon : l’exploitant de la centrale nucléaire de Sendaï affirme avoir prévu le risque volcanique dans son plan de sûreté. Mais celui-ci indique qu’il faudrait au moins trois mois pour évacuer le combustible… alors que l’on ne sait prévoir les éruptions qu’avec quelques jours de délai. La NRA pose aussi la question d’où sera stocké ce combustible en cas d’évacuation car ce n’est pas précisé. Elle s’interroge sur la possibilité d’évacuation en cas de doute sur l’activité volcanique… comme en ce moment.

6 novembre

  • Japon : les maires des communes pressenties pour le stockage des déchets nucléaires demandent une nouvelle fois au gouvernement de stocker les déchets de la décontamination autour de Fukushima directement sur le site de la centrale accidentée, ce qui évite de contaminer d’autres sites et de multiplier les transports dangereux. Mais le gouvernement répond bizarrement que la province de Fukushima a suffisamment souffert de la catastrophe et qu’il faut que les autres provinces participent !

7 novembre

  • Japon : trois ouvriers qui mettaient en place de nouvelles cuves de stockage de l’eau contaminée sont blessés lors de la chute d’un élément en acier. Grièvement blessés, ils ont été évacués en hélicoptère.
  • Japon : le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, la plus haute autorité locale, donne son feu vert au redémarrage des réacteurs 1 et 2 de Sendaï. L’assemblée de la province a voté favorablement (38 oui pour 47 membres). 400 personnes ont manifesté à l’extérieur pendant le vote. Cela constitue une étape de plus dans le processus administratif. Le gouvernement n’a demandé son avis qu’à la commune de Satsumasendai et à la région qui sont les seules collectivités à toucher de l’argent de la centrale. Ces deux ont voté favorablement. De nombreuses autres communes situées dans un rayon de 30 km, à qui l’on demande de mettre en place un plan d’urgence et qui ne reçoivent pas d’argent, protestent contre ce manque de concertation.
  • Japon : bilan de la décontamination sur la commune de Tochigi : 11 000 propriétaires ont donné leur accord, 3600 n’ont pas répondu. Sur les premiers, seules 3361 maisons ont été nettoyées. Dans ces dernières, les mesures montrent que les jardins redeviennent rapidement contaminés du fait des eaux de pluie qui rapportent de la radioactivité.
  • Japon : la centrale de Ôma était en construction depuis 2008. Le chantier a été arrêté de mars 2011 à octobre 2012. Il a repris depuis. La compagnie propriétaire J-Power vient de transmettre un dossier à la NRA pour obtenir les autorisations de démarrage alors que le chantier n’est pas encore terminé. La ville de Hakodaté, qui se trouve sur l’île voisine de la centrale, à moins de 30 km, a déposé plainte pour demander l’arrêt de la construction.
  • Japon : le New York Times affirme que des médecins japonais réclament l’arrêt des contrôles de la thyroïde car si le nombre de cancers augmente rapidement, cela proviendrait du stress provoqué par ces contrôles !
  • Japon : plus de 100 tonnes de sardines mortes retrouvées sur le rivage d’Hokkaido. Les autorités pensent qu’il s’agit d’un phénomène lié au brassage de l’eau par les tempêtes (manque d’oxygène), mais les pêcheurs doutent de cette explication : il n’y a pas eu de tempêtes plus violentes que les années précédentes.

8 novembre

  • Japon : des analyses de champignons dans la région de Minamisoma donnent une contamination de 102 900 Bq/kg (1029 fois la limite alimentaire).
  • Japon : une étude médicale indépendante conclut que les 23 quartiers de Tokyo sont contaminés à un niveau de rayonnement pire que celui observé à la limite de la zone interdite de Tchernobyl et annonce que les analyses sur les cellules sanguines des enfants de moins de dix ans présentent des taux d’anomalies inquiétants.
  • Japon : des équipes de Greenpeace, accompagnées de scientifiques indépendants ont commencé à faire des conférences publiques dans les quartiers de la ville de Fukushima (60 km des réacteurs accidentés) et dans d’autres villes de la région non évacuées, pour donner les niveaux de contamination mesurés par leurs équipes et expliquer aux populations les risques qu’elles encourent en continuant à vivre dans des zones ayant de forts taux de radioactivité.

