Fukushima, septembre 2012

1er septembre

  • Japon : selon Asahi Shimbun, un groupe d’universitaires en engineering de l’université de Tokyo publie un rapport sur le déroulement de l’accident du réacteur n°1 de Fukushima. Leur conclusion : il est impossible de prévoir tous les scénarios possibles d’un accident et donc un accident similaire peut se reproduire, même si on essaie sans cesse d’améliorer la sûreté des réacteurs.
  • Belgique : après l’affaire des microfissures de Doel, une inspection est en cours sur la centrale de Tihange 2. Selon Le soir, cela a permis de détecter de nouvelles fissures… sur le béton de l’enceinte de confinement. Cette enceinte de 80 cm d’épaisseur est prévue pour résister en cas d’accident. Certaines fissures trouvées atteignent… 30 cm de profondeur ! Selon un inspecteur « c’est curieux et préoccupant ». une inspection générale des enceintes de confinement de tous les réacteurs belges pourrait être décidée. 

3 septembre

  • Japon : le gouvernement annonce avoir fait un recensement des maisons de la zone interdite en distinguant celles trop abîmées par le séisme et qui ne seront pas décontaminées et celles en bon état qui seront décontaminées progressivement. La décontamination se concentre pour le moment sur des zones en bordure ouest de la zone interdite moins touchées par les retombées radioactives. Toutefois, vu ce que continuent à rejeter les réacteurs 1 à 4 de Fukushima (toujours 1000 fois les rejets autorisés selon TEPCO), il est probable que cela ne sert qu’à faire espérer les déplacés. 
  • Japon : le gouvernement cherche des lieux de stockage pour les poussières hautement radioactives provenant de la décontamination des maisons. Selon le Mainichi Japan, 4445 tonnes de poussières contenant plus de 8000 bq par kilo de césium 137 ont ainsi été récupérées dans la seule préfecture de Tochigi, à mi-chemin entre Fukushima et Tokyo.
  • Suisse : la Radio-Télévision Suisse annonce que les écoles polytechniques de Lausanne et Zurich fusionnent leur secteur de recherche sur le nucléaire avec deux objectifs : préparer la sortie du nucléaire et gérer les déchets. 
  • Japon : le site DDmagazine.com publie la déclaration de l’association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire (IPPNW). Celle-ci, en réunion à Hiroshima du 24 au 26 août 2012, a décidé l’envoi d’une délégation de 30 médecins de différentes nationalités dans la zone de Fukushima pour y rencontrer les médecins locaux. L’IPNNW a rappelé que les conséquences des radiations s’observent sur le long terme et s’inquiète de la santé des 20 000 personnes travaillant sur le site, estimant leur protection insuffisante, les données médicales falsifiées. L’association dénonce également la communication des dirigeants visant à minimiser le risque des radiations. L’association a rappelé qu’elle avait dans les jours ayant suivi l’accident interpellé le gouvernement s’inquiétant de l’insuffisance des mesures prises pour la protection des populations… et qu’elle est toujours inquiète de la situation actuelle, notamment avec le risque d’un nouvel accident en cas de perte de fluide dans les piscines de combustibles du réacteur n°4. Elle demande enfin que la dose limite admise pour la population (20 mSv par an) soit revue à la baisse (1 mSv par an) ce qui aurait comme conséquence l’évacuation beaucoup plus large des populations.
  • Corée du Sud : Le Monde rapporte le scandale qui frappe la Corée du sud : 22 personnes ont été arrêtées dont plusieurs responsables de Korea Hydro et Nuclear Power (KHNP), l’entreprise publique chargée du nucléaire. L’enquête judiciaire porte sur des pots-de-vin versés en échange des autorisations de remplacer des pièces du cœur d’une centrale nucléaire par des pièces de contrefaçon. Celle-ci aurait été réalisée localement à partir de plans dérobés à Areva en 2009. Elles ont été retrouvées depuis dans les centrales de Kori et de Yonggwang. En février 2012, la rupture d’alimentation électrique de la centrale de Kori aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Des pièces de contrefaçon ont été trouvées à cette occasion. D’autres affaires de contrefaçons ont déjà été révélées en 2008 et 2010. 

