Fukushima, mai 2015

1er mai

  • Ukraine : 70 hectares sont encore sous surveillance en zone interdite de Tchernobyl, les pompiers craignant une reprise de l’incendie. Sergui Azarov, un responsable de l’Institut public des études nucléaires, dénonce le fait que les pompiers ne portaient pas de protections spécifiques contre la radioactivité. L’IRSN, tenant compte des incendies qui ont déjà eu lieu en 2002, 2008 et 2010, alerte sur la probable augmentation de la radioactivité sur toute l’Europe. Cela pourrait représenter en France un triplement de la radioactivité naturellement présente dans l’air (principalement du césium-137, cela passerait de 1,5 microbecquerel par m3 contre 0,5 habituellement, des niveaux faibles). Toujours selon l’IRSN, environ 8 % de la radioactivité présente dans le bois passe dans l’air en cas d’incendie.
  • Japon : Selon Tepco, 63 travailleurs ont été blessés et un est mort pendant l’année 2014 sur le site de Fukushima. Ils étaient 32 en 2013... mais le nombre de travailleurs sur le site a presque doublé en un an.
  • Japon : Katsuhiko Ishibashi est un sismologue renommé, considéré comme un lanceur d’alerte. En 2006, il a alerté les autorités sur la sous-estimation du risque sismique pour les centrales nucléaires japonaises. En 2007, suite au tremblement de terre qui a fortement secoué la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, exploitée par TEPCo à Niigata, il a alerté sur le risque de conjonction entre un séisme majeur et un accident nucléaire. Les faits lui ont donné raison en 2011. Ishibashi vient de donner une interview à l’agence Bloomberg où il estime que le risque sismique pour la centrale de Sendaï à Kagoshima est sous-estimé. Il pense que l’Agence de régulation nucléaire, la NRA, a accepté que l’exploitant ignore le tremblement de la plaque sous l’île de Kyûshû et le séisme de Nankaï (mer du Sud), un des plus redoutés au Japon. C’est la compagnie qui a fixé ses propres critères et a délibérément ignoré le séisme de Nankaï qui pourrait entraîner une secousse durant dix fois plus longtemps que ce qui a été pris en compte pour la centrale de Sendaï.
  • Etats-Unis : un rapport officiel sur l’incendie dans le centre de stockage profond de déchets radioactifs militaires WIPP du Nouveau-Mexique, l’année dernière, indique que 370 milliards de becquerels de plutonium se sont échappés... ce qui laisse supposer un « nombre significatif » de bidons percés.
  • Japon : des filtres d’une usine de traitement des eaux de la ville de Fukushima présentent un taux de radioactivité de 6000 Bq/kg, preuve que l’eau qui arrive à ce centre est fortement contaminée.

2 mai

  • Ukraine : alors que le gouvernement annonce la fin de l’incendie après 5 jours, des journalistes présents à proximité disent toujours voir des colonnes de fumée.
  • Japon : la source radioactive trouvée le 24 avril 2015 dans un espace de jeu dans un parc public de Tokyo s’avère être du radium dont l’origine n’a pas encore été identifiée. C’est un riverain, au cours d’un contrôle indépendant de radioactivité, qui est tombé par hasard sur cette source radioactive. Les enfants qui jouaient sur le toboggan le plus près recevaient des doses de 480 microsieverts par heure.

3 mai

  • Japon : l’éditorial du Japan Times « The same old energy mix » souligne que le programme énergétique 2030 que veut faire adopter le gouvernement est le même ou presque qu’avant l’accident de Fukushima.
  • Japon : selon une enquête du quotidien Maïnichi , au 1er mars 2015, il y avait 112 762 personnes relogées suite à la triple catastrophe (séisme, tsunami, nucléaire) dans 47 158 logements vacants, ce qui occupe 55 % du parc de logement prévu à cet effet. 27 333 autres personnes habitent dans 10 793 logements préfabriqués situés dans trois communes : Fukushima, Myagi et Iwaté. Des logements ont été fournis aux réfugiés « volontaires », mais ils ne bénéficient pas d’une indemnisation contrairement aux autres. A partir de décembre 2012, constatant que leur province se vide progressivement, les autorités de Fukushima ont demandé aux autres provinces de ne plus accorder de logements aux déplacés « volontaires » pour limiter le mouvement. Normalement ces logements peuvent être accordés pour une durée maximale de deux ans et cela peut être prolongé ensuite si nécessaire. Lors du tremblement de terre de Kobé en 1995, il avait fallu quatre ans pour reloger tout le monde. De nombreuses personnes sont inquiètes ne sachant pas ce qui se passerait si elles devaient quitter les logements actuels. Les loyers sont avancés par l’Etat, lequel demande à TEPCO de rembourser. La compagnie électrique dit bien vouloir payer pour les déplacés, mais pas pour les réfugiés volontaires.
  • France : l’ACRO a déjà réalisé 150 analyses pour réaliser une carte de la contamination en France, 30 ans après l’accident de Tchernobyl. 92 % des sols et 94 % des champignons analysés présentent encore une contamination au césium-137. Le césium n’a pas été détecté dans les légumes analysés. Par contre, cela monte encore à 420 Bq/kg dans les champignons. La campagne de mesures se poursuit jusqu’en avril 2016.
  • Ukraine : lors de Conférence de Londres organisée pour finir de boucler le budget du sarcophage qui doit recouvrir le réacteur accidenté de Tchernobyl, des experts ont expliqué que si on laisse la situation telle quelle, sans essayer de disperser la matière radioactive encore présente, le risque d’une nouvelle explosion ne peut pas être écarté, même trente ans après.
  • Ukraine : alors que le gouvernement ukrainien annonçait seulement 400 hectares de forêt incendiés, les images réalisées par satellite montrent une surface estimée à plus de 11 000 hectares... soit environ 4 % de la zone interdite.