9 novembre

  • Japon : un journaliste du Figaro qui a pris des mesures de radioactivité dans la région de Fukushima constate que les chiffres affichés par les détecteurs et sur internet mis à disposition du public sont en moyenne un tiers plus bas que son propre appareil. Il mesure aussi des taux particulièrement élevés près des sacs de décontamination recouverts d’une bâche verte.
  • Japon : nouveau sondage d’opinion. 56 % de la population est opposée au redémarrage des réacteurs, 32 % y reste favorable.
  • Japon : un rapport de l’Institut du réacteur de recherche de l’Université de Tokyo, cartes à l’appui, estime que l’on aurait dû évacuer dans certaines directions jusqu’à 60 km du réacteur… et que maintenant au moins 10 millions de personnes vivent dans un environnement très radioactif.

10 novembre

  • Japon : TEPCO continue l’ouverture du toit du réacteur n° 1. On en est à ce jour à un trou de 40 m sur 14 m.
  • Japon : les statistiques sur les doses reçues par les travailleurs auparavant indiquées sur le site de TEPCO passent maintenant sur le site du Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales. Alors que l’on approche les 40 000 personnes ayant travaillé sur le site (dont 90 % de sous-traitants), les doses limites sont toujours « officiellement » parfaitement respectées.
  • Japon : Osaka est le plus gros actionnaire de TEPCO après l’Etat (9,37 %). Les élus voulant faire pression pour la sortie du nucléaire, le conseil municipal du 9 décembre traitera de la possibilité de vendre les parts de la commune.
  • Japon : suite aux protestations dans les médias, TEPCO annonce renoncer à porter plainte pour demander à une étudiante partie à Tokyo peu après l’accident de rembourser les indemnités versées pour son évacuation.
  • Japon : selon le gouvernement, du fait d’un été chaud, la production de lait a baissé dans le pays conduisant le pays à importer 10 000 tonnes de beurre. Une rumeur affirme que du lait a dû être détruit, car trop radioactif.

11 novembre

  • Japon : exercice de simulation d’une catastrophe nucléaire à la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, centrale appartenant à TEPCO, déjà fragilisée par un séisme en 2007. Un millier de secouristes ont été mobilisés. Evidemment, dans le monde réel, cela ne se passe jamais comme dans les exercices.
  • Japon : des parents des préfectures de Ibaraki et Chiba (au nord de Tokyo) ont demandé à un organisme privé de faire des analyses médicales sur des enfants de moins de 16 ans au moment de la catastrophe (moins de 19 ans aujourd’hui). 1818 enfants ont été examinés et 1139 (63 %) présentent déjà des anomalies thyroïdiennes : kystes ou nodules.

12 novembre

  • Japon : des médecins de la région de Fukushima confient à des médias qu’ils se sont vu interdire de communiquer les observations qu’ils font à propos des difficultés sur les grossesses, les fausses-couches et les enfants mal-formés. Interrogé par ces mêmes médias, le gouvernement refuse de communiquer des chiffres. Un des médecins répond à un journaliste : « je pense que l’on peut s’attendre à un million de cancers supplémentaires ».
  • Japon : Koïchiro Matsunaga, président d’une association contre le redémarrage de Sendaï fait un parallèle avec la tragédie de la pollution au mercure de Minamata (1966) : pour lui rien ne justifie le redémarrage des réacteurs nucléaires si ce n’est la priorité accordée aux sociétés industrielles.
  • Japon : voyage de presse organisé par le gouvernement pour montrer un nouveau chantier dans la zone interdite : les sacs de stockages des déchets provenant de la décontamination ayant une durée de vie limitée à trois ans, ils sont repris et reconditionnés dans de nouveaux sacs de 1 mètre cube plus résistants. Le gouvernement espère que ce transvasement sera terminé avant l’arrivée de la neige en décembre.
  • Japon : le quotidien Asahi publie les résultats d’une commission d’enquête mise en place en interne suite à des erreurs relevées dans des articles concernant le témoignage de l’ancien directeur de la centrale de Fukushima. Le quotidien présente ses excuses à TEPCO pour les inexactitudes présentes dans les commentaires et le président du journal annonce qu’il va démissionner.
  • Japon : suite à l’exercice de la veille, le gouverneur de la région critique le plan de secours testé : celui-ci prévoit la distribution de pastilles d’iode après les rejets radioactifs… alors que pour être efficace contre l’iode radioactif, ces pastilles doivent être prises au moins 6 heures avant les rejets. Le gouvernement refuse de modifier le plan de secours…