4 septembre

  • Japon : le site Enerzine donne des données économiques sur l’énergie au Japon. Du fait de l’arrêt du nucléaire, les importations en gaz liquéfié ont considérablement augmenté et les prix de ce gaz ont monté de 50 % en un an… rendant l’industrie japonaise d’autant moins compétitive qu’aux Etats-Unis, l’exploitation des gaz de schistes a au contraire provoqué une baisse des prix du gaz. 
  • Bulgarie : un appareil de mesure contenant une source radioactive de 10 curies a été volé sur un chantier de Sofia. La police lance une alerte : ouvrir cet engin peut avoir de graves conséquences sur la santé !
  • Japon : une vidéo de surveillance montre la sortie d’un panache de fumée entre 10h57 et 11h20, heure locale au-dessus du réacteur n°2. Tepco ne donne aucune information suite à cette observation retransmise sur internet. Des observateurs estiment que cette fumée sort d’une cheminée des piscines de stockage de combustible. 
  • Japon : Tepco annonce une présence de krypton 85 dans le réacteur n°1 près de 2000 fois supérieur au résultat attendu. De l’azote a été injecté en urgence. Il pourrait s’agir d’une reprise de la criticité du corium (cœur fondu). 

5 septembre

  • Japon : après vérification par les autorités de sûreté, il se révèle que 40 % des travailleurs présents sur le site de Fukushima travaillent sans dosimètre… la plupart parce qu’ils sont venus par la sous-traitance et n’en ont jamais entendu parler. 
  • France : selon le rapport annuel de RTE, l’approvisionnement électrique de la France est assuré au moins jusqu’en 2015. Ensuite, la situation deviendrait plus compliquée du fait du déclassement attendu de centrales thermiques au charbon (3900 MW) et au fuel (3800 MW), des centrales construites dans les années 1970. S’y ajoute l’arrêt prévu de la centrale de Fessenheim. Si la consommation continue de stagner (comme c’est le cas depuis deux ans du fait de la crise), les énergies renouvelables pourraient alors compenser ces fermetures… reste à savoir ce qui se passerait si on décidait d’accélérer la sortie du nucléaire. 
  • France : vers 15h, incendie lors d’une opération de maintenance à Fessenheim, deux ouvriers sont blessés chimiquement aux mains, six autres plus légèrement. C’est le 23e incident « sans gravité » depuis le redémarrage du réacteur n°2 le 8 mars 2012. 

6 septembre

  • France : dans son blog, Sylvestre Huet, journaliste scientifique de Libération, s’élève en faux contre les propos alarmistes concernant la piscine du réacteur n°4. Il affirme que le risque est moins élevé aujourd’hui car le béton qui soutient la piscine a été renforcé, qu’une couverture métallique a été placée sur la piscine en août dernier, et que la température de l’eau a baissé, ce qui laisse plus de temps pour réagir en cas de perte de refroidissement. Il explique le projet de Tepco : construire une structure à côté du réacteur, installer à cheval sur les deux un pont roulant puis descendre un conteneur spécial (« château ») dans la piscine pour le charger de barres de combustibles puis évacuation du conteneur vers un centre de stockage. Ceci devrait prendre moins d’un an selon Tepco, délai pendant lequel le risque d’un séisme fort reste. 
  • France : l’ASN publie un communiqué de presse sur la situation à Fukushima… avec des données techniques de mai 2012 !
  • Espagne : après les révélations sur l’état des cuves de Doel en Belgique, les exploitants de la centrale de Santa Maria de Garoña ont annoncé qu’ils préféraient arrêter l’exploitation de la centrale plutôt que de se lancer dans des investigations et des travaux coûteux. La centrale devrait donc s’arrêter avant juillet 2013 au lieu de 2019. 
  • France : trois associations alsaciennes sont reçues par le ministère de l’écologie à propos de l’avenir de Fessenheim. Seule information nouvelle : le gouvernement travaille sur un scénario de fermeture du site et sur le mode d’approvisionnement alternatif à mettre en place. Aucune date précise de fermeture annoncée.

7 septembre

  • Japon : Tepco annonce que depuis le 4 septembre, un thermomètre de contrôle du réacteur n°2 de Fukushima annonce une remontée sensible de la température. Tepco suspecte que le thermomètre pourrait être défaillant. Aucun rapport n’est fait avec le relâchement gazeux filmé par les caméras de surveillance.

