Fukushima, janvier 2015

1er janvier

  • Monde : 9 pays maintiennent des restrictions sur les importations alimentaires du Japon, dont les pays voisins (Corée, Taïwan, Singapour…). Le gouvernement japonais veut organiser des événements dans ces pays pour promouvoir les produits du Japon. C’est sans doute ce que l’on appelle le rayonnement international.
  • France : Areva termine l’année boursière avec une baisse de 52,03 %. 
  • Japon : TEPCO lance une méthode expérimentale pour « scanner » le réacteur n° 1 : il s’agit d’essayer de voir par « balayage » où se trouve le cœur en fusion et où s’écoulent les produits radioactifs qui en proviennent. L’installation des appareils devrait prendre tout le mois de janvier pour des essais en février. Une autre méthode « par dispersion » sera utilisée pour essayer de savoir ce qui se passe dans le réacteur n° 2. Cette deuxième expérimentation scientifique devrait pouvoir démarrer en octobre 2015. 

2 janvier

  • Etats-Unis – Japon : un scientifique des Etats-Unis déclare sur Enenews (télé sur internet spécialisée sur l’énergie) que l’on a retrouvé du plutonium dans le Pacifique qui est identifié comme provenant de Fukushima, preuve selon lui que les cœurs en fusion fuient directement dans la nappe phréatique qui rejoint la mer.

3 janvier

  • Japon : depuis 2012, tous les sacs de riz produits dans la province de Fukushima sont contrôlés. La province a pour cela acheté 190 appareils de mesure. L’autoconsommation échappe aux contrôles. En 2012, 71 sacs de 30 kg ont été retirés de la vente. En 2013, 28 sacs. En 2014, les autorités annoncent qu’aucun des 10,7 millions de sacs n’a dépassé la limite autorisée. Pour arriver à ce résultat, les pratiques agricoles ont été modifiées : des compléments sont utilisés avec les engrais pour éviter le stockage du césium. Car problème : seul le césium est contrôlé ! Alors qu’il y a des centaines de radionucléides dans le sol. 
  • Ukraine : Reuters dit être en possession de documents qui montrent une radioactivité 16 fois supérieure aux limites aux alentours de la centrale de Zaporizhzhya. Un incident avait été annoncé le 3 décembre dernier par le gouvernement. 

5 janvier

  • Belgique : manquant de preuve pour trouver l’auteur du sabotage de la centrale Doel4 en août 2014, la direction a pris une mesure forte : les 30 personnes présentent dans la salle des machines au moment des faits sont interdites de travail sur le site. L’information est parvenue par une lettre anonyme aux médias locaux. 
  • Etats-Unis : Le gouvernement fait pression sur le gouvernement suisse pour qu’il retire un texte déposé auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) qui prévoit un renforcement des mesures de sûreté des réacteurs. Si ce texte était adopté, tous les réacteurs des Etats-Unis devraient faire l’objet d’énormes travaux… et dans un contexte de libre concurrence, probablement fermer. La Suisse, qui a déposé ce texte peu après l’accident de Fukushima, a reçu le soutien des deux tiers des Etats signataires, dont l’ensemble des pays de l’Union européenne. Les Etats-Unis essaient de faire pression sur d’autres pays... La Belgique, par exemple, se voit menacer de ne plus recevoir d’isotopes radioactifs à destination des hôpitaux… Le texte doit être discuté le 9 février prochain.

10 janvier

  • Japon : selon un sondage de l’agence Kyodo , seuls 20 % des élus des 160 communes et provinces abritant des centrales nucléaires se déclarent satisfaits de la procédure en cours pour le redémarrage de la centrale de Sendaï. Les élus souhaitent très majoritairement que le pouvoir de décision leur soit accordé. Et ils pourraient ainsi être les porte-paroles de la population qui est majoritairement pour l’abandon définitif du nucléaire. 
  • Inde : annonce d’un plan de développement de l’énergie solaire : 100 GW pour 2022 (contre 3,3 aujourd’hui) avec plus de 85 milliards d’euros d’investissement… mais plus pour remplacer les centrales thermiques que pour freiner le nucléaire. Cela devrait fournir environ 10 % de l’électricité du pays.

