Fukushima, mars 2011

11 mars

  • 22h47 (toujours en heure française), l’alerte est atteinte au réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi (6 réacteurs, 3 à l’arrêt au moment du tremblement de terre). Ce réacteur de 439 MWe, mis en route en 1970, présente alors une radioactivité à l’extérieur de l’enceinte mille fois supérieure à la normale.

12 mars

  • 7h36, l’enceinte du bâtiment réacteur n°1 explose. La télévision japonaise filme en direct : on voit des flammes gigantesques sortir du bâtiment et un immense nuage de poussières s’élever à plusieurs centaines de mètres. Les autorités ont déjà évacué la population à 10km à la ronde et étendent la mesure à 20 km (50 000 personnes). Elles demandent aux personnes habitant dans un rayon de 50 km de s’enfermer chez elles. Le vent souffle de sud-est, emmenant le nuage radioactif au large… et vers l’Alaska et le Canada. A noter que les réacteurs japonais sont plus résistants aux séismes que les réacteurs français (cinq enceintes au lieu de trois). Officiellement, c’est une bulle d’hydrogène qui a fait sauter le bâtiment. Le cœur est alors en fusion… à l’air libre ! (détection de césium dans le nuage). De l’eau de mer enrichie en bore est injectée pour essayer de noyer le cœur. La radioactivité sur le site est alors mesurée à 10 000 fois la normale. L’utilisation de l’eau de mer provoque une corrosion qui condamne définitivement le réacteur.
  • 13h30, l’alerte est donnée sur le site de Fukushima-Daini (4 réacteurs), 12 km plus au sud et une évacuation des populations commence dans un rayon de 20 km (50 000 personnes de plus). A la même heure, en France, l’Autorité de sûreté nucléaire promet la transparence.
  • 16h, début de la distribution de pastilles d’iode dans un rayon de 50 km autour des deux sites nucléaires. L’iode protège du cancer de la thyroïde mais pas des autres cancers : le césium et le strontium attaquent la moelle osseuse, le plutonium les poumons, le carbone va partout. L’accident est d’abord estimé de niveau 4 (par comparaison : Three Mile Island a été classé au niveau 5, Tchernobyl au niveau 7, le plus haut niveau). Il passera à 6 le 14 mars.
  • 16h10 : le gouvernement allemand invite ses ressortissants habitant Tokyo ou plus au nord à partir vers le sud du pays.
  • 21h50, l’AIEA annonce que 140 000 personnes au total ont déjà été évacuées.

13 mars

  • 0h, le gouvernement japonais annonce que sur onze réacteurs arrêtés en urgence un seul s’est arrêté selon une procédure correcte. Il annonce également que des délestages électriques (3h par jour à tour de rôle au moins jusqu’à fin avril, sauf dans le centre de Tokyo) vont être effectués sur l’ensemble du pays. Il lance un appel à la Russie pour que celle-ci fournisse plus de gaz.
  • 7h47, la radioactivité dans la ville de Miyagi, à 80 km du site de Fukushima-Daiichi, est annoncée par Tepco comme étant 400 fois supérieure à la normale.
  • 9h, l’ambassade de France à Tokyo incite les résidents français (environ 9000) à quitter la capitale pour aller plus au sud.
  • 10h, Greenpeace s’interroge sur l’usage de l’eau de mer, une solution "catastrophe" car le sel va non seulement corroder les métaux, mais en se déposant risque de bloquer des conduites assez rapidement.
  • 15h, l’état d’urgence est déclaré à la centrale d’Onagawa, plus au nord que l’autre, suite à une hausse de la radioactivité (700 fois la normale). Il pourrait s’agir du nuage radioactif du réacteur n°1 de Fukushima-Daiichi
  • 15h50, six journalistes japonais ont réussi à rejoindre une commune à 2km de Fukushima-Daiichi. Ils se sont arrêtés quand les compteurs de mesure se sont bloqués à plus de 1000 mSV/heure (cela veut dire qu’en une heure on reçoit 1000 fois la limite annuelle autorisée pour le public). Ils dénoncent le fait qu’ils n’ont vu aucun panneau sur la route, ni aucun barrage policier pour les empêcher de passer.
  • 18h, manifestation de 3 à 500 personnes à Paris, place du Trocadéro, à l’appel du Réseau Sortir du nucléaire. Présence de Dominique Voynet, Eva Joly, Jean-Luc Mélanchon.
  • 20h, au JT de France 2, Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’écologie dénonce l’opportunisme des antinucléaires français et se félicite du "retour d’expériences qui va permettre d’améliorer la sûreté des centrales en France". Henri Guaino, conseiller spécial du président Nicolas Sarkozy, déclare lui : "L’accident nucléaire au Japon pourrait favoriser l’industrie française dont la sécurité est une marque de fabrique". Jean-François Coppé : "En aucun cas, ces accidents ne doivent remettre en cause les choix stratégiques du pays en matière d’énergie". Eric Besson : "Cet accident n’a rien à voir avec Tchernobyl".
  • 21h, l’autorité de sûreté nucléaire du Japon annonce que 6 réacteurs au moins sont en difficulté : les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daiichi, les réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima Daini (à 12 km du premier site) où des soupapes ont été ouvertes pour éviter l’explosion des bâtiments, libérant autant de nuages radioactifs.
  • 21h, Nicolas Hulot et `Daniel Cohn-Bendit demandent un référendum sur la question du nucléaire.
  • 23h30, explosion du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi (760 MW). Celui-ci fonctionne depuis le 22 septembre 2010, avec un combustible mixte uranium-plutonium (Mox) fourni par Areva, beaucoup plus toxique que le premier réacteur. Sept personnes travaillant sur la centrale sont portées disparues. Le système de refroidissement est détruit. Au moins 90 personnes intervenant dans la zone évacuée ont été irradiées.