4 mai

  • Japon : Un autre robot est actuellement à l’étude, mis au point par l’Institut de recherche pour le démantèlement nucléaire, institut qui a vu le jour depuis l’accident de Fukushima. Ce robot devrait être envoyé dans le sous-sol du réacteur n° 2 pour essayer de voir ce qui se passe entre le fond de la cuve (percée) et l’enceinte de confinement en béton. Il s’agit de localiser le corium (cœur en fusion). TEPCO espère pouvoir l’utiliser avant l’été. Le robot est prévu pour résister, théoriquement, à 1000 Sv. Comme dans ce sous-sol, les ingénieurs pensent que la radioactivité est de l’ordre de 100 Sv par heure, il devrait pouvoir fonctionner pendant une dizaine d’heures. Et après... cela fera encore quelques millions d’euros de perdus.

5 mai

  • Japon : selon le quotidien Asahi , on atteindrait le cap des 10 000 plaignants contre TEPCO de la part de personnes qui demandent de meilleures indemnisations. De très nombreuses plaintes portent également sur la demande du retour au seuil de radioactivité originel (et non à la limite de 20 mSv/an fixée par le gouvernement). Une troisième série de plaintes porte sur la communication de documents. En particulier, des plaignants demandent la publication des estimations de risques de tsunami fait par TEPCO avant la catastrophe et remis aux autorités le 7 mars 2011, quatre jours avant l’accident. Une partie de ces documents a déjà été rendue publique et TEPCO y reconnaît qu’une submersion par une vague de 10 m de haut ne peut pas être totalement écartée.
  • Japon : L’eau contaminée qui est pompée dans les réacteurs en permanence représente déjà un volume de 400 000 m3. Pour espérer un jour pouvoir rejeter cette eau en mer, TEPCO a mis en place des usines de décontamination qui bloquent une partie de la radioactivité dans des filtres. De ces derniers sont extraites des boues très hautement radioactives qui sont stockées dans de petites cuves de 3 m3. Il y a 1534 de ces cuves sur le site aujourd’hui. Le quotidien Maïnichi révèle que lors d’un contrôle aléatoire sur 105 de ces cuves, des flaques d’eau ont été découvertes sous 15 d’entre elles ! Les contrôles dans les flaques présentes atteignent 9000 Bq/l pour le seul césium et 3 900 000 Bq/l pour l’ensemble de la radioactivité. TEPCO pense qu’il s’agit de débordements et non de fuites. Il y en effet des trous sur le sommet de la cuve pour éviter l’accumulation de gaz... gaz radioactifs qui évidemment sont relâchés à l’air libre. Le nombre de cuves augmente sans cesse. Elles sont garanties pour une vingtaine d’années et pour le moment TEPCO reconnaît qu’il n’y a rien de prévu au-delà de ce délai.

6 mai

  • Taïwan : les autorités annoncent un durcissement des contrôles des produits en provenance du Japon suite à la découverte d’arnaque à l’étiquetage sur plusieurs produits alimentaires en provenance de provinces japonaises qui sont interdits d’importations dans le pays. Taïwan demande que la province d’origine soit indiquée sur les étiquettes et que des contrôles de radioactivité soient faits pour les produits provenant de provinces jusqu’à Osaka au sud et pour les produits de la mer.
  • Etats-Unis : Depuis des mois, des millions de cadavres d’animaux marins viennent s’échouer sur les rives du Pacifique. Une équipe de scientifiques de l’Université du Colorado qui a disséqué différents animaux décrit une quantité monstrueuse de kystes, cancers, tumeurs, lésions, yeux qui saignent, testicules atrophiés... Certains font un lien avec l’accident de Fukushima et la radioactivité rejetée en mer, mais d’autres formes de pollutions sont envisageables.