12 janvier

  • France-Allemagne : la ministre allemande de l’Environnement Barbara Hendricks fait part à son homologue française, Ségolène Royal, de la demande pressante de son pays pour que la France ferme la centrale de Fessenheim, promesse qui leur avait été faite en septembre 2014 lors d’un sommet sur l’environnement. Pas une ligne dans les médias français 

13 janvier

  • Grande-Bretagne : Areva s’était engagée en 2008 à démanteler le site de Sellafield (site équivalent de l’usine Areva de la Hague) d’ici la fin 2014. Alors qu’Areva demandait une rallonge de cinq ans et 11,5 milliards d’euros supplémentaires, les autorités de sûreté nucléaire britannique annoncent que le contrat est rompu. 
  • Finlande : TVO, l’opérateur qui a commandé un réacteur EPR à Areva connaît des difficultés financières. Il les attribue à la déroute du chantier, mais également à la concurrence des énergies renouvelables.
  • Japon : neuf personnes (trois de TEPCO, 4 de l’ancienne autorité de sûreté NISA, un responsable de la fédération des compagnies d’électricité et un responsable de la défunte Commission de sûreté nucléaire) sont attaquées en justice à nouveau par un collectif d’habitants et des associations. 
  • Japon : l’ambassadeur de France à Tokyo a visité le site de la centrale de Fukushima. 
  • Japon : un article publié dans la revue scientifique Geochemical Journal estime que les estimations sur les quantités de radioactivité relâchées au moment de l’accident de Fukushima sont fortement sous-estimées. Un calcul sur les flux de neutrons estime qu’ils sont 13 milliards de fois plus importants qu’annoncés officiellement.
  • Japon : selon les relevés de TEPCO, la radioactivité dans les eaux souterraines continue d’augmenter malgré les injections de béton, preuve que les fuites continuent.
  • Japon : selon un psychiatre de Fukushima, les dépressions sont toujours en hausse chez les mères de famille de la province : 24 % de fortement déprimées contre 15 % au niveau national. 

14 janvier

  • Japon : le gouvernement choisit de financer le démantèlement des réacteurs qui ne redémarreront pas par l’intermédiaire d’une taxe sur l’électricité. Ceci malgré les protestations des compagnies qui produisent de l’électricité sans recours au nucléaire. Une consultation publique démarre sur cette question. 
  • Japon : l’arrêt définitif de cinq réacteurs parmi les plus anciens est quasiment officiel. Ils ont tous plus de 39 ans et leur mise aux nouvelles normes serait trop coûteuse. TEPCO espère par contre toujours convaincre de prolonger la vie des réacteurs 1 et 2 de Takahama, bien qu’ils aient tous les deux plus de 40 ans. 
  • Japon : la commune de Futaba accepte d’accueillir, conjointement avec la commune de Okuma, qui avait donné son accord en décembre, un site de stockage des déchets provenant de la centrale de Fukushima. Le site, sur 16 km2, est annoncé pour une durée de 30 ans. C’est inscrit dans la loi. Mais une loi, cela se modifie… car il est peu probable qu’ensuite un déplacement soit engagé vu les volumes et les coûts que cela représente. Le gouvernement doit maintenant arriver à conclure les conditions d’achats avec les propriétaires des terrains concernés. Le prix de ce projet est annoncé à 550 millions d’euros.
  • Japon : les travaux pour essayer de colmater les fuites sous les réacteurs accidentés ont provoqué une forte hausse des radiations reçues par le personnel actif sur place. En une semaine, les doses ont été multipliées par 75 au niveau des dosimètres sans que TEPCO ne donne d’explication.

15 janvier

  • France : la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes publie son bilan 2014 : 4141 lots de marchandises en provenance du Japon ont été contrôlés. Aucun ne dépassait les limites autorisées (600 Bq/kg pour la France) et la contamination des thés a nettement baissé depuis l’année précédente. 
  • Japon : les compagnies électriques qui possèdent des centrales nucléaires sont inquiètes de la libéralisation du secteur : alors que le prix de l’électricité nucléaire ne cesse de monter du fait du vieillissement des réacteurs et des nouvelles demandes de sûreté, le prix des autres énergies est en baisse. Des réunions ont lieu au gouvernement qui pourraient déboucher sur un prix d’achat garanti, comme vient de le faire la Grande-Bretagne, ce qui revient à dire subventionner le nucléaire. Au nom de la loi du secret, les médias japonais ne sont pas tenus au courant de ces négociations.
  • Japon : un bras robotisé va être expérimenté pour essayer d’intervenir dans le bâtiment réacteur n° 2. Il s’agit dans un premier temps d’essayer de colmater les fuites qui polluent les eaux souterraines.