14 mars

  • 4h, la radioactivité monte au nord de Tokyo : le nuage parti de Fukushima 1 revient du large à la suite du changement de sens du vent. Il semble aussi que le nuage qui sort de Fukushima 3, plus radioactif que l’autre, soit plus important.
  • 5h, le gouvernement des Etats-Unis annonce que son porte-avion Ronald Reagan placé en secours au large du Japon pour l’alimentation des hélicoptères, a traversé un nuage radioactif important et que son équipage a reçu une dose équivalant au maximum autorisé en un mois.
  • 14h, le gouvernement japonais annonce que 180 000 personnes sont déplacées autour des différents sites nucléaires et au moins 187 personnes contaminées.
  • 16h, le réacteur n°2 de Fukushima semble maintenant en péril. L’exploitant annonce son intention de relâcher des gaz pour éviter une explosion plus grave.
  • 18h, Angela Merckel annonce la suspension des autorisations de prolongement des réacteurs nucléaires allemands… pour trois mois. Concrètement, deux centrales devraient donc être arrêtées. Des manifestations pour l’arrêt du nucléaire se déroulent spontanément dans 450 villes, réunissant plus de 100 000 personnes.
  • 20h, les associations qui ont participé au Grenelle de l’Environnement ont rencontré Nicolas Sarkozy lors d’une réunion prévue de longue date. Elles ont demandé l’ouverture d’un débat sur la question du nucléaire et de l’énergie en général (pétrole, gaz de schistes, renouvelables, économies d’énergie…). En réponse, Sarkozy a répondu "Pas question de sortir du nucléaire". Sarkozy s’est même vanté devant des parlementaires UMP : « Si on a perdu des marchés et des appels d’offres, c’est parce qu’on est les plus chers. Et si on est les plus chers, c’est parce qu’on est les plus sûrs ! » Et le plus gros mensonge : « L’EPR, je connais bien le chantier, j’y suis allé plusieurs fois. Je suis désolé de dire ça, mais on a la double coque ! Le principe de la double coque, c’est que si un Boeing 747 s’écrase sur une centrale, le réacteur n’est pas touché ». Rappelons que le Réseau Sortir du nucléaire a été poursuivi en justice (mais a bénéficié d’un non-lieu) pour avoir rendu public en 2003 un document "confidentiel défense" qui dit exactement le contraire.
  • 20h, le gouvernement suisse annonce la suspension des projets de nouveaux réacteurs dans le pays et une étude sur la poursuite des cinq réacteurs actuellement en fonctionnement. Le gouvernement indien annonce une inspection générale de ses installations (20 petits réacteurs pour 4780 MW au total)
  • 20h, la plupart des grandes entreprises françaises, Areva en tête, ont fait évacuer leurs salariés vers la Corée du Sud, Hong-Kong ou la France. Air-France annonce que ses vols sont saturés.
  • 21h45, la fusion des cœurs des réacteurs 1 et 3 de Fukushima-Daiichi est officielle. Comme ces réacteurs sont à l’air libre, cela signifie que le nuage qui en sort est de plus en plus radioactif.

15 mars

  • 0h03, explosion du réacteur n°2 de Fukushima-Daiichi. Le personnel avait été en partie évacué. Selon Tepco, il reste 50 personnes sur le site de Fukushima-Daiichi. 800 ont quitté leur poste. C’est la confusion totale, plus rien n’est sous contrôle. L’armée américaine est appelée en renfort. La radioactivité au niveau de la centrale est 10 000 fois supérieure à la limite autorisée.
  • 0h30 : le vent tourne et le nuage radioactif se dirige vers Tokyo. Le gouvernement lance un appel : les femmes et les enfants sont encouragés à partir vers le sud de l’archipel ou à l’étranger.
  • 1h30 : les journalistes sont interdits à moins de 30 km de la centrale. 200 000 personnes vivant entre 20 et 30 km du site sont en cours d’évacuation. Le survol des lieux est interdit dans un rayon de 30 km.
  • 2h : nouvelle explosion sur le réacteur n°2 avec brutale hausse de la radioactivité. La radioactivité au niveau de la centrale est 70 000 fois supérieure à la limite autorisée. Une telle exposition pendant douze heures est considérée comme mortelle. Le cœur du réacteur n°2 pourrait être à l’air libre.
  • 7h : le site du Spiegel en Allemagne publie une première carte de la dispersion du nuage radioactif et des entretiens avec des spécialistes allemands : ceux-ci pensent qu’il ne peut s’agir d’une explosion d’hydrogène, mais bien d’une explosion nucléaire, et ceci pour les trois réacteurs.
  • 8h50, Le Monde annonce que les habitants de la côte ouest des Etats-Unis se jettent sur les pastilles d’iode.
  • 9h44, alors que les réacteurs 4 à 6 de Fukushima-Daiichi sont à l’arrêt, des déchets du réacteur n°4 stockés dans une piscine proche du n°3 se retrouvent à l’air libre, l’eau s’évaporant, l’agence de presse Kyodo annonce que des déchets se sont enflammés. Or ces déchets sont très radioactifs. Les réacteurs 5 et 6 présentent aussi une chaleur anormale.
  • 10h15, Le niveau de radioactivité relevé dans la préfecture de Chiba, située juste à l’est de Tokyo, est plus de dix fois supérieur à la normale, rapporte l’agence de presse Kyodo. A Kanagawa, 10 fois plus que le normal. A Ibaragi, 100 fois la normale. La pluie commence à tomber, précipitant les particules radioactives au sol.
  • 10h25, Deux brèches de huit mètres de large sont apparues dans l’enceinte extérieure du réacteur n°4 de la centrale Fukushima-Daiichi, réacteur à l’arrêt mais soumis à une chaleur extrême.
  • 10h49, selon l’AFP, Dominique de Villepin a interpellé le gouvernement en l’accusant d’être dans le déni.
  • 12h, Le gouvernement allemand a décidé d’arrêter provisoirement sept réacteurs nucléaires construits avant 1980 (il en resterait donc 10 en activité).
  • 12h, "On s’achemine vers une catastrophe nucléaire" déclare à la presse Nathalie Kosciusko-Morizet.
  • 13 h, des rassemblements silencieux se tiennent dans une trentaine de villes en France (200 personnes à Marseille, Lyon, Bordeaux, Mulhouse, 100 à Paris, Grenoble…)
  • 17h, Le titre Areva a perdu 18 % à la bourse en deux jours. C’est Areva qui avait fourni le Mox pour le réacteur n°3 de Fukushima-Daiichi. Celui de Tepco a perdu 42 %.
  • 17h15, Radio-France donne l’ordre à ses sept journalistes présents au Japon de quitter le pays. France-Télévision fait de même à 22h30. RTL, Europe 1, i-télé annoncent le repli de leurs équipes à Osaka. Alors que France 24 donne l’ordre à ses journalistes d’essayer d’aller plus au nord !
  • 22h45, début d’incendie visible sur le toit du réacteur n°4 de Fukushima-Daiichi. Des techniciens collectent des données à partir d’un abri situé à l’extérieur des réacteurs et en allant sur place quelques minutes seulement.

