Fukushima, novembre 2012

1ernovembre

  • Japon : le gouvernement signe un accord avec le Mozambique pour la livraison de charbon et de gaz naturel.
  • France : les sénateurs communistes votent avec la droite pour bloquer un projet de loi sur le logement qui prévoyait un système bonus-malus dans les tarifs en fonction de la consommation. Le PS dénonce une collusion entre pro-nucléaires car le chauffage électrique aurait été ainsi défavorisé.

4 novembre

  • Japon : l’agence de presse Kyodo révèle que quatre des six nouveaux membres de l’autorité de sûreté, la NRA, ont déjà touché des financements de l’industrie nucléaire. Les sommes vont de 29 000 à 260 000 euros. NRA affirme que les experts ont été sélectionnés conformément aux procédures et qu’il n’y aurait pas de conflit d’intérêt.

5 novembre

  • Corée du Sud : plusieurs réacteurs ont dû être arrêtés depuis l’été, mettant en péril la production électrique. Deux réacteurs sont arrêtés ce jour suite à la détection de pièces défectueuses, ce qui porte à cinq le nombre de réacteurs à l’arrêt (sur 23). Le pays est secoué par un scandale portant sur 7700 pièces falsifiées qui sont progressivement repérées dans l’ensemble des réacteurs.
  • Japon : la NRA reconnaît que les réacteurs d’Ohi, les deux seuls en activité, sont bien sur une faille séismique active. Le professeur Mitsuhisa Watanabe, un des cinq experts, s’est exprimé publiquement pour demander l’arrêt immédiat des deux réacteurs : « étant donné qu’il n’est pas possible de déplacer ni la faille, ni les réacteurs, la seule solution est l’arrêt des réacteurs ».
  • France : EDF annonce avoir mesuré, courant octobre, dans la nappe phréatique située sous les réacteurs de la centrale de Bugey un taux de tritium anormalement élevé : 200 bq/l au lieu de 8 bq/l attendus.
  • Etats-Unis : EDF a épuisé tous les recours juridiques contre la décision de la NRC, autorité de sûreté nucléaire des Etats-Unis, qui a refermé définitivement le dossier de candidature pour la construction d’EPR à Calvert Cliffs (Maryland).
  • Japon : le quotidien Asahi a enquêté sur les primes que le gouvernement avait promises pour les travailleurs sur le site de Fukushima. Ces primes vont de 33 à 100 euros par jour selon le lieu du travail et les doses reçues. L’enquête montre que ces primes ont bien été versées aux 12 entreprises qui ont obtenu les marchés mais qu’ensuite elles se perdent dans les différents niveaux de sous-traitances… et qu’elles ne sont que rarement reversées aux travailleurs. Ces primes représentent pour le gouvernement 6,5 milliards d’euros par an.
  • Etats-Unis : Mitsuhei Murata, ancien ambassadeur du Japon en Suisse effectue une tournée de conférences aux Etats-Unis pour y plaider la sortie rapide du nucléaire civil et militaire.

6 novembre

  • France : 27 salariés et sous-traitants d’EDF ont été évacués à 8h10 du réacteur n°2 de Cruas (Ardèche) après un relâchement de vapeur radioactive dans le bâtiment. Ils ont pu regagner leur poste 1h30 plus tard après un contrôle médical. EELV-Ardèche rappelle que c’est le troisième incident de ce genre en un mois, signe que la sûreté du réacteur ne s’améliore pas.
  • Japon : Reporters sans frontières fait une conférence de presse en soutien à trois journalistes freelance qui se sont vu interdire l’accès aux zones de manifestations antinucléaires qui se poursuivent devant le parlement à Tokyo. Le 31 octobre 2012, les trois journalistes ont déposé un recours devant la cour régionale de Tokyo pour pouvoir accéder librement au centre de presse qui se trouve dans un bâtiment situé juste en face de la résidence du premier ministre. Reporters sans frontière demande au gouvernement de légiférer pour que le Japon protège mieux la liberté de travail de ses journalistes.
  • Japon : il y a 18 000 naissances par an dans la préfecture de Fukushima. Les autorités proposent aux mères d’analyser gratuitement le lait maternel. Sur 703 mères qui se sont inquiétées d’une possible contamination, 378 ont fait faire ce test. Aucune n’a de lait contaminé (limite de détection 2 bq/l ce qui est très bas).

