Fukushima, octobre 2013

1er octobre

  • Corée-Japon : le ministre de la pêche coréen dénonce l’attitude immorale du gouvernement japonais : d’un côté, on annonce que la mer n’est pas contaminée, de l’autre on interdit la pêche pour les pêcheurs japonais. C’est complètement contradictoire. Il demande que le Japon informe enfin correctement les pays voisins de la contamination en cours et annonce le maintien de l’importation des produits de la mer japonais.

2 octobre

  • Japon : la chaîne de restauration rapide Yoshinoya annonce vouloir utiliser du riz et des légumes produits dans la région de Fukushima « après avoir contrôlé que les aliments restaient en-dessous des limites légales »… mais une limite ne signifie pas que ce soit sans danger ! Bien sûr, ces productions sont moins chères (personne n’en veut), mais pas sûr que cela soit une bonne communication ! La malbouffe devient radioactive !
  • Japon : TEPCO annonce qu’en transférant de l’eau de pluie faiblement radioactive accumulée sur les toits de bâtiments et de cuves, une fausse manipulation en a fait s’écouler 4 tonnes sur le sol.
  • Japon : L’ex-Premier ministre japonais de 2001 à 2006, Junichiro Koizumi, demande à son parti (au pouvoir) de changer de position sur le nucléaire. « Les gens du milieu économique disent que l’option zéro nucléaire serait irresponsable, mais ce qu’il l’est bien plus c’est de continuer sur la voie de l’énergie atomique alors même qu’il n’existe aucun lieu de traitement des déchets », a argumenté M. Koizumi. « Est-ce qu’il ne serait pas plus constructif d’employer pour les énergies renouvelables l’argent qui est dépensé pour construire des centrales ». Pronucléaire lorsqu’il était au gouvernement car il voyait dans le nucléaire une énergie peu chère et sûre, il a dit avoir totalement changé d’avis depuis l’accident du 11 mars 2011. C’est lui qui a aidé l’actuel premier ministre à prendre sa succession à la tête du parti puis du gouvernement. Junichiro Koizumi s’est lancé dans une campagne de téléphone à tous les proches collaborateurs du premier ministre pour essayer de le faire fléchir.
  • Japon : le gouvernement publie ses objectifs de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2020 : 6 % par rapport à 2005, donc plus que le niveau référence de 1990. C’est peu, l’engagement du plan précédent était de -25 % par rapport à 1990, mais cela s’explique quand on regarde les hypothèses prises en compte : aucun réacteur nucléaire en fonctionnement d’ici cette date, alors que le plan précédent prévoyait une baisse alimentée par la construction de nouveaux réacteurs nucléaires.
  • Japon : le chef de district de Namié fait part de ses doutes concernant les essais de décontamination pour favoriser le retour des populations. Il demande si le gouvernement ne ferait pas mieux de consacrer l’argent prévu pour cela à aider les gens à s’installer définitivement ailleurs.
  • Japon : un journaliste du Monde fait un reportage sur des sites en train d’être décontaminés autour de la centrale. A proximité de sacs de stockage à l’abandon, en bord de route, il mesure des taux jusqu’à 10 fois trop élevés. 

3 octobre

  • Japon : TEPCO annonce qu’une cuve a débordé. Cette cuve est reliée à quatre autres cuves. Le sol s’étant tassé sous le poids de l’eau, celles-ci n’étaient plus horizontales et le détecteur de niveau placé dans la cuve la plus haute n’a pas permis de voir que cela débordait dans celle la plus basse ! L’eau qui a coulé fait du 200 000 Bq/l. La quantité est indéterminée, mais suffisamment importante pour passer par-dessus les murets de rétention de 30 cm de haut (qui peut-être eux aussi sont en pente ?). TEPCO pense que l’eau a coulé jusqu’à la mer située à moins de 200 m. TEPCO s’excuse publiquement une nouvelle fois. 
  • Japon : TEPCO organise un voyage de presse sur la centrale de Kashiwazaki-Kariwa pour montrer les efforts faits sur ce site : 1 milliard d’euros pour la remise aux normes, avec des chantiers qui devraient s’achever en mars 2014. Cette centrale est à l’arrêt depuis un séisme de 2007 qui avait tordu des conduites dans les réacteurs… heureusement sans perte de contrôle des réacteurs. La NRA indique qu’elle tiendra compte, pour l’autorisation de redémarrer les réacteurs 6 et 7 de cette centrale, les seuls en état de fonctionnement, non seulement des mesures prises pour en améliorer la sûreté, mais aussi de la manière dont TEPCO va réussir ou non à gérer ce qui se passe sur le site de la centrale de Fukushima.
  • Corée du sud : deux nouveaux réacteurs sont arrêtés, ce qui porte à 10 sur 23 le nombre de réacteurs arrêtés (7700 MW sur 20700 MW). Ces arrêts font suite à la découverte d’une vaste corruption dans la certification des matériaux utilisés.

4 octobre

  • France : alors que l’ASN estime qu’il ne sera sans doute pas possible de prolonger au-delà de 40 ans la durée de vie des réacteurs nucléaires, le Réseau Sortir du nucléaire transmet aux médias un document d’EDF datant des années 1980 affirmant que les réacteurs ne sont prévus pour résister que 25 à 30 ans !
  • Japon : alors que les compagnies électriques annoncent toutes des résultats dans le rouge, que TEPCO a bénéficié de nombreux dons de l’Etat pour éviter sa faillite, les médias révèlent que la commune de Rokkashô, où se trouve l’équivalent de l’usine Areva de la Hague, a bénéficié d’un don de 1,5 million d’euros ! TEPCO affirme que cette somme correspond à un engagement antérieur à l’accident de Fukushima. C’est contraire à un accord passé avec l’Etat en 2012 pour que cesse ce genre de financements.
  • Japon : nouveau redémarrage de l’usine ALPS pour décontaminer l’eau… et arrêt quelques heures plus tard pour au moins 3 jours de vérification suite au déclenchement d’une alarme.
  • Japon : la NRA définit de nouvelles conditions de fonctionnement pour la récupération des eaux de pluie sur le site : les vannes des murets des zones de récupération sous les cuves doivent être fermées, et l’eau de pluie pompée pour être mise dans les cuves. Les murets ne font que 30 cm de haut, ce qui est insuffisant pour arrêter l’eau de pluie en cas de chutes de plus de 120 mm… ce qui vient de se produire deux fois en un mois.