9 septembre

  • France : la caravane des indignés du nucléaire, partie le 5 août de Plogoff est arrivée à Fessenheim. Les cyclistes ont voulu remettre à la mairesse une lettre du maire de Plogoff, mais ont trouvé porte close. 

10 septembre

  • Japon : alors que le gouvernement devait annoncer ce jour le choix fait en faveur d’une des trois options de sortie du nucléaire étudiées (0, 15 ou 25 % de nucléaire maintenant et arrêt d’ici 2030), la conférence de presse est reportée. Selon des fuites dans les médias, les membres du gouvernement n’arrivent pas à trouver un accord. Le Parti démocrate au pouvoir est donné perdant aux prochaines élections et l’engagement du gouvernement actuel en faveur d’une sortie plus ou moins rapide n’est pas forcément un bon argument pour la prochaine campagne électorale. Pour le moment, le programme du Parti démocrate prévoit de ne construire aucun réacteur et de fermer ceux existants à l’âge de 40 ans. Les deux anciens premiers ministres du Parti démocrate se sont prononcés pour l’option 0 %. 
  • Inde : violente répression contre environ 4000 personnes qui stationnent sur la plage devant la centrale de Kundankulam. Ce réacteur de conception russe ne peut démarrer actuellement du fait de cette occupation du site, occupation qui dure depuis mars 2011 et l’accident de Fukushima. 
  • Québec : le nouveau gouvernement élu annonce la fermeture du réacteur Gentilly-2, le seul réacteur en fonctionnement au Québec. 
  • Pologne : le gouvernement tergiverse toujours sur la possibilité de se lancer dans un programme nucléaire prévu avant l’accident de Fukushima. Du fait de l’abondance des capacités en charbon pour le moment, il n’y a pas urgence… Une décision de recourir au nucléaire pourrait se prendre seulement vers 2020. Une manière élégante de renoncer au nucléaire sans le dire. 

11 septembre

  • France : Greenpeace demande au gouvernement un moratoire sur les investissements à Fessenheim avant la conférence sur l’environnement qui débute le 14 septembre. 
  • Japon : Tepco annonce qu’il va devoir augmenter les capacités de stockage des eaux radioactives de 200 000 tonnes à 700 000 tonnes, aucun processus ne permettant de nettoyer cette eau pour un éventuel recyclage (les installations fournies par Areva n’ont jamais fonctionné correctement). Cette nécessité de continuer de renouveler l’eau sans cesse provient du fait que les cœurs des réacteurs accidentés (1, 2 et 3) sont toujours en phase active et que la réaction nucléaire se poursuit. Petit calcul : 200 000 tonnes remplies en 20 mois, cela fait 10 000 tonnes par mois… donc si Tepco prévoit d’avoir besoin de 700 000 tonnes, c’est qu’il n’espère pas pouvoir arrêter les réactions nucléaires avant 70 mois, ce qui nous mène à fin 2016 ! Tepco annonce aussi devoir multiplier les pompages dans la nappe phréatique, la pollution radioactive s’y répandant de plus en plus loin. La compagnie annonce également le développement de robots pour intervenir dans les réacteurs, de nombreuses zones restant inaccessibles aujourd’hui au personnel du fait des taux de radioactivité. 
  • Japon : Tepco annonce qu’il faudra attendre au mieux décembre 2013 pour pouvoir évacuer les barres de combustible stockées dans la piscine du réacteur n°4. 
  • Japon : Le quotidien The Mainichi annonce que le gouvernement a commencé à engager des discussions avec différents gouverneurs (l’équivalent de nos présidents de conseils généraux) pour étudier les conséquences sur l’emploi du maintien à l’arrêt des réacteurs nucléaires ou de leur fermeture définitive. Le gouverneur de la préfecture d’Aomori a été notamment averti que l’usine de retraitement de Rokkasho, usine similaire à La Hague, qui n’a jamais réussi à commencer de fonctionner, devrait être abandonnée.
  • Inde : un pêcheur qui participait à un blocage du site nucléaire de Kudamkulam, pour empêcher le passage de convois chargés d’amener le combustible nucléaire, a été tué par les forces de l’ordre lors de violents affrontements.