7 novembre

  • Japon : Tepco annonce que le coût de Fukushima pourrait s’élever à 100 milliards d’euros soit le double de l’estimation précédente. A Tchernobyl, 25 ans après, on en est à plus de 1000 milliards… à comparer avec le coût de construction d’un réacteur : environ 5 milliards. Ces deux seuls accidents vont au moins doubler le prix mondial du nucléaire !
  • Japon : au lieu de prendre la décision d’arrêter les réacteurs d’Ohi, la NRA décide… de revenir visiter le site. Le géologue Mitsuhisa Watanabe estime que l’on reproduit ce qui a conduit à Fukushima : « on doit arrêter d’abord et vérifier ensuite et non l’inverse ».
  • Japon : les autorités ont contacté par courriel 5378 familles qui ont quitté la préfecture de Fukushima pour leur demander si elles envisageaient de rentrer. 3426 (63,7 %) ont répondu : 11 % veulent rentrer, 42 % ne savent pas, 47 % ne veulent pas rentrer. Les causes de refus pour ce retour : la peur des radiations (81 %), les risques de nouvel accident à la centrale (70 %), l’état de contamination de leur ancien logement (68 %).

8 novembre

  • France : le remplacement des pièces en béton défectueuses (45 consoles sur lesquelles doit s’appuyer le pont mobile destiné à manipuler le combustible) de l’EPR à Flamanville (Manche) est en voie d’achèvement selon EDF. Le chantier du béton stoppé depuis un an pourrait reprendre dès janvier ou février 2013. EDF prévoit toujours un démarrage pour 2016 malgré ce retard, soit toujours quatre ans de retard pour un coût qui a déjà doublé.
  • Ukraine : une étude épidémiologique portant sur 110 645 liquidateurs de Tchernobyl montre une augmentation significative des leucémies.
  • Japon : le ministère des sciences et technologies confirme les accusations des associations concernant les mesures données par les 675 balises placées dans sept préfectures autour de Fukushima : il reconnaît que les résultats sont souvent minorés, notamment parce que les zones autour sont mieux nettoyées. Il promet de mettre fin aux distorsions.
  • Etats-Unis : publication d’une méga-étude sur les conséquences de la radioactivité naturelle sur la santé : il en ressort une nouvelle fois qu’une exposition, même à faible dose, à la radioactivité a toujours des conséquences négatives. Ceci contredit ceux qui affirment que la radioactivité artificielle n’est pas très grave quand elle reste de l’ordre de grandeur de la radioactivité naturelle.

9 novembre

  • Japon : le rapporteur spécial sur le droit à la santé du Conseil des droits humains de l’ONU annonce sa visite au Japon du 15 au 26 novembre 2012. Cette visite est la conséquence de la plainte déposée par l’avocat Toshio Yanagihara au nom de parents d’enfants qui vivent dans la région de Fukushima et qui exige que le gouvernement procède à leur évacuation. Plusieurs associations soutiennent la démarche ainsi que le maire de la commune de Futaba, commune voisine de celle où se trouvent les réacteurs accidentés. L’avocat a apporté des mesures réalisées par exemple au niveau des arrêts de bus où les enfants attendent le bus scolaire. Ces mesures indiquent des taux pouvant aller jusqu’à 27 microSv/h ce qui sur l’année correspond à une dose de 237 milliSv… des taux supérieurs à la limite adoptée pour la zone d’évacuation de Tchernobyl par le gouvernement ukrainien.
  • Japon : la Japan Energy Agency annonce commencer une exploration du sous-sol sous le réacteur de Monju. Ce surgénérateur est en panne depuis 1995, mais les pronucléaires espèrent encore le redémarrer un jour.
  • Etats-Unis : interrogé par l’AFP, James Williams, analyste au cabinet de conseil en énergie WTRG economics, estime que l’ouragan Sandy contribue à mettre un frein à la relance du nucléaire dans le pays… programme qui était déjà plus ou moins en veille du fait de l’accident de Fukushima, mais aussi de la baisse du prix du gaz du fait de l’exploitation massive des gaz de schistes. L’ouragan a montré la faiblesse des lignes électriques aériennes ce qui pousse à aller vers des centrales plus petites pour éviter d’avoir des trajets trop longs et donc des coupures de courant géantes.
  • France : Pierre-Franck Chevet, actuel directeur de l’énergie et du climat au ministère de l’écologie est nommé par décret président de l’Autorité de sûreté nucléaire. André-Claude Lacoste part à la retraite.