7 mai

  • Monde : Areva annonce la suppression de 6000 emplois sur un effectif total de 45 000 personnes. Pour la moitié d’entre eux, il s’agira de pré-retraite (à partir de 57 ans). Reuters annonce qu’EDF serait prête à racheter Areva, mais sans l’EPR finlandais (4 milliards réclamés par le commanditaire).
  • Japon : une douzaine d’opposants ont déposé un nouveau recours pour demander l’arrêt de la procédure de redémarrage des réacteurs 1 et 2 de Sendaï.
  • Japon : le gouvernement japonais essaie de justifier la reprise du nucléaire en disant que cela doit permettre d’atteindre un objectif ambitieux en matière de réduction des gaz à effet de serre. C’est oublier un peu vite que le nucléaire ne fonctionne pas sans émissions de gaz à effet de serre et qu’avant l’accident l’électricité nucléaire ne représentait que 8 % de la consommation finale d’énergie. Donc cela ne joue pas sur les autres 92 % (principalement le pétrole pour les transports, l’industrie et le chauffage).
  • Japon : 17 dauphins retrouvés morts sur les plages près de Fukushima ont été disséqués par des chercheurs du Musée national des sciences. Les dauphins sont morts d’une ischémie, une maladie vasculaire qui diminue l’apport sanguin au niveau des poumons. Cette maladie peut avoir pour origine une forte exposition à la radioactivité. Des cas d’ischémie ont été enregistrés autour de Tchernobyl : le taux d’arrêt cardiaque étant 2 à 4 fois plus élevé à partir de 1990 dans cette région que dans le reste de l’Ukraine. Les scientifiques pensent donc que cela pourrait aussi se produire sur des humains dans les années à venir. Toutefois la radioactivité ne peut expliquer la simultanéité des échouages de 155 dauphins.
  • Japon : selon les chiffres communiqués par TEPCO, le nombre de travailleurs fortement exposés à la radioactivité est en forte hausse au premier trimestre 2015. De 57 travailleurs exposés entre 5 et 20 mSv en janvier, on est passé à 327 en février et 585 en mars. Pour l’année 2014, 992 d’entre eux (dont 981 sous-traitants !) ont pris une dose annuelle supérieure à 20 mSv contre 660 l’année précédente. TEPCO justifie cette hausse par les travaux entrepris dans des zones plus contaminées : vidage de la piscine du réacteur n° 4, nettoyage des débris sur le toit du réacteur n° 3...

8 mai

  • Japon : les experts mandatés par l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, la NRA, concluent que les failles présentes sous la centrale de Mihama ne sont pas actives. Il y a une faille active à proximité et la question était de savoir si celle-ci pouvait être en lien avec les six qui passent sous les réacteurs. L’exploitant, Kansaï electric, a annoncé que les réacteurs 1 et 2 étaient définitivement arrêtés, mais il souhaite redémarrer le réacteur n° 3 qui n’a « que » 38 ans.
  • Japon : l’INED, Institut national des études démographiques, en France, publie un rapport sur les migrations environnementales. Dans celui-ci, il s’interroge sur la validité des données officielles sur les migrations de population après le 11 mars 2011. Selon le gouvernement japonais, 470 000 personnes ont été évacuées dans les mois qui ont suivi le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire... mais la démographie des communes évacuées indique un total de population de 600 000 personnes : où sont passées les 130 000 autres personnes ?

10 mai

  • Allemagne : une étude épidémiologique, lancée en 2002 sur l’ensemble du territoire et publiée en 2014, montrait que le taux de leucémie chez les enfants de 0 à 5 ans augmente de manière significative lorsque l’on s’approche d’une centrale nucléaire. Les pro-nucléaires avaient alors évoqué que cela ne prouve pas le lien avec la radioactivité. L’étude a été affinée et republiée : toutes les autres hypothèses ont été éliminées par les calculs. Cette augmentation n’est en lien qu’avec l’augmentation faible de radioactivité.

11 mai

  • Japon : depuis 1999 et l’accident de criticité à l’usine de Tokaï-Mura, les exploitants nucléaires doivent disposer d’un guide expliquant les procédures d’indemnisation en cas d’accident. Celui-ci doit être régulièrement réactualisé. Le quotidien Maïnichi a demandé à 12 exploitants, dont neuf compagnies électriques, de leur transmettre ce guide. Seuls 6 ont pu fournir ce guide. Parmi les compagnies qui n’ont pas ce guide figure TEPCO. Interrogé, le ministère des Sciences et Technologies a avoué ne pas avoir une vision claire de ce dossier. Mais il a tenu à préciser que c’était indépendant de sa politique de redémarrage des réacteurs !