16 mars

  • 0h20, l’incendie sur le réacteur n°4 semble éteint.
  • 2h, le vent tourne et le nuage épargne maintenant Tokyo. La radioactivité y est toutefois encore de 300 fois plus haute que la normale. Dans les gares, les trains partent bondés vers le sud.
  • 3h30, après une baisse de la radioactivité locale, 700 personnes sont mobilisées et se relaient par groupe de 70 pour injecter de l’eau sur les réacteurs 1 et 3. Ces "liquidateurs" sont médicalement condamnés.
  • 4h56, nouveau séisme de niveau 6 dont l’épicentre est au sud-ouest de Tokyo.
  • 7h45, la Chine bloque les mots "fuite" et "nucléaire" sur son réseau internet.
  • 8h45, Tepco annonce que la température des piscines de stockage des déchets des réacteurs 5 et 6 est en hausse.
  • 9h45, la direction d’urgence du département Fukushima annonce que dans l’eau potable à la ville de Fukushima (environs 60 km du site), on mesure déjà de l’iode (177 Becquerel/kg) et du césium (58 Becquerel/kg).
  • 12h, déclaration de Nicolas Sarkozy : "La France a fait le choix de l’énergie nucléaire, qui constitue un élément essentiel de son indépendance énergétique et de la lutte contre les gaz à effet de serre". Cocorico ! Le réseau Sortir du nucléaire réagit immédiatement : "le président Sarkozy privilégie la santé de l’industrie nucléaire à celle des Français". Réaction de Jean-Luc Mélanchon : "Une autruche dirige notre pays".
  • 13h15, Tepco annonce que les ouvriers se relaient à l’intérieur des réacteurs, mais que la radioactivité est telle qu’ils ne restent chacun qu’une minute !
  • 13h02, la députée de Moselle et secrétaire nationale du PS à l’Energie, Aurélie Filippetti, déplore une "vision dépassée" de son parti sur "le risque nucléaire", appelant les socialistes à "une prise de conscience" et à "enfin changer de doctrine". "Montrons aux Français que la gauche socialiste et écologiste sait travailler main dans la main sur des sujets aussi majeurs à l’heure d’une crise inédite". Le Bureau national du PS, le 15 mars, a refusé l’idée d’un moratoire sur l’EPR et de fixer une limite d’âge pour les réacteurs, proposition faite par Jean-Marc Ayrault, maire de Nantes et amateur d’aéroport. Martine Aubry l’engueule publiquement dans les heures qui suivent et affirme que le nucléaire mérite un débat ou une commission… il est surtout urgent de ne se pas se mouiller !
  • 15h30, Public Sénat, télévision officielle du Sénat retransmet une réunion d’urgence entre parlementaires, gouvernement et représentant du nucléaire en France. En parallèle, il est demandé pendant l’émission aux auditeurs de répondre à un sondage sur internet : faut-il fermer les vieux réacteurs nucléaires ? Résultat : oui à 84 %.
  • 16h, la radioactivité dans la ville de Namie, à 8km au nord des réacteurs, ville totalement évacuée, est de 6600 fois supérieure à la normale. A Ibaraki, à 130 km au sud, alors que la population n’y est même pas confinée, elle est de 300 fois la normale.
  • 19h10, la CRII-Rad publie un communiqué indiquant que les travailleurs sur le site sont soumis à des radiations 4 millions de fois supérieures au niveau naturel… et qu’ils sont donc sacrifiés.
  • 19h54, niveau de radiations extrêmement élevé au niveau du réacteur n°4, du fait de l’absence d’eau dans les piscines de stockage.
  • 21h, aux Etats-Unis, un responsable du MIT, Massachusset institut of technology, dit à la télévision : "c’est un cauchemar au ralenti".
  • 21h16, l’armée française envoie des comprimés d’iode à Saint-Pierre-et-Miquelon, donc à l’est du Canada, ce qui signifie que le nuage pourrait être encore dangereux malgré déjà une distance de l’ordre de 10 000 km.
  • 23h, commentaire sur le site du Réseau Sortir du nucléaire, en-dessous d’une liste d’incidents du même genre que ceux qui ont entraîné la catastrophe japonaise : quand un dinosaure n’évolue pas assez vite, il doit disparaître.

17 mars

  • 12h, Enercoop, coopérative qui, en France, ne vend que de l’électricité provenant d’énergies renouvelables, annonce une multiplication par trois du nombre de nouveaux souscripteurs.
  • 16h, l’AFP, sans doute bien informée, déménage ses bureaux de Tokyo à Osaka. L’Ambassade des Etats-Unis, sans doute bien informée, invite ses ressortissants à quitter l’île principale de l’archipel. L’ambassade de France distribue des pastilles d’iode aux 3000 Français (sur 7000) qui résident encore à Tokyo. Beaucoup de Français ne partent pas parce que leur belle-famille japonaise ne peut ou ne veut pas partir. L’ambassade d’Allemagne déménage à Osaka.
  • 16h30, la préfecture de Fukushima met en place des bus pour toutes les personnes qui veulent quitter les lieux, au-delà des 20 km déjà évacués.
  • 17h30, à la demande de Tepco, Areva envoie cinq tonnes de matériels (gants, combinaisons, masque à gaz, sel de bore…
  • 20h, France 2, François Fillion : "S’il apparaissait qu’une centrale française présente le moindre risque à l’issue des tests, elle serait fermée". Réponse du Réseau : si vous dites vrai, alors vous pouvez fermer toutes les centrales, elles présentent toutes des risques !
  • 22h44, sur France-Info, Martine Aubry déclare "nous avons demandé dès le départ un moratoire, qu’il n’y ait plus de capacité nucléaire qui soit développée et même de réduire la part du nucléaire dans notre production énergétique".

18 mars

  • 0h30, CNN annonce que plusieurs avions atterrissant aux Etats-Unis et ayant survolé le Pacifique présentent un taux de radioactivité extérieur important, mais qu’aucun passager n’a été contaminé.
  • 11h25, des ingénieurs du nucléaire évoquent sur France-Info que la seule solution est peut-être d’enterrer le site sous du sable et du béton. A 14h, l’AFP reprend l’information en faisant une faute d’orthographe incroyable : ils parlent de "sarkophage" !
  • 12h, point presse de l’ASN, Autorité française de sûreté nucléaire, Philippe Jamet : "La plupart des réacteurs nucléaires au monde seraient en grande difficulté s’ils avaient été confrontés aux mêmes catastrophes naturelles qu’a subies la centrale japonaise de Fukushima la semaine dernière". "Très franchement, beaucoup de spécialistes, sinon tous, ont été très surpris de voir qu’on pouvait perdre en même temps l’électricité et la source froide [système de refroidissement], c’est cataclysmique" Selon Jean-Marie Brom, physicien nucléaire, proche du Réseau, de multiples scénarios peuvent conduire à une perte de refroidissement tels que ce qui se passe au Japon. Il n’y a besoin pour cela ni de séisme, ni de tsunami.
  • 13h, Nicolas Sarkozy a téléphoné au premier ministre japonais pour lui présenter ses condoléances, lui assurer le soutien de la France… et lui proposer de l’aide pour la reconstruction du pays (avec quelques réacteurs EPR au passage ?)
  • 18h : Maria Roth-Bernasconi, conseillère nationale (=députée) au parlement fédéral suisse, est intervenue au Conseil national à propos de la centrale nucléaire de Bugey pour poser la question suivante au gouvernement suisse : " Qu’entreprend le Conseil fédéral pour inciter le gouvernement français à arrêter cette centrale nucléaire, un vrai danger pour la population genevoise ?"
  • 18h, le nuage radioactif est détecté pour la première fois en Californie (7500 km de Tokyo) et dans la région centrale de Russie, à Kamchatka (1600 km de Tokyo).