16 janvier

  • Japon : la plupart des 137 sites de stockage actuels des déchets de la décontamination situés dans 53 des 59 communes de la province de Fukushima se font sur des terrains loués pour 3 ou 4 ans et la date du bail est maintenant dépassée pour nombre d’entre eux. Le gouvernement demande aux propriétaires plus de patience alors qu’il annonce que les départs des déchets initialement prévus pour la fin janvier 2015 ne commenceront pas avant début mars 2015. 
  • Japon : le gouvernement signe un traité international de compensation en cas d’accident nucléaire mis en place par l’AIEA et qui prévoit une aide internationale des compagnies pour les réacteurs construits à l’exportation. Ce traité doit entrer en vigueur le 15 avril 2015. 
  • Japon : si les données de TEPCO sur les rejets en mer de tritium sont exacts, l’ACRO, laboratoire indépendant de Normandie, fait remarquer que c’est passé en dessous de la contamination provoquée par les rejets de l’usine Areva de la Hague, dans la Manche.
  • Japon : des rumeurs circulaient sur le fait que le gouvernement a lancé un plan de vérification des failles potentiellement actives sous des barrages hydrauliques en amont de centrales nucléaires. Un reportage réalisé avec un drone confirme que des études sont en cours : on voit clairement un chantier d’excavation au pied d’un barrage. 

17 janvier

  • Japon : la durée que prendrait la justice pour répondre à la plainte déposée par 23 habitants de la province de Kagoshima contre le redémarrage de la centrale de Sendaï pourrait retarder le redémarrage des réacteurs. La compagnie électrique Kyûshû Electric a menacé les plaignants de demander des dommages et intérêts exorbitants (4 millions d’euros par jour) s’ils perdent le procès. Suite à ces menaces, une dizaine de personnes ont retiré leur plainte. Rappelons qu’en France, ces demandes d’indemnités sont régulièrement faites par EDF lorsque des militants bloquent le fonctionnement de réacteurs (chantier de l’EPR à Flamanville, tour de refroidissement à Golfech), mais les tribunaux n’ont jamais accepté cette argumentation. 
  • Japon : le gouvernement n’a toujours pas fixé de seuil pour la production d’électricité d’origine nucléaire à l’avenir, mais dans certains documents, il est indiqué « autour de 20 % en 2030 ». Or c’était 28,6 % avant le 11 mars 2011. Avec 6 réacteurs arrêtés à Fukushima Dai-Chi, les 4 voisins de Fukushima Daï-Ni et 5 autres trop vieux pour être mis aux normes, cela est peu probable. Sur 54 réacteurs avant l’accident, seules des demandes de redémarrage ont été faites pour une vingtaine de réacteurs. Si ces vingt-là redémarrent, on ne peut être que guère au-dessus de 10 %. Et ce n’est pas encore fait. A moins de relancer la construction de nouveaux réacteurs… Ce qui, simplement sur le plan financier, ne tient pas la route. 
  • Japon : la société Japan Atomic Power Compagny, JAPCO, est une société dont les principaux actionnaires sont TEPCO et KEPCO. Elle gérait trois réacteurs nucléaires avant le 11 mars 2011. Le réacteur n° 1 de Tsuraga va être arrêté, car trop vieux, le réacteur n° 2 a été interdit de fonctionnement, car sur une faille active et le dernier à Tokaï est également trop vieux. Donc la compagnie se retrouve sans aucune activité ! TEPCO et KEPCO proposent de reconvertir l’entreprise dans le démantèlement.
  • Japon-France : dans l’émission Terre à Terre sur France-Culture, Bernard Laponche rapporte les propos de Pierre-Franck Chevet qui lors d’une audience à l’Assemblée nationale en mai 2013, concernant les aliments contaminés, conseille de les mélanger avec d’autres pour passer en dessous des limites de radioactivité et se vante d’avoir conseillé cette méthode aux autorités japonaises ! Apparemment, il a été entendu puisque dorénavant le riz de la région de Fukushima présente une radioactivité inférieure à la limite 

18 janvier

  • Japon : Un contrôle a été fait sur 39 habitants adultes de la commune de Matsudo, dans la banlieue nord-est de Tokyo. Un habitant a été classé en B, c’est-à-dire qu’il présente un kyste thyroïdien important, 24 autres ont été classés en A2, ce qui correspond à des problèmes thyroïdiens plus légers. Soit 64 % de l’échantillon qui a des problèmes de thyroïde, alors que l’on est à plus de 200 km de Fukushima 

