Fukushima, mars 2012

1er mars

  • « Il est tout à fait probable que nul réacteur nucléaire ne sera remis en marche même cet été », a déclaré au parlement Yukio Edano, ministre japonais de l’Economie, du commerce et de l’industrie.
  • Areva annonce une perte historique de 2,4 milliards (pour un chiffre d’affaires de 9 milliards). C’est la plus grosse perte réalisée par cette entreprise.
  • Le bétonnage du bâtiment réacteur sur le chantier de l’EPR à Flamanville est arrêté à la demande d’EDF qui s’inquiète de la solidité de la corniche à la suite de la découverte de nouveaux défauts dans le béton. EDF craint que cette corniche ne supporte pas le poids du principal pont roulant situé au-dessus du cœur du réacteur. L’effondrement d’un tel pont roulant pourrait endommager le couvercle du cœur du réacteur et bloquer l’entrée des barres de contrôle rendant le contrôle de la réaction nucléaire impossible. Ce pont roulant qui devait être installé pendant l’été 2012 le sera… d’ici fin 2012.
  • Le ministère de l’agriculture japonais autorise 12 communes proches de Fukushima à replanter du riz pour l’année prochaine… mais pour quoi faire ? 84 % des récoltes de cette année dépassent les limites actuelles de 500 bq/kg… alors que les nouvelles normes pour cette récolte seront de 100 bq/kg et donc ces riz ne seront pas commercialisables ! Actuellement, 6800 tonnes de riz contaminés sont stockées par le gouvernement, récolté dans huit régions différentes. Les exportations de nourriture depuis le Japon ont baissé de 7,4 % en 2011 (principalement à destination de la Chine et de la Corée du Sud). Les associations de consommateurs, échaudées par les multiples fraudes, appellent toutes à se méfier des aliments provenant de la préfecture de Fukushima.

2 mars

  • Le gouvernement japonais va acheter 51 % des actions de Tepco pour en empêcher la faillite. Le coût des conséquences de l’accident est déjà estimé à plus de 250 milliards d’euros, alors que Tepco ne possède évidemment pas cette somme.
  • 200 000 m3 d’eau contaminée sont sur le site de Fukushima : 40 000 m3 dans les bâtiments et 160 000 dans des citernes de stockage provisoire. Aucun système de « nettoyage » de cette eau n’a fonctionné correctement et le recyclage ne fait qu’augmenter la radioactivité de l’eau qui réinjectée dans les bâtiments rend invisitables de plus en plus de parties des réacteurs.
  • Tepco annonce que 12 des 59 thermomètres en fonctionnement dans le réacteur n°2 sont considérés comme défaillants. Ces thermomètres sont là depuis la construction, dans des emplacements où il n’est pas possible de les remplacer en cas de panne. Il y a donc des doutes sérieux sur la réalité de ce qui se passe dans le cœur, alors qu’un thermomètre indique toujours des températures supérieures à 400°C. Tepco annonce faire des études pour trouver comment mettre en place des thermomètres au sein du réacteur accidenté pour avoir des données plus fiables.
  • Un rapport est publié par la Cli, Commission locale d’information, concernant l’exercice d’alerte autour du site de La Hague, réalisé le 8 décembre 2011. Si le bilan est jugé positif par l’Etat, le rapport s’inquiète toutefois de la multiplication des doubles vitrages qui fait que nombre de personnes affirment ne pas avoir entendu les sirènes. Une élue verte locale dénonce le fait que les services de l’Etat ont mis 40 minutes pour se connecter en audioconférence avec Areva et l’ASN. Elle dénonce aussi la totale absence de prise en compte de la présence du tourisme, celui-ci étant soigneusement épargné lors des simulations d’accident pour ne pas les faire fuir.

3 mars

  • Le quotidien Ashahi publie un article pour montrer qu’il serait tout à fait possible de ne pas redémarrer les réacteurs nucléaires à l’arrêt actuellement dans l’attente de mises aux normes post-Fukushima.