5 octobre

  • Japon : une première éolienne flottante vient d’être installée à 20 km du site de Fukushima. C’est vraiment se compliquer la vie pour rien : les techniciens qui devront assurer la maintenance devront se protéger de la radioactivité, alors que l’on peut installer les éoliennes n’importe où ailleurs le long des milliers de kilomètres de côtes du pays.
  • Japon : selon les statistiques du gouvernement, la production des énergies renouvelables a progressé en un an de l’équivalent de trois réacteurs nucléaires. 

6 octobre

  • Grande-Bretagne : le quotidien The Independent révèle que le 29 juillet dernier, on a frôlé une catastrophe nucléaire dans le port de Plymouth, après l’emballement d’un réacteur d’un sous-marin nucléaire de l’armée, après la perte du système de refroidissement. Le réacteur est resté hors contrôle pendant 90 minutes avant que l’on réussisse à brancher un système électrique à partir des entrepôts du port. Si le sous-marin avait été en mer, il n’y aurait pas eu de moyen de reprendre le contrôle du réacteur. En France, les sous-marins nucléaires sont stationnés principalement à Toulon et à Brest.

7 octobre

  • Japon : panne de courant sur le site de Fukushima. TEPCO annonce qu’un ouvrier a malencontreusement appuyé par erreur sur un interrupteur commandant l’alimentation électrique d’une partie des installations, et notamment les pompes utilisées pour injecter l’eau nécessaire au refroidissement des réacteurs toujours en fusion. La NRA, autorité de sûreté, s’est inquiétée de la multiplication de ce genre d’incidents qui prouve « le niveau de gestion extrêmement bas de la centrale ». Le fait que l’essentiel des travaux sont réalisés par des intérimaires sans formation, et de plus, largement amoindris par les doses de radioactivité cumulées, laisse prévoir que la suite risque d’être encore plus catastrophique.
  • France : livraison de la cuve du réacteur EPR de Flamanville… avec de très nombreuses années de retard. La cuve a déjà fait l’objet de réparations après des inspections de l’Autorité de sûreté nucléaire qui avait découvert des soudures de mauvaise qualité.
  • Japon : le Ministère de l’environnement japonais est incapable de donner à la presse les chiffres concernant les volumes de déchets radioactifs provenant des tentatives de décontamination. Il annonce par exemple entre 18,7 et 28,1 millions de m3 pour la seule province de Fukushima, soit une marge d’erreur de quand même 33 %. Cet entassement de déchets devient un problème important : les communes concernées ne veulent pas que l’on stocke cela chez elles, ou lorsqu’elles acceptent moyennant finances, demandent que l’on trie par catégorie de déchets selon le niveau de radioactivité. 1700 habitants d’Oluma ont même signé un texte demandant au gouvernement de ne pas décontaminer chez eux, de leur acheter leurs terrains, d’en faire un lieu de stockage pour les autres, et d’ainsi économiser sur les frais de décontamination, leurs terrains étant de toute manière trop radioactifs.
  • Japon : selon des mesures réalisées par le laboratoire indépendant français ACRO, les urines de 58 enfants sur 85 testés (70 %) présentent une contamination radioactive. Ces enfants habitent Chiba, dans la banlieue nord de Tokyo. Comme l’affirme le premier ministre, Tokyo n’est pas concerné par la radioactivité 

8 octobre

  • Japon : première récolte de riz à Miyakoji, à moins de 20 km du réacteur. Le riz sera commercialisé après vérification qu’il contient moins de 100 bq/kg. Les Japonais vont ainsi devoir se faire à l’idée de manger des aliments peu contaminés… mais les petits ruisseaux font les grandes rivières et les petites doses multiplient les risques de cancers.
  • Japon : une association a eu la bonne idée de faire des mesures de doses sur les sites concernés par les futurs jeux olympiques à Tokyo. Résultat : ils ont trouvé des pointes de radioactivité allant jusqu’à 0,23 microsievert/h… soit 2 millisieverts/an, seuil défini pour intervenir dans les zones de décontamination près de la centrale. Comme l’affirme le premier ministre, Tokyo n’est pas concerné par la radioactivité ! Les résultats des mesures ont été publiés dans les médias et envoyés au CIO. Celui-ci n’a pas réagi pour le moment.
  • Japon : TEPCO s’inquiète après avoir mesuré un taux en nette hausse dans un puits de contrôle près des cuves de stockage (230 000 bq/l). Nouvelles fuites ?
  • Japon : TEPCO s’inquiète après avoir constaté qu’en plusieurs endroits, les réacteurs 1 et 2 présentent d’importantes zones de rouille… 
  • Japon : six salariés sont gravement contaminés après une fausse manœuvre ayant provoqué la rupture d’un tuyau évacuant les eaux contaminées des réacteurs vers les cuves de stockage. Onze tonnes d’eau se sont répandues pour 34 millions de becquerels par litre soit au total 374 milliards de becquerels. Selon TEPCO la dose la plus forte reçue serait de 1,2 mSv. La NRA s’inquiète de la multiplication des incidents graves sur le site. Le fait que les ouvriers sont exposés depuis longtemps à la radioactivité, qu’ils sont recrutés sans aucune formation, qu’il n’y a plus assez de personnes pour se relayer, et qu’ils sont donc épuisés, n’est sans doute pas étranger à la désorganisation croissante sur le site.