12 mai

  • Japon : un rapport du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, estime que l’énergie nucléaire va rester la moins chère d’ici 2030. Manifestement le ministère japonais n’a pas les mêmes modes de calculs que les instances internationales... et ne prend pas en compte le coût de l’accident de Fukushima. Pour rappel, le coût de l’accident de Tchernobyl (plus de 1000 milliards d’euros) sera sans doute dépassé par Fukushima du fait de la densité de population qui laisse prévoir un plus grand nombre de victimes.
  • Japon : alors que l’office de tourisme de Fukushima lance une campagne de promotion de la province sur internet, les opposants répondent par une autre vidéo où l’on voit un compteur Geiger se promenant dans les parcs publics de la ville de Fukushima et mesurant jusqu’à 4,8 microsieverts/heure (soit 42 mSv/an alors que la limite d’évacuation est en principe de 20 mSv/an !)

13 mai

  • Japon : séisme de magnitude 6,8 au large de la centrale d’Onagawa. Cette centrale a déjà été endommagée lors du séisme du 11 mars 2011.
  • Japon : Kansaï Electric annonce une deuxième hausse du prix de son électricité depuis 2011 pour les particuliers de 8,36 % en accusant le recours au pétrole... alors que le prix de celui-ci a fortement baissé depuis 2011. C’est en fait la maintenance des réacteurs nucléaires à l’arrêt et leur modernisation qui provoque un manque à gagner important pour la compagnie.
  • Japon : du fait d’autorisations incomplètes et de blocages politiques, la compagnie Kyûshû Electric annonce le report du redémarrage de la centrale de Sendaï à fin juillet.
  • Japon : selon l’autorité de sûreté nucléaire, au moins huit failles sont actives sous la centrale de Shika dont l’exploitant a demandé l’autorisation de redémarrage du réacteur n° 2.
  • Japon : TEPCO vante ses améliorations dans l’amélioration de l’accueil des travailleurs sous-traitants : selon la compagnie, 75,4 % des sous-traitants qui sont passés sur le site en 2014 ont été informés des dangers des radiations et des précautions à prendre contre 54,6 % en 2013. C’est effectivement moins pire, mais cela laisse un quart des sous-traitants qui interviennent sans formation. La même étude indique que 20 % des sous-traitants touchent un salaire provenant d’une autre entreprise que celle qui a eu le marché (donc avec au moins un autre niveau de sous-traitance) ce qui est illégal en milieu radioactif. Le chiffre est en hausse puisqu’il n’était que de 18 % l’année précédente. 47 % des travailleurs se déclarent satisfaits de travailler à Fukushima : TEPCO propose de lancer une campagne de messages de soutien en provenance du monde entier pour les stimuler... Une prime de risque pour les personnes exposées aux radiations a été créée, mais souvent les entreprises sous-traitantes la gardent pour elles. L’enquête confirme que 29 % des intervenants ne perçoivent pas cette prime. Enfin, l’enquête rappelle que près de la moitié des intervenants sont recrutés dans la province de Fukushima.
  • Japon : Un film financé par le lobby nucléaire, Atoms in Japan nous apprend que plus de 30 % des salariés de la centrale de Fukushima n’ont jamais remis les pieds sur place depuis l’accident.

14 mai

  • France : Areva construit à Cadarache pour le compte du CEA, Commissariat à l’énergie atomique, un réacteur de recherche de 100 MW. Celui-ci connaît aussi de nombreuses difficultés. Son coût est déjà passé de 500 millions à 1,5 milliard et son démarrage a été reporté de 2014 à 2019. Ce réacteur se veut un prototype pour produire des radioéléments à usage médical.
  • Japon : dans un reportage publié par Migros Magazine (Suisse), on apprend que l’hôpital universitaire de Fukushima construit un nouveau bâtiment consacré au seul traitement des cancers de la thyroïde. Yoshiko Saitou a décidé d’ouvrir un restaurant biologique à Fukushima avec des aliments garantis 100 % sans irradiation. Les repas sont gratuits pour les enfants... c’est sa manière à elle de contester le choix des autorités de servir aux enfants des produits uniquement locaux et irradiés dans les cantines scolaires.
  • Japon : le Parti libéral démocrate au pouvoir veut élargir la loi autorisant le retour des populations dans les zones qui ne dépassent pas 50 mSv par an. Actuellement, le retour est encouragé pour les zones ne dépassant pas 20 mSv par an. Avant l’accident, la limite pour les populations était de 1 mSv par an. On découvre que grâce au libéralisme, les Japonais sont déjà devenus 20 fois plus résistants à la radioactivité et le seront bientôt 50 fois plus !
  • Japon : le quotidien Maïnichi annonce qu’une centaine de personnes originaires de Namié, habitants avant dans une zone aujourd’hui classée « zone de retour difficile », s’apprêtent à porter plainte contre TEPCO et le gouvernement pour demander des indemnisations.
  • Japon : la commission de conciliation a proposé d’augmenter de 745 à 1100 euros par mois les indemnités pour stress pour les personnes évacuées.
  • Japon : TEPCO signale que la piscine de stockage du réacteur n° 5, réacteur non accidenté, a été complètement vidée.
  • Taïwan : le gouvernement excédé par les multiples fraudes sur les étiquettes annonce l’interdiction des importations alimentaires en provenance du Japon.

