Fukushima, janvier 2016

1er janvier

  • Japon : les analyses menées sur des boues de deux stations d’épuration de Tokyo le 25 décembre 2015 montrent toujours la présence d’iode radioactive : cela va de 21 à 25 Bq/kg. Cette présence d’iode (dont la durée de vie est courte), indique que le nuage radioactif retombe toujours sur la capitale, presque 5 ans après le début de la catastrophe.
  • Japon : le nombre de salariés chargés de surveiller les volcans pour l’agence météorologique du Japon passe de 80 à 123.

4 janvier

  • Japon : selon l’IRSN, Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire, il reste encore 1673 barres de combustibles à retirer des piscines des réacteurs 1, 2 et 3 de Fukushima. Pour le moment, seules celles du réacteur n° 4 ont pu être enlevées, car ce réacteur, bien qu’endommagé, n’a pas connu de fusion de son cœur. TEPCO espère arriver à enlever celles du réacteur n° 3 d’ici 2017 et celles des deux autres… avant les Jeux olympiques de 2020. D’ici là, il faut espérer qu’il n’y ait pas de séisme majeur, car sinon, la catastrophe actuelle ne serait que minime par rapport à ce qui pourrait se produire en cas de chute d’une des piscines de stockage.
  • Japon : Naohiro Masuda, chef de la décontamination à TEPCO confirme à la presse qu’il s’écoule toujours environ 400 tonnes d’eau par jour dans la mer… et ceci malgré la construction d’un mur sur la berge.

5 janvier

  • Japon-Etats-Unis : les Etats-Unis ont négocié la réception de 330 kg de plutonium japonais de qualité militaire en 2014. Ceci pour éviter toute tentative de prolifération dans la région. Le gouvernement japonais annonce que cela sera fait en mars prochain.
  • Japon : une première éolienne flottante de 2 MW va être installée à 23 km des côtes au niveau de la province de Fukushima. Il s’agit de tester si elle résiste aux tempêtes les plus violentes. Si c’est le cas, les côtes contaminées pourraient servir pour le déploiement de nombreuses éoliennes. Sachant que les réacteurs crachent toujours leur radioactivité et que les vents dominants vont vers la mer, cela pose la question de la protection des techniciens qui devront travailler à l’entretien de ces éoliennes.

6 janvier

  • Japon : les câbles de commande dans les réacteurs doivent tous être doublés pour éviter les pannes, mais en plus, ils ne doivent pas passer au même endroit pour éviter d’être détruits simultanément en cas d’incendie ou de violent séisme. En décembre 2015, TEPCO avait identifié 2000 câbles des centrales de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) et de Fukushima Daï-ni, qui ne respectaient pas ce principe. Depuis, l’autorité de sûreté nucléaire (la NRA) a ouvert une enquête pour vérifier l’ensemble des réacteurs. Les 13 premiers réacteurs inspectés présentent ce défaut de conception. Celle-ci a demandé aux exploitants de vérifier l’ensemble des câbles et de faire un rapport d’ici fin mars 2016. En seraient exemptés les réacteurs en fonctionnement (Sendaï) et les réacteurs en cours de redémarrage (Takahama), les exploitants s’estimant à jour des demandes de sûreté. Pour le moment, la NRA n’a pas réagi…

8 janvier

  • Europe : les autorités ne sont pas sur la même longueur d’onde concernant la distribution des pastilles d’iode. L’ACRO fait un récapitulatif à ce sujet sur son site internet : en France, ces pastilles ne sont distribuées que jusqu’à 10 km de centrales, c’est 5 km en Finlande, 20 km en Belgique, 50 km en Suisse et en Lituanie, tout le monde au Luxembourg (soit jusqu’à 100 km de la centrale française de Cattenom). L’ACRO rappelle que selon les données de l’OMS (organisme pronucléaire), les retombées de Tchernobyl ont provoqué une hausse des cancers de la thyroïde jusqu’à 500 km de la centrale (d’autres pensent beaucoup plus puisque ce nombre a beaucoup augmenté en France, bien que l’on soit à 3000 km de Tchernobyl).
  • Japon : nouvelles mesures dans des poussières d’aspirateurs prélevées en début d’année dans une maison d’Iwaki : jusqu’à 7993 Bq/kg.
  • Japon : pour la première fois depuis 2011, une trentaine de bateaux de pêcheurs sont sortis du port d’Iwaki pour la traditionnelle cérémonie de nouvelle année. Si la pêche a officiellement repris depuis 2014 dans la région, avec 740 tonnes de poisson en 2014 elle représente 3 % des quantités d’avant l’accident de 2011. Ce sont principalement de vieux pêcheurs qui ont repris leurs activités, ceux qui ne craignent plus trop pour leur santé… et se moquent apparemment de la santé de ceux à qui ils vendent leur pois(s)on.