10 novembre

  • France : nomination du comité de pilotage pour le débat sur l’énergie : Bruno Rebelle, ancien directeur de Greenpeace, proche conseiller énergie de François Hollande, Jean Jouzel, membre du GIEC, groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Laurence Tubiana, directrice de la chaire développement durable de Sciences po… et Anne Lauvergeon, ancienne président du directoire d’Areva, administratrice de Total et de GDF-Suez, Pascal Colombani, ancien administrateur du Commissariat à l’énergie atomique, président du conseil de surveillance d’Areva, membre des conseils d’administration de Framatome et d’EDF. Donc deux pronucléaires absolus sur cinq, ce qui augure mal de la suite.
  • Allemagne : selon le bilan de l’Organisation fédérale de l’économie de l’énergie, l’Allemagne a battu son record d’exportation d’électricité lors des trois premiers trimestres 2012, ceci seulement un an après avoir arrêté sept de ses 16 réacteurs : 12,3 TWh (ancien record en 2010 avec 8,8 TWh). Pourquoi ce succès à l’exportation : parce que le nucléaire a été complètement remplacé en moins de deux ans par des énergies renouvelables et que les éoliennes tirent les prix de l’électricité vers le bas ! Le même communiqué annonce qu’en neuf mois, les capacités photoélectriques en Allemagne ont augmenté de 50 %, l’éolien de 8 % et que les renouvelables fournissent maintenant plus de 25 % de l’électricité du pays.
  • Japon : une étude de l’université de Tsukuba publiée dans Geophysical Research Letters montre que six mois après l’accident de Fukushima, 60 % du césium 137 était concentré en haut des arbres. Les aiguilles de conifères sont des concentrateurs de radioactivité et constituent un risque de contamination à retardement quand elles tombent au sol. Première recommandation des chercheurs : éviter de brûler du bois des forêts dans un rayon de 200 km autour de la centrale !
  • Japon : selon The Economist le gouvernement ne sait pas trop quelle position prendre concernant le démarrage ou non du centre de retraitement des déchets de Rokkasho. Cette usine, jumelle de celle de La Hague, n’arrive pas à démarrer depuis des années. Elle a déjà coûté 22 milliards d’euros. Si on se place dans une optique de sortie du nucléaire, il ne sert à rien de la démarrer. Mais alors que faire des déchets accumulés sur le site, déchets qui contiennent neuf tonnes de plutonium ? Si on fait le choix de les extraire, c’est soit que l’on se place dans l’idée d’une relance du nucléaire par la surgénération soit que l’on se lance dans la production de l’arme nucléaire… ce que certains à droite envisagent.

11 novembre

  • Japon : nouvelle manifestation antinucléaire dans les rues de Tokyo. Les autorités ayant refusé de prêter le parc central d’Hibiya, la manifestation s’est tenue dans la rue. Le quotidien Asahi annonce 7000 manifestants selon la police alors que le quotidien Maïnichi parle de 100 000 manifestants selon les organisateurs ! Un écart difficilement compréhensible. Ce qui est sûr c’est que la manifestation avait été interdite, qu’elle s’est passée sous des trombes d’eau et que les manifestants étaient maintenus sur les trottoirs par une armée de policiers sur de très grandes distances, rendant le comptage quasi-impossible.
  • France : décret de création officiel d’Irer à Cadarache (Bouches-du-Rhône). Ce projet qui vise à essayer de produire plus d’énergie qu’il n’en consomme est prévu pour fonctionner quelques centaines de secondes (évidemment, on ne compte pas l’énergie de la construction)… pour un coût annoncé de 14 milliards d’euros. Ce n’est pas encore la crise pour tout le monde ! Dans les années 1950, on annonçait que cette technique pourrait être développée d’ici l’an 2000. Aujourd’hui, on parle de 2070 et pendant ce temps des centaines d’ingénieurs et de militaires continuent à gaspiller l’argent public.