19 mars

  • 10h, interview de Svetlana Alexievitch, auteure de La supplication, par l’agence Reuters : "Les gens que j’ai rencontrés au Japon m’ont dit que chez eux un Tchernobyl bis serait impossible. En France, en Allemagne et aux Etats-Unis, j’ai entendu la même chose : leurs centrales sont les plus sûres au monde. Mais l’académicien soviétique Anatoli Alexandrov me disait la même chose il y a 25 ans : les centrales soviétiques sont tellement sûres qu’on peut en construire une sur la place Rouge".

20 mars

  • 7h, des parlementaires allemands rendent public un rapport secret portant sur des tests de résistance menés dans l’ensemble des 17 réacteurs du pays : le rapport conclut qu’aucun réacteur n’est à la hauteur des normes exigées.
  • 8h, le CNIC, Centre citoyen d’information du nucléaire, sorte de CRII-Rad japonais, demande l’évacuation des personnes confinées entre 20 et 30 km de la centrale mais également l’évacuation au-delà des 30 km en commençant par les femmes enceintes.
  • 8h07, relâchement volontaire de gaz radioactif au réacteur n°3 pour faire baisser la pression : les apports d’eau de mer ne suffisent pas à faire baisser la température. Le personnel est évacué le temps que la radioactivité s’éloigne.
  • 9h, Taïwan cesse ses importations de nourriture depuis le Japon après la découverte de fèves contaminées.
  • 15h, Des rassemblements se tiennent dans 130 villes de France. A Paris, un millier de personnes se retrouvent devant l’Assemblée nationale. Près de 10 000 ont manifesté près de Fessenheim… avec une majorité d’Allemands. Il y avait 300 personnes à Nantes, 200 à Caen, à Bayonne, à Lille… Au total, environ 20 000 manifestants.
  • 19h, Les Echos publient un bilan des cotations en bourse depuis une semaine : les compagnies minières d’uranium reculent de 26 à 41 %. Toutes les compagnies électriques qui ont des réacteurs nucléaires sont en baisse. Tepco est évidemment en tête avec 57 %.

21 mars

  • 5h, vent du nord et pluie : le taux de radioactivité sur Tokyo est en forte hausse. Le gouvernement japonais est dans le déni complet et continue à dire que tout va bien !
  • 5h, Tepco annonce que les six réacteurs ne pourront plus jamais refonctionner et qu’il faudra une dizaine d’années pour démanteler la centrale en raison de la radioactivité. C’est n’importe quoi : même un réacteur arrêté sans accident nécessite plus de temps que cela !
  • 10h, la CRII-Rad publie les premières analyses sur des aliments provenant de la région agricole au nord de Tokyo, à 100 km de la centrale : alors que la limite pour la consommation est de 600 bq/kg, des épinards, cueillis le dimanche, ont été mesurés avec des taux de 6000 à 15 000 bq/kg pour le seul iode131.
  • 14h30 : un journaliste japonais transmet au Réseau Sortir du nucléaire des photos du centre de mesure de la radioactivité de la région nord du Japon. Les bâtiments, construits à côté du site d’Onagowa, plus au nord que Fukushima Daiichi, ont été totalement détruits par le tsunami, ce qui explique en partie les difficultés des Japonais à faire un suivi de l’évolution du nuage radioactif. Intelligemment, le centre a été construit à deux mètres au-dessus du niveau de la mer.
  • 15h30, les dernières mesures communiquées par Tepco montrent une augmentation de la radioactivité en césium 134 et 137, deux éléments qui ne peuvent provenir que du cœur des réacteurs.
  • 17h30, Michèle Rivasi, députée EELV, fondatrice de la CRII-Rad, dénonce l’annonce faite par les ministres européens de l’énergie d’un test de résistance dans l’ensemble des réacteurs européens. Pour elle, il ne s’agit que d’une opération de communication. Pour le groupe des Verts au Parlement, la priorité est de fermer les réacteurs les plus dangereux.
  • 19h : Europe-Ecologie Les Verts rendent public un sondage commandé à l’Ifop et réalisé entre le 15 et le 18 mars auprès de 1008 personnes : 30 % sont pour continuer le programme nucléaire et construire de nouveaux réacteurs ; 51 % sont pour un arrêt du programme progressif sur 25 à 30 ans, 19 % sont pour un arrêt rapide. Dans le détail, on constate qu’il y a quand même 10 % des l’électorat écolo pour la poursuite du nucléaire (26 % chez celui du PS, 27 % chez celui du FN, 55 % pour l’UMP), 32 % de l’électorat écolo est pour sortir rapidement (20 % pour le Fn, 18 % pour le PS, 6 % à l’UMP). Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes : 43 % des hommes veulent encore du nucléaire… contre seulement 18 % des femmes ! Il y aussi une différence avec les âges, les plus pro-nucléaires sont les plus de 65 ans (47 %). Différence selon la région : ce sont les Parisiens les plus pro-nucléaires (35 %). Donc, le plus souvent, le pro-nucléaire est aujourd’hui un Parisien à la retraite.
  • 19h30, dans le "Grand journal" de Canal+, Martine Aubry annonce "Dans un premier temps, il faut faire un audit des 58 réacteurs, regarder Fessenheim, qui s’en occupe, (...) regarder celles qui sont sur les zones inondables (...) Il faut un moratoire (...). Il faut baisser le nucléaire. Je crois qu’il faut sortir du nucléaire, soyons sérieux, il faut aller vers une sortie en 20 ou 30 ans. La France est tributaire à plus de 75 % du nucléaire. (...) Pendant ce temps, il faut accroître la part des énergies renouvelables (...) Je vais même plus loin, il y a en France une filière nucléaire avec des compétences, il faut faire un transfert de ces compétences vers la gestion des déchets, les énergies renouvelables (…) Nous devons immédiatement rentrer dans une transition énergétique. Ce sera dans le programme électoral du PS en 2012".
  • 20h, le nuage a atteint les Antilles françaises, mais le niveau de radioactivité y est tout juste mesurable. Aucune mesure n’a été mise en place. Selon les autorités, on est en dessous du millième du nuage au-dessus de la France en 1986.
  • 22h : plusieurs collectivités allemandes comme le district de Fribourg ont engagé une démarche pour demander au gouvernement français de fermer les réacteurs de Fessenheim (Alsace).
  • 23h20, des médias révèlent que Tepco avait arrêté d’assurer le site de Fukushima en août 2010, le prix étant jugé trop élevé. D’après la loi, Tepco est responsable des dommages jusqu’à hauteur de 120 milliards de yens (environ 1 milliard d’euros). Après c’est l’Etat qui prend le relais. Areva devrait également être inquiété puisqu’ayant fourni le Mox pour le réacteur n°3.