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12 septembre

  • Japon : Des tests de contrôle de la thyroïde ont été réalisés sur 80 000 enfants de la préfecture de Fukushima. 425 (0,5 %) présentent une grosseur (plus de 5 mm) ou un kyste (plus de 20 mm). Des tests complémentaires sur ces derniers ont permis de détecter 27 tumeurs bénignes et un cancer. Les médecins concluent que pour le moment, cela ne signifie pas que l’on ait affaire aux conséquences de l’accident.
  • Japon : alors que le plan de sortie du nucléaire du gouvernement n’est toujours pas rendu public, des fuites dans la presse font état des débats contradictoires au sein de l’équipe dirigeante. Alors que logiquement, l’arrêt du nucléaire devrait s’accompagner de l’abandon du programme de retraitement pour extraire du plutonium recyclé ensuite dans du Mox (mélange uranium-plutonium qui était testé précisément dans le réacteur n°3 de Fukushima au moment de l’accident), des rumeurs font entendre que le gouvernement autoriserait la poursuite de la procédure de démarrage de l’usine de Rokkasho (équivalent de l’usine Areva à La Hague). Cette usine construite avec l’aide d’Areva à partir de 1993 devait fonctionner à partir de 2007… mais est toujours en phase d’essais aujourd’hui (Areva a semble-t-il du mal à l’exportation !). En attendant, le site sert pour le stockage des déchets nucléaires.

13 septembre

  • Belgique : les premiers résultats d’analyse sur la cuve de Tihange-2 semblent indiquer la présence de fissures, mais moins importantes que sur Doel-3. Mais le doute subsiste et le réacteur est maintenu à l’arrêt jusqu’à la fin des expertises… au-delà de la période de maintenance programmée jusqu’à début octobre. Olivier Deleuze, ancien secrétaire d’Etat écolo s’étonne de l’amateurisme dans cette affaire : alors que la technique de vérification par ultrason est disponible depuis 2005, c’est la première fois qu’on l’utilise en Belgique.
  • France : selon un sondage Opinion Way, réalisé pour la chaîne LCI, 78 % des Français ne sont pas d’accord pour payer l’électricité plus cher pour favoriser la sortir du nucléaire. C’est oublier que si le prix de l’électricité augmente rapidement actuellement c’est pour financer la gestion des déchets nucléaires. Et que miser sur la sortie du nucléaire ne va pas forcément entraîner de surcoût. Donc sondage trompeur.
  • Japon : Tepco annonce avoir réussi à enlever un couvercle de 65 tonnes du toit du réacteur n°4, évitant qu’il puisse ainsi tomber dans la piscine en cas de séisme.
  • Japon : Tepco injecte actuellement 4,8 m3 d’eau par heure dans le réacteur n°1 pour le refroidir, 6,7 m3/h dans le deuxième et 6,8 m3/h dans le troisième. Cela reste élevé et prouve que les réacteurs chauffent toujours beaucoup.

14 septembre

  • Japon : Le gouvernement japonais annonce l’arrêt du nucléaire au cours de la décennie 2030… l’arrêt des réacteurs à 40 ans, mais reste flou sur le nombre de réacteurs qui pourraient redémarrer. Sur les 54 réacteurs construits dans le pays, les huit réacteurs de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa sont à l’arrêt depuis un séisme qui l’a endommagé le 16 juillet 2007. Une dizaine de réacteurs situés au nord de Fukushima sont aussi endommagés et ne pourront probablement pas redémarrer. Avec les six de Fukushima, cela fait quand même presque la moitié du parc qui est hors course. Il n’y a ce jour toujours que deux réacteurs à Ohi qui sont remis en route pour passer la pointe de consommation de l’été et les opposants demandent leur arrêt car ils ont redémarré sans y faire les travaux estimés nécessaires après l’accident de Fukushima. Le gouvernement est resté flou, notamment sur la possibilité de finir le chantier de trois réacteurs actuellement en construction : cela sert-il à quelque chose de les finir si c’est pour les arrêter quelques années plus tard ?
  • France : François Hollande annonce la fermeture de Fessenheim d’ici fin 2016. 
  • Japon : la télévision japonaise présente un reportage dans la ville de Koriyama, à environ 60 km de la centrale de Fukushima. On y voit des enfants qui passent en courant dans de la poussière qui s’est accumulée le bord de la route, sans aucune précaution. Le reportage montre ensuite l’analyse de la radioactivité de cette poussière : 145 fois les limites autorisées pour l’exposition au public. Mais évidemment, cette ville ne sera pas évacuée car la pollution radioactive moyenne est jugée suffisamment basse.