9 janvier

  • Europe-Japon : l’Union européenne annonce alléger les contrôles sur les importations d’aliments en provenance du Japon. Les contrôles ne sont maintenus que pour les aliments provenant de 7 provinces, dont celle de Fukushima. La liste des aliments à contrôler en provenance de la province de Fukushima est encore longue… De plus, les affaires se sont multipliées au Japon dénonçant un trafic d’étiquettes destiné à masquer l’origine de certains produits.
  • Japon : 9 séismes en 4 heures au large de l’Ile Amani Oshima. Le plus fort a atteint une magnitude de 5,5.

11 janvier

  • Japon : l’Agence internationale pour l’énergie atomique entreprend une nouvelle inspection des réacteurs nucléaires du Japon. Cette inspection doit se poursuivre jusqu’au 22 janvier. Outre Fukushima, les inspecteurs vont visiter la centrale de Takahama, en cours de redémarrage.
  • Japon : TEPCO publie des photos montrant les opérations en cours sur le haut du réacteur n° 1. On ne peut pas vraiment parler du toit, vu ce qu’il en reste ! Des résines sont coulées sur le sol pour fixer les poussières et éviter qu’elles ne soient remises en suspension.
  • Japon : de l’iode radioactif a été mesuré pendant 26 jours sur 30 en novembre 2015 dans la station d’épuration de Koriyama, une commune au sud de la ville de Fukushima. Preuve que le nuage radioactif continue à retomber sur cette commune, car la durée de vie de cet iode est courte.

12 janvier

  • Japon : pour remercier les 7200 travailleurs qui se sacrifient actuellement dans l’enfer radioactif de la centrale de Fukushima, TEPCO leur fait un cadeau du Nouvel An : une canette de boisson énergisante ! Quelle générosité !
  • Japon : TEPCO annonce que le niveau de contamination des eaux souterraines est maintenant trop élevé pour qu’on puisse directement les pomper et les stocker en surface. La compagnie indique donc que la nouvelle procédure consiste à utiliser les sous-sols des bâtiments turbine pour y diluer cette eau avant un nouveau pompage vers les cuves de stockage. Cette dilution avec de l’eau non contaminée fait augmenter le volume de stockage qui passe de 400 à 600 m3 par jour.
  • Japon : TEPCO donne le nombre de visiteurs sur le site depuis l’accident : 16 000 personnes sont passées pour différentes raisons (officiels, médias, habitants…). On note une forte augmentation : 900 en 2011, 3700 sur les neuf premiers mois de 2015. Une association nommée « Appreciate Fukushima Workers » organise maintenant des visites pour venir encourager les travailleurs du site. En 7 visites, elle a accompagné140 personnes. La plupart des visites se font en bus avec un arrêt court sur place pour limiter l’exposition à la radioactivité à moins de 10 microsieverts.

15 janvier

  • Japon : la province de Fukushima fait appel à une instance de médiation pour obtenir des remboursements de la part de TEPCO. Elle réclame 86 millions d’euros. Si TEPCO est d’accord pour payer l’aide aux petites entreprises qui essaient de se relancer (31 millions d’euros) et le déménagement d’un lycée, la compagnie ne veut pas payer le reste : soit un nouveau service administratif chargé de gérer les conséquences de l’accident et une campagne publicitaire pour attirer les touristes.

16 janvier

  • Californie : des milliers de personnes de la ville de Porter Ranch sont relogées alors que depuis maintenant trois mois, un ancien gisement de gaz relâche chaque jour 1000 tonnes de méthanes et d’autres composés… parmi lesquels, du radon radioactif. Les spécialistes vont creuser un puits pour aller obstruer la conduite qui a cédé, mais cela va demander encore trois mois.

18 janvier

  • Japon : du riz récolté en 2013 sur la commune de Minami-Sôma présentait une contamination supérieure à la limite de consommation de 100 Bq/kg. En novembre 2014, le lien semblait être établi avec des travaux sur le dessus du réacteur n° 3 qui aurait provoqué l’envoi de poussières radioactives. L’autorité de sûreté, la NRA, affirmait alors que la quantité mesurée de radioactivité qui s’est échappée des réacteurs ne peut expliquer seule cette contamination. Une équipe de scientifique vient de publier une étude qui met à mal cette explication officielle. En étudiant la dispersion des poussières, ils trouvent une contamination 3,6 fois supérieure à celle avancée par la NRA… et surtout dénoncent la présence de strontium-90 particulièrement radiotoxique qui n’avait pas été révélée jusqu’à maintenant.
  • Japon : TEPCO annonce que va commencer la construction d’un palan et d’une grue au-dessus du réacteur n° 3 pour pouvoir retirer les combustibles toujours stockés dans la piscine du réacteur. Tout se fera par télécommande, les humains ne pouvant s’approcher du sommet du réacteur. Si la piscine venait à s’effondrer du fait d’un nouveau séisme, nous aurions une nouvelle catastrophe.

