Fukushima, novembre 2013

1er novembre

  • Japon : le parti au pouvoir propose, dans une loi, que l’Etat paie l’ensemble des frais de décontamination et de gestion de l’eau contaminée. Si cela est adopté, cela ne ferait qu’officialiser ce qui est déjà la réalité : ce sont les contribuables japonais qui vont payer la note.

2 novembre

  • Japon : le quotidien Asahi proteste contre le projet du gouvernement de tout prendre en charge. Il demande que, préalablement, TEPCO soit déclaré en faillite afin qu’une partie des frais soit à la charge des actionnaires. Le quotidien demande que cessent les aides financières de l’Etat pour les projets d’usine de traitement des déchets à Rokkashô, pour le surgénérateur de Monju, pour les compagnies d’électricité et que l’argent économisé ainsi serve à aider les ouvriers exploités et irradiés.
  • Japon : Anand Grover, rapporteur sur les droits humains à l’ONU, avait rendu le 27 mai 2013, un rapport très critique sur les risques sanitaires autour de Fukushima. Le gouvernement japonais avait protesté contre ce rapport. On apprend notamment que le gouvernement a été choqué par la demande de retirer des livres scolaires, des données sur la radioactivité, notamment l’information selon laquelle « en dessous de 100 mSv par an, les radiations sont inoffensives pour la santé »… alors qu’une telle dose est déjà 100 fois supérieure aux limites tolérées pour la population autour de Tchernobyl.
  • Japon : le gouvernement annonce que, bientôt, il sera possible de revenir habiter dans une partie de la zone interdite — en espérant par la décontamination passer sous les 20 mSv par an là où aujourd’hui on est entre 20 et 50 mSv. Il considère par contre que pour les zones où l’on dépasse 50 mSv par an, la zone restera inhabitable. Cette dernière zone concerne environ 25 000 évacués qui seront définitivement relogés sur le lieu de leur choix. Pour la zone entre 20 et 50 mSv, ce sont environ 23 000 personnes qui pourraient rentrer un jour. Et pour les zones déjà en dessous de 20 mSv, cela concernerait 33 000 personnes, Shigeru Ishiba, secrétaire général du PLD, principal parti d’opposition (centre gauche) demande que l’on dise la vérité… à savoir que la zone est définitivement inhabitable et que l’on aide dès maintenant l’ensemble des évacués à aller vivre ailleurs. Il récuse l’idée que l’on pourrait retourner vivre sur place dès que l’on repasserait sous les 20 mSv annuel et demande que l’on interdise tout retour dans les zones où l’on ne peut revenir à 1 mSv… norme d’avant l’accident.

4 novembre

  • Japon : l’annonce que le retour des personnes évacuées n’est pas totalement possible (selon le parti Libéral démocrate au pouvoir) ou totalement impossible (selon le Parti démocrate dans l’opposition) suscite de nombreux débats dans les médias : un tabou vient d’être brisé.

5 novembre

  • Japon : TEPCO annonce qu’il va réaliser un test pour retirer une barre de combustible de la piscine du réacteur n°4. C’est seulement après cet essai, que la NRA validera la procédure ou non. Une difficulté pourrait provenir de la déformation des barres lors de la chute de morceaux du réacteur dans les piscines de stockage. La date initiale pour sortir des barres de combustible, initialement annoncée pour le 8 novembre est reportée de plusieurs semaines.
  • Japon : le gouvernement annonce une réorganisation des secours en cas d’accident nucléaire. L’exemple de Fukushima a montré que l’on avait installé les services pour accueillir des personnes irradiées trop près de la centrale : au moment de l’évacuation, 4 hôpitaux sur 6 disposant de chambres adaptées, se sont trouvés dans la zone interdite. Cette réorganisation touchera également les méthodes pour évacuer les malades car plus d’un millier de malades sont morts en mars 2011 au moment de l’évacuation de la zone des 20 km.