13 novembre

  • Etats-Unis : après Vancouver (le 21 octobre), c’est au tour de la Californie d’annoncer avoir détecté du césium 134 dans les eaux de mer du Pacifique. TEPCO répond que c’était prévisible, mais que tout était fait pour limiter de la radioactivité en mer.
  • Suisse : près d’un million de ménages ont reçu une fausse lettre d’information sur les comprimés d’iode. C’est Greenpeace qui mène l’opération pour rappeler que si l’ingestion d’iode diminue le risque de cancer de la thyroïde, en cas d’accident nucléaire, cela ne protège en rien contre les centaines d’autres radionucléides contenus dans un nuage radioactif.
  • Japon : KEPCO annonce vouloir faire une demande de dérogation pour deux de ces réacteurs. Alors que la loi précise que les réacteurs ne peuvent dépasser 40 ans d’âge, la compagnie souhaite une prolongation à 60 ans. C’est la première fois qu’une telle demande est formulée, ce qui ouvre un nouveau débat.
  • Japon : la quantité d’eau radioactive dans les cuves dépasse maintenant 500 000 m3. La majorité des 6000 personnes présentes sur le site sont là pour gérer ce problème d’eau qui gêne toute autre activité. L’ACRO, Association pour le contrôle de la radioactivité (www.acro.eu.org) rappelle que l’accident de Three Miles Island en 1979 aux Etats-Unis avait provoqué le stockage de 9000 m3 d’eau et que leur traitement avait nécessité 14 ans de travaux.
  • Japon : 772 personnes ont été interrogées par la Commission d’enquête après l’accident de Fukushima. Après la publication des déclarations de l’ancien directeur, le gouvernement avait accepté de rendre publics, en septembre, 18 autres témoignages. Elle rend publiques ce jour 56 nouvelles auditions. Parmi lesquelles celle de l’ancien directeur de l’autorité de sûreté de l’époque. Celui-ci reconnaît que si des camions avec des groupes électrogènes de secours avaient pu être acheminés rapidement près des réacteurs en panne, l’accident aurait pu être évité.

14 novembre

  • Japon : un rapport de la Bank of America (Etats-Unis) estime que l’accident de Fukushima a déjà coûté 130 milliards de dollars (104 milliards d’euros).
  • Japon : non seulement la radioactivité dans les eaux souterraines est en hausse, mais en plus ces eaux montent de plus en plus (8 cm par jour) et TEPCO annonce qu’elles pourraient inonder le bas du site à partir de la mi-décembre si le phénomène actuel se poursuit. La quantité de pluie n’explique pas seule le phénomène.
  • Japon : 1400 personnes ont déposé un recours devant la NRA pour contester la partie du dossier de la centrale de Sendaï concernant les séismes et les éruptions volcaniques. Les personnes pointent de nombreux manques dans le plan d’évacuation en cas de catastrophe. La NRA annonce qu’elle accepte ce recours collectif et qu’elle va l’instruire.
  • Japon : 2837 anciens habitants d’Iitaté font une demande d’augmentation des indemnités versées par TEPCO, car les indemnités avaient été calculées en prévoyant que la zone interdite ne serait fermée que pendant trois ans. Ils demandent non seulement de l’argent, mais aussi des excuses de TEPCO.
  • Japon : âgé de 102 ans, le doyen d’Iitaté s’est suicidé au moment de l’annonce de l’évacuation du village. Sa famille fait un procès à TEPCO et demande 200 000 euros de dédommagement.
  • Japon : le gouvernement annonce que le début du chantier à Miyagi pour y créer une zone de stockage des déchets radioactifs pour 30 ans est reporté au printemps.