15 septembre

  • Japon : vif débat sur l’avenir des trois réacteurs en construction. Le réacteur n°3 de Shimane est construit à 93 % ; celui de Oma à 37 % et celui d’Higashidori à 10 %. Les chantiers ont été interrompus après l’accident de Fukushima. D’autres sujets font débat, en particulier sur les dédommagements à verser ou non aux compagnies électriques, sur les aides à mettre en place pour produire de l’électricité autrement, etc. Pour le moment, le gouvernement évite soigneusement de parler de l’éventuel redémarrage des réacteurs, se contentant d’annoncer la mise en place d’une commission chargée de contrôler les réacteurs un par un avant de donner son éventuel feu vert. Concrètement, tout va dépendre du rapport de force entre les camps : si les antinucléaires continuent à mettre la pression, la Commission pourra exiger d’importants travaux de mises aux normes, moyen de freiner le redémarrage ; si l’opposition faiblit, elle pourra au contraire donner des dérogations pour ces mises aux normes.
  • Japon : le patronat japonais monte à l’assaut, annonçant que le renoncement au nucléaire va provoquer une hausse du coût de l’électricité et qu’il y a des risques que cela provoque la délocalisation d’entreprises. Au lieu de réciter des poncifs, ces industriels devraient aller faire un tour en Allemagne pour voir combien l’économie allemande se porte mal en ce moment !
  • Japon : à l’inverse des grands patrons, de petites entreprises japonaises estiment dans le quotidien The Mainichi que c’est un objectif sain de se passer du nucléaire et que c’est l’occasion de développer la recherche dans les domaines de l’efficacité énergétique, de la sobriété et de la conservation de l’énergie.
  • Allemagne : le ministre des affaires étrangères offre au Japon la collaboration de son pays pour étudier comment créer une dynamique économique autour de la sortie du nucléaire.

17 septembre

  • France : les journaux économiques font croire qu’EDF pourrait demander des indemnités pour l’arrêt de Fessenheim. Ainsi, La Tribune annonce que les réacteurs français ont été programmés pour fonctionner 50 voire 60 ans et que Fessenheim n’aura fonctionné que 38 ans. Mais cette information est fausse : les réacteurs français ont été programmés à l’origine pour fonctionner 30 ans (comme c’est indiqué en fin du même article !). D’où le danger de poursuivre actuellement.
  • Japon : dans Le Monde , Luc Oursel, président d’Areva, estime que la décision de sortir du nucléaire est liée à l’approche des élections législatives et espère que le prochain gouvernement va remettre cette décision en cause. Areva a prévu dans ses comptes prévisionnels que le Japon redémarrerait les deux tiers de ses réacteurs avant la fin de l’année. Ce qui est loin d’être réaliste !

18 septembre

  • Japon : pour la première fois depuis un an et demi, Fukushima ne fait pas la une de l’actualité. C’est le conflit entre le Japon et la Chine à propos d’îles convoitées par les deux pays qui réussit à passer au premier plan. De là à imaginer que le gouvernement japonais a voulu allumer un contre-feu…
  • Japon : dix communes évacuées en mars 2011 ont été autorisées à être habitées de nouveau depuis l’été 2012. Selon un comptage réalisé par le quotidien Maïnichi , environ la moitié des enfants ne sont pas revenus. Signe du départ définitif de la moitié de la population.
  • Japon : le gouvernement précise que rien ne s’oppose à un éventuel redémarrage du surgénérateur de Monju. Celui-ci était en phase de redémarrage en mars 2011… après des réparations suite à un accident en 1995. De l’acharnement !