6 novembre

  • Japon : arrivée d’une délégation de l’AIEA chargée de vérifier comment sont mesurés les rejets radioactifs en mer. L’AIEA devrait ensuite mettre en place un système de surveillance élargi dans l’océan Pacifique. Il aura donc fallut plus de 30 mois pour que l’AIEA avalise la réalité, à savoir que l’eau de mer est contaminée.
  • Japon : TEPCO a engagé des travaux pour essayer de collecter la terre très fortement contaminée située sous les cuves de stockage… car quand l’eau de pluie passe dessus, celle-ci se charge très rapidement en radioéléments. TEPCO espère ainsi ne pas avoir à stocker systématiquement les eaux de pluie… sauf que le sol se recontamine sans cesse du fait des émissions radioactives qui retombent au sol… quand il pleut !
  • Japon : la NRA s’inquiète des défauts dans la protection contre le terrorisme du surgénérateur Monju : manque d’enquête sur le passé des visiteurs, hauteur de grillage peu dissuasive, manque d’entretien des caméras de surveillance… alors que le site contient une forte quantité de plutonium.
  • France : l’Autorité de sûreté nucléaire annonce qu’elle va demander une contre-expertise concernant la pollution des sols au tritium autour de la centrale du Tricastin (Drôme). En effet, les explications d’EDF ne permettent pas de comprendre si les fuites se poursuivent ou non. En attendant, depuis le 12 septembre dernier, EDF pompe 150 m3 d’eau par jour dans le sous-sol de la centrale pour vérifier le taux de contamination.

7 novembre

  • Japon : TEPCO organise une visite de presse pour montrer la piscine du réacteur n°4 avec ses 1331 assemblages usés et 202 neufs (barre de 4,5 m de long pesant chacune 300 kg). Les images de télé montrent qu’il y a encore de nombreux petits débris au fond qui pourraient bloquer les barres au moment des retraits. De même TEPCO avoue ne pas savoir si, avec le temps, certaines barres n’ont pas été corrodées. TEPCO va utiliser des appareils télécommandés pour extraire les barres car l’environnement est trop radioactif pour y faire travailler du personnel. TEPCO n’a pas répondu aux questions sur les piscines qui se trouvent dans les réacteurs accidentés (1, 2 et 3) : là ce sera encore plus dur à sécuriser du fait d’une radioactivité encore plus grande. TEPCO a seulement annoncé programmer le transfert de la piscine du réacteur n°3 (avec du MOX, mélange uranium-plutonium) à partir de mi-2015. Les autres encore plus tard…
  • Japon : la NRA demande que le transfert des eaux de pluie stockées provisoirement dans les réservoirs creusés au sol (et qui fuient) soit accéléré. TEPCO dit ne pas avoir de solution car n’a pas les moyens de pomper ces réservoirs en plus de la gestion de l’accumulation des eaux au quotidien. TEPCO avance toujours la possibilité de traiter ces eaux de pluie (2700 tonnes) en priorité dans sa future station de traitement des eaux… laquelle n’a jamais réussi à fonctionner.
  • France : l’exercice national de crise nucléaire qui se tient autour de la centrale nucléaire du Tricastin tourne au fiasco : une partie de la population n’a pas entendu les sirènes, la population continue à vaquer à ses occupations, les forces de l’ordre essaient surtout d’évacuer… les militants antinucléaires. Lesquels ont réussi à déployer une banderole devant une école où les enfants étaient censés être confinés.
  • Belgique : lors d’une audience devant la commission parlementaire traitant des déchets radioactifs, Electrabel a reconnu qu’au moins à quinze reprises, entre 1960 et 1982, des déchets nucléaires de faible activité, coulés dans le béton, ont été jetés dans l’Océan atlantique avec d’autres déchets provenant des Pays-Bas et de Suisse.

8 novembre

  • Japon : TEPCO annonce travailler sur la séparation de ses activités en plusieurs entreprises. Ainsi, l’une continuerait à gérer la catastrophe de Fukushima pendant que d’autres géreraient les autres réacteurs nucléaires et la distribution de courant. Nombreux sont ceux qui demandent à ce qu’avant TEPCO soit mis en faillite pour que ses dettes soient prises en charge par les actionnaires et les banques et non par les citoyens.
  • Japon : TEPCO annonce la construction d’ici 2015 d’une salle de repos pouvant accueillir 1200 personnes et d’une cantine pouvant servir des repas à 3000 personnes. Cela sous-entend que TEPCO prévoit que le nombre de personnes qui vont travailler sur le site devra aller en augmentant. Dans l’augmentation des emplois sur le site, il y a la surveillance des cuves d’eau contaminée qui doivent passer d’ici 2016 de 400 000 m3 à 800 000 m3 : le nombre de surveillants passant en parallèle de 100 à 230. Preuve que l’on prévoit qu’il faudra continuer à refroidir les cœurs en fusion au-delà de cette date… et que l’usine de traitement des eaux ne fonctionnera sans doute jamais.
  • Japon : pour essayer de faire face à la pénurie de personnel, TEPCO annonce que la prime de risque quotidienne va doubler pour atteindre 20 000 yens (154 € par jour).
  • Québec : dans le cadre de la reconversion de son industrie nucléaire, une usine de Boeing qui fabriquait des composants nucléaires à Bécancour, dans le centre de la province, va être adaptée pour produire des hydroliennes. Deux hydroliennes sont actuellement testées depuis trois ans dans le fleuve Saint-Laurent, en aval de Montréal, elles ont une puissance de 200 MW.