22 mars

  • 4h45, le gouvernement japonais indique ne pas envisager d’évacuation au-delà des 20 km déjà évacués. Pourtant des mesures sont alarmantes : au sol, à 40 km du site, on a 430 fois la dose limite autorisée en iode 131, 47 fois plus en césium137.
  • 8h, dans 20 Minutes, un article "Peut-on évacuer 35 millions de Tokyoïtes ?". Bonne question.
  • 10h, Sud-Energie demande dans un communiqué un débat sur l’énergie et l’engagement de l’Etat en cas de réorientation, de donner les moyens aux salariés actuels du nucléaire de se reconvertir dans les autres filières.
  • 12h, la radioactivité dans les rues de Tokyo est en forte hausse : alors qu’à l’intérieur du CNIC, un organisme d’Etat, on mesure 0,07-0,08 microsivert, à l’extérieur, entre 11h et 18h, le taux est passé de 0,21 à 0,29 (+38 %). Le gouvernement a lancé une campagne de mesures sur les fruits de mer et les poissons, la mer présentant une forte radioactivité au pied des réacteurs. L’eau de mer est 80 fois trop radioactive à 8 km du site, 27 fois à 10km du site. Pour la première fois, des journalistes japonais posent la question d’évacuer la population de Tokyo. Etendre seulement l’évacuation à 80km autour du réacteur nécessiterait déjà d’évacuer 7 millions de personnes.
  • 13h, Tepco donne un inventaire : dans les piscines des six réacteurs, il y a 4546 grappes de barres de combustibles usés extrêmement radioactives.
  • 16h, le courant est rétabli dans la salle de contrôle du réacteur n°3.
  • 17h, une coalition de gauche réunissant des partis allemands et autrichiens lancent une campagne pour obtenir un référendum au niveau européen. L’annonce est faite par le premier ministre autrichien, Werner Faymann (socialiste).
  • 18h, les autorités des cantons suisses de Bâle Ville, Bâle Campagne demandent au gouvernement français de fermer Fessenheim.
  • 18h45, le gouvernement italien annonce le report d’un an du référendum prévu en juin 2011 qui devait annuler celui de 1987 qui a interdit la construction de centrales nucléaires en Italie après l’accident de Tchernobyl.
  • 21h, Les Echos révèlent qu’EDF vient de demander au gouvernement une hausse de 30 % du prix de l’électricité sur cinq ans pour financer le renouvellement du parc nucléaire !
  • 23h30, nouveau séisme de magnitude 6,6 à 415 km au nord de Tokyo.

23 mars

  • 6h50, les autorités japonaises interdisent la consommation de l’eau du robinet pour les bébés, l’eau étant trop radioactive (210 bq/l, limite pour les bébés : 100).
  • 8h30, alors qu’une fumée de plus en plus intense s’échappe du réacteur n°3 et que le taux de radioactivité augmente, tout le personnel présent est à nouveau évacué. On mesure un record de radioactivité : 500 mSv/h.
  • 10h45, la radioactivité mesurée dans l’air à Tokyo augmente encore.
  • 13h, la Gesellschaft für Strahlenschutz (société pour les rayonnements ionisants), l’équivalent allemand de l’IRSN, donc un organisme officiel, demande au gouvernement japonais d’étendre les mesures d’évacuation.
  • 18h,Le Canard enchaîné révèle qu’il n’y aucun plan pour l’Ile-de-France en cas d’accident nucléaire car selon la préfecture "il n’y a pas de centrales nucléaires dans la région". C’est vrai, la centrale de Nogent-sur-Seine est à 8 km de la limite de la région ! (et à 225 km de Paris, soit sensiblement la même distance qu’entre Fukushima et Tokyo)
  • 23h, des experts russes évoquent la possibilité que la situation puisse dégénérer de manière pire que Tchernobyl.
  • 23h, après un creux provoqué par les problèmes économiques prévisibles du Japon, le pétrole est revenu au même niveau qu’avant l’accident (106 $).