19 janvier

  • Japon : à Fukushima Daï-Chi, un ouvrier d’une entreprise sous-traitante est entrainé par le poids du couvercle (50 kg) et tombe à l’intérieur d’une cuve de stockage d’eau contaminée vide à ce moment et se tue. 
  • Japon : Au moment de l’attribution des Jeux olympiques à Tokyo, TEPCO avait annoncé que son plan de décontamination de l’eau se terminerait en mars 2015. La firme annonce ce jour que ce délai ne sera pas tenu ! On s’en doutait un peu. A ce jour, il y a 280 000 m3 d’eau à filtrer. Théoriquement, avec 400 tonnes d’eau en plus chaque jour et 1960 m3 de capacité de filtration par jour, ce stock devrait diminuer. Malheureusement, les quatre stations de traitement ne fonctionnent que très partiellement et globalement le stock est inchangé depuis environ un an. Ces stations de traitement ne nettoient que très partiellement l’eau : seuls le strontium et le césium sont bloqués… Comme il reste les autres radioéléments (un millier, avec des durées de vie parfois gigantesques comme pour le plutonium), cette eau « traitée » ne peut pas être rejetée en mer et s’accumule donc également sur le site. Disons qu’en cas de fuite, c’est un tout petit moins grave qu’avant le traitement. Ce dernier contamine à son tour des filtres qui, une fois séchés, rejoignent les montagnes de déchets nucléaires dont on ne sait que faire. Bilan : que l’on traite ou non, c’est de toute manière de la radioactivité en plus chaque jour qui se libère des cœurs toujours en fusion. 
  • Finlande : la demande de permis pour un nouveau réacteur EPR est rejetée par le gouvernement.

20 janvier

  • Japon : à Fukushima Daï-ni, centrale proche de celle accidentée appartenant également à TEPCO, un autre ouvrier se tue : alors qu’il tournait un boulon sur un équipement rotatif, celui-ci s’est mis en marche et l’a étranglé. C’était également un sous-traitant. Sous-traitance + main d’œuvre mal formée = accidents. Et cela ne va pas s’arranger, car le manque de personnel est de plus en plus problématique.
  • Japon : les éleveurs de la province de Fukushima sont obligés de vendre leur viande environ 10 % en dessous du prix du marché. Malgré des contrôles qui n’ont pas trouvé de viande à un taux supérieur aux limites depuis octobre 2012, les consommateurs sont toujours réticents. C’est la même chose pour les fruits et légumes. Cette réticence est compréhensible : entre des produits sous la limite (100 Bq/kg) et des produits sans radioactivité, qui ne choisirait pas les seconds 
  • Japon : l’autorité de sûreté nucléaire, la NSA, commence une inspection du chantier de la centrale d’Ôma. Cette centrale dont le chantier est bloqué depuis mars 2011, devait être la première d’une nouvelle conception fonctionnant avec du MOX, un mélange uranium-plutonium. La NSA doit vérifier qu’il est possible d’adapter le nouveau réacteur, car ce combustible génère plus de chaleur, fond à une température plus basse et donc est plus difficile à contrôler en cas de problème. 
  • Japon : selon un rapport officiel « on note une nette diminution de la contamination des thés ». Comme le relève un média, donc c’est qu’avant ils étaient plus contaminés et personne n’en a été informé ! Le même article rappelle que seul le césium est contrôlé, pas le strontium, ni le plutonium… et que cela se fait systématiquement que sur le thé provenant de la province de Fukushima et sur des échantillons aléatoires pour les autres provinces (5 % de la production seulement était contrôlée et cela vient d’être supprimé).