9 novembre

  • Japon : le gouvernement annonce avoir déjà dépensé 38 milliards d’euros et prévoit déjà d’atteindre 77 milliards d’euros. Le gouvernement espère compenser ces dépenses par une taxe sur l’électricité sur une période de 30 ans. Mais dans trente ans, on en sera sans doute à des sommes beaucoup plus conséquentes !
  • Japon : dans son éditorial, le quotidien Maïnichi rappelle que le gouvernement justifie ses engagements financiers auprès de TEPCO en estimant avoir une part de responsabilité dans la catastrophe… ce qui consiste donc à faire payer la facture aux contribuables. Le quotidien s’étonne alors que le même gouvernement continue à faire la promotion du nucléaire.
  • Japon : la NRA envisagerait de donner une réponse positive au gouvernement qui, depuis juin, suggère que les calculs de doses de radioactivité dans les zones interdites soient calculées non plus à partir des balises, mais à partir de dosimètres que porteraient ceux qui accepteraient d’y retourner. En pensant que ces personnes puissent sortir de la zone contaminée au moins huit heures par jour, cela permettrait de faire revenir plus de personnes. Quand on sait le trafic qui se fait chez les sous-traitants pour ne pas enregistrer les doses réelles avec leur dosimètre et pouvoir ainsi continuer à travailler, on peut imaginer que des personnes soucieuses de retourner chez elles, fassent les mêmes magouilles (en laissant le dosimètre à l’extérieur de la zone ou plus simple, en ayant plusieurs dosimètres).

10 novembre

  • Japon : le gouverneur de Fukushima inaugure la première mise en route d’une installation offshore éolienne d’une puissance de 2 MW. Il déclare à cette occasion que l’avenir du Japon est aux énergies renouvelables.
  • Japon : TEPCO annonce vouloir profiter de l’hiver pour geler l’eau contenue dans les galeries souterraines, bloquant ainsi la progression de l’eau sous les réacteurs puis au printemps de pomper cette eau très radioactive pour progressivement combler les galeries avec du béton, espérant ainsi ralentir la contamination par les eaux souterraines. Principal obstacle : l’exposition des travailleurs à des doses de radioactivité énormes.
  • Japon : 33 organisations antinucléaires du pays annoncent publiquement avoir été victimes d’une cyber-attaque : elles ont reçus entre le 18 et le 30 septembre, plus de 2,5 millions de messages sur leurs boites aux lettres avec des insultes et des menaces de mort. Elles annoncent qu’elles vont porter plainte.

11 novembre

  • Japon : selon une étude de l’Agence de reconstruction, 90 % des personnes évacuées (pour le séisme, le tsunami ou l’accident nucléaire) ne veulent pas rentrer chez elles et sont incapables de prendre une décision pour aller à un autre endroit. L’Agence de reconstruction a proposé le 16 octobre 2013 de poursuivre son étude en dialoguant avec les gens pour comprendre leur refus. Le quotidien Maïnichi révèle ce jour que la NRA s’y est opposée demandant de n’interroger que les élus, qui du fait des enjeux financiers, sont beaucoup plus favorables au retour de leurs administrés.
  • Japon : les travaux pour enlever la terre sous les cuves provoquent une hausse importante de la radioactivité dans les puits de contrôle, sans que le lien entre les deux soit expliqué.