9 octobre

  • Japon : l’AIEA et le gouvernement japonais passent un accord pour… réduire la radioactivité. Ah non, « pour réduire les craintes relatives à la contamination en mer ». Car en fait, le principal danger à Fukushima ce sont les craintes ! Pas la radioactivité. 
  • Japon : la mairie d’Iitaté a accepté l’idée d’installer sur son territoire un incinérateur pour brûler des déchets contaminés et à condition que les cendres soient ensuite évacuées. Evidemment, comme la radioactivité ne disparait pas, elle va se retrouver en partie dans les fumées (et recontaminer l’environnement de l’incinérateur) et fortement concentrée dans les cendres. Que faire des cendres ? Le projet prévoit de les incorporer dans des matériaux de construction et de disperser ainsi un peu partout le césium 137 ? Rappelons que si l’on a des taches de radioactivité importantes à Tokyo, c’est dû en partie aux eaux de pluie, mais également au fait que plusieurs incinérateurs ont fait des essais d’incinérération de déchets provenant des zones contaminées. 
  • Japon : TEPCO publie un rapport sur l’examen fait sur la cuve défaillante de cet été. Il y a bien eu corrosion… et donc les autres cuves ne doivent pas être en mauvais état. Elles vont être remplacées progressivement (ce qui suppose de les vider, de remplir les autres… pendant que l’on en remplit de nouvelles avec l’eau de refroidissement qui arrive des réacteurs accidentés).

10 octobre

  • Japon : TEPCO reconnait que les rejets en mer atteignent un niveau inégalé depuis le début de l’accident (1,4 bq/l en césium 137 à 1 km des réacteurs). 
  • Japon : Greenpeace publie un rapport sur la décontamination mise en place par les communes dans la zone interdite. Si, effectivement, on a bien une baisse de la radioactivité dans les bâtiments et sur certaines routes, cela reste de toute manière bien insuffisant (on ne peut accepter la limite acceptable mutipliée par 20 par le gouvernement). Ensuite, les champs, les forêts et certaines routes n’ont pas été nettoyés, donc vouloir revenir vivre dans ces communes, cela signifierait devoir se déplacer dans quelques corridors… ce qui serait vite insupportable. 
  • Japon : le premier ministre fait appel à l’OMC pour demander que cessent les embargos chinois et coréen sur les importations de poissons du Japon. C’est vrai quoi, au moment où TEPCO annonce des records de contamination, pourquoi se priver de poissons bien radioactifs !
  • Japon : selon une enquête publiée dans Le Monde , il s’avère qu’il est de plus en plus difficile de trouver du personnel pour assurer le suivi de l’accident et globalement le niveau de formation baisse progressivement au fur et à mesure que les personnes qualifiées arrêtent car elles ont atteint les limites d’exposition à la radioactivité. On peut donc s’attendre à ce que cela aille de pire en pire. A moins que les Japonais n’acceptent d’embaucher des étrangers (les pronucléaires français par exemple). 
  • Japon : record de contamination au point de prélèvement proche de la cuve qui fuyait cet été : 280 000 bq/l. Pas d’explication officielle. Sans doute des fuites non détectées dans des cuves de stockage (cela ne peut pas venir des réacteurs, les cuves étant placées plus en hauteur que ceux-ci).
  • Japon : selon des mesures de la NRA, la contamination des sédiments (et donc des produits de la mer) est toujours mesurable sur des centaines de kilomètres au sud et au nord de la centrale.
  • Etats-Unis : suite à la guerre budgétaire engagée entre les Républicains et le gouvernement, la NRC, agence de sûreté nucléaire, annonce qu’elle ferme en partie à partir de ce jour. Les inspecteurs présents dans les 100 réacteurs du pays resteront en activité minimum, l’administration, elle, est suspendue. En cas d’accident, personne ne sait ce que cela peut impliquer.
  • France : le budget 2014 de l’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, est en baisse de 10 % par rapport à celui de 2013 (il passe de 202 à 182 millions). Cela va se traduire par au moins 36 suppressions de poste… en totale contradiction avec les déclarations du gouvernement qui annonce vouloir une hausse du niveau de sûreté.
  • France : selon une étude de l’Institut de veille sanitaire, les maladies du sang (leucémies et lymphomes) ont plus que doublé entre 1980 et 2012. Une partie de cette hausse peut s’expliquer par le vieillissement de la population, par nos changements de comportement… mais ces maladies sont aussi connues pour être déclenchées par la radioactivité à faible dose.
  • Canada : le gouvernement de l’Ontario (droite libérale) annonce l’abandon du projet de construction de deux nouveaux réacteurs nucléaires. Environ la moitié de l’électricité de cet état est d’origine nucléaire.

11 octobre

  • Japon : Libération publie un long reportage sur les « humains jetables » de Fukushima. Un jeune salarié témoigne qu’on a voulu le faire travailler dans l’usine de décontamination d’eau mise au point par Areva et en panne perpétuelle : les doses y atteignaient alors 1 mSv à la minute, ce qui signifie qu’un ouvrier y prend sa dose annuelle en 20 minutes. Les deux anciens ouvriers qui font l’entretien trouvent normal que les incidents se multipient : la situation empire du fait du manque de formation, de la fatigue et de la multiplication des problèmes.
  • Japon : Les inspections des cuves permettent de détecter trois cuves présentant de fortes contaminations (et donc des fuites). 
  • Japon : selon Asahi, le programme de reconstruction lancé par le gouvernement pour reloger les victimes du tsunami est très en retard : seuls 448 bâtiments sur 28 000 ont été reconstruits en 30 mois… alors que le programme doit être fini avant mars 2015 officiellement.