15 novembre

  • Japon : le gouvernement a décidé de rouvrir la route nationale 6 qui traverse la zone interdite. Selon les limites fixées par le gouvernement, les zones où il y a plus de 0,23 microsievert/h doivent être décontaminées et interdites au public. Un journaliste qui a fait le trajet sur la RN6 avec un compteur a mesuré une pollution variant de 0,23 à 19,51 microsieverts/h (85 fois trop). Il a stoppé devant le musée d’art départemental. Alors que le dosimètre devant le musée indiquait 0,16, le sien indiquait 0,23 microsievert/h. Se promenant dans le jardin du musée, près de feuilles mortes, son compteur a monté à 12,1 microsieverts/h (52 fois trop)
  • Japon : selon TEPCO, la radioactivité totale ß dans un puits de contrôle près du réacteur n° 2 est passée de 230 000 de Bq/l le 3 novembre à 2,1 millions, soit dix fois plus, le 10 novembre.

17 novembre

  • Japon : après un 2e trimestre en forte récession (PIB en recul de 7,1 %), le 3e trimestre est lui aussi en recul (-1,6 %).

18 novembre

  • Japon : TEPCO annonce que les 180 assemblages neufs encore stockés dans la piscine du réacteur n° 4 seront déchargés en décembre. Ces éléments sont moins dangereux que les assemblages de combustibles irradiés, car la radioactivité augmente avec le temps. Les 1331 assemblages enlevés représentaient l’équivalent de 14 000 fois la radioactivité libérée par la bombe atomique d’Hiroshima.
  • Japon : le 6 novembre dernier, TEPCO renonçait à geler le sol en aval des réacteurs et changeait de méthode : elle a essayé depuis de cimenter les canalisations qui sortent en direction de la mer. Ce jour, elle a essayé de pomper 200 m3 dans une galerie souterraine, estimant que cela devait faire baisser le niveau d’eau de 80 cm… mais le résultat est que ça n’a baissé que de 20 cm, signe qu’il y a toujours d’importantes fuites. TEPCO annonce qu’elle va essayer de trouver les raisons des fuites.
  • Japon : le premier ministre annonce la dissolution du parlement et de nouvelles élections législatives anticipées pour le 14 décembre 2014. Cela fait suite à l’annonce de récession pour le troisième trimestre consécutif.

19 novembre

  • Japon : Bernard Laponche publie dans le Journal de l’énergie (http://journaldelenergie.com) une étude sur l’évolution énergétique du pays. Le nucléaire représentait 26 % de la production d’électricité en 2010… et 0 % en 2014. Dans le même temps, à PIB sensiblement équivalent, la consommation électrique a baissé de 9,3 %. Mais la consommation d’énergie a également baissé dans d’autres secteurs que celui de l’électricité… et donc les consommations de charbon (+0,9 %) et de pétrole (+1,4 %) ont peu varié. Si dans le domaine de l’électricité, les émissions de CO2 ont augmenté de 20 % depuis l’accident, globalement pour le pays, cette augmentation n’est que de 2 %. Concernant le coût des importations d’énergie, si celui-ci a globalement augmenté de 46 %, c’est pour 40 % provoqué par l’augmentation des prix et non par les quantités. Une sortie du nucléaire définitive n’est donc pas un problème économique ou environnemental, seulement un choix politique.
  • Japon : selon les électriciens japonais, une douzaine de réacteurs devraient pouvoir redémarrer sans gros travaux, une autre douzaine pourraient redémarrer après d’importants travaux, une quinzaine sont d’ores et déjà condamnés (trop vieux, accidentés), reste une dizaine de réacteurs où les études sont en cours pour voir si faire des travaux peut être rentabilisé.
  • Japon : le parlement a approuvé une loi qui officialise la création de deux centres de stockages des déchets radioactifs pour une durée de 30 ans.
  • Japon : l’électricien qui gère la centrale de Tsuruga a contesté la présence d’une faille active sous les bâtiments. Il a produit de nouvelles études, mais la NRA, l’autorité de sûreté maintient sa décision précédente.
  • Japon : séisme de magnitude 5,1 à 190 km au large de la centrale de Sendaï.