13 novembre

  • Japon : reportage sur Rue89 sur ce que mangent les Japonais. Dans la région de Nihonmatsu, à 50 km de la centrale accidentée, les mesures faites sur les légumes montrent que malgré la pollution effective des sols, la plupart des aliments restent peu contaminés : les coopératives ont fixé elles-mêmes un seuil à 20 bq/kg (cinq fois moins que la limite officielle) et constatent que seuls le riz et les champignons sont au-dessus de ce seuil. Certaines coopératives bio qui avaient annoncé un temps garantir un taux de radioactivité nul ont dû y renoncer et indiquent maintenant sur les étiquettes le taux de césium. Concernant la pêche, par contre, les produits de la mer restent fortement contaminés : 80 % de la pollution qui sort de la centrale retombe en mer du fait des vents dominants.
  • Japon : alors qu’elle n’a pratiquement pas parlé de la manifestation du 11 novembre, la chaîne de télé NHK passe un reportage sur les opérations de décontamination, maintenant le mythe d’un possible retour à la normale. Elle ne précise pas que le prix est exorbitant pour un résultat d’autant plus médiocre que les pluies ramènent sans cesse du césium qui s’échappe toujours de la centrale de Fukushima. Le reportage montre toutefois quelque chose d’important : même nettoyés à grande eau, les arbres autour des maisons restent irradiés.
  • Japon : Le gouvernement présente une nouvelle machine expérimentale capable d’incinérer des déchets organiques contaminés avec « retraitement des fumées ». Nouvelle poudre aux yeux : la radioactivité ne disparaît pas par incinération.
  • Japon : l’autorité de sûreté NRA annonce qu’elle va procéder au creusement de trois tranchées pour étudier la faille géologique située sous le réacteur d’Ohi. Ces tranchées vont couper des routes pouvant servir à l’évacuation en cas d’accident, mais la NRA ne demande pas pour autant l’arrêt des réacteurs ! A noter que les travaux sont confiés à Kepco, la compagnie qui gère la centrale ! Comme mélange des genres, on ne fait pas mieux.

14 novembre

  • Etats-Unis : si les trois réacteurs arrêtés par le passage de l’ouragan Sandy ont pu redémarrer après rétablissement des lignes à haute tension, la centrale d’Oyster Creek, à l’arrêt au moment du passage de l’ouragan et envahie par les eaux, n’a pas été autorisée à redémarrer. Les autorités de sûreté veulent avant comprendre ce qui s’est passé, notamment pourquoi des éléments importants de la centrale ont été noyés. En clair : si la centrale avait été en fonctionnement au moment de l’inondation, cela aurait pu être grave.

15 novembre

  • France : Areva annonce le lancement d’une nouvelle usine au Havre : une usine d’éoliennes qui vise le marché britannique. Areva espère y construire 100 éoliennes de 5 MW d’ici 2020.
  • France : l’action d’EDF est au plus bas (-21 % depuis le début de l’année). Les analystes estiment que le risque de l’envolée des coûts du démantèlement des réacteurs inspire la méfiance des investisseurs.
  • Japon : Tepco espère pouvoir redémarrer le réacteur n°1 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa d’ici avril 2013. Cette centrale qui compte 8 réacteurs, est à l’arrêt depuis 2007 où un précédent séisme avait endommagé les réacteurs.
  • Japon : Tepco annonce la construction d’une couverture sur le réacteur n°3 pour limiter les effluents gazeux… pour ceux qui auraient des doutes sur le fait que la radioactivité continue à sortir… et pour que les ouvriers puissent travailler sur le réacteur, cette enceinte sera ventilée après filtration.

16 novembre

  • Suisse : les Verts déposent une initiative pour voter sur la sortie du nucléaire qui fixerait un âge limite aux réacteurs de 45 ans… ce qui oblige de fait la Suisse à sortir du nucléaire avant 2029.
  • France : Greenpeace, le Réseau Sortir du nucléaire, les Amis de la Terre annoncent leur retrait du débat sur l’énergie.
  • Japon : le premier ministre annonce la dissolution de l’assemblée et des élections anticipées qui auront lieu le 16 décembre. Si l’opposition de droite reprend le pouvoir (comme l’indiquent pour le moment les sondages), elle s’engage a redémarrer les réacteurs. L’avenir du nucléaire va être un des thèmes forts de la campagne électorale.
  • Japon : l’agence spatiale nippone Jaxa a mis au point avec Mitsubichi, une caméra capable de mesurer en temps réel le rayonnement gamma et donc de donner une « image » de la radioactivité. Elle peut détecter une source radioactive à 30 m. Mitsubichi a présenté des engins de chantier conçus en tungstène qui permettent de diminuer de 50 % l’exposition aux radiations sur le chantier de Fukushima. Comme la guerre, un accident nucléaire est source d’innovations !