24 mars

  • 7h, par miracle, l’eau du Tokyo redevient potable pour les bébés… après une journée de ruée des Tokyoïtes sur les bouteilles d’eau. Petit calcul : pour assurer 3 litres d’eau par habitant, soit 100 000 m3 d’eau, il faudrait que 300 avions cargos assurent trois rotations par jour. Ceci explique peut-être cela…
  • 7h, un député japonais demande au gouvernement combien sont payés les intervenants sur le site de la centrale. Réponse : une prime de 520 yens (4,5 €) par intervention pour les pompiers et 5500 yens (48 €) par jour pour intervention en zone radioactive. Pour les autres intervenants, des primes inférieures à 1680 yens (15 €) par jour. Ce sera difficile d’acheter des cercueils de luxe ensuite !
  • 8h, dans Libération, excellent texte de Bernard Laponche : "le moyen le plus dangereux pour faire bouillir de l’eau" qui rappelle que le nucléaire ne sert qu’à ça et qu’il est très facile d’avoir de l’eau à 320°C avec un four à concentration solaire.
  • 8h, gros scandale en Allemagne : les médias annoncent qu’une réunion secrète entre le patronat et le gouvernement s’est tenue après l’annonce de maintenir la sortie du nucléaire. Au cours de cette réunion, le gouvernement a voulu rassurer le patronat en lui annonçant que ce n’était que pour la durée des élections qui se tiennent le 27 mars. Malheureusement, un des patrons présents n’a pas apprécié et a donné l’info aux journalistes… Le patron des patrons a démissionné le 25 mars.
  • 9h, les autorités autrichiennes estiment que le nuage radioactif correspond déjà à 20 % de l’iode 131 libéré par Tchernobyl et 50 % du césium 137.
  • 10h, la CRII-Rad proteste contre les blocages qu’elle rencontre pour obtenir les relevés de radioactivité dans les pays survolés par le nuage radioactif. Il y a un réseau international, le CTBTO qui a des moyens de détection très poussés pour détecter d’éventuels essais nucléaires militaires clandestins, mais celui-ci est contrôlé en France par le CEA, à l’international par l’AIEA. En France, la CRII-Rad n’a pour le moment pas mesuré de hausse de la radioactivité. En Allemagne, les laboratoires équivalents non plus.
  • 14h, aux Etats-Unis, dans les trois Etats de la côte ouest (Californie, Orégon, Washington), de l’iode radioactif a été détecté dans l’air. Pour le moment, les taux sont qualifiés de "faibles" par les autorités.
  • 17h, trois techniciens irradiés sont hospitalisés après avoir marché dans une nappe d’eau radioactive. Selon les dosimètres, l’eau était 10 000 fois plus radioactive que ce que l’on trouve dans les canalisations habituellement. Le premier ministre japonais fait ce commentaire : "Ils sont préparés à la mort" et remercie les ouvriers qui sont présents sur le site.
  • 17h, dans Paris-Match, l’ambassadeur de France fait remarquer : « Ce sont ceux qui connaissaient le mieux le sujet qui se sont affolés les premiers ». Les employés d’Areva ont déguerpi dès le lendemain du tsunami. Il annonce aussi que l’Ambassade a son propre matériel de mesure pour la radioactivité… mais ne communique pas les résultats.
  • 19h, sortie du film Un samedi anodin d’Alexandre Mindadze, à Moscou. Le film raconte comment un jeune instructeur du parti communiste ukrainien de Pripiat apprend par hasard l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Et le déni ensuite concernant les risques. Bis repetita au Japon ?
  • 21h, Aux Etats-Unis, polémique sur le devenir de la centrale d’Oyster Creek, mise en route en 1969 à Lacey (New Jersey, à 137 km à l’ouest de New York), cette centrale nucléaire qui date de 1969 est la plus ancienne en fonctionnement, elle est de même conception que Fukushima 1 dont elle est l’aînée d’un an.
  • 23h, le gouvernement japonais conseille l’évacuation pour les gens confinés dans la zone de 20 à 30 km "car la situation peut encore durer longtemps", mais ne prend pas de mesure pour les distances plus grandes… où commencent les grandes villes comme Fukushima (290 000 habitants) ou Iwaki (350 000 habitants). Selon la télévision NHK, des taux de 2,5 millions de Bq par kilo ont été mesurés dans l’herbe sur une commune située à 40 km du réacteur.

25 mars 

  • 10h, les autorités japonaises interdisent la consommation des légumes cultivés dans les potagers de la préfecture de Tokyo après avoir relevé des taux de contamination supérieurs aux 500 bq/kg autorisés.
  • 11h30, les autorités suisses indiquent avoir mesuré une hausse de la radioactivité à 6000m d’altitude, mais à des taux très faibles. Rien au sol.
  • 12h15, conférence de presse du premier ministre japonais : la situation à la centrale nucléaire de Fukushima reste imprévisible". Les opérations sur le site sont ralentis du fait de la hausse de la radioactivité.
  • 14h, Interrogé au sommet de l’Union européenne, Sarkozy promet de fermer les centrales qui ne serait pas sûres.
  • 15h50, les compagnies japonaises Kensai Electric Power et Chubu Electric Power annoncent repousser à 2013 une commande de combustible MOX qui aurait dû être livrée par Areva, ceci alors que le transport était prêt à partir de France.
  • 21h, En 2009, Maurice Eugène André, ancien officier de la protection nucléaire belge, explique qu’il était encore possible que l’on ait une explosion nucléaire à Tchernobyl. Le plutonium présent dans le cœur pourrait migrer vers le bas du fait de la forte densité du plutonium (19,84 fois plus lourd que l’eau) et il suffirait de 6 kg, soit 0,3 litres seulement pour que la réaction nucléaire s’amorce. Le cœur de Tchernobyl ne s’est toujours pas refroidi, 25 ans après. Dans le cas de Fukushima 3, c’est non seulement possible, mais à craindre dans les mois qui viennent du fait de la présence de MOX avec 10 % de plutonium.
  • 22h40, le professeur Hiroaki Koïde, de l’Université de Tokyo, estime que l’accident a maintenant atteint le niveau 7. Il dénonce le manque de mesures de sécurité : alors qu’à Tchernobyl, la zone interdite a été déterminée par un niveau de pollution au sol de 550 000 bq/m2 au sol, des mesures indiquent qu’à Iitate, à 40 km du site, nous en sommes déjà 3 260 000 soit 6 fois plus et les gens n’y sont même pas confinés.

26 mars

  • 8h, 17 salariés de la centrale sont déjà hospitalisés dans un état grave.
  • 12h, des mesures en Allemagne indiquent que le taux d’iode 137 est monté à 0,003 mbq/m3. Deux heures plus tard, l’IRSN annonce qu’en France, le taux maximum a été relevé sur le sommet du Puy-de-Dôme à 0,012 mbq/m3. Un niveau extrêmement faible.
  • 13h, Tepco annonce que c’est le 40e anniversaire du réacteur de Fukushima n°1 et que les responsables sont "désolés" que cela soit dans de telles circonstances !
  • 14h, les autorités de la ville de Sendai, plus d’un million d’habitants, à 100 km au nord du réacteur et largement contaminée par le nuage radioactif, s’interrogent sur la nécessité de faire évacuer les enfants.
  • 15h, manifestations antinucléaires monstres dans quatre villes d’Allemagne : plus de 200 000 manifestants en tout selon la police, 250 000 selon les organisateurs. Egalement plus de 1000 manifestants à Genève pour demander l’arrêt des réacteurs suisses.

27 mars

  • 11h, 300 lycéens ont manifesté à Tokyo et autant à Nagoya (grande ville au sud de Tokyo) pour demander l’arrêt du nucléaire.
  • 17h, 1300 manifestants à Schengen (Luxembourg), à l’appel de 36 communes luxembourgeoises qui demandent à la France l’arrêt de la centrale de Cattenom.
  • 20h, la CDU, droite au pouvoir, perd les élections régionales dans le land du Bade-Wurtenberg (Stuttgart), à droite depuis 1953. Les Verts font 24,2 % des voix et devancent le SPD : la présidence de la région devrait donc leur revenir. Le gouvernement perd sa majorité dans la chambre haute.