12 novembre

  • Japon : l’ancien premier ministre japonais Junichiro Koizumi a demandé une nouvelle fois à Shinzo Abe, son ancien bras droit, actuel premier ministre, de renoncer à l’énergie nucléaire. Junichiro Koizumi, qui a été premier ministre pendant cinq ans (2001-2006) est très populaire dans la population et dans son parti, le Parti libéral-démocrate. « Si le PLD décidait de renoncer à l’énergie nucléaire, tous les partis seraient pour, étant donné que l’opposition a déjà adopté une telle position », a expliqué Junichiro Koizumi lors d’une conférence de presse devant 350 journalistes. Et d’affirmer avoir le soutien de nombreux élus de son parti.
  • Japon : le quotidien Chunichi annonce que le nombre d’enfants atteints de problèmes au niveau de la thyroïde est en augmentation : on en est à 26 cas de cancers (+ 8 depuis août) et 32 autres présentant une situation qui annonce un cancer (+7 depuis août), soit 58 enfants touchés à ce jour sur 240 000 suivis (+33 000 depuis août). Interrogés par les journalistes, les autorités nient tout lien avec l’accident de Fukushima. Avant l’accident, on avait un taux de 1,7 cancer pour 100 000 enfants, on est passé à 12 pour 100 000. Par comparaison, des campagnes de vérification dans les autres régions n’y montrent aucune hausse.
  • Japon : le premier ministre accepte la demande de la commission interne à son parti d’annoncer que les populations évacuées de la zone à plus de 50 mSv/an ne pourront jamais retourner chez elles. Reste à savoir qui va payer la réinstallation des personnes ailleurs. Le premier ministre annonce que ce sera l’Etat donc le contribuable… alors que le ministre de l’environnement demande que ce soit TEPCO… et donc pour une petite partie les actionnaires. Sur 470 000 personnes évacuées en 2011 suite à la série séisme-tsunami-accident nucléaire, il en reste aujourd’hui 280 000 évacués dont 81 000 habitaient avant dans des zones qui dépassent aujourd’hui les 20 mSv/an.
  • Japon : nouveau record de contamination dans le puits E1 situé entre les cuves de stockage et les réacteurs : 710 000 Bq/l contre 550 000 Bq/l la veille. Aucune explication de TEPCO pour commenter ce chiffre.
  • Corée : selon un sondage, les trois-quarts des Coréens ont réduit leur consommation de poisson de peur d’une contamination radioactive.
  • Japon : l’agence de presse AP publie le témoignage d’un mécanicien engagé sur le site de Fukushima pour y installer les cuves de stockage d’eau radioactive. Selon cet ouvrier, cela a été fait très rapidement, sans contrôle sérieux de l’étanchéité, avec des peintures anti-rouille mises sur des surfaces mouillées… Un membre de la NRA interrogé sur le sujet confirme l’inquiétude de l’autorité de sûreté sur la fiabilité des contrôles sur ces cuves.

13 novembre

  • Japon : lors d’une conférence de presse, TEPCO annonce avoir réussi à filmer pour la première fois, avec un robot amphibie des fissures dans l’enceinte de confinement en acier du cœur du n°1. De l’eau sort par les fissures. Personne ne sait si le cœur est encore derrière l’enceinte ou déjà enfoncé dans le sol sous le réacteur.
  • Belgique : le nouveau projet de loi pour la sortie du nucléaire est vivement contesté par les écologistes car il prévoit un arrêt de Döel 1 et 2 en 2015… mais aussi la prolongation de Tihange 1 jusqu’en 2025. C’est ce dernier point qui irrite les antinucléaires.

14 novembre

  • Japon : TEPCO a expliqué dans une conférence de presse qu’un assemblage présent dans la piscine du réacteur n°4 a été endommagé en 1982, lors d’une manœuvre et laissé depuis sur place. Un assemblage contient de 60 à 80 barres de combustible. Par ailleurs, en avril 2010, donc un an avant l’accident, il avait été repéré deux autres assemblages endommagés. Ils présentent des fissures qui laissent s’échapper du gaz radioactif. Ces trois assemblages ne pourront pas être sortis avec l’installation mise en place et vont nécessiter d’autres études spécifiques. Il est possible que d’autres barres fuient également, mais on ne le saura qu’au fur et à mesure des extractions. Suspens !

15 novembre

  • Japon : les nouveaux experts de la NRA concluent que la faille située sous les réacteurs d’Oï, les seuls réacteurs à avoir fonctionné après l’accident de Fukushima, ne sont pas sur une faille active, contredisant les anciens experts.
  • Japon : TEPCO emprunte 3,8 milliards d’euros. TEPCO a présenté pour cela un rapport aux banques prévoyant le redémarrage des réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa dès 2014, ce que rien ne laisse supposer actuellement, ces réacteurs étant à l’arrêt depuis 2007.
  • Japon : depuis l’accident de Fukushima, le nombre de salariés de TEPCO est passé de 39 000 à 37 000. Mais cela ne comptabilise pas les sous-traitants (plus de 30 000 sont déjà passés sur le site de Fukushima depuis l’accident).
  • Japon : le gouvernement annonce lors du sommet sur le climat de Varsovie, qu’il renonce à atteindre l’objectif de 25 % de réduction des gaz à effet de serre pour 2020 par rapport à 1990. Il annonce maintenant une hausse de 3,1 % en prétextant l’arrêt des centrales nucléaires et le recours aux centrales thermiques. Les associations protestent en disant que ce n’est pas par le seul nucléaire que l’on peut baisser les émissions et que rien n’a été fait avant l’accident de Fukushima pour baisser la consommation d’électricité (qui reste très élevé dans le pays même aujourd’hui).
  • Japon : TEPCO découvre une nouvelle cuve qui fuit. 