21 janvier

  • France : Stéphane Lhomme, de l’ Observatoire du nucléaire, est relaxé par la Cour d’appel de Paris. En première instance, il avait été condamné pour avoir traité de corruption les pratiques d’Areva au Niger (26 millions d’euros versés en décembre 2012 à la présidence du pays, dont une partie pour l’achat d’un avion présidentiel). Donc c’est officiel : il s’agit bien d’une corruption.
  • France : l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, publie une note pour le moins affolante : en cas de fusion du cœur d’un réacteur de plus de 600 MW, les cuves ne résisteraient pas à la chaleur. Tous les réacteurs électriques en France font plus de 900 MW sauf ceux des sous-marins nucléaires (16 MW) 
  • Japon : TEPCO ne cesse de demander à pouvoir rejeter l’eau contaminée très partiellement décontaminée (on enlève que le césium et le strontium) en mer. La NRA donne son aval à condition que les données de contrôle de l’eau soient publiques. Toutefois les limites fixées sont très basses : 1 Bq/kg pour le césium, 3 Bq/kg hors tritium pour l’ensemble des émetteurs bêta, 1500 Bq/l pour le tritium, infiltrable. TEPCO devrait pomper l’eau à partir de 42 puits espérant ainsi diminuer de moitié la quantité d’eau qui pénètre dans les réacteurs. Les associations dénoncent cette autorisation : rien n’interdit à TEPCO de pomper de l’eau en mer, de diluer l’eau contaminée jusqu’à descendre sous ces limites, puis de tout rejeter en mer. Suite à ces protestations, TEPCO veut mettre en place un contrôle du processus par des laboratoires indépendants choisis par le public et les associations de pêcheurs… cela devrait donc prendre un certain temps avant d’être en phase de fonctionner.
  • Japon : selon TEPCO, un poisson pêché dans le port de la centrale de Fukushima contient 223 000 Bq/kg de césium 134/137. Les autres radionucléides n’ont pas été mesurés (soit 2230 fois la limite fixée pour la consommation). 

22 janvier

  • Japon : le tribunal refuse une nouvelle fois d’inculper trois anciens dirigeants de TEPCO suite à une plainte collective de 10 000 habitants de la province de Fukushima. Une première plainte déposée en 2013 avait déjà été repoussée, mais une commission citoyenne avait relancé la procédure en juillet 2014. La balle est de nouveau dans le camp de la commission citoyenne (11 personnes tirées au sort) qui doit apporter de nouveaux éléments d’accusation si elle veut que le procès se tienne. Il faut que 8 personnes sur 11 se prononcent pour. Pour cela, les avocats doivent préciser clairement les accusations. 
  • Japon : TEPCO reçoit une nouvelle aide financière de l’Etat de 600 millions d’euros. 
  • Japon : TEPCO suspend les opérations de démantèlement, suite au décès de deux ouvriers. La firme veut renégocier les conditions de sécurité avec les entreprises présentes sur le site. Cet arrêt ne concerne ni le refroidissement ni le pompage de l’eau, impossible à arrêter. 
  • Japon : la compagnie de train JR va rétablir une liaison par autobus entre les gares de Tatsuta et Haranomachi, de part et d’autre de la zone interdite. Cette liaison empruntera, sans aucun arrêt, 14 km de la zone de « retour difficile ». Si pour les passagers occasionnels, cela représente une dose de 1,2 microsievert par trajet, la compagnie ne dit pas quelle sera la dose autorisée pour les chauffeurs et s’ils seront équipés de dosimètres. 
  • Japon : le président de la Fédération japonaise de football demande à récupérer le centre d’entrainement J-Village utilisé pour le moment comme centre d’accueil pour les travailleurs de la centrale. Ce village sportif, sponsorisé par TEPCO, n’est qu’à quelques kilomètres de la centrale accidentée. Le président souhaite que ce centre puisse accueillir une équipe pendant les Jeux olympiques de 2020. Pas sûr qu’une délégation étrangère soit heureuse de venir s’entraîner là !
  • Japon : dans un rapport confidentiel qui a fuité, TEPCO annonce s’attendre maintenant à la mort de travailleurs par irradiation et prépare ses « éléments de langage ».
  • Europe : l’Autriche attaque devant la Cour européenne de justice la décision britannique de subventionner de nouveaux réacteurs, estimant qu’il s’agit d’une concurrence déloyale par rapport aux énergies renouvelables. 