19 septembre

  • Japon : le gouvernement annonce l’arrêt définitif des deux réacteurs de Mihama dans la préfecture de Fukui et d’un réacteur à la centrale de Tsuruga, ces trois réacteurs ayant dépassé l’âge de 40 ans et se trouvant sur des zones séismiques.
  • Japon : dans un article intitulé « les promesses anti-nucléaires s’effilochent », l’ Ashahi Shimbun analyse comment entre le discours du gouvernement et les mesures concrètes se multiplient les zones d’imprécisions. L’arrêt en 2030 et devenu « dans les années 2030 » puis s’est ajouté « dans la mesure du possible ». Le quotidien y voit le travail incessant du lobby nucléaire qui essaie de reprendre la main au sein d’un gouvernement fragilisé par la puissance de l’opposition dans la population.
  • Belgique : le directeur de l’AFCN, autorité de sûreté nucléaire belge, Willy de Roovere, va être remplacé annonce le gouvernement. Sans doute que le fait de sortir la vérité sur la gravité de la situation à la centrale de Doel lui a été fatal. Les partis écologistes Ecolo et Groen ont protesté à l’annonce de son probable successeur : Jan Bens, qui n’est autre que l’ancien directeur de la centrale de Doel. Le contrôlé deviendrait ainsi le contrôleur !
  • France : question écrite au gouvernement de Denis Baupin, vice-président Vert de l’Assemblée nationale, qui demande s’il est pertinent de dépenser 200 millions pour des travaux de mise aux normes de la centrale de Fessenheim si celle-ci doit être fermée en 2016… sachant que ces travaux dureront au moins jusqu’en 2015 !
  • Japon : en 2010, le Japon importait 70 millions de tonnes de gaz, en 2012, ce sera 90 millions. C’est essentiellement par le recours à des centrales au gaz anciennes ou nouvelles que le Japon a compensé la perte de la production électrique d’origine nucléaire.
  • Japon : le gouverneur de Shizuoka a transmis la demande de référendum sur le redémarrage de la centrale de Hamaoka à l’assemblée régionale qui soit se prononcer d’ici le 11 octobre 2012. Celle-ci étant majoritairement conservatrice (Parti libéral démocrate), il y a de fortes chances que l’assemblée vote contre.
  • Japon : Tepco estimait pouvoir réparer la centrale de Kashiwazaki-Kariwa à l’arrêt depuis le séisme du 16 juillet 2007. Dans un premier temps, un planning prévoyait un redémarrage possible en avril 2013. Ce jour Tepco annonce reporter ce projet par manque de financement.

20 septembre

  • Japon : dans une tribune publiée sur le site Rue89 , trois chercheurs, un Japonais et deux Français, qui ont assisté à la conférence de presse du 12 septembre présentant une étude statistique réalisée sur 80 000 enfants, protestent. Pour eux, il est clair que tout est fait pour calmer les inquiétudes de la population. En regardant comment les études ont été faites, ils ont constaté que le dépistage a été très rapide pour l’ensemble des enfants et que seuls 14 d’entre eux ont fait l’ensemble des examens. Il a donc été détecté un cancer sur ces 14 enfants et non sur les 80 000 ! Les autres interprétations sont pure spéculation. Ils rappellent qu’il reste encore 280 000 enfants concernés par cette étude qui n’ont pas encore fait l’objet d’un début d’examen… et enfin qu’un an et demi après le début de l’accident, les conséquences sur la santé des enfants ne sont pas encore visibles. Ils annoncent que l’année prochaine, l’Université médicale de Fukushima envisage de lancement d’une campagne de détection des anormalités génétiques à partir de prélèvement sur des personnes volontaires. Et qu’il faudra plusieurs années pour en analyser correctement les résultats.
  • France : dans Le Figaro , les directeurs de la centrale de Fessenheim s’estiment victimes d’une « profonde injustice » après « l’annonce brutale de l’arrêt de la centrale ». C’est vrai que prévoir d’arrêter à 38 ans des réacteurs prévus pour durer 30 ans, c’était inenvisageable !
  • Japon : lors d’une manœuvre de nettoyage sur le réacteur n°3 de Fukushima, une grue a heurté une poutre métallique de 470 kg et de 7 m de long qui est tombée dans la piscine de stockage du combustible. Tepco essaie de savoir si des barres de combustibles ont été endommagées. Rappelons que les barres de combustible du réacteur n°3 sont très particulières : ce sont les premières au Japon qui contenaient du Mox, un mélange uranium-plutonium fournit par Areva. Le recours au plutonium augmente sensiblement le risque en cas de contamination.

21 septembre

  • Japon : c’est la cacophonie entre les annonces des différents ministères : le puissant lobby nucléaire est entré en jeu et fait tout pour déstabiliser le gouvernement.
  • Japon : selon un sondage effectué par la municipalité, 34 % des habitants qui restent encore dans la ville de Fukushima souhaitent partir.
  • Japon : plusieurs communes non évacuées de la région de Fukushima approchées par le ministère de l’environnement, refusent d’accueillir un futur site de déchets radioactifs.