17 novembre

  • Japon : selon les autorités de Fukushima, sur 10 millions de sacs de riz de 30 kg contrôlés depuis un an dans la province, seuls 71 sacs dépassaient les 100 Bq/kg (limite autorisée pour la consommation). Le record est de 360 Bq/kg. Ce riz se vend légèrement moins cher que celui des autres régions. Toujours selon les autorités de Fukushima, seuls 20 % des Japonais font attention à ne pas acheter des produits de la région de Fukushima.
  • Japon : TEPCO publie un rapport sur l’état des assemblages présents dans les piscines des réacteurs accidentés : il y aurait 80 assemblages (sur 292) qui étaient déjà endommagés avant l’accident ! 70 dans le réacteur n°1 (!), 3 dans le n°2, 4 dans le n°3, 3 dans le n°4. Il est possible que des assemblages aient été abîmés par l’accident, mais ils n’ont pas encore été détectés. Pour le moment, il est impossible de sortir des piscines les assemblages abîmés. La mise en sûreté des piscines n’est donc pas encore pour demain !
  • Japon : alors que 29 500 personnes vivent dans des logements provisoires en préfabriqués, les plaintes se multiplient à l’approche du 3e hiver : portes et fenêtres qui ne sont plus étanches, difficultés de chauffage, pannes diverses…
  • France : Michèle Rivasi, députée EELV, dénonce les pratiques d’EDF qui a écrit à ses retraités pour que ceux-ci demandent aux élus locaux près des centrales nucléaires de faire des vœux pour que le gouvernement accepte la prolongation de la durée de vie des réacteurs à 50 ans.

18 novembre

  • Japon : TEPCO met en route l’évacuation des assemblages de combustibles de la piscine du réacteur n°4. Un container est plongé dans la piscine et les grues doivent y faire pénétrer 22 assemblages. Cela devrait prendre une semaine. Le container sera ensuite chargé sur un camion qui l’emportera vers la piscine de combustible commune qui elle, est creusée dans le sol et donc moins susceptible de s’effondrer en cas de fort séisme. Les évacuations commencent par les assemblages de barres de combustibles neuves qui sont les moins radioactives. Cela deviendra un peu plus compliqué avec les assemblages de combustibles usés. Ce sera encore plus compliqué pour les autres réacteurs où il ne sera pas possible d’avoir une présence humaine à proximité des piscines du fait de la radioactivité trop élevée.
  • Japon : le maire de Fukushima est largement battu aux élections par un nouveau maire qui a promis un retour à « la vie normale ». Promesse électorale ! Depuis l’accident, la ville a perdu 6000 habitants qui sont partis sans aucune indemnité, 115 000 habitations sont officiellement contaminées et 18 % d’entre elles ont, pour le moment, bénéficié d’un nettoyage. Seules les écoles ont été nettoyées correctement… mais par leurs routes d’accès.
  • Japon : David Suzuki, un chercheur canado-japonais, publie une étude sur ce qui se serait passé si le typhon qui a frappé les Philippines était passé sur le site de la centrale de Fukushima. Le réacteur n°4 aurait été désagrégé et les matières radioactives dispersées à grande échelle. Le nuage radioactif serait tel que le Japon devrait être évacué dans sa totalité et que le confinement des populations serait nécessaire sur les côtes ouest du Canada et des Etats-Unis. Il rappelle que ce résultat peut aussi être obtenu en cas de séisme aussi important que celui de mars 2011.

19 novembre

  • Japon : un intervenant présent sur le site de Fukushima, animateur d’un compte twitter, explique dans un entretien avec le quotidien Asahi qu’une des raisons de la désorganisation croissante sur le site vient de l’absence de plus en plus fréquente des chefs d’équipe qui évitent de venir sur place du fait des fortes doses de radioactivité qu’ils ont déjà reçues. Il affirme aussi que TEPCO choisit systématiquement les solutions les moins chères, à la demande du gouvernement… d’où de mauvais choix comme le choix des cuves de stockage de l’eau contaminée.