15 mai

  • Japon : TEPCO lance un chantier pour retirer le toit du réacteur n° 1. Afin éviter les rejets importants de radioactivité lors d’ouverture du toit du réacteur n° 3, elle va pulvériser pendant une semaine des résines sur le toit pour figer les poussières. Cette ouverture est nécessaire pour pouvoir retirer les éléments de combustibles stockés dans la piscine située au-dessus du cœur en fusion. Le chantier devrait durer plusieurs années.
  • Japon : la réunion publique du gouvernement pour présenter le projet de stockage de déchets radioactifs dans la province de Tochigi a attiré 180 personnes (dont de nombreux opposants). Au même moment, le meeting des opposants en a réuni 1100.

16 mai

  • Japon : un thermomètre indique normalement une température de 89 °C dans le réacteur n° 2. Or, celle-ci monte de 2 °C par jour depuis maintenant de nombreux jours sans que TEPCO trouve d’explication... si ce n’est de faire l’hypothèse d’une défaillance du thermomètre.

18 mai

  • Japon : la préfecture de Fukushima annonce que 16 nouveaux cas de cancers de la thyroïde ont été détectés dans la province au premier trimestre 2015. 103 cancers sont déjà recensés et 127 personnes présentent une situation douteuse (+9). Alors que la normale est de 1 à 3 cas par million, dans la province de Fukushima on en est déjà à 267 cas par million. Pour un médecin cité par Médiapart : « le cancer thyroïdien n’est que la partie émergée de l’iceberg ».
  • Japon : TEPCO fait une présentation enthousiaste des recours possibles aux robots pour remplacer les travailleurs dans les zones trop radioactives. Au moins les robots tombent en panne sans cancers de la thyroïde !
  • Japon : une étude montre que l’on retrouve du césium dans l’eau du robinet même à Tokyo.
  • Japon : les autorités de Fukushima annoncent la fin du relogement gratuit des déplacés volontaires en 2017. Actuellement, 36 000 personnes se sont éloignées de la centrale de Fukushima et sont relogées bien que n’étant pas dans les zones évacuées.
  • Japon : des études médicales révèlent une hausse des maladies neurologiques parmi les personnes évacuées. Ces personnes présentent aussi plus d’accidents vasculaires cérébraux et de maladies cardiaques que la moyenne.

19 mai

  • Japon : la compagnie Kepco avait fait appel de la décision de justice d’avril 2015 bloquant le processus de redémarrage de la centrale de Takahama. Une nouvelle fois le tribunal va dans le sens du blocage du dossier estimant que l’exploitant ne donne pas d’arguments suffisamment convaincants.
  • Japon : depuis 2007 et l’arrêt après un précédent séisme de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa, TEPCO continue à recevoir du combustible neuf, contrats antérieurs obligent. Il s’en est donc accumulé 17 570 tonnes et pour faire des économies, TEPCO cherche à en vendre la moitié pour environ 100 millions d’euros. Japan Atomic Power co, une autre compagnie, a déjà revendu une partie de son stock.
  • Japon : le ministère de l’Économie publie un échéancier qui annonce la fin de la décontamination des zones de retour difficile pour mars 2017 et la fin des indemnités pour les personnes évacuées un an plus tard... en acceptant une limite d’exposition à 50 mSv/an. Rappelons que les procès se multiplient de la part d’évacués qui ne veulent déjà pas rentrer dans des zones décontaminées à un niveau de 20 mSv par an et qui demandent l’application de la limite antérieure (1 mSv/an). La hausse du seuil limite permettrait d’exiger le retour (et donc l’arrêt des indemnisations) de 23 000 personnes. 31 800 évacués doivent ou devront prochainement rentrer chez eux dans une zone comprise entre 1 et 20 mSv. Le discours « libéral » du gouvernement est que les personnes évacuées essaient de profiter le plus longtemps possible des aides et qu’il faut que cela cesse.