18 novembre

  • Japon : les autorités de la préfecture de Fukushima annoncent la détection d’un deuxième cas de cancer de la thyroïde chez une fille de moins de 18 ans.
  • Japon : le ministère de l’environnement alerte sur la contamination des poissons d’eau douce. Une truite pêchée dans la rivière Niida, qui descend d’une montagne dans la région de Fukushima, présente un taux de césium de 11 400 bq/kg (114 fois la limite légale). D’autres cas ont été mesurés sur des poissons d’autres rivières de la région.
  • Japon : manifestation à Osaka contre un projet d’incinération de déchets radioactifs provenant de Fukushima dans la région. Les antinucléaires demandent que l’ensemble des déchets soient stockés dans la zone interdite et non incinérés alors que le gouvernement, au contraire, cherche à brûler des déchets dans tout le pays au nom de la « solidarité face à la radioactivité ». Un camp permanent de protestation a été installé devant la mairie et Yamamoto Toru, acteur célèbre dans le pays, a pris la parole pour dénoncer cette hérésie. Selon le gouvernement, il y a déjà 87 800 tonnes de boues de station d’épuration et de cendres d’incinérateur radioactives (+ de 8000 bq/kg) dont on ne sait que faire dont 70 000 proviennent de la seule province de Fukushima.

19 novembre

  • France : Pascal Colombani, ancien directeur du CEA, annonce ne pas vouloir être dans le comité de pilotage sur la transition énergétique… officiellement par manque de temps. Greenpeace annonce qu’il ne change pas de position, le projet de Notre-Dame-des-Landes étant par exemple exclu du débat.
  • Roumanie : la capacité des installations solaires du pays devrait dépasser la puissance de la seule centrale nucléaire du pays (1300 MW) dès 2016.
  • Japon : les suivis de doses sur les personnes non évacuées mais qui vivent assez proches de la centrale ont déjà permis de repérer 120 personnes qui ont reçu des doses supérieures à 10 mSv (dix fois la dose limite annuelle).

20 novembre

  • Japon : le ministère de l’environnement publie les doses cumulées enregistrées par les balises situées au-delà des 20 km évacués. Ces chiffres ‒ que l’on sait inférieurs à la réalité ‒ montrent que la radioactivité ne s’est pas arrêtée à la frontière de la zone évacuée et que certaines taches sont même vraiment inquiétantes.
  • Japon : des associations, au nom du libre accès aux documents administratifs, ont obtenu l’intégralité des débats du groupe d’experts chargé de gérer la crise après l’accident. Le quotidien Maïnichi publie des extraits censurés à l’époque. On y apprend par exemple que les experts refusent de tester l’urine des 24 000 habitants de Namié, Iitaté, Yamakiya et Kawamata… parce que le test est trop sensible. L’Acro qui reprend l’info en France, rappelle que lorsqu’elle a réalisé ces tests sur des urines d’enfants de la région, la contamination était systématique.
  • Japon : le gouvernement lance une étude sur la thyroïde visant à comparer les mesures faites à Fukushima (40 % d’enfants avec des nodules ou des kystes) avec trois autres régions témoin : deux éloignées de l’accident et la dernière à Nagasaki où les grands-parents ont été victimes de la bombe atomique (ce qui a peut-être des répercussions). Il s’agit d’estimer quel est le pourcentage « normal » et voir ce qu’il en est à Fukushima.
  • Japon : L’Expansion analyse les futures élections au Japon. Si le retour du PLD (la droite) au pouvoir est probable, et si ce parti est pour redémarrer les centrales nucléaires, il n’est pas sûr que cela change grand chose à la situation : les élus locaux ne changeront pas et ce sont eux qui pour le moment bloquent les procédures de redémarrage (en France, les élus locaux n’ont pas ce pouvoir !).