5 mars

  • 42 actionnaires de Tepco attaquent en justice 27 dirigeants de la société pour leur demander 55 milliards d’euros d’indemnités suite aux pertes enregistrées depuis l’accident de Fukushima. Si ces actionnaires avaient été plus conséquents, cela ferait longtemps qu’ils auraient dû se plaindre car Tepco a déjà été condamné de multiples fois pour des opérations frauduleuses… mais jusqu’à maintenant cela n’avait pas de conséquences sur leurs finances ! Que les populations japonaises demandent ces milliards aux actionnaires !
  • Les reportages se succèdent au Japon montrant des milliers d’ouvriers nettoyant les immeubles et enlevant 5 cm de terre dans les zones interdites. La plupart des reportages s’interrogent sur le succès que cela peut avoir… car d’une part la radioactivité continue à retomber depuis la centrale, d’autre part, cette radioactivité ne se concentre pas partout de la même façon et les ouvriers n’ont aucun moyen de la mesurer.
  • L’ancien préfet de Fukushima, Eisaku Sato, qui a exercé de 1988 à 2006, dans une conférence de presse à Paris, à l’invitation d’Europe-Ecologie-Les Verts, a raconté comment pendant des années il a subi des pressions de Tepco. Il rappelle qu’au Japon, le préfet est un élu (comme un président de conseil général chez nous), qu’il était un fervent pro-nucléaire, mais qu’en 1999, un accident mortel dans un réacteur a ébranlé ses certitudes. En 2006, un scandale éclate au sein de Tepco après la découverte de faux rapports aux autorités de sûreté, masquant la découverte de fissures dans les cuves des réacteurs. Il dénonce alors la complicité entre les autorités de l’Etat et la compagnie d’électricité… Ce qui entraîne une cabale contre lui et le pousse à la démission. Il dit ne pas avoir beaucoup d’écoute au Japon car, comme en France, la presse dépend beaucoup de la publicité des compagnies d’électricité.
  • Depuis août 2011, des villageois de la région indienne de Kundankulam (extrême-sud de l’Inde) se relaient pour bloquer les voies d’accès au site envisagé pour la construction d’une centrale nucléaire d’origine russe dont le chantier devait commencer en décembre 2011. Ce jour, un militant allemand venu leur rendre visite a été expulsé du pays, suspecté d’apporter une aide financière à la lutte. Les opposants au nucléaire ont raillé le premier ministre en lui rappelant combien lui est financé par les compagnies étrangères : que ce soit Areva qui essaie de placer ses EPR ou Monsonto ses OGM.
  • Au Québec, déjouant les systèmes de sécurité, quatre militants de Greenpeace ont réussi à entrer jusque dans le bureau du premier ministre, pendant qu’à l’extérieur une immense banderole demandait la fermeture du réacteur nucléaire Gentilly-2.

6 mars

  • Le réacteur n°2 de la centrale de Fessenheim redémarre… Le réacteur n°1 a été redémarré lui aussi il y a deux ans (le 24 mars 2010). Les deux fonctionnent dans l’illégalité : l’autorisation de prolongement d’exploitation n’a pas été délivrée pour cause d’insuffisance de résistance du radier (la dalle sur laquelle reposent les réacteurs), il y a des risques de pertes de refroidissement et une fragilité des installations de secours. Alors que l’ASN demande que des travaux soient faits avant toute nouvelle autorisation, EDF se place au-dessus des lois… avec la bénédiction du président de la République venu sur le site quelques jours plus tôt.
  • Europe-Ecologie-Les Verts rend public que les pastilles d’iode distribuées dans les communes de Midi-Pyrénées, autour de la centrale de Golfech, sont périmées… depuis 4 ans.