20 mai

  • Japon : l’Autorité de régulation nucléaire modifie la limite d’exposition pour les travailleurs en cas d’accident nucléaire. Les doses admissibles pourront atteindre jusqu’à 250 mSv contre 100, à ce jour. Les travailleurs devront toutefois donner leur accord sur ce dépassement. Le travailleur japonais devient ainsi plus résistant aux radiations !
  • Japon : un rapport de la NRA est publié concernant l’équipement informatique de la centrale de Fukushima et de TEPCO au moment de l’accident. Le fait que 48 000 ordinateurs fonctionnaient avec des systèmes d’exploitation anciens a sans doute ralenti les possibilités de réactions dans les salles de commande et les échanges entre ingénieurs.
  • Japon : le réacteur n° 3 de la centrale d’Ikata reçoit un avis positif de la part de la NRA. C’est le 5e réacteur à franchir cette étape administrative et le premier parmi ceux qui utilisent du combustible Mox (mélange uranium/plutonium, plus dangereux que l’uranium). Il y a actuellement des demandes de redémarrages pour 24 des 43 réacteurs encore existants — contre 54 avant le 11 mars 2011. Le rapport de 427 pages est mis en ligne pour consultation du public pendant 30 jours. Des procès sont en cours, lancés par des habitants qui demandent à la NRA de vérifier les plans d’évacuation jugés irréalistes.
  • Japon : Katsutaka Idogawa, l’ancien maire de Futaba, commune où se trouve la centrale de Fukushima, attaque TEPCO et l’Etat en justice : lors de l’accident, il est resté sur place pour coordonner les secours et a reçu une dose de radioactivité importante. Il demande 1,2 million d’euros de dommages.
  • Japon : TEPCO révèle des dysfonctionnements lors des premiers jours de l’accident. Sur le réacteur n° 2, le 14 mars 2011, des soupapes n’ont pas fonctionné, provoquant une hausse de la pression au sein du réacteur jusqu’à ce que l’enceinte cède. TEPCO avance l’hypothèse que l’explosion du réacteur n° 3 pourrait être à l’origine du blocage des soupapes du réacteur n° 2.
  • France : le directeur de l’Autorité de sûreté nucléaire, Philippe Collet précise lors d’une conférence de presse que la cuve de l’EPR présente en son point le plus faible une résistance de 38 joules alors que le minimum exigé est de 60 joules. Il n’envisage pas la poursuite du chantier avant 2016.

22 mai

  • Japon : pour faire face à la multiplication des demandes d’analyses, le laboratoire indépendant Chikurin, qui a bénéficié de l’aide du laboratoire indépendant français de l’ACRO, annonce son agrandissement. Ceci est rendu possible grâce à des accords passés avec le réseau des coopératives Seikatsu Club, groupements d’achats alimentaires (320 000 membres).
  • Japon : depuis 2002, le gouvernement a lancé un plan pour trouver un site d’enfouissement des déchets fortement radioactifs... sans succès jusqu’à maintenant. Le gouvernement annonce donc un nouveau plan pour l’entreposage provisoire, au sol, des déchets qui s’accumulent.
  • Japon : le professeur Suzuki, professeur de l’Université médicale de Fukushima, spécialiste de la thyroïde, a présenté sa démission pour protester contre les dénis qui entourent la progression des atteintes à la santé provoquées par la radioactivité et notamment par l’élévation des cas de maladies de la thyroïde.

23 mai

  • Japon : La Corée du Sud maintient l’interdiction d’importer des produits provenant de la mer depuis certaines provinces du Japon. Tokyo menace de porter plainte pour entrave à la liberté du commerce devant l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
  • Japon : A la suite de débordements constatés dans certaines cuves de stockage d’eau contaminée, TEPCO avait fait l’hypothèse que l’augmentation de la pression produisait un gaz. Des mesures prises dans ces cuves ont en effet révélé que le gaz produit est de l’hydrogène. Les taux sont particulièrement importants dans celles qui stockent les boues provenant des usines de filtration de la radioactivité. 1400 cuves contiennent des boues. TEPCO en a vérifié 278 et en a trouvé 26 qui ont fui. La présence d’hydrogène peut provoquer une explosion accidentelle. La NRA estime la situation dangereuse et demande que l’on change le mode de stockage. Normalement ces cuves doivent disposer d’une soupape, mais ce n’est pas le cas pour 305 d’entre elles.
  • Japon : les relevés de contamination du sous-sol indiquent toujours des records dans les puits de contrôle les plus éloignés, ce qui témoigne de l’extension de la pollution souterraine.