28 mars

  • 4h, 32e anniversaire de l’accident de Three-Mile Island, en Pennsylvanie. A l’époque, un nuage radioactif a été provoqué pour éviter que le réacteur n’explose. Le cœur a partiellement fondu. 100 000 personnes avaient été évacuées et 400 femmes enceintes de moins de trois mois avortées pour éviter le risque de bébés malformés. Aucun chantier de centrale nucléaire n’a été mis en route aux Etats-Unis depuis cette date.
  • 8h, une manifestation antinucléaire s’est tenue à Séoul (Corée du Sud) pour demander la sortie du nucléaire. Le gouvernement a annoncé une inspection générale des réacteurs du pays.
  • 8h, un sondage publié dans La Tribune indique que 47 % des Français sont inquiets de l’arrivée du nuage radioactif. Les femmes (57 %) plus que les hommes (43%). Seuls 11% des personnes qui votent écolo font confiance au gouvernement pour les informer, 17 % pour ceux qui votent PS… et 66 % pour ceux qui votent UMP.
  • 9h, le gouvernement annonce l’interdiction d’utiliser les eaux de pluie pour la distribution d’eau dans tout le Japon.
  • 12h45, un employé de la centrale explique comment il travaille : il mange de la nourriture en conserve, dort sur place… dans une salle contaminée et donc prend des doses 24h sur 24.
  • 14h, intervention du gouvernement japonais à la télévision pour expliquer aux personnes évacuées qu’il ne faut pas revenir chez eux ! Ce qui signifie que la zone n’est pas bouclée correctement.
  • 20h, du plutonium a été détecté dans plusieurs échantillons de sol prélevés autour de la centrale. Le plutonium est non seulement radioactif, mais aussi un violent poison chimique. Un milliardième de gramme inspiré suffit à provoquer un cancer du poumon. Sa période est de 24 400 ans.
  • 22h, le Québec annonce qu’il va renoncer au nucléaire. Facile : ils n’ont qu’un seul réacteur en fonctionnement : Gentilly 2, 635 MW, mis en route en 1983.
  • 23h, une agence de presse japonaise rapporte le suicide d’un paysan bio de 64 ans après l’interdiction de vente de sa production. La région touchée par le nuage est une zone fortement maraîchère qui vendait à l’agglomération de Tokyo. Une association de promotion du bio annonce que la profession est sinistrée.

29 mars 

  • 7h, le gouvernement japonais annonce que Tepco pourrait être nationalisé. La valeur en bourse de la firme a été suspendue après une chute qui dépassait déjà 70 %. En clair, ce sont les actionnaires de Tepco qui ont engrangé les bénéfices, mais maintenant ce sont les Japonais qui vont payer la note.
  • 7h30, interrogé par la presse sur la durée de l’accident, un responsable du gouvernement affirme que c’est "imprévisible", "cela peut durer des mois, des années". Le gouvernement annonce qu’à force d’arroser les bâtiments, tous les bassins de rétention d’eau contaminée sont pleins. Il annonce que probablement les 70 000 personnes évacuées dans un rayon de 20 km ne pourront plus jamais rentrer chez elles.
  • 8h, devant le parlement, le premier ministre japonais annonce qu’il va falloir évacuer les gens entre 20 et 30 km soit 130 000 personnes supplémentaires. Jusqu’à maintenant, ils n’étaient qu’incités à partir.
  • 9h, le gouvernement chinois annonce une révision à la baisse de la part du nucléaire dans la consommation énergétique d’ici 2020 : de 5 % à 3 % (actuellement 2 %).
  • 14h, TEPCO, Hitachi et le gouvernement japonais annoncent que la situation devient difficile : les 600 personnes sur le site sont épuisées (et irradiées) et il est difficile de leur trouver des remplaçants ! Les entreprises sous-traitantes n’arrivent pas à recruter. Et il manque de personnes ayant les compétences requises.
  • 14h30, Le secrétaire d’Etat au Tourisme, Frédéric Lefebvre déconseille aux Français d’aller voyager au Japon.
  • 20h, le gouvernement français annonce l’envoi de deux spécialistes pour déterminer l’aide que l’on peut apporter à TEPCO : un ingénieur du CEA, un autre d’AREVA. AREVA annonce de son côté l’envoi de cinq personnes… cinq parmi les huit qui ont fui le jour de l’accident ?
  • 23h, Bouygues et Vinci annoncent l’annulation d’un voyage prévu à Tchernobyl pour vanter la mise en place du futur sarcophage qu’ils doivent y construire.
  • 23h, aux Etats-Unis, les fabricants de compteurs Geiger annoncent être en rupture de stock. De la radioactivité a été mesurée dans l’air dans l’ensemble du pays… pour le moment à des doses faibles, plus importantes sur la côte ouest.