20 novembre

  • Japon : record de tourisme ! Après deux années fortement touchées par les retombées de Fukushima, le gouvernement a mis le paquet pour redresser son secteur touristique en offrant des milliers de places d’avion gratuites. Mais ce nombre record de visiteurs a aussi un rapport avec Fukushima : du fait du coût de l’accident (près de 100 milliards déjà), le yen a perdu beaucoup de valeur au niveau international (25 % par rapport au dollar et à l’Euro), ce qui rend le niveau de vie au Japon beaucoup plus abordable. On peut manger irradié pour pas cher !
  • Japon : la dévaluation du yen a une autre conséquence : l’importation d’hydrocarbure coûte de plus en plus cher au pays, qui a connu en octobre son 16e mois consécutif de déficit commercial.
  • Japon : le ministère de l’environnement prévoit 5 millions d’euros dans son budget pour financer la distribution de dosimètres élaborés aux populations, permettant à ceux qui rentreraient vivre dans les zones « décontaminées » de connaître la dose instantanée reçue, la dose cumulée journalière et hebdomadaire. Le gouvernement ne croit manifestement pas beaucoup au retour des populations puisque ce budget ne permet de financer que 4200 dosimètres de ce genre.
  • Japon : TEPCO, à la demande du gouvernement, remet un dossier demandant officiellement la fermeture des réacteurs 5 et 6 du site. Ces deux réacteurs étaient à l’arrêt au moment du tsunami. Ils ont été envahis par l’eau, mais sans accident nucléaire, les groupes électrogènes ayant permis d’assurer le refroidissement nécessaire. TEPCO annonce que ces deux réacteurs vont servir de centre de recherche pour étudier comment intervenir sur les cœurs fondus des réacteurs 1, 2 et 3.

21 novembre

  • Japon : TEPCO annonce avoir retiré le premier conteneur (91 tonnes) de 22 assemblages avec succès de la piscine du réacteur n°4. Ces assemblages sont déposés dans une piscine creusée dans le sol où ils devront maintenant rester de nombreuses années. Il faut en moyenne 40 minutes pour déplacer un assemblage, les équipes de 6 personnes se relaient toutes les deux heures pour ne pas dépasser les doses limites de radioactivité. Il reste à le faire environ 70 fois.
  • Japon : TEPCO proteste contre la présence d’hélicoptères loués par les médias venus pour filmer la sortie du conteneur, estimant que cela constitue un danger inutile.
  • Japon : TEPCO annonce la remise en route pour test des trois chaînes de décontamination de l’usine de décontamination en eau, laquelle avait été arrêtée en juin après quelques heures de fonctionnement.
  • Belgique : un sondage auprès des francophones indique que 74 % pensent que l’avenir énergétique passe en priorité par les énergies renouvelables, 15 % par le nucléaire, 8 % par le gaz. 91 % pensent que les énergies renouvelables sont sous-exploitées, 84 % qu’elles sont fiables, 72 % qu’elles feront baisser le coût de l’énergie, 70 % qu’elles vont permettre de créer plus d’emplois.

22 novembre

  • Japon : TEPCO reçoit une aide de l’Etat de presqu’1 milliard d’euros. C’est le 22e versement.

23 novembre

  • Japon : TEPCO demande l’autorisation de redémarrer les réacteurs 1 et 5 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata). Elle avait déjà fait la demande pour les réacteurs 6 et 7. Suite aux contrôles précédents, on sait que le réacteur n°1 est sur une faille active. TEPCO espère voir son dossier aboutir d’ici 2015.
  • Japon : TEPCO et Mitsubischi annoncent un accord pour la construction de deux centrales au charbon dans la région de Fukushima, de 500 MW chacune. Mitsubishi s’occupe de la construction. TEPCO de l’exploitation. Ces deux centrales pourraient fonctionner en 2020.