20 novembre

  • Allemagne : alors que le dernier réacteur du pays doit être fermé en 2022, les Verts publient des scénarios de sortie du charbon. Du fait de la stabilisation de la consommation électrique et de la montée en puissance des énergies renouvelables, les scénarios proposent de fermer entre 21 et 46 centrales thermiques d’ici 2022.
  • Japon : du riz cultivé à Namié, près de la zone interdite, a été récolté pour la première fois depuis 2011. Officiellement, il n’est presque pas radioactif (moins de 25 Bq/kg). Pour bien s’en convaincre, deux tonnes ont été utilisées dans la cafétéria du Ministère de l’Environnement et le ministre en a mangé devant les médias.
  • Japon : séisme de magnitude 5,4 à 50 km au large de Fukushima.

21 novembre

  • Grande-Bretagne : il est encore possible aujourd’hui de mentir sur la gravité d’un incident nucléaire. Le 7 octobre 2014, un incendie dans le prototype du réacteur à neutron rapide de Dounreay (Ecosse) nécessite l’intervention des pompiers. Ce réacteur, voisin de Superphénix, abandonné en 1994, est en voie de démantèlement. Sur le moment, les autorités ne parlent pas de radioactivité. Plus d’un mois après, on apprend qu’un important nuage de tritium a été rejeté. Mais on n’a pas de chiffre précis. Un réacteur arrêté depuis 20 ans, sans accident, peut encore provoquer une contamination radioactive !
  • Japon : TEPCO lance le transfert des éléments de combustible neufs (180 en tout) vers la piscine du réacteur n° 6 non accidenté.
  • Japon : rencontre entre TEPCO et la NRA pour parler des écoulements en mer. Après l’abandon des tentatives de gel du sol, force est de constater que les essais d’injonction de ciment dans les canalisations souterraines connues ne permettent pas non plus de stopper les fuites. TEPCO va continuer à pomper d’un côté, à injecter du ciment… Si cela ne fonctionne pas, c’est peut-être parce que la source de radioactivité qui pollue l’eau n’est plus dans le réacteur : le cœur continue en effet de s’enfoncer et est peut-être plus bas qu’on ne le pense. La NRA s’interroge aussi sur la solidité du ciment soumis à la fois à l’humidité et à la radioactivité.
  • Japon : le ministère de l’Environnement entame des travaux pour évacuer les bateaux rejetés par le tsunami dans la zone interdite où la décontamination n’a pas encore commencé. Il y a 70 bateaux recensés.
  • Japon : selon les mesures données par TEPCO, la contamination des poissons péchés dans le port et jusqu’à 20 km de la centrale est en baisse. A 20 km, tous les poissons seraient en dessous de 100 Bq/kg, limite pour leur consommation.

22 novembre

  • Japon : séisme de magnitude 6,2 avec un épicentre près de Nagano. La centrale de Shika est à 118 km, celle de Kashiwazaki à 106 km. De nombreux bâtiments se sont effondrés, l’électricité a été coupée pour des centaines de milliers de personnes, 39 personnes blessées, dont 7 graves. Pour rappel, c’est un séisme de magnitude 6,7 qui a provoqué l’arrêt des sept réacteurs de la centrale de Kashiwazaki en juillet 2007. Celle-ci n’a jamais été autorisée à redémarrer malgré les demandes de TEPCO.
  • Japon : exercice d’évacuation autour de la centrale de Fukushima Daï-chi accidentée. 260 personnes sont évacuées, ce qui nécessite la mobilisation de plus d’un millier de fonctionnaires. Le scénario envisagé est un violent rejet de radioactivité suite à l’arrivée à l’air libre d’un des cœurs des réacteurs accidentés. Rappelons que même sans cela, ce sont plusieurs millions de personnes qui vivent dans un environnement trop radioactif et que le gouvernement avec un exercice à 260 personnes est dans le déni de ce qui se passe actuellement.