12 octobre

  • Japon : TEPCO annonce que les quantités d’eau radioactive à stocker passeront de 350 000 tonnes à présent à 800 000 en 2016. TEPCO dit disposer de 450 emplacements de réservoirs supplémentaires disponibles et qu’il faut en installer un tous les deux jours et demi. Cela signifie que TEPCO ne pense pas que les réactions nucléaires s’arrêteront avant 2016 ! Cinq ans après l’accident ! Et donc cela veut dire que la radioactivité sera toujours aussi importante, les ouvriers toujours aussi contaminés… et le risque d’une amplification de la catastrophe toujours possible en cas de séisme 
  • Japon : la radioactivité dans le point de contrôle près des cuves continue de monter : 320 000 bq/l. Celle dans le port de la centrale également : 10 Bq/l le 10 octobre 2013 contre 6,3 le 19 août dernier (ancien record). 
  • Japon : un radiologue de Fukushima raconte que 50 jours après l’accident, il a vérifié avec son compteur professionnel les doses de radioactivité autour de son hôpital. Il a alors trouvé des doses jusqu’à 100 fois celles indiquées par les autorités. Il accuse aujourd’hui le gouvernement d’avoir cherché à minimiser les quantités de radioactivité pour éviter d’avoir à prendre les mesures nécessaires, à savoir l’évacuation de beaucoup plus de personnes. 
  • Japon : l’UNSCEAR, Comité Scientifique des Nations Unies sur les Effets Radiations Atomiques, bien que pronucléaire, annonce que TEPCO a sous-estimé les doses reçues par le personnel dans les premiers jours de l’accident, « d’au moins 20 % » en oubliant de comptabiliser les doses pour des isotopes à très courte vie comme les iodes 132 (demi-vie de 2 heures) et 133 (demi-vie de 20 heures). Le rapport rappelle également qu’il manque de nombreuses données médicales car nombre d’entreprises sous-traitantes ne répondent pas aux demandes du gouvernement. Au moins 4297 salariés ont été repérés sur le site sans dossier médical. Le rapport estime que dans la ville de Fukushima, les enfants en bas âge ont reçu la première année une dose de l’ordre de 8 mSv (alors qu’avant l’accident c’était limité à 1 mSv par an). 
  • Niger : Selon les médias locaux, 5000 personnes manifestent à Arlit (112 000 habitants) contre le renouvellement des contrats avec Areva portant sur l’exploitation de mines d’uranium. Selon les organisateurs, les mines ont déjà laissé autour d’elles plus de 50 millions de tonnes de déchets radioactifs et les mines consomment 20 millions de m3 d’eau par an, alors que l’Arlit, en plein désert, manque d’eau. Le Niger fournit un tiers de l’uranium que la France importe.

13 octobre

  • Japon : à l’occasion du premier mois sans électricité d’origine nucléaire, plus de 40 000 personnes participent à un rassemblement dans un parc de Tokyo pour protester contre les mensonges du premier ministre, pour demander une nouvelle fois l’arrêt définitif de tous les réacteurs nucléaires, et pour que l’argent et les ingénieurs soient entièrement dévolus à arrêter la catastrophe de Fukushima. Kenzaburo Oe, prix Nobel de littérature, a pris la parole pour dire que le Japon était proche d’une décision de sortie du nucléaire. 
  • Japon : suite à l’effondrement d’une barrière de dérivation des eaux souterraines, on observe une brusque montée de la contamination en tritium dans tous les puits de contrôle, jusqu’à 730 Bq/l. 
  • France : le gouvernement envisagerait de porter à 50 ans la durée de vie de nos centrales. Les associations font remarquer qu’un sujet aussi important n’a jamais été évoqué pendant les six mois de débats sur la transition énergétique. 

14 octobre

  • Japon : le quotidien Asahi explique que la multiplication des incidents à Fukushima peut s’expliquer par le manque de formation, mais aussi par la baisse du moral des salariés qui ne voient aucune amélioration dans la situation, bien au contraire. Le quotidien rappelle que nombre d’ouvriers sont limités à une dose de 2 mSv par jour, ce qui veut dire qu’ils ne peuvent travailler que 10 jours par an. Il y a des endroits où il faut faire des interventions avec des doses de 100 mSv par heure, ce qui signifie qu’un ouvrier ne peut y travailler que quelques minutes avant d’être remplacé, ce qui rend les opérations extrêmement lentes et difficiles. 
  • Japon : le quotidien Mainichi Shimbun révèle que 40 % des pièces détachées vendues par le Japon dans le secteur nucléaire entre 2003 et 2012 n’ont pas fait l’objet des vérifications nécessaires pour la sûreté. Ces pièces ont été exportées dans 17 pays (Allemagne, Grande-Bretagne, Australie, Russie, Italie, Taïwan, Brésil, Suède…). Selon cette enquête, les contrôles ont bien été faits pour d’autres pays (France, Etats-Unis, Chine, Belgique, Finlande). 
  • Japon : première récolte de riz à Minami-Sôma. A 20 km de Fukushima. Tous les échantillons prélevés donnent des taux de contamination en césium compris entre 50 et 120 Bq/kg. Seuls les échantillons au-dessus de 100 Bq/kg seront retirés de la vente. Les autres radionucléides n’ont pas été testés… bon courage pour manger ce riz 
  • Japon : le quotidien Asahi fait part de l’inquiétude des compagnies d’électricité qui doivent embaucher du personnel pour effectuer les chantiers de mise aux normes des réacteurs qu’ils souhaitent voir redémarrer. Or, il n’y a déjà pas assez de monde pour suivre la seule catastrophe de Fukushima et globalement, le niveau de contamination des ouvriers ne cesse de monter. Malgré que soit autorisés des taux 20 fois supérieurs aux limites d’avant l’accident, le Japon arrive à une limite. Si on peut maintenir à l’arrêt les réacteurs non accidentés (mais qu’il faut quand même entretenir), que se passera-t-il quand il n’y aura plus assez de monde pour seulement suivre le chantier de Fukushima 
  • Japon : la NRA annonce que les dossiers des exploitants étant incomplets, il faudra plus de six mois avant de pouvoir autoriser un réacteur à redémarrer. 