25 novembre

  • Japon : l’agence de reconstruction a mené une enquête auprès des personnes évacuées de la commune de Minamisoma. Sur 5677 familles, 3543 ont répondu (62 %) et seulement 1039 (29 % des réponses, 18 % du total) indiquent vouloir revenir dans leur ancienne habitation. Autant disent ne pas vouloir revenir et entre les deux, une petite moitié dit encore hésiter et demandent plus d’information sur l’évolution future du niveau de radioactivité.
  • Japon : selon une étude de 2004, le potentiel éolien du pays serait de 1 200 000 MW dont 80 % offshore… soit de quoi remplacer plusieurs centaines de réacteurs nucléaires… alors qu’il n’y en avait que 52 avant le 11 mars 2011. Une première éolienne de 2 MW est mise en route ce jour au large de Fukushima sur une plate-forme de 2300 tonnes ancrée à 120 mètres de profondeur. Un consortium de dix industriels annonce qu’il teste actuellement des éoliennes de 7 MW. Rappelons que toutes les éoliennes du pays ont résisté au séisme et au tsunami de mars 2011. Ce qui freine actuellement : pour des raisons esthétiques, les éoliennes doivent être placées assez loin du bord de mer, ce qui entraîne un prix pour le moment peu compétitif. 
  • Japon : TEPCO donne des mesures sur des poissons : à 20 km de la centrale, un seul dépasserait les 100 Bq/kg… alors que dans le port, ils en ont pêché un à 110 000 Bq/kg. Bien sûr ce dernier savait qu’ensuite, il ne devait plus quitter le port pour ne pas risquer d’être péché au-delà des 20 km de contrôle.
  • Japon : selon TEPCO, l’eau qui sort du réacteur n°1 est à 3,3 millions de Bq/kg pour le seul Césium et à 3,4 millions pour le total. Pour le réacteur 2, c’est bien pire : 22,6 millions pour le seul césium et 91 millions pour le total.

26 novembre

  • Japon : TEPCO annonce qu’il se lance dans le chargement d’assemblages de combustibles usés après avoir fait un premier voyage de combustibles neufs (beaucoup moins radioactifs). C’est donc plus dangereux. Ce deuxième chargement est réalisé en un peu plus de 24h.
  • Japon : la préfecture de Fukushima autorise la reprise de la commercialisation d’une spécialité locale : le kaki séché (anpo), affirmant que les mesures prises montrent que les kakis ne dépassent pas la limite de contamination autorisée. 
  • Japon : la NRA publie une étude sur la contamination des côtes par le césium : on en trouve sur des centaines de kilomètres de part et d’autre de la centrale de Fukushima.
  • Japon : le gouvernement annonce un accord avec les municipalités concernant l’indemnisation pour les terres agricoles contaminées : seules celles se trouvant dans le périmètre évacué feront l’objet d’une indemnisation, ce qui signifie que les agriculteurs qui plus largement ont subi des pertes du fait de l’impossibilité de commercialiser leur production, ne toucheront rien. Pas sûr que les organisations syndicales laissent passer cela sans protester.
  • Japon : le quotidien Asahi publie une enquête sur les stocks de plutonium. Le Japon dispose de 9,3 tonnes sur son territoire, 17,9 tonnes sont stockées en France et 17 tonnes en Grande-Bretagne (issues du travail d’extraction des usines de La Hague en France et de Sellafield en Grande-Bretagne). Ce plutonium, produit par les réacteurs nucléaires classiques ne peut servir ensuite que pour les surgénérateurs (le seul au Japon, à Monju, est en panne depuis maintenant plus de quinze ans), dans le combustible Mox (un seul réacteur a expérimenté ce combustible au Japon, le réacteur n°3 de Fukushima qui a explosé)… et la bombe atomique, interdite en principe au Japon. Malgré ces stocks qui ne servent donc à rien, le Japon veut quand même démarrer sa propre usine de retraitement qui ajouterait, sauf pannes, 7 tonnes de plutonium en plus par an. Asahi dénonce l’astuce derrière ce discours qui essaie de faire passer l’idée que l’on a une idée pour « retraiter » les déchets, alors que les piscines des réacteurs sont pleines de combustible usé. 
  • Japon : le gouvernement adopte une nouvelle loi prévoyant une peine allant jusqu’à 10 ans de prison pour un fonctionnaire qui rendrait public un document classé secret et jusqu’à 5 ans pour un journaliste qui chercherait à les obtenir. Cela provoque un tollé dans les médias car la loi est suffisamment floue pour que n’importe quel document puisse être classé secret et les journalistes font remarquer que cela peut aussi bien concerner le nucléaire que des problèmes environnementaux. La durée du secret peut aller jusqu’à 60 ans ! L’opposition a tout de suite fait le lien avec Fukushima et craint que cette loi ne serve à masquer les conséquences de l’accident sur la santé.
  • Brésil : la production électrique pour une puissance de 900 MW a fait l’objet d’un appel d’offres par le gouvernement. C’est une entreprise d’éoliennes qui gagne le marché en proposant un prix du MWh à 36 €. A comparer avec le prix d’achat du nucléaire en France : 42 €, l’éolien en France étant estimé à 82 € par EDF
  • Etats-Unis : alors qu’à priori les retombées radioactives sur les Etats-Unis ont été faibles, une étude réalisée par des pédiatres (Joe Mangano et Janette Sherman du Projet Radioactivité et Santé Publique à New York, et Christopher Busby, chercheur invité à l’Université Jacobs de Brême) montre que depuis l’accident de Fukushima, les cas d’hypothyroïdie, typique d’une contamination par l’iode radioactif, ont augmenté de 21 % chez les bébés dont la mère était enceinte au moment du passage du nuage, fin mars 2011. 