25 novembre

  • Japon : ce sont les femmes qui sont le plus contre le redémarrage des réacteurs selon tous les sondages. Pour essayer de contrer ce phénomène, un colloque se tient ce jour organisé par le lobby nucléaire sur le thème : « L’importance de la communication : comment faire accepter le nucléaire dans une perspective féminine ». Quatre intevenantes ont présenté des axes de recherche dans le domaine des neurosciences, de la médecine, du droit et de la psychologie sociale. Il ne semble pas qu’on y ait parlé des cas de cancers qui se multiplient chez les enfants…
  • Japon : TEPCO après avoir renoncé à geler les canalisations souterraines, à avoir renoncé à geler le sol, essaie maintenant de cimenter ces canalisations, mais apparemment ce n’est pas facile (humidité, chaleur, radioactivité…) et TEPCO reconnaît que pour le moment ce n’est pas effectif.
  • Japon : la proportion de strontium-90 dans la radioactivité des eaux souterraines est en constante hausse. Le strontium a une demi-vie de 29 ans, sensiblement comme le Césium-137. Absorbé dans l’alimentation, il se substitue au calcium et provoque des cancers des os et du tissu conjonctif.
  • Japon : TEPCO reçoit une nouvelle aide de l’Etat de 500 millions d’euros.
  • Japon : l’angoisse se traduit au niveau médical : alors qu’en 2010, l’hôpital le plus proche de la centrale de Sendaï (celle qui pourrait redémarrer en premier) ne suivait que 211 personnes pour tachychardie (palpitation du cœur trop rapide), se classant à la 34e place au Japon, ce nombre est monté à 581 en 2011 (8e place), et à 1637 en 2012 (1re place).
  • Etats-Unis : l’Etat-major annonce le décès de deux des marins malades qui étaient sur le porte-avion USS Reagan, navire qui a été pris dans le nuage radioactif aux premiers jours de l’accident.

26 novembre

  • France : la dégringolade financière d’Areva est telle que l’Etat français, actionnaire à 85 %, envisagerait d’injecter 2 milliards dans la compagnie pour lui éviter la faillite. Là, il n’y a pas de problèmes pour trouver de l’argent !
  • Japon : un membre de la NISA (ancien nom de la NRA, l’autorité de sûreté) confie anonymement aux médias que le 12 mars 2011, devant l’enchaînement de la catastrophe, tout le personnel de la NISA s’est enfui du site de Fukushima : « Pour nous, il était insensé d’y retourner ».
  • Japon : sur 47 personnes contrôlées sur la commune de Matsudo (préfecture de Chiba, entre Fukushima et Tokyo), 40 présentent des anomalies à la thyroïde. Mais la mairie déclare que ces résultats sont trop partiels pour en tirer des conclusions, notamment parce que trop d’échographies peut aussi provoquer ce genre de résultats.
  • Japon : interrogé sur le nombre de réacteurs nucléaires qui pourraient redémarrer, le ministre de l’Industrie reste flou. Alors que le pays entre en campagne électorale, il est peu probable que des annonces précises soient faites dans le domaine du nucléaire d’ici le 14 décembre, jour d’élection.
  • Japon : qui va payer le démantèlement des réacteurs ? Les compagnies d’électricité qui veulent redémarrer des réacteurs ne veulent pas prendre en charge ce coût car le marché de l’électricité devant devenir libre sous peu, elles craignent — avec raison — de ne pouvoir être compétitives. Elles proposent de mettre en place une taxe sur les factures d’électricité… ce qui ferait ainsi participer à ce coût les compagnies qui produisent de l’électricité sans nucléaire.
  • Japon : un incinérateur est inauguré à Kawauchi dans la province de Fukushima. Celui-ci doit brûler les déchets de décontamination selon un nouveau procédé qui, en théorie, doit bloquer le césium radioactif. Evidemment, le césium n’est qu’un des radionucléides… et même si cela marchait, il y aurait donc relâchement d’un panache radioactif. Il est prévu qu’il démarre en janvier 2015 et doit en principe brûler 7 tonnes de déchets par jour.
  • Japon : JAEA, le CEA japonais, dispose d’un réacteur expérimental refroidi à l’hélium qui doit servir à produire de l’hydrogène. Ce réacteur était à l’arrêt en mars 2011. JAEA vient de déposer un dossier pour obtenir l’autorisation de le redémarrer.
  • Japon : du riz moissonné à Minami-Sôma, en 2013, à plus de 20 km de la centrale accidentée, présentait un taux trop élevé de radioactivité. Des études réalisées par l’IRSN (France) et d’autres par la NRA (Japon) concluent toutes deux que le nuage radioactif provenant des manipulations sur le réacteur n°3, ne peut seul expliquer cette contamination. De nouvelles investigations sont lancées.