23 janvier

  • France : Areva annonce 500 suppressions de poste à l’usine de retraitement de La Hague en cinq ans (sur 3100 postes actuellement). Le manque de clients se fait sentir. 
  • Belgique : les réacteurs Doel 3 et Tihange 2, arrêté en mars 2014, après la découverte de microfissures dans les cuves, ne redémarreront pas avant juillet 2015, annonce Electrabel. Rappelons que ces microfissures fragilisent les cuves et ne sont pas réparables.
  • Japon : après avoir annoncé le 19 janvier dernier que le traitement de l’eau ne serait pas fini d’ici mars 2015, TEPCO annonce qu’il va construire de nouvelles cuves sur le site pour monter à une capacité de stockage de 800 000 tonnes… Cela pourrait signifier que TEPCO prévoit de multiplier par 3 les quantités stockées, ce qui correspond à une injection d’eau pendant encore au moins 6 ans ! Mais les observateurs craignent que cela serve à la dilution des eaux de traitement pour passer en dessous des normes fixées par la NRA le 21 janvier dernier.
  • Japon : débat au gouvernement pour tenir ses engagements sur le climat. Comment diminuer les émissions de gaz à effet de serre ? Il faudrait que les renouvelables couvrent 45 % des besoins en électricité d’ici 2030. Aujourd’hui, cela dépasse tout juste 10 %. Le gouvernement veut donc maintenir le nucléaire à hauteur de 20 % (et donc 25 % pour les renouvelables). Mais les actuelles demandes de redémarrage de réacteurs couvrent environ 10 %… Il faudrait donc construire de nouveaux réacteurs ? Une vingtaine ? Peu probable : d’une part l’opposition au nucléaire reste vive et d’autre part, les prix des énergies renouvelables sont devenus très compétitifs. Un plan plus ambitieux dans les renouvelables et une poursuite de la baisse de la consommation sont des solutions plus intéressantes. 

24 janvier

  • Japon : les Amis de la Terre-Japon publient un contre-rapport sur le suivi de la thyroïde chez les enfants. Le rapport critique le choix des experts qui coordonnent ce suivi, dénonce le discours sur le fait que le taux de cancer augmente parce que l’on multiplie les contrôles, dénonce le manque d’études sur les provinces voisines de celle de Fukushima alors que des cas suspects ont été retrouvés jusqu’à Tokyo, à 250 km de la centrale. Enfin, il critique l’absence de recherche sur d’autres formes de cancers. Les Amis de la Terre concluent que les rapports officiels n’ont rien de scientifique et ne visent qu’à renforcer le discours comme quoi il n’y a pas d’impact sanitaire des rejets radioactifs. 
  • Japon : comment on arrive à faire croire que la décontamination a marché. La commune de Daté dont le maire souhaite fortement le retour de la population, a été choisie comme commune pilote pour tester une méthode de contrôle des populations de retour. Chacun dispose de son propre dosimètre et peut ainsi contrôler heure par heure les doses reçues et se rendre compte des conduites les plus dangereuses. Le maire estime qu’ainsi les habitants pourront rester en dessous d’une exposition de 5 mSv/an (pour rappel : le retour est autorisé en dessous de 20 mSv/an, mais la limite était de 1 mSv/an avant l’accident). Une réunion publique s’est tenue à l’initiative d’une association qui a invité le fabricant des dosimètres. L’occasion d’apprendre que l’emplacement du dosimètre joue sur les doses mesurées. Porté autour du cou ou sur la poitrine, il mesure bien la radioactivité qui vient de face, mais mal celle qui vient de dos. Le directeur de l’entreprise a estimé publiquement que cela correspondait à une sous-estimation de 30 à 40 %. L’association a aussi demandé à la mairie d’arrêter de parler de moyenne, mais de donner plutôt les doses extrêmes. 

26 janvier

  • Belgique : les Verts ont organisé une action symbolique devant la centrale de Doel. Pour dire qu’il était temps que la centrale prenne sa retraite, une cinquantaine de retraités sont venus s’enchaîner devant l’entrée.
  • Japon : un poisson pêché à 3 km de la centrale présente un taux de contamination en césium de 209 Bq/kg (plus de deux fois la limite autorisée). 