27 novembre

  • Japon : TEPCO loge une partie de son personnel dans le J-Village, le centre d’entraînement national pour le foot, qui se trouve à Naraha, à la limite de la zone des 20 km autour de la centrale. TEPCO annonce qu’il va libérer prochainement le lieu pour favoriser la reprise des entraînements en vue des Jeux olympiques de 2020. Le football va devenir un sport radioactif !
  • Etats-Unis : lors d’une réunion commune, l’ONU et la Banque mondiale annoncent le lancement d’un appel de fonds de 600 à 800 milliards pour tenir les engagements des Etats de favoriser l’accès universel à l’électricité en 2030. Les deux institutions ont clairement écarté l’énergie nucléaire de ce processus, misant par contre sur un doublement de la production des énergies renouvelables d’ici cette date. Selon Yong Kim, président de la Banque Mondiale : « l’énergie nucléaire est une question très politique dont la Banque mondiale ne s’occupe pas, préférant favoriser l’hydraulique, la géothermie, le solaire et l’éolien ».

28 novembre

  • Japon : des chercheurs français du CEA-CNRS de l’Université Versailles-Saint-Quentin alertent sur le fait qu’autour de la zone interdite, il y a des zones qui dépassent la limite de 20 mSv/an fixée par les autorités japonaises. Il s’agit de zones où la pluie concentre la radioactivité par lessivage des sols. Une étude de suivi, menée depuis l’accident, a ainsi montré que l’on pouvait avoir des doses allant jusqu’à 75 mSv dans certaines rivières pourtant situées à l’extérieur de la zone interdite. Des fluctuations sont observées à chaque passage de typhons, ceux-ci contribuant à redistribuer la contamination. Les fluctuations liées à l’exploitation des barrages provoque aussi d’importantes variations des niveaux de radioactivité. Selon les conclusions des chercheurs, il faudra plusieurs dizaines d’années pour revenir à un niveau de radioactivité normal.
  • Japon : TEPCO annonce avoir découvert une nouvelle nappe d’eau souterraine, très proche du rivage, avec un taux de contamination important… mais se dit dans l’impossibilité de mettre en place un pompage supplémentaire par manque de moyens. Le gouvernement lance un appel aux chercheurs pour tester d’autres technologies de récupération et de traitement de cette eau radioactive. 
  • Japon : la NRA demande à TEPCO de creuser une tranchée à proximité de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa (Niigata) pour réaliser une nouvelle étude sur les 23 failles qui passent sous le site. TEPCO prétend que ces failles sont inactives, la NRA estime que rien ne le prouve. TEPCO va-t-il détourner du personnel de la centrale de Fukushima pour réaliser cette étude ? Cela ne semble pourtant pas prioritaire.
  • Iran : séisme de magnitude 5,6 dont l’épicentre est près de la seule centrale nucléaire en activité, à Buchehr. Il y a 7 morts et une cinquantaine de blessés dans la ville voisine, mais la centrale est indemne.

29 novembre

  • Japon : TEPCO annonce avoir fini le transfert du deuxième lot d’assemblages. 22 assemblages de combustibles usagés cette fois-ci. 
  • Japon - France : l’ACRO compare les résultats des mesures de TEPCO aux leurs, faites au large de l’usine AREVA de la Hague : si les données sont exactes, il y a moins de tritium à l’extérieur du port de la centrale de Fukushima que dans la Manche au large de l’usine Areva.
  • Japon : le lycée privé Shoei de Minami-Sôma, situé à moins de 30 km de la centrale de Fukushima annonce sa fermeture définitive en mars 2014 faute d’élèves en nombre suffisant. Il demande des indemnités à TEPCO.