22 septembre

  • Belgique : arrêt pour maintenance du réacteur Doel 4 annoncé pour tout le mois d’octobre. La Belgique aura ainsi de fait la moitié de sa production électrique d’origine nucléaire en moins.
  • Japon : alors que les ministres du gouvernement continuent à diffuser des informations totalement contradictoires sur la question du nucléaire, le premier ministre Yoshihiko Noda réaffirme que le « Japon envisage une société sans nucléaire dans les années 2030 », ceci au lendemain du congrès de son parti qui l’a réélu à la présidence en vue des prochaines élections. En gros, le Parti démocrate est majoritairement pour cette sortie du nucléaire, mais il y aussi des Arnaud Montebourg dans le gouvernement pour relayer le lobby nucléaire.
  • Japon : dans un entretien publié dans Asahi , le président de la nouvelle autorité de régulation du nucléaire, NRA, dit qu’il n’exigera pas l’arrêt des réacteurs 3 et 4 d’Ohi, les seuls en fonctionnement actuellement. Ceux-ci n’avaient été officiellement démarrés que pour passer le pic de consommation de l’été… et fonctionnent sans qu’aucune mise aux normes n’ait été effectuée depuis l’accident de Fukushima. Il ne se prononce pas sur le démarrage des autres réacteurs car selon lui, cela dépend de la responsabilité des autorités locales et du gouvernement et non du NRA qui n’a pour but que de vérifier que les exigences de sûreté fixées par ces autorités sont respectées… ce qui n’est pas le cas à Ohi !
  • Japon : selon une étude portant sur les balises de radioactivité qui ne sont pas tombées en panne pendant le séisme, ce sont les balises du district de Futaba, en bord de mer, près de la centrale qui ont enregistré les plus hauts niveaux de radioactivité… lesquels ont été atteints le 12 mars 2011 vers 15h, environ 35 minutes avant la première explosion d’hydrogène.

24 septembre

  • Monde : selon une étude scientifique publiée par une équipe de chercheurs espagnols de l’Université de Huelva, dans la revue Natural Hazards, au moins 23 centrales dans le monde soit 74 réacteurs nucléaires (sur un peu plus de 400) sont construits dans zones susceptibles d’être noyées par un tsunami. Sur les 27 en construction en Chine, 19 sont en zone dangereuse. Cinq réacteurs en construction en Corée du sud sur des centrales agrandies sont concernés. Les chercheurs soulignent que si cela a pu se produire à Fukushima, dans un pays à la pointe de la technologie, cela peut donc se passer n’importe où, dès lors qu’un réacteur est en bord d’un océan dans une zone de séisme.
  • France : Areva et EDF signent un contrat portant sur la livraison d’uranium pour les 21 prochaines années, histoire de bien s’assurer qu’on n’arrêtera pas le nucléaire en France. L’AFP indique que ce contrat a été initié par l’Elysée… en février 2011 donc avant l’accident de Fukushima. L’Elysée d’aujourd’hui ne semble rien y trouver à dire.

25 septembre

  • Belgique : après la publication de la liste des experts internationaux chargés de vérifier la sûreté des réacteurs de Doel 3 et Tihange 2, la chaîne de télévision RTBF  s’interroge sur leur indépendance : un expert bulgare, Stefan Vodenicharov dirige l’Institut de la science métallographique à Sofia, mais est surtout connu pour être le président du comité en faveur du redémarrage de deux réacteurs de la centrale nucléaire bulgare de Kozloduy, fermés en 2006 à la demande de l’Union européenne. D’autres experts sont connus pour leurs déclarations en faveur du nucléaire en général.
  • Inde : trois militants antinucléaires japonais, Masahiro Watarida (Hiroshima Network against Kaminoseki NPP), Shinsuke Nakai (journaliste vidéo), Yoko Unoda (No Nukes Asia Forum Japan Secretariat), venus faire des entretiens avec des militants antinucléaires indiens ont été refoulés à l’aéroport d’arrivée. Le motif indiqué sur leurs passeports : « inadmissible person ». Demandant des explications, les douaniers leur ont répondu qu’ils avaient signé la pétition de soutien aux opposants au chantier de Koodankulam. Donc si demain vous voulez aller faire du tourisme en Inde ne soutenez plus les antinucléaires !