30 mars

  • 7h, pas moins de 25 ambassades restent fermées à Tokyo : 17 se sont déplacées dans le sud du Pays, 8 sont totalement fermées.
  • 11h, le gouvernement japonais lance un contrôle de tous les réacteurs. Outre les onze arrêtés par le séisme, d’autres sont à l’arrêt de manière plus ancienne pour d’autres problèmes. Tous les réacteurs sont en bord de mer, tous en zone séismique. L’arrêt durable de ces réacteurs provoque une pénurie d’électricité, d’autant plus que des cables sous-marins se sont rompus… dont certains dans les eaux contaminées par Fukushima. Au Japon, la consommation d’électricté est maximale en été à cause de la climatisation. Celle-ci est particulièrement intense à Tokyo. Le gouvernement annonce aussi qu’il va accélérer le développement des centrales solaires.
  • 12h, des journaux japonais s’inquiètent de ce qui se passe à la centrale d’Onagawa, à 120 km plus au nord que Fukushima. La centrale arrêtée en urgence depuis le 11 mars présenterait un taux de radioactivité anormal… bien que la direction affirme qu’il reste "relativement bas". C’est d’autant plus inquiétant qu’environ 200 personnes dont les logements ont été détruit, campent au pied des trois réacteurs.
  • 12h, dans un entretien publié dans Le Monde, André-Claude Lacoste, président de l’Autorité de sûreté nucléaire, reconnait qu’"on ne peut garantir qu’il n’y aura jamais d’accident grave en France". Par ailleurs, il affirme : "Fukushima est un site perdu qui sera sinistré pour au moins plusieurs décennies à l’exemple de la zone interdite de Tchernobyl".
  • 14h, TEPCO annonce avoir mis en place un plan d’auto-greffe pour les salariés irradiés. Des prélèvements ont été fait sur les ouvriers dans les premières heures de l’accident, ceci pour pouvoir ensuite éventuellement leur faire des greffes de moëlle. Dans un contexte où il faut maintenant remplacer les ouvriers trop irradiés, cela ressemble fort à une opération de communication pour rassurer les personnes que l’on cherche pour venir sur le site. Des médecins britanniques estiment que ces greffes peuvent retarder l’échéance, mais que cela sera insuffisant pour empêcher la survenue de problèmes létaux : les greffes n’empêcheront pas les atteintes aux voies respiratoires, gastro-intestinales ou à la peau.
  • 15h, Martine Aubry à l’AFP : "Je ne crois pas vraiment que nous pourrons remplacer l’énergie nucléaire par le solaire dans cinq ou dix ans, même s’il y a un énorme effort à faire". Donc pas trop vite, prenons le temps d’avor un accident grave aussi chez nous.
  • 15h, auditionné par le Parlement, l’Autorité de sureté nucléair indique qu’il y a eu 1107 incidents dans les réacteurs français dont trois de niveau 2.
  • 16h, la pollution radioactive en mer augmente : au pied de la centrale, on est passé en trois jours de 1850 fois à 3355 fois la normale.
  • 16h, le canton du Jura suisse demande à son tour la fermeture de la centrale de Fessenheim.
  • 16h, Arrivée d’une délégation française pour étudier les besoins des Japonais : Anne Lauvergeon, président d’Areva, la ministre de l’Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, Bernard Bigot, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), et de Philippe Jamet, commissaire de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et quelques ingénieurs d’Areva et du CEA. Bref, que des gens intéressés par la sortie du nucléaire !
  • 17h, en visite en Chine pour le sommet du G20, Sarkozy affirme que "la catastrophe de Fukushima n’invalide pas la pertinence du nucléaire civil".
  • 17h, aux Etats-Unis, la revue scientifique New scientist avance que la radioactivité relâchée à Fukushima atteint déjà 73 % de liode relaché à Tchernobyl et 60 % pour le césium 137.
  • 19h, dans un rapport communiqué par Areva à la presse, le terme utilisé pour présenter Fukushima est "incident".
  • 22h30, André-Claude Lacoste indique que l’ASN qu’il préside s’interroge sur la pertinence d’arrêter la construction du réacteur EPR de Flamanville. Le Réseau Sortir du nucléaire répond que si l’EPR présenté comme le plus sûr, nécessite une révision de ses conditions de construction, alors il faut s’inquiéter pour les 58 autres réacteurs forcément moins fiables.
  • 23h, Bella Belbéoch, physicienne nucléaire à la retraite, rappelle que le débat entre jeunes et vieux réacteurs n’a pas beaucoup de sens : le réacteur de Three Mile Island avait démarré seulement trois mois avant son accident.

31 mars

  • 0h, Hirose Takashi est un spécialiste de l’énergie nucléaire au Japon. Il avait publié il y a quelques années un brulôt contre la politique du gouvernement où l’on pouvait lire : "... si vous êtes sûrs que les centrales nucléaires sont sans danger, pourquoi ne pas les implanter dans les centres villes plutôt qu’à des centaines de kilomètres, ce qui génère par la distance une forte déperdition d’énergie électrique dans les lignes THT". Il est régulièrement interrogé par les médias de son pays. A la question de savoir pourquoi on n’ensevelit pas les réacteurs sous une montagne de sable comme l’on fait rapidement les Russes à Tchernobyl, il répond : "Accepter la solution du sarcophage serait admettre qu’ils ne contrôlent plus rien, ce serait donc la défaite du nucléaire qu’ils tiennent en dévotion, la perte de ces six réacteurs ainsi qu’à terme la fermeture de tous les autres". Et de dire que c’est pourtant la seule solution et que plus on attend, plus le risque d’une aggravation de l’accident augmente.
  • 2h, l’AIEA, Agence internationale pour l’énergie atomique, annonce que des zones fortement radioactives ont été détectées à 40 km de la centrale, dans la commune d’Iitate. Elle demande au gouvernement japonais de revoir à la hausse les zones d’évacuation et de confinement. Celui-ci refuse.
  • 3h, TEPCO annonce qu’il étudie différentes actions possibles : tendre des baches au-dessus des réacteurs endommagés pour favoriser la retombée des particules radioactives sur place… mais avec le risque que cela rende les interventions encore plus compliquées. La compagnie d’électricité envisage de pulvériser des résines liquides pour fixer les particules au sol. Il est aussi projeté de faire amarrer un supertanker à proximité du réacteur pour y stocker les eaux radioactives, les réservoirs de rétention étant pleins.
  • 3h, Pékin annonce que du césium a été détecté dans plusieurs régions de Chine, jusqu’au centre du pays. Cela reste dans des quantités très faibles pour le moment.
  • 9h30, plusieurs compagnies aériennes ralentissent ou suspendent leurs liaisons avec Tokyo, constatant qu’il n’y a plus de demandes.
  • 9h30, le Wall Street journal, aux Etats-Unis, rapportent les propos d’un ancien respondable de TEPCO. Selon lui, la compagnie était très mal préparé à un accident grave. Par exemple, il relève qu’il n’y avait qu’un seul brancard pour les six réacteurs, que rien n’était prévu pour se coordonner avec les pompiers de Tokyo ou avec l’armée. Il constate que le plan d’urgence n’a pas fonctionné.
  • 14h, un collectif de 300 chercheurs allemands demandent à Angela Merckel l’arrêt immédiat du nucléaire.
  • 14h,les Amis de la Terre France lance un faux référendum avec une question simple : "je suis pour continuer le nucléaire et je m’inscrits pour être volontaire pour venir aider sur le site d’une centrale en cas de catastrophe" ou "je ne suis pas volontaire pour venir aider sur le site d’une centrale nucléaire en cas de catastrophe et donc je suis pour l’arrêt du nucléaire". Bizarrement, tout le monde vote pour la deuxième proposition !
  • 15h, l’Observatoire du nucléaire dénonce des pressions de l’ASN au niveau européen : l’Autorité de Sûreté française demanderait que ne soit pas inclus dans les tests à venir la possibilité d’une chute d’avion comme le 11 septembre !
  • 15h, le procès d’un sous-traitant d’EDF qui a été victime d’une contamination à la centrale de Penly est reporté. Ce salarié doit recevoir à vie un suivi médical.
  • 16h, les Etats-Unis envoient au Japon 140 spécialistes militaires de la guerre NRBC (nucléaire, raiodlofique, biologique, chimique).
  • 16h, le gouverneur de l’Etat de New York demande la fermeture de la centrale d’Indian Point, située à 40 km de la mégalopole.
  • 19h, sur le site du Nouvel Obs, Denis Baupin, maire-adjoint Vert de Paris dénonce l’"aveugement scientiste" de Sarkozy.
  • 23h, TEPCO annonce que la nappe phréatique, à 15 m sous la centrale, est gravement contaminée par l’iode radioactif tout comme l’eau de mer autour du site.