19 janvier

  • Belgique : Les Pays-Bas, l’Allemagne et le Luxembourg demandent l’arrêt de la centrale de Tihange. Ils n’acceptent pas les explications qui font passer des fissures dans la cuve du réacteur pour de simples bulles.
  • Japon : publication des résultats du recensement national qui a lieu tous les cinq ans. Entre 2010 et 2015, la population a baissé dans la province de Fukushima de 5,7 %, celle de Miyagi de 0,6 %, celle d’Iwaté de 3,8 %. Sur la commune de Naraha où le retour a été autorisé en septembre 2015, la population a baissé de 87,3 %. L’invitation au retour n’a donc pas été suivie !
  • Japon : en 2015, plus de 10 millions de sacs de 30 kg de riz provenant de la province de Fukushima ont été contrôlés. Aucun ne présenterait un taux de contamination supérieur à 100 Bq/kg, limite de consommation. Seulement 0,1 % de la livraison dépassait 25 Bq/kg. En 2014, on a pêché 740 tonnes d’animaux marins dans la province de Fukushima, soit environ 3 % de la pêche d’avant l’accident.
  • Japon : en 2010, la part des produits locaux dans les cantines scolaires était de 36,1 %. Cela n’a pas été mesuré en 2011 et 2012. En 2013, c’était 18,3 % et en 2015, 27,3 %. Les produits sont vérifiés pour ne pas dépasser 100 Bq/kg… ce qui ne veut pas dire qu’ils sont inoffensifs : c’est le cumul des doses qui comptent et si vous mangez 20 Bq/kg toute l’année, à la fin, cela représente une pollution radioactive importante.

20 janvier

  • France : après avoir perdu 40 % de sa valeur boursière en 2015 et déjà autant en 2014, Areva perd encore 30 % pendant les vingt premiers jours de l’année. EDF dévisse de 15 % également. L’annonce de la forte hausse du coût de stockage des déchets radioactifs n’y est pas pour rien. Pierre-Franck Chevet, le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), lors de ses vœux à la presse, s’inquiète des conséquences de cet effondrement financier sur les enjeux de sûreté.

21 janvier

  • Japon : séisme de magnitude 4,2 au large de Fukushima.

22 janvier

  • Japon : les pronucléaires diffusent des vidéos mensongères. L’association « Déclaration de sûreté à Fukushima » publie ainsi une vidéo où une personne se promène dans la zone évacuée avec un compteur qui ne dépasse jamais 100 mSv/h, ce qui selon elle est la preuve que les limites officielles sont respectées, donc que tout le monde peut revenir. Or la limite officielle de 100 mSv, c’est la limite que l’organisme humain peut supporter dans une vie pas en une heure ! Mais il ne peut pas supporter cette dose en permanence ! Là encore, c’est le cumul des doses qu’il faut prendre en compte. Plus grave : une association « Happy road net » (nettoyage joyeux des routes) a fait ramasser des sacs radioactifs stockés en bordure d’une route par des enfants pour montrer que ce n’est pas dangereux ! Là, c’est franchement criminel.
  • Japon : la province de Fukushima publie une liste de produits alimentaires dont la vente sur le marché ne peut se faire sans contrôle de la radioactivité : il y a 54 aliments différents, dont le riz, des légumes, des fruits, des poissons, des plantes sauvages, des champignons…
  • Japon : TEPCO annonce que 43 des 106 poissons qui ont été pêchés dans un rayon de 20 km autour de la centrale de Fukushima présentent une contamination au césium, mais qu’aucun des échantillons ne dépasse 86 Bq/kg (limite officielle de consommation à 100 Bq/kg).