27 novembre

  • Japon : le tribunal d’Otsu a rejeté la plainte de 180 habitants de la préfecture de Shiga qui demandaient de suspendre la procédure de redémarrage des réacteurs de Takahama et Oi. Le tribunal a estimé que les procédures de contrôle de sûreté en cours ne préjugent pas d’une future autorisation et que ces plaintes ne sont pour le moment pas fondées. En mai 2014, un autre tribunal de la préfecture voisine, pour les mêmes réacteurs, avait au contraire donné raison aux habitants. La société Kansai Electrica fait appel de ce dernier jugement et se félicite au contraire du nouveau jugement.
  • Japon : de nouvelles précisions sont demandées à l’exploitant des réacteurs de Sendaï, ce qui repousse l’éventuel démarrage des réacteurs à l’année prochaine.
  • Japon : TEPCO publie de nouvelles données sur la pollution par le strontium, qui montrent une contamination en forte hausse des eaux souterraines. Toutefois les physiciens de l’ACRO (France) relèvent des incohérences dans ces données (le taux de radioactivité en strontium est parfois plus élevé que le taux de radioactivité total, ce qui est impossible).

28 novembre

  • Japon : TEPCO annonce avoir réussi à enlever les gros débris présents sur le niveau supérieur du réacteur n°3. L’entreprise cherche maintenant à évacuer les poussières dans l’espoir de faire baisser le débit de dose à un niveau suffisamment faible pour pouvoir y envoyer des humains faire une exploration de visu. Ce n’est pas encore pour tout de suite car selon les endroits, on est encore à 10 à 60 fois au-dessus des limites supérieures acceptées. TEPCO annonce que cette impossibilité d’intervenir humainement va ralentir les travaux.
  • Japon : dans la capitale, environ 10 % des constructions neuves comportent des panneaux solaires. La municipalité annonce qu’elle veut augmenter ce pourcentage et aussi lancer des aides pour stimuler l’installation sur les toits des bâtiments existants. L’objectif est d’atteindre 20 % de la production électrique de Tokyo par photopiles en 2020 contre 6 % en 2012.
  • Japon : TEPCO révèle qu’après un contrôle des contrats de travail sur le site, 30 % des personnes présentes ne sont pas payées directement par l’entreprise qui a le contrat, mais par un sous-traitant. C’est illégal et c’est en hausse par rapport à un précédent contrôle effectué en 2013.
  • Japon : la station de traitement ALPS serait plus fiable et devrait, selon les autorités, permettre de décontaminer 320 000 m3 d’ici mars 2015. Reste à savoir ce que veut dire décontaminer… Où passe la radioactivité ?
  • Japon : suite à une mauvaise manipulation, le refroidissement du réacteur n°2 est arrêté. Il faut cinq heures pour le remettre en marche.

30 novembre

  • Etats-Unis : le site militaire de Hanford (Etat de Washington) a servi à la mise au point du combustible pour les armes nucléaires du pays. Le site est plus pollué que Tchernobyl. Une étude médicale indique qu’autour du site, le nombre d’enfants qui naissent sans cerveau est multiplié par 25 par rapport à la normale.
  • Japon : en comparant les données fournies par TEPCO, le site Fukshima News montre que la contamination de la mer en strontium-90 au niveau du réacteur n° 2 a doublé entre le 2 octobre 2014 et le 29 novembre 2014.