15 octobre

  • Japon : le plus puissant typhon depuis dix ans touche le Japon par l’est, avec des vents atteignant 180 km/h. Au sud de Tokyo, un village reçoit 82 cm de précipitations en 24 h ! Il passe sur Tokyo puis remonte sur Fukushima. TEPCO annonce avoir sécurisé les grues et autres éléments mobiles. Le typhon fait 17 morts dans le pays. La centrale a été violemment arrosée. TEPCO annonce avoir rejeté en mer 40 tonnes d’eau de pluie qui n’aurait été que faiblement contaminée… alors que la veille, il était prévu soi-disant un renfort de 50 personnes et des cuves de 4000 m3 pour stocker l’eau de pluie.
  • Japon : TEPCO a rencontré la NRA pour reconnaître que les hausses de radioactivité dans le sol sous les cuves indiquent sans doute des fuites… mais que malheureusement, il faut faire avec car il n’y a pas le personnel nécessaire pour à la fois, gérer le suivi de l’accident, installer de nouvelles cuves de stockage, repérer celles qui fuient le plus, pomper l’eau de l’une vers l’autre, etc. TEPCO a reconnu également que la rupture d’un joint en caoutchouc, cause de l’écoulement de 400 m3 d’eau très radioactive dans le sol, pouvait se produire sur n’importe quelle cuve, y compris les nouvelles qui sont installées actuellement.
  • France : la collectivité territoriale Corse donne une conférence de presse à Paris pour présenter l’étude réalisée par des chercheurs italiens sur les retombées du nuage de Tchernobyl sur l’île. Les élus dénoncent le refus politique du gouvernement de prendre en compte cette étude et annoncent que l’étude va être proposée à des publications scientifiques pour être soumise au débat. Cette étude portant sur plus de 10000 dossiers médicaux montre chez les hommes, une augmentation de 78,28% des thyroïdites, de 103,21% de l’hyperthyroïdisme, et de 28,29% des cancers de la thyroïde, et chez les femmes une augmentation de 55,33% des thyroïdites. 

16 octobre

  • Japon : TEPCO annonce qu’elle a bien rejeté en mer 40 tonnes d’eau faute d’avoir le temps de la bloquer… mais elle a réussi à en mesurer la radioactivité au passage puisqu’elle est en mesure de dire quelle était la contamination de l’eau ! Elle a également pu en empêcher de couler une importante quantité qui a été stockée dans les réservoirs creusés dans le sol… précisément ceux qui ont été vidés car depuis avril 2013, ils fuyaient. TEPCO sait que ces réservoirs ne sont pas étanches, mais dit qu’il n’a pas été possible de faire autrement dans l’urgence. Cela lui laisse maintenant du temps pour pomper ces eaux de pluie dans des cuves étanches.
  • Japon : l’équivalent de la Cour des Comptes du pays s’alarme de l’argent avancé par le gouvernement à Tepco (39 milliards d’euros à ce jour) et se demande dans combien de temps cet argent pourra être remboursé. Selon différents scénarios ce ne sera pas avant 2030 à 2044. L’Etat japonais qui a emprunté pour cela doit payer en plus 300 millions d’euros d’intérêt par an. La Cour des Comptes ne prend pas en compte que, pour le moment, ce sont plusieurs milliards supplémentaires que l’Etat doit fournir chaque mois à TEPCO pour éviter la faillite. Et manifestement ce n’est pas assez quand on voit l’état de désorganisation sur le site de la centrale.
  • Japon : la NRA demande à TEPCO d’intensifier ses recherches de fuites car malgré la mise en place d’une barrière le long du littoral, la pollution en mer augmente. TEPCO annonce que 200 personnes supplémentaires travaillent sur la question de ces fuites depuis septembre 2013. Sans succès pour le moment.
  • Japon : interpellé au parlement sur ses déclarations devant le Comité international olympique, le premier ministre à maintenu ses affirmations mensongères, ajoutant seulement que la situation est « globalement » sous contrôle.
  • Japon : un sondage indique que les Japonais préfèrent majoritairement une hausse du prix de l’électricité au redémarrage des réacteurs nucléaires.
  • Japon-Corée : Alors que l’AIEA et le Japon discutent d’une coopération dans la surveillance de la contamination marine, la Corée a demandé à se joindre à eux. 

17 octobre

  • Japon : une cuve en cours de remplissage déborde. Selon TEPCO, les bassins de rétention placés sous la cuve ont recueillis l’ensemble de l’eau qui s’est échappée. 
  • Japon : TEPCO mesure une zone 6500 fois plus contaminée que la veille à proximité de la cuve qui avait laissé fuir 300 m3 le 20 août 2013. Le sol présente un fort taux de strontium 90. TEPCO annonce que ce pourrait être les eaux de pluie très abondantes qui ont déplacé des éléments sédimentés avant.
  • Japon : selon des relevés de ce jour, la contamination de la mer à 300 m de la rive est 70 fois plus importante qu’avant le passage du typhon. Mais les grands médias ont tous annoncé que le typhon avait épargné Fukushima. 
  • Grande-Bretagne : EDF annonce avoir signé un accord avec le gouvernement pour la construction de deux EPR. Le prix annoncé est de 16,5 milliards d’euros… le gouvernement britannique garantit un prix d’achat du MWh à 92,5 livres (109 euros) pendant 35 ans. Drôle de gouvernemenrt libéral qui va acheter une électricité plus chère que celle produite déjà aujourd’hui par les grandes éoliennes, éoliennes dont le coût baisse rapidement. Le projet doit maintenant obtenir l’aval de la Commission européenne, ce qui est loin d’être évident car l’Europe défend le droit à la concurrence. Cette procédure qui doit prendre au moins un an va sans doute être l’objet d’un intense lobbying.