24 mai

  • Japon : la Fédération japonaise des coopératives agricoles annonce que du riz provenant de la préfecture de Fukushima sera de nouveau en vente à l’étranger à partir du 22 août 2015. Il s’agit d’un riz de type Koshihikari qui sera contrôlé pour rester en dessous de 100 becquerels par kilos, il n’en sera pas moins plus radioactif que la normale.
  • Japon : Les 92 nids d’hirondelles de la province de Fukushima sont contaminés, avec un record de 90 000 Bq/kg pour l’un d’eux. Dans la province de Tokyo, 150 des 182 nids analysés le sont. On détecte des nids contaminés dans 12 des 47 provinces du Japon.

25 mai

  • Japon : TEPCO et Mitsubishi annoncent avoir signé un contrat pour construire une centrale nucléaire de 2,4 GW au Qatar.
  • Japon : nouveau séisme de 5,6 de magnitude dont l’épicentre est à 34 km de Tokyo.
  • Japon : un collectif national des victimes de Fukushima vient de voir le jour. Il s’appelle Hidanren et compte dès le départ 23 000 adhérents. 13 groupes ayant déjà engagé des actions en justice en font partie. Première revendication : pas de retour en force dans les zones évacuées tant que l’on n’est pas revenu à un seuil de contamination inférieur à 1 mSv/an et maintien des indemnités jusqu’à ce que ce seuil soit respecté. Le collectif étudie un recours global des victimes contre les responsables de la catastrophe.
  • Japon : selon un sondage réalisé par Reuters auprès des chefs d’entreprises, les deux tiers estiment que le pourcentage du nucléaire dans le mix énergétique ne peut atteindre les 20 à 22 % annoncés par le gouvernement.

26 mai

  • Japon : le dossier concernant le redémarrage de la centrale d’Hamaoka est bloqué actuellement car le site ne dispose plus d’assez de place pour stocker le combustible usé. Les réacteurs 1 et 2 sont arrêtés définitivement et les piscines des réacteurs 3, 4 et 5 seraient pleines en deux ans en cas de redémarrage. Le réacteur n°5 a été inondé par le tsunami et des traces de corrosion rendent son redémarrage moins crédible. Ce problème pourrait bloquer d’autres réacteurs : seules quatre centrales disposent de plus de dix ans d’entreposages possibles. Pour Hamaoka, la compagnie Chûbu Electric a demandé l’autorisation de construire un entreposage à côté des réacteurs, lequel ne sera en place, au mieux, qu’en 2018.
  • Japon : TEPCO annonce qu’elle aura rattrapé son retard dans le traitement des eaux contaminées à la fin du mois de mai. 62 radioéléments ont été filtrés en principe et se retrouvent maintenant dans des boues très toxiques. Le césium et le strontium sont ainsi en principe retirés de l’eau, mais pas le tritium (hydrogène radioactif entrant directement dans la composition de l’eau). TEPCO se retrouve donc maintenant avec une énorme quantité d’eau qui reste radioactive (moins qu’avant) et qu’elle ne peut de toute manière pas rejeter en mer... et doit maintenant stocker des milliers de cuves de boues extrêmement radioactives. Le bénéfice ? On a deux catégories de cuves : certaines avec seulement du tritium (près de 400 000 m3), les autres avec tous les radioéléments et il arrive chaque jour 300 m3 de plus qui sont pompés dans les réacteurs. Certaines cuves vieillissant, TEPCO doit maintenant en remplacer une quarantaine, ce qui pose des problèmes d’exposition des travailleurs et va prendre du temps. TEPCO annonce un chantier de maintenant à janvier 2016 soit 7 mois pour changer 40 cuves... TEPCO ne dit pas ce que ces cuves anciennes vont devenir (nouveau déchet), ni à quel rythme il faudra remplacer des cuves qui ne peuvent pas tenir dans le temps plus que quelques années. Bref, on pompe les eaux souterraines, on pompe les eaux de pluie, on pompe les masses d’eau injectées dans les réacteurs... et maintenant on pompe en plus d’une cuve vers l’autre...
  • France : l’ASN, autorité de sûreté nucléaire, publie un rapport inquiétant sur le stockage des déchets de la Hague. Les déchets stockés entre 1966 et 1998 dans le silo 130 doivent faire l’objet d’un reconditionnement pour être aux normes mises en place en 2014. Or, Areva ne fait rien, car la radioactivité sur le site est tellement importante qu’il est impossible d’assurer le travail par des humains. Faire intervenir des robots serait coûteux et Areva n’a pas l’argent pour cela.