26 septembre

  • France : sortie du film Tous cobayes de Jean-Paul Jaud qui dénonce les engagements technologiques irréversibles que sont le nucléaire et les OGM.
  • Japon : le gouvernement demande aux compagnies d’électricité de mettre un terme aux projets de nouveaux réacteurs (9 en plans), mais reste flou sur ceux qui sont en chantier (3).

27 septembre

  • Québec : Hydro-Québec estime le coût du démantèlement de Gentilly-2 à 1,8 milliards de dollars canadiens (1,4 milliard d’euros) soit le double de son prix de construction ! Le réacteur de 675 MW n’a fonctionné que 29 ans. Sachant que la France a investi plus de 150 milliards dans le nucléaire en France, cela donne une idée de ce qu’il va falloir payer ensuite… cela indique aussi que le prix de l’électricité nucléaire est trois fois plus cher qu’annoncé (une fois pour la construction, deux fois pour le démontage).
  • Japon : nouvelles données sur les départs volontaires. Dans la province de Fukushima, 11552 personnes sont parties en six mois (mars à août). Cela fait plus de 50 000 départs volontaires depuis l’accident (sur 2 millions d’habitants avant l’accident). Dans la province d’Iwaté, au nord de celle de Fukushima, il y a eu 2875 départs en six mois, pour un total de 10 000 départs volontaires (sur une population de 1,3 millions d’habitants). Ce sont les deux provinces les plus touchées. La province de Miyagi (entre celle de Fukushima et celle de Tokyo, donc au sud de la centrale) voit par contre sa population légèrement augmenter… du fait de l’arrivée des victimes du tsunami des provinces plus au nord.
  • Japon : le gouvernement annonce l’ouverture de centres de stockage pour les déchets agricoles radioactifs. Les deux premiers centres sont prévus au sein de forêts qui appartiennent à l’Etat. Les maires des communes concernées ont annoncé leur opposition. Le gouvernement a quand même compris qu’il faut mieux stocker ces déchets que les brûler en incinérateur comme cela a été fait au début… provoquant des relâchements de radioactivité autour des incinérateurs.

29 septembre

  • Japon : le refoulement de trois militants japonais en Onde (voir 25 septembre) provoque le lancement d’une campagne de soutien aux antinucléaire indiens.
  • Japon : selon l’Asahi Shimbun, au cours des six derniers mois, environ 1 % des aliments testés par les autorités présentent des taux supérieurs aux limites autorisées. Concrètement, 114 000 échantillons ont été testés et 1394 interdits de vente. Pour beaucoup des viandes et des poissons. 108 produits provenant de dix préfectures restent interdits à la vente. Sachant que chaque jour, des centaines de millions de lots alimentaires circulent dans le pays, calculez combien d’échantillons contaminés ont échappé aux contrôles.
  • Suisse : l’Office fédéral de l’énergie présente les nouveaux objectifs du pays, après la décision de sortir du nucléaire. La production d’électricité solaire devrait être multipliée par 70 d’ici 2050. Elle dépasserait alors 10 000 GWh par an soit 17 % de la consommation électrique actuelle. L’hydraulique devrait également se développer (+11,5 %), alors que la consommation d’énergie (pétrole, électricité…) devrait baisser de 50 % pour faire face aux engagements en faveur du climat.
  • Japon : la préfecture de Fukushima alerte sur le manque de personnel médical dans la province. Le nombre de malades augmente… mais le personnel s’en va.
  • Japon : une école de Minami-Sôma, à 25 km de la centrale, a dû demander l’autorisation des parents pour pouvoir organiser une fête sportive dans la cour de l’école. En effet, malgré les tentatives de décontamination, les enfants ne peuvent rester plus d’une demi-heure par jour dans cette cour.

30 septembre

  • Japon : la commune d’Hirino est une commune située dans l’espace entre 20 et 30 km de la centrale. Comme quatre autres communes situées à cette distance, elle a été évacuée un temps. Après des tentatives de décontamination, les 5300 habitants ont été autorisés à rentrer chez eux il y a un an. Actuellement seuls 505 l’ont fait. Les principaux clients du seul hypermarché ouvert sont les employés de la centrale.