20 novembre

  • France-Allemagne : selon une étude réalisée par un institut indépendant allemand pour le compte du Ministère de l’environnement, si la centrale de Fessenheim était construite de l’autre côté du Rhin, donc en Allemagne, elle ne serait pas autorisée à fonctionner. La centrale est en effet déficiente sur au moins cinq points : elle ne résisterait pas à une inondation en cas de rupture du barrage amont ; les piscines de combustibles ne sont pas sûres ; en cas de panne, l’alimentation électrique n’est pas garantie ; elle ne résistera pas à un fort séisme alors que la vallée du Rhin correspond à une faille ; les systèmes de refroidissement ne sont pas corrects. L’étude fait grand bruit en Allemagne, pas en France.

21 novembre

  • Japon : le réacteur n°5 de la centrale d’Hamaoka, arrêtée en urgence en mai 2011 risque de ne jamais pouvoir démarrer. Une fuite a laissé pénétrer plusieurs centaines de m3 d’eau de mer et le cœur du réacteur a été atteint. L’exploitant, Chubu Electric, annonce ce jour que l’eau de mer a provoqué de la rouille sur des pièces non réparables. Le réacteur avait été mis en marche en 2005.
  • Japon : des champignons cueillis à 350 km de Fukushima présentent des taux trop élevés de césium pour être commercialisés.
  • Japon : le Ministère de l’environnement publie des données de contamination de la baie de Tokyo. Du fait du déversement de rivières chargées de radioactivité, les taux de radioactivité augmentent régulièrement.
  • France : l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, publie un document sur les mesures à prendre en cas d’accident nucléaire. Le scénario n’envisage pas d’émissions radioactives de plus de 24h… alors que cela dure depuis 20 mois à Fukushima ! L’ASN indique que les accidents de plus grande ampleur seront examinés ultérieurement. Les schémas montrent aussi qu’une simulation avec un vent qui se déplace de manière parfaitement rectiligne. Seul petit « progrès » (dans la préparation du pire) : il est envisagé que les zones contaminées puissent être au-delà des 10 km pris en compte par les actuels PPI, plans particuliers d’intervention.

22 novembre

  • Japon : selon l’accord passé entre le gouvernement et TEPCO, seuls 904 travailleurs (sur les 24 118 officiels) soit 3,7 % sont susceptibles de demander un suivi médical gratuit pour les doses radioactives reçues : ce sont ceux qui ont dépassé 50 millisieverts entre mars et décembre 2011 et qui ne sont pas salariés de TEPCO (donc sous-traitants). Seuls deux salariés de TEPCO dépassent cette dose et font l’objet de soins directement par TEPCO. Evidemment, ceci s’appuie sur les doses enregistrées par les dosimètres, en se rappelant que de nombreux ouvriers les oublient, les masquent, en ont deux… en espérant rester plus longtemps et continuer à gagner de l’argent.
  • France : dans son premier entretien avec la presse, le nouveau président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet explique que si Fessenheim est arrêté en 2016, il est tout à fait possible de remettre les réacteurs en route en 2017 en cas de changement de gouvernement.
  • France : c’est officiel, il n’y aura pas de procès sur les conséquences de Tchernobyl. Les malades de la thyroïde voient leur plainte aboutir à un non-lieu.

25 novembre

  • Japon : Yukiko Kada, gouverneure de la préfecture de Shiga (près de Kyoto), actuellement au Parti social-démocrate, annonce son intention de créer un parti antinucléaire qui se présentera aux prochaines élections.

26 novembre

  • Chine : le vice-président du bureau national à l’énergie Liu Qi annonce que l’éolien devient la troisième source d’énergie du pays (après le charbon et l’hydraulique) et devance désormais le nucléaire.
  • Japon : une panne dans une centrale thermique de la région de Tokyo provoque un risque de coupure dans la capitale. Selon TEPCO, les centrales thermiques restantes ont dû tourner à 97 % de leur capacité pour éviter la panne générale.
  • Japon : le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à la santé, Anand Grover, en visite au Japon, a demandé aux dirigeants du pays d’être plus à l’écoute des riverains et moins des experts. Il a insisté sur la nécessité de revoir à la baisse des seuils d’exposition des riverains, actuellement fixés à 20 millisieverts par an, soit quatre fois plus que la norme à Tchernobyl.