24 janvier

  • Japon : séisme de magnitude 4,6 dans la province d’Ibaraki, voisine de Fukushima.
  • France : 200 personnes manifestent de part et d’autre du Rhin pour demander une fermeture immédiate de Fessenheim.
  • Japon : Kyûshû Electric, qui a obtenu une autorisation de redémarrage pour deux de ses réacteurs nucléaires à la centrale de Sendaï (les deux seuls en fonctionnement actuellement), devait, selon les autorisations accordées, construire un centre de crise et une salle de contrôle de secours avant la fin 2015. Cela n’a pas été fait. L’exploitant négocie une dérogation pour seulement renforcer l’existant. La NRA va-t-elle reculer sur ses exigences ? Elle a annoncé qu’elle est prête à accepter des modifications qui vont dans le sens d’une plus grande sûreté, pas d’un affaiblissement de celle-ci. Une réunion a été provoquée pour en débattre. Selon le quotidien Maïnichi , les autres compagnies attendent le résultat de cette réunion pour éventuellement revoir à la baisse leurs engagements. Les réacteurs de Takahama et celui d’Ikata ont obtenu une autorisation de redémarrage sans que soient réalisés ces nouveaux centres de contrôle externes… avec un délai pour se mettre en conformité.
  • Japon : le Japan Times révèle que des élus locaux ont reçu 127 millions d’euros pour autoriser l’utilisation du MOX dans les réacteurs nucléaires. Le MOX, mélange uranium-plutonium, plus toxique que le combustible ordinaire, a déjà été testé dans 4 réacteurs japonais, dont le réacteur n° 3 de Fukushima, aujourd’hui accidenté. Le réacteur n° 3 de Takahama qui vient d’être autorisé à fonctionner compte 24 assemblages MOX.

26 janvier

  • Japon : depuis Washington, Naoto Kan, ancien premier ministre, dénonce le processus de redémarrage des réacteurs nucléaires au Japon alors que la catastrophe de Fukushima est loin d’être maîtrisée. Il souligne également que le plan énergétique adopté par le gouvernement actuel avec 20 à 22 % d’électricité nucléaire est irréalisable à moins de construire de nouveaux réacteurs, ce qu’une grande majorité de la population ne veut pas.
  • Japon : 48e versement financier pour TEPCO de la part de l’Etat pour un montant de 105 millions d’euros. Au total, l’Etat a déjà versé 46 milliards d’euros.
  • Japon : la NRA, autorité de sûreté nucléaire, rejette la demande de Kyûshû Electric qui souhaitait ne pas construire un nouveau centre de crise sur le site de la centrale de Sendaï où deux réacteurs sont en fonctionnement.
  • Japon : faute de site de stockage approprié, la plupart des sacs de déchets radioactifs de la province d’Ibaraki (3500 tonnes) sont en voie de regroupement sur les sites des incinérateurs et des stations d’épuration.

27 janvier

  • Inde : EDF annonce un accord pour relancer le projet de construction de 6 réacteurs à Jaitapur, à 200 km de Bombay. Le projet avait été suspendu il y a cinq ans suite à d’importantes manifestations locales. Les opposants rappellent qu’un séisme de magnitude 6,3 a eu lieu sur ce site en 1967.
  • France : pour sauver Areva, EDF va racheter la branche construction pour 2,5 milliards et l’Etat (nos impôts) va réinjecter 5 milliards dans le capital. Donc 7,5 milliards au total… sans aucune garantie que le déficit ne se creusera pas à nouveau dans les années à venir. L’Etat avait déjà dû sauver financièrement une première fois Areva en 2009, avant même l’accident de Fukushima.

29 janvier

  • Japon : alors que les dernières inspections sont en cours, Kansai Electric annonce le redémarrage du réacteur n° 3 de Takahama après 3 ans et 11 mois d’arrêt. Le quotidien Asahi souligne que cela se fait à l’encontre de la majorité des Japonais qui se prononcent contre le redémarrage des réacteurs. On peut avoir de sérieux doutes sur la validité du plan d’évacuation qui concerne 180 000 personnes dans un rayon de 30 km. Les communes concernées n’ont que peu de pouvoir pour empêcher ce genre de décision. Asahi souligne que dans le dossier d’autorisation de ce réacteur on trouve comme plan d’élimination des déchets la mise en place d’un site temporaire … lequel n’existe encore pas, du fait de l’opposition des populations concernées.
  • Japon : TEPCO annonce que l’inspection par des robots des réacteurs n° 1 et 2 qui devait avoir lieu avant le 31 mars, fin de l’année fiscale, ne pourra pas être réalisée : trop de débris et une eau trop trouble empêchent cette inspection. TEPCO espère maintenant résoudre ces problèmes d’adaptation des robots inspecteurs avant fin 2016.
  • Japon : selon les statistiques de 2015, la consommation d’électricité dans la zone desservie par TEPCO se maintient à 10 % au-dessous de la consommation d’avant l’accident de Fukushima.
  • Japon : selon une étude rendue publique par la NRA, le taux de radioactivité de l’eau du robinet à Tokyo est 24 % plus élevé que l’eau du robinet à Fukushima.

31 janvier

  • Belgique-Allemagne : le gouvernement allemand a obtenu l’autorisation de faire ses propres inspections dans les réacteurs belges consécutivement au redémarrage de réacteurs préalablement déclarés comme fissurés.