27 janvier

  • Etats-Unis : Un rapport sur le terrorisme évoque la possibilité d’attaquer des centrales nucléaires. Le blocage de neuf d’entre elles permettrait de provoquer un black out total sur le pays. Rappelons qu’une étude réalisée dans les années 1980 en France montre qu’il n’y a pas besoin d’attaquer les centrales : il suffit de faire sauter une dizaine de pylônes à très haute tension. 
  • France : la CGT dénonce le chômage technique sur le chantier de l’EPR à Flamanville. Les ouvriers ne travaillent plus que 4 jours par semaine. En cause : le blocage du chantier du fait de l’absence de livraison du couvercle du réacteur qu’Areva devait livrer et qui s’est avéré défectueux. Selon la CGT, la réalisation d’un nouveau couvercle pourrait prendre trois ans !
  • Japon : du fait de leur impossibilité de jouer à l’extérieur, les enfants de la province de Fukushima sont de plus en plus obèses. Le taux d’obésité dans la province atteint à l’âge de 9 ans, 15 % contre 8,14 % au niveau national. Des médecins rappellent qu’un mauvais fonctionnement thyroïdien provoque aussi une prise de poids. 
  • Japon : problème pour le redémarrage des réacteurs. Les piscines des plus anciens sont quasiment pleines et dans l’attente de lieux de stockage externe ou de retraitement. Le retraitement étant pour le moment toujours suspendu, la question d’un lieu de stockage extérieur redevient d’actualité. Si les centrales redémarrent, il faudra disposer de place dans les piscines pour faire tourner le combustible. Trois centrales ont commencé à tester un entreposage à sec, mais cela n’est possible qu’avec des déchets qui ont déjà refroidi plus de dix ans. 
  • Japon : record de contamination dans le puits 1-14 (près du réacteur n° 2) avec 31 000 Bq/l en strontium-90. C’est une hausse d’environ 10 % en un mois. 

28 janvier

  • Japon : après deux jours de pose de barrières, le chantier est relancé sur la centrale. Ces barrières supplémentaires sont censées limiter les risques d’accident, après deux cas mortels. C’est surtout destiné à la communication, car l’analyse de ces deux accidents montre que les barrières n’auraient pas changé grand-chose.

29 janvier

  • Japon : un fonctionnaire territorial de la province de Fukushima est arrêté pour avoir volé 181 dosimètres et les avoir revendus pour payer des dettes de jeu. 
  • Japon : la compagnie Chiyoda qui avait reconnu le 24 janvier dernier que les dosimètres ne mesurent pas l’intégralité des doses reçues l’a officialisé sur son site en indiquant que la dose mesurée est inférieure de 30 à 40 % à la dose reçue (le dosimètre ne mesure pas les ondes qui arrivent de l’autre côté du corps). Ces dosimètres sont aussi commercialisés en France par l’IRSN qui n’avait jamais soulevé ce problème avant. 

30 janvier

  • Japon : le gouvernement doit faire face à la multiplication des recours juridiques contre le redémarrage des centrales. Ce jour, 29 habitants de Shiga introduisent un recours contre le redémarrage possible de la centrale de Takahama. 
  • Japon : les données de contamination de la nappe d’eau souterraine communiquées par TEPCO montrent que l’on a une stabilisation sous les réacteurs… mais que la contamination s’étend de plus en plus loin. 
  • Japon : difficile retour dans les zones décontaminées. D’une part, la suspicion est grande — avec raison — sur les taux de radioactivité que l’on prend dans ces zones, d’une autre, les dysfonctionnements (manque de services, de magasins, d’hôpital…) freinent le retour des personnes et par là bloquent la remise en route des infrastructures. Des supermarchés ont rouvert en visant la clientèle des travailleurs de la centrale, mais ils sont parmi les rares magasins qui ont rouvert. 
  • Japon : dans un colloque d’ingénieur, une communication indique que seule une partie des cœurs a pu être solidifiée, que le plus probable est que le cœur continue à fondre et s’auto-entretenir lui-même, malgré les déversements d’eau. Fukushima a battu tous les records de durée pour la fonte non contrôlée d’un cœur de réacteur. Enfin, il a été estimé que 3 % seulement de l’eau injectée arrive réellement au contact du cœur. 

31 janvier

  • Japon : la NRA a découvert que Chûbu Electric n’avait pas mis en place les mesures de protection contre les intrusions terroristes dans la centrale de Hamaoka. La compagnie électrique a indiqué qu’elle pensait que ces mesures ne devaient être fonctionnelles que lorsque la centrale fonctionnait… comme si les matières fissiles n’étaient pas présentes dans un réacteur à l’arrêt ! Cela pose la question de devoir vérifier que les compagnies électriques comprennent bien les directives… Il n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre !
  • Japon : trois compagnies électriques annoncent être en déficit sur les 9 derniers mois. TEPCO annonce toujours brillamment des bénéfices, car elle ne prend pas en compte dans sa comptabilité les prêts de l’Etat. Son chiffre d’affaires est en hausse de 20 % sur un an. Une catastrophe, c’est bon pour le chiffre d’affaires