18 octobre

  • Japon : ouverture de la triannale d’art contemporain à Nagoya, 3e ville du Japon, sur le thème « Terre, mémoire et résurrection ». Au centre d’art, l’architecte Katsuiro Miyamoto a peint sur les six étages de haut du bâtiment la silhouette de la centrale de Fukushima dans ses dimensions réelles.
  • Japon : le premier ministre Shinzo Abe plaide pour un rééquilibrage énergétique : une baisse du nucléaire ne peut se faire à court terme sans un recours accru aux énergies fossiles et il annonce un plan de fort développement des énergies renouvelables pour les trois ans à venir.
  • Japon : le gouverneur de la préfecture de Fukushima et le ministère de l’environnement annoncent que le plan de décontamination dans six principales communes évacuées est prolongé de trois ans. Il y a jusqu’à 10 000 personnes qui travaillent à la décontamination dans une commune comme Iitaté… en vain. 
  • Japon : une douzaine de bateaux de pêche sont aller pêcher à 40 km du littoral et à 150 m de profondeur, ne conservant que 8 espèces de poissons et cherchant ensuite à les vendre après contrôle de la radioactivité. Il s’agit de tester les réactions des consommateurs… de nombreux bateaux espérant pouvoir reprendre la mer.
  • Japon : TEPCO donne toujours des chiffres inexplicables autour du puits de prélèvement E1 situé près de la cuve qui a fui en août dernier. Le prélèvement du 16 octobre indique 61 000 Bq/l en césium, celui du 17 octobre 400 000 Bq/l en césium et 790 000 Bq/l en tritium. Sur un autre prélèvement, cela passe en 24h de 2300 à 34 000 Bq/l. Les observateurs s’interrogent sur les méthodes de mesure : on sait par exemple que la radioactivité peut varier énormément selon la profondeur des prélèvements. 
  • Japon : TEPCO, qui avait annoncé que seules 40 tonnes d’eau de pluie avaient rejoint la mer, annonce ce jour un nouveau volume : 2400 tonnes. Cela discrédite une fois de plus les annonces de TEPCO. La NRA demande que des murets conséquents soient mis en place : jusqu’à 130 cm au lieu de 30 cm actuellement, ceci pour retenir l’eau et pouvoir ensuite la stocker dans des cuves. 
  • Japon : TEPCO, pour éviter la faillite, met en avant ses avoirs. Parmi ceux-ci, plusieurs réacteurs nucléaires qui ne redémarreront jamais. Une astuce comptable qui n’a guère d’importance au point où en est la firme, de toute manière insolvable depuis longtemps et pour longtemps.

19 octobre

  • Japon : pour montrer que tout va bien au large de Fukushima, le premier ministre Shinzo Abe mange des poissons pêchés au large en direct à la télévision. Grotesque ! Il a donc oublié ce qui est arrivé à un journaliste de 23 ans qui avait fait la même expérience le 27 novembre 2011, en mangeant des légumes de Fukushima en direct : quelques mois après, il est mort d’une leucémie foudroyante. 

20 octobre

  • Japon : pluies importantes à Fukushima et de nouveau l’eau passe par dessus les murets des bassins de rétention. TEPCO annonce que l’eau a débordé à 11 endroits différents dont 6 où la contamination est supérieure aux limites. L’eau s’est écoulée jusqu’à la mer. Penser qu’une entreprise qui s’occupe du nucléaire n’arrive même pas à gérer la pluie ! Cela en dit long sur la désorganisation locale.

21 octobre

  • Japon - Etats-Unis : le quotidien Asahi rend publics des échanges téléphoniques entre Obama et le premier ministre Naoto Kan dans les jours qui ont suivi l’accident de Fukushima. Obama demandait alors que le gouvernement japonais mette moins d’obstacles administratifs à la communication sur ce qui se passe sur le site nucléaire et relayait la demande de l’ambassadeur des Etats-Unis au Japon qui conseillait de faire évacuer la population à une distance de 80 km. Demande plusieurs fois faite depuis mais jamais entendue par les deux gouvernements successifs.
  • Japon : 16 experts de l’AIEA terminent une mission d’une semaine sur le site de Fukushima. Le chef de mission Juan Carlos Lentijo promet d’envoyer des propositions pour faciliter la décontamination dans un délai de deux mois. Il conseille au gouvernement de mieux communiquer avec les 160 000 personnes évacuées, notamment pour leur expliquer que l’ancienne limite de 1 mSv d’exposition par an ne sera pas atteignable avant longtemps et que la nouvelle, 20 fois plus importante, est « acceptable ». Il explique que l’AIEA donnera des conseils pour maîtriser l’accident sans en arriver à la solution extrême de Tchernobyl où le réacteur a été coulé dans un sarcophage de béton (ce que l’on aurait pu faire dès le début et qui n’a pas été fait, le gouvernement japonais croyant au départ pouvoir reprendre la main). « Il s’agit de préserver l’essentiel : la santé des populations ». Ah non, mauvaise pioche, le communiqué dit : « Il s’agit de préserver l’essentiel : le marché des centrales nucléaires dans le monde ». Ben oui, c’est cela le rôle de l’AIEA, l’agence pro-nucléaire sous contrôle de l’ONU donc des cinq grandes puissances nucléaires que sont la France, la Russie, les Etats-Unis, la Chine et la Grande-Bretagne.
  • Japon : le secteur des travaux publics met en garde contre la pénurie qui touche ce secteur : manque de ciment dans le nord du pays, difficultés d’approvisionnement en sable, manque de main d’œuvre, tout cela contribue à expliquer le retard dans la reconstruction post-tsunami. Le lancement des chantiers pour les Jeux olympiques de 2020 risque de ralentir les autres chantiers.