28 novembre

  • Japon : le nucléaire devient un sujet central dans la campagne électorale. Le PDJ, parti démocrate du Japon (centre gauche), actuellement au pouvoir, a confirmé sa volonté de sortir du nucléaire d’ici trente ans, de ne redémarrer que le minimum de réacteurs en attendant et de mobiliser les moyens disponibles pour éviter au maximum le recours au nucléaire. Le PDJ est donné perdant pour le moment. Le PLD, parti libéral-démocrate (droite) qui est donné gagnant a une position plus floue : il s’engage à prendre une décision dans les trois ans sur la relance ou non des réacteurs. 
  • Japon : deux des quatre livres d’enquête publiés sur l’accident de Fukushima sont classés dans les meilleures ventes de livre de l’année. L’un a dépassé les 100 000 ventes, ce qui inédit pour un livre très technique.
  • Japon : annonce de la création du Parti pour l’avenir du Japon, regroupement de petits partis, tous antinucléaires. Ce parti est dirigée par Yukiko Kada, gouverneure de la préfecture de Shiga qui a récemment bloqué les demandes de redémarrage de deux réacteurs sur son territoire, avec le soutien de Ichiro Ozawa, un ancien responsable du Parti démocrate (centre gauche) qui avait fondé le parti Le peuple est prioritaire ; le soutien de Ryuichi Sakamoto, musicien célèbre qui a organisé de nombreuses manifestations antinucléaires.
  • Japon : le gouverneur de Fukushima a donné son feu vert pour lancer des études sur le stockage des déchets radioactifs dans la zone des 20 km évacués. C’est ce que demandaient les antinucléaires afin d’éviter la dispersion des produits radioactifs. 

29 novembre

  • Japon : Tepco a envoyé un robot pour mesurer la radioactivité au rez-de-chaussée du réacteur n°3. Les valeurs mesurées (4780 mSv/h) sont trois fois plus élevées que les mesures faites un an plus tôt le 14 novembre 2011. Concrètement, cela signifie que des réactions nucléaires se poursuivent à un haut niveau, que le cœur du réacteur est à l’air libre et que la radioactivité s’en échappe en grande quantité. Avec un tel taux de radioactivité, une exposition de 3 h pour un ouvrier est immédiatement mortelle. Sachant que les robots ne peuvent faire que des opérations simples, qu’il est impossible de pénétrer dans le réacteur, que celui-ci se fragilise de jour en jour, le pire peut encore arriver. 
  • Japon : Tepco rend publics des enregistrements vidéos des premiers jours de l’accident. 336 heures d’enregistrement parmi lesquelles des scènes de grands désordres comme le directeur cherchant des renforts chez les pompiers pour arroser le réacteur n°3 et les piscines du n°4 : « Si ça explose, nous allons tous mourir » « tous les travailleurs approchent les 200 mSv, je ne peux pas les renvoyer pour connecter des câbles avec un tel niveau de radiations »… 

30 novembre

  • France : ouverture du débat sur l’énergie. Le ministère de l’environnement distribue en préalable des tableaux synthétiques aux médias comme celui de la « facture énergétique française » en milliards d’euros (61 milliards en 2011) : on y trouve le coût énorme du pétrole, moyen du gaz, la disparition du charbon dans les années 1980… et c’est tout : le nucléaire c’est gratuit ! Alors que l’on importe pourtant 100 % de notre uranium ! Que ce soit le PS ou l’UMP au gouvernement, les mensonges sont les mêmes.
  • France-Japon : en tournée européenne, Kazuhiko Kobayashi, 66 ans, qui collecte des fonds pour ouvrir une clinique privée au Japon, fait une conférence au parlement européen : il dénonce le fait que seuls les plus riches ont pu quitter la région de Fukushima, que des médecins corrompus mentent à la population. Il dénonce la poursuite de l’agriculture dans les zones contaminés avec un système mafieux qui transporte ensuite la production chez des grossistes du sud du pays qui réétiquettent les produits. Il dénonce le non-suivi médical des sous-traitants dont certains, envoyés dans des zones très radioactives, ne restent que 15 minutes sur le site, sans aucun suivi médical ensuite. 
  • Belgique : Electrabel rend ses rapports concernant les microfissures de Doel 3 et Tihange 2. L’autorité de sûreté nucléaire AFCN va maintenant soumettre ce dossier à des experts internationaux. Au mieux, les réacteurs pourraient redémarrer en février 2013.