27 mai

  • Japon : dans un article publié sur le site connaissancedesenergies.org « COP21 : quelle peut être la contribution du Japon, 4 ans après Fukushima ? », Evelyne Dourille-Feer, économiste, rappelle qu’entre 2010 et 2013, les gains d’efficacité énergétique au Japon et les économies d’énergie représentent la moitié des capacités nucléaires d’avant l’accident. Malgré le recours accru aux énergies fossiles pour combler le manque de production nucléaire, le niveau des émissions de gaz à effet de serre n’a pas dépassé celui atteint en 2007, année la plus émissive du pays. Entre temps, le prix du kWh solaire a baissé et serait vers 2030, selon le Ministère de l’Industrie japonais de 12,5 à 16,4 yens (contre 27 actuellement), le kWh hydroélectrique de 11 yens, l’éolien entre 13,9 et 21,9 yens et la géothermie de 19,2 yens... alors que celui du nucléaire (hors accident) serait de 10,1 yen. Des chiffres contestés par de nombreux experts qui pensent que le solaire devrait baisser beaucoup plus rapidement.
  • Europe : l’Autriche annonce qu’elle engagera une bataille juridique contre tout projet nucléaire qui sollicitera des aides financières au niveau européen. « Accorder la préférence au nucléaire est inacceptable. L’énergie nucléaire n’est ni sûre ni pertinente d’un point de vue économique. Une action en justice peut faire hésiter des investisseurs potentiels » a déclaré Andrä Rupprechter, ministre de l’Environnement autrichien.
  • Japon : l’Agence de régulation nucléaire, la NRA, annonce qu’elle a fini d’instruire les dossiers des réacteurs n°1 et 2 de la centrale de Sendaï. Il reste à valider le plan d’urgence externe qui ne relève pas de la NRA. Il reste des inspections de contrôle à faire sur le site pour vérifier certains points du dossier : elles se déroulent depuis mars 2015 et doivent traiter 220 points dont seuls 20 ont été validés pour le moment. L’électricien Kyûshû Electric espère pouvoir commencer le chargement de combustible dès juillet. Des géologues font toujours savoir qu’en cas d’éruption majeure du volcan Aïra situé à moins de 50 km, il ne sera peut-être pas possible de rester sur place pour contrôler le réacteur, du fait des vapeurs toxiques.
  • Etats-Unis : Areva et Toshiba présentent dans un colloque professionnel un programme de recherche pour faire durer les réacteurs des centrales existantes de 80 à 100 ans. Initialement les réacteurs ont été validés techniquement pour un fonctionnement de 25 à 30 ans. L’âge moyen des réacteurs français est de 29 ans.

28 mai

  • France : mise en place d’un plan d’urgence préventif à la centrale de Cattenom (70 personnes mobilisées) vers 14h déclenché par EDF et l’ASN, autorité de sûreté nucléaire, suite à un incident présenté comme « mineur » (officiellement arrêt automatique du réacteur n°1 suite à une élévation de température anormale). Le plan est suspendu à 18h. Une mesure rare qui n’a pas donné suite à plus d’explications.
  • International : l’AIEA, Agence de promotion du nucléaire au sein de l’ONU, publie un rapport sur l’accident de Fukushima qui conclut que l’accident n’aura aucune conséquence sur la santé. Ceux qui ont déjà un cancer apprécieront !
  • Japon : le quotidien Maïnichi rappelle que 2318 hameaux se trouvent dans le rayon de 30 km autour des centrales nucléaires et qu’en cas d’accident par séisme, typhons... des glissements de terrain pourraient les isoler et rendre inefficaces les plans d’urgence beaucoup trop théoriques. 1876 hameaux, soit 81 % des cas, ne disposent pas de terrain pouvant servir d’héliport. 1461 n’ont pas de réserve d’eau, 1456 n’ont pas de réserve de nourriture, en cas de confinement suite à un rejet radioactif. Les communes estiment que c’est au gouvernement de financer les terrains pouvant servir d’héliport.

29 mai

  • Japon : découverte d’une fuite d’eau très radioactive sur un tuyau reliant un réacteur à une cuve. Une fente d’un centimètre de long a laissé écouler de l’eau qui s’est répandue dans le port de la centrale. Le drain par où est passée l’eau présente un taux de radioactivité 40 fois plus important que lors des précédents contrôles. L’eau du port a atteint un nouveau record de radioactivité avec 320 becquerels par litre. En mer, l’eau a aussi battu des records avec 18 becquerels par litre à l’embouchure du port (limite autorisée : 5 bq/l).
  • Japon : nouveau record de contamination dans la nappe d’eau souterraine avec 660 000 bq/l au puits 1-6.

30 mai

  • Japon : séisme de magnitude 8,5 à 875 km de Tokyo, en plein Pacifique. Ressenti avec une force de 5,6 au niveau de la capitale. L’aéroport, le métro, les trains ont été arrêtés le temps de vérifier qu’il n’y avait pas de dégâts.

31 mai

  • Japon : séisme de magnitude 6,4 au niveau des îles Izu, au sud de Tokyo, resssenti jusque dans la capitale.