22 octobre

  • Japon : nouveaux cas de cancers de la thyroïde découvert chez des jeunes de moins de 18 ans. Après contrôle de 217 000 adolescents de la région de Fukushima, 44 cas de cancers ont été confirmés. Le pourcentage normal est de moins de 1 cas par million. On en est donc déjà à 200 fois plus et on n’évacue toujours pas les gens 
  • Japon : TEPCO publie un rapport sur les essais menés pour essayer de congeler les eaux souterraines. L’objectif serait d’en fixer dans le sol au moins 10 000 tonnes. Pour le moment, les résultats ne sont pas probants… et donc on choisit la fuite en avant : on va creuser de nouveaux puits pour augmenter les capacités de réfrigération. Sachant qu’il y a de l’ordre de 400 tonnes par jour qui s’écoulent des réacteurs, même si cela fonctionnait, cela ne ferait que retarder de quelques jours l’écoulement des eaux… et maintenir le sol gelé a comme conséquence une énorme consommation électrique. 
  • Inde : après 25 ans de chantier et de manifestations d’opposition où plusieurs personnes ont été tuées, la centrale de Kudankulam est entrée en fonctionnement. Elle a une puissance de 160 MW.
  • Japon : Le quotidien Asahi  présente le travail du maire de Matsumoto (Nagano), Akira Sugenoya. Celui-ci a été très impliqué dans l’aide aux victimes de la catastrophe de Tchernobyl. Comme chirurgien, spécialiste de la thyroïde, il a quitté son poste au Japon pour aller en Biélorussie pendant plusieurs années, où il a opéré une centaine d’enfants victimes de cancer. Il a aussi créé une fondation et forme des chirurgiens biélorusses au Japon. Il est aujourd’hui très impliqué pour protéger les enfants de Fukushima, en amont des problèmes de santé. La commune a ouvert un dortoir pour accueillir ces enfants. Environ 200 sont déjà installés à Matsumoto, avec un financement de la mairie. Il s’agit de faire de la prévention. L’initiative est mal vue par le gouvernement qui essaie par tous les moyens de cacher qu’il va y avoir des conséquences sanitaires.

23 octobre

  • Japon : nouveau typhon sur la région de Fukushima. TEPCO annonce avoir augmenté le nombre de pompes de 19 unités… mais n’a malheureusement pas encore eu le temps de vider les bassins de rétention remplis par les pluies des jours précédents. Il pleut sans interruption depuis une semaine.
  • Japon : TEPCO publie le résultat d’analyses sur des animaux marins. Dans le port, cela va jusqu’à des niveaux de contamination de 69 000 Bq/kg. A 20 km de la centrale, de nombreux animaux dépassent encore les 100 Bq/kg en césium (limite pour leur consommation). 
  • Japon : TEPCO annonce que depuis l’été 2013 et l’accident de la cuve qui a perdu 300 m3, le taux de strontium dans les eaux souterraines a été multiplié par 12. 
  • Japon : TEPCO annonce l’installation de balises sous-marines pour mesurer la radioactivité en continu. Pour le moment, elle ne fait qu’un prélèvement par jour. On s’installe dans la pollution de l’océan pour de longues années.
  • Japon : TEPCO reçoit une nouvelle aide de 370 millions d’euros.
  • Japon : TEPCO fait le forcing pour obtenir l’autorisation de redémarrer les deux réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa (à l’arrêt depuis 2007 suite à un précédent séisme) afin de dégager des ressources financières. Le directeur de TEPCO demande à rencontrer le président de la NRA. La NRA lui a déjà dit qu’elle ne se penchera sur le dossier que quand TEPCO aura fait la preuve de sa capacité à gérer le site de Fukushima : arrêt des émissions radioactives dans l’air et en mer, gestion des déchets, remise aux normes.
  • Japon : pour évacuer les eaux de pluie qui se contaminent en arrivant sur le site, TEPCO n’a rien trouvé de mieux que de les stocker dans les réservoirs creusés dans le sol, réservoirs qui avaient été vidés suite à des fuites. 3 de ces réservoirs sont déjà pleins (9000 tonnes collectées). La NRA demande leur transfert dans des cuves étanches où elles devront être stockées jusqu’à ce que leur radioactivité ait suffisamment baissé pour être rejetée en mer soit moins de 100 Bq/l. Problème : l’eau de pluie présente jusqu’à 140 000 Bq/litre le 22 octobre, jusqu’à 510 000 Bq/l pour les pluies de ce jour : l’eau de pluie lessive les sols contaminés. Comme il pleut toujours, TEPCO a mis des sacs de sable pour rehausser les murets des bassins de rétention qui débordent. Bricolage à tous les étages !
  • Japon : des députés du parti au pouvoir proposent de créer une compagnie électrique unique qui ait la charge de l’ensemble des réacteurs nucléaires et du site de Fukushima (au lieu de 9 compagnies actuellement). TEPCO n’aurait plus qu’un rôle de transport et de vente d’électricité.
  • Grande-Bretagne : le parti travailliste, qui n’est pas opposé au nucléaire, annonce son intention de geler le prix de l’électricité s’il revient au pouvoir. Actuellement, le prix de gros est de 55 livres/MWh… alors qu’EDF vient d’obtenir qu’on lui achète le courant sortant des futurs EPR à 92,5 livres/MWh. Il va de soi qui si les Travaillistes gagnent les élections législatives de 2015, le contrat serait annulé.

24 octobre

  • Japon : il pleut toujours, les bassins de rétention débordent, l’eau collectée voit sa radioactivité augmenter régulièrement.

25 octobre

  • Japon : séisme de magnitude 7,6 à 320 km des côtes japonaises. Une alerte au tsunami est lancée et le personnel de la centrale de Fukushima est évacué pendant quelques heures. Les vagues ne dépassent pas 1 m de haut.
  • Japon : selon une enquête de l’agence Reuters, il y a 800 entreprises sous-traitantes sur le site de Fukushima et 25 % des postes à pourvoir ne trouvent pas preneur. Au total, il y aurait maintenant environ 50 000 personnes qui travaillent sur le site ou à la décontamination autour. Cela fait nettement plus que le personnel qui travaille dans l’ensemble des réacteurs nucléaires en temps normal ! (environ 30 000 emplois directs).
  • 64 associations japonaises lancent un appel pour que les agences de l’ONU face preuve de plus d’objectivité dans les études qui concernent la catastrophe nucléaire en cours. Elles dénoncent en particulier l’UNSCEAR qui a réussi le tour de force de faire un rapport sur les conséquences sanitaires sans être venue sur place.
  • Suisse : le gouvernement fédéral élargit de 20 à 50 km le périmètre autour des centrales où des pastilles d’iode sont distribuées aux habitants.

26 octobre

  • Japon : le gouvernement annonce la mise en place d’une taxe sur l’énergie qui doit permettre de financer le coût des centres de stockage des déchets de Fukushima. Cette taxe doit rapporter environ 15 milliards d’euros.
  • Japon : le gouvernement indemnise à hauteur de 770 euros par mois et par personne, plus de 84 000 personnes forcées d’évacuer… ce qui lui coûte 65 millions d’euros par mois. Jusqu’à quand va-t-il devoir payer ? Le comité d’évaluation propose que cela soit au moins un an après le retour à domicile. Cela n’est pas accepté par certains groupes d’expulsés qui font remarquer que le gouvernement pousse à revenir dans certaines zones dites « décontaminées » alors que seules de petites zones sont redescendues en dessous de 20 mSv/an. Le retour à la normale serait que l’on puisse non seulement revenir habiter sur place, mais en plus en dessous d’un niveau de contamination de 1 mSv/an, que refonctionnent les services publics et que les personnes aient retrouvé des emplois. Ces conditions ne sont pas réunies actuellement… et la pluie continue à rabattre sur les sols le nuage radioactif qui sort des réacteurs accidentés.
  • Japon : l’UNSCEAR demande, dans son rapport, que soit faite la distinction entre les doses que prennent les adultes et les enfants, ces derniers étant plus sensibles à la radioactivité.
  • Japon-Italie-Bulgarie : en contrôlant des confitures bio importées d’Italie, les inspecteurs ont eu la surprise de trouver un taux de césium de 164 Bq/kg (au-dessus de la limite de 100 Bq/kg autorisée). Après enquête, il s’avère que les myrtilles utilisées ont bien été cultivées en bio… mais en Bulgarie, dans une zone touchée il y a 28 ans par le nuage radioactif.

27 octobre

  •  Japon : selon le quotidien Asahi, le coût des travaux de décontamination atteindrait à lui seul 5000 milliards de yens (environ 40 milliards d’euros).

28 octobre

  • Japon : l’autorité de sûreté nucléaire, la NRA publie ses recommandations concernant le début de l’évacuation des barres de combustible des piscines du réacteur n°4 : chacun des assemblages sera sorti dans un caisson spécial puis transféré dans la piscine centrale mise en place sur le site. Les opérations doivent débuter le 8 novembre et se terminer fin 2014. TEPCO reconnaît avoir des problèmes pour recruter du personnel formé pour ce genre de manipulation à haut risque.
  • Japon : l’ancien premier ministre Naoto Kan publie un article dans de multiples médias japonais et internationaux. Il rappelle que dans le réacteur n°1, le combustible a percé la cuve seulement cinq heures après le début de l’accident ; que dans les réacteurs n°2 et 3, cela a pris une centaine d’heures. Les réacteurs 1, 3 et 4 ont été soufflés par des explosions d’hydrogène. Heureusement, il a été possible d’empêcher la fusion des combustibles nucléaires dans les piscines de stockage, sans quoi, ce sont 50 millions de personnes qu’il aurait fallu évacuer dans un rayon de 250 km (dont les 35 millions de l’agglomération de Tokyo). Il compare l’accident nucléaire avec la seule chose équivalente : la guerre ! Et de conclure : « ce n’est pas si difficile d’éviter un accident dans une centrale nucléaire : il suffit de supprimer les centrales. Et cette décision appartient à tous les citoyens ».
  • Japon : TEPCO annonce que les eaux de pluie ont lessivé de grandes quantités de strontium présent dans le sol (13 000 Bq/l dans les réservoirs de stockage). L’idée de pouvoir remettre cette eau à la mer prochainement n’est donc pas possible (le strontium ne perd la moitié de sa radioactivité qu’au bout de 28 ans).

29 octobre

  • Japon : TEPCO annonce des bénéfices sur l’année… en comptant comme des recettes les aides de l’Etat. Cette annonce arrive au moment où la firme renégocie ses prêts bancaires.
  • Japon : l’usine de traitement du combustible usagé de Rokkashô annonce un nouveau report dans ses essais de démarrage. C’est la 11e fois que cela se produit.
  • Japon : selon un article paru aux Etats-unis dans Newsweek, le gouvernement japonais aurait réalisé en mars 2011, un scénario avec effondrement de la piscine du réacteur n°4. Cela pourrait conduire à l’évacuation dans un rayon de 170 km autour du réacteur et à une évacuation volontaire jusqu’à 250 km. Comprendre : on n’oserait pas donner l’ordre d’évacuer Tokyo (à 220 km, 35 millions d’habitants), mais une partie de la population partirait. Ce scénario du pire n’est pas encore complètement écarté : si la piscine du réacteur n°4 a été consolidée, le combustible usagé y est toujours présent et un séisme de forte magnitude peut encore provoquer la catastrophe.
  • Japon : Greenpeace publie des relevés de débits de dose dans des villes non évacuées autour du réacteur (Fukushima, Daté…) : il y a des taches de radioactivité et à certains endroits, on dépasse l’ancienne limite de 1 mSv par an.

30 octobre

  • Suisse : annonce de la fermeture de la centrale de Mühleberg… en 2019. Protestation des antinucléaires qui craignent un accident d’ici là : la centrale fonctionne depuis 1972.

31 octobre

  • Japon : un député démocrate Taro Yamamoto remet une lettre à l’empereur où il exprime ses inquiétudes pour les enfants de la région de Fukushima qui commencent à être malades et pour les ouvriers qui sont exposés à de fortes doses de radioactivité. Certains médias réagissent en dénonçant un crime de lèse-majesté, rappelant que l’empereur n’a pas à se préoccuper de questions politiques.
  • Japon : TEPCO annonce le creusement de cinq puits supplémentaires dans le sol, ce qui devrait permettre de pomper 10 tonnes d’eau de plus par jour. TEPCO annonce aussi vouloir décaper le sol sur une certaine profondeur pour enlever les dépôts radioactifs des fuites, dépôts qui sont la cause de la forte radioactivité des eaux de ruissellement à chaque pluie.
  • Japon : 600 employés de bureau, en costume cravate, ont débrayé pendant une heure et ont défilé dans les rues de Tokyo pour demander l’abandon du nucléaire. Ils sont passés devant le siège de TEPCO, avant d’aller reprendre leur travail. Une nouvelle forme de protestation ?