7 mars

  • L’Acro, laboratoire indépendant sur la radioactivité français, continue à effectuer des analyses à la demande d’associations japonaises. Elle publie ce jour de nouvelles données montrant que des enfants habitant jusqu’à 200 km de la centrale ont toujours des éléments radioactifs dans leurs urines, en quantité trop importante. Des analyses des poussières d’aspirateur montrent également un maintien de la pollution des sols : les poussières sont parfois si radioactives qu’elles entrent dans la catégorie des déchets radioactifs ! Ces poussières ont été prélevées jusqu’aux quartiers nord de Tokyo.
  • En Suisse, le tribunal administratif fédéral saisi par plusieurs organisations d’opposants à la centrale de Mühleberg, rend un avis n’autorisant pas le fonctionnement de la centrale au-delà du premier semestre 2013. La mise aux normes de la centrale qu’exige le tribunal pour 2013 semble impossible à réaliser.
  • Un train de déchets provenant des Pays-Bas arrive à l’usine de La Hague après avoir traversé la Belgique et la France. Les autorités ont menti sur les horaires et modifié plusieurs fois l’itinéraire pour éviter les manifestations des antinucléaires.
  • La course est lancée : après l’Autriche, c’est l’Ecosse qui annonce un objectif 100 % renouvelable d’ici 2020. Cela suppose la fermeture des deux seuls réacteurs nucléaires du pays. Le gouvernement écossais espère au passage gagner de l’autonomie politique vis-à-vis de Londres.

8 mars

  • Selon un article publié par La Tribune, le gouvernement japonais aurait publié de nouveaux chiffres sur la consommation d’électricité dans le pays : pendant un an, la baisse de consommation a atteint 6 % par mois ! Cela paraît peu vraisemblable puisque sur un an, cela ferait 50 % ! Les industriels ont vu le prix de l’électricité augmenter de 17 % ce qui aurait provoqué une délocalisation de nombreuses entreprises… et donc une chute de la consommation. Reste que pendant ce temps, les projets à base de renouvelables n’ont guère été développés. C’est principalement le recours aux centrales thermiques qui est utilisé lorsque la demande menace de dépasser une production privée de 52 réacteurs sur 54 aujourd’hui.
  • Le groupe des 15 eurodéputé(e)s Eureop-Ecologie-Les Verts publie une tribune dans Libération pour rappeler que sortir du nucléaire est possible et que c’est le souhait d’une grande majorité des Français.
  • Stéphane Hessel publie un appel en soutien à la chaîne humaine : « insurgeons-nous contre le nucléaire ».
  • Plusieurs organisations de jeunes (Fac verte, Jeunes écologistes, Solar génération…) lance un appel « Génération Fukushima » accusant ceux qui ont été actifs avant l’accident de Tchernobyl de leur laisser maintenant gérer les déchets et le démantèlement des réacteurs. Ils demandent de pouvoir faire d’autres choix, notamment en donnant la priorité aux démarches « négawatts ».
  • Le gouvernement japonais publie une nouvelle carte de contamination par le Césium. Elle ne change guère… et ne changera plus guère avant une trentaine d’années… si ce n’est en pire en cas de nouveaux rejets radioactifs importants des réacteurs accidentés. Il y a des zones agricoles trop contaminées jusqu’à plus de 250 km du site, particulièrement dans la direction sud-ouest.
  • Sur le site du NouvelObs , le sociologue Paul Jobin publie un long article sur les ouvriers disparus de Fukushima (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/374383-centrale-de-fukushima-que-sont-devenus-les-ouvriers-du-nucleaire.html). Il présente notamment les 8 niveaux de classement utilisés au Japon : 1, ce sont les dirigeants ; 2, ce sont les cadres des entreprises partenaires ; 3 et 4, ce sont les techniciens et ouvriers qualifiés employés sur la centrale ; de 5 à 8 ce sont les sous-traitants gérés par des boîtes d’intérim souvent aux mains de la pègre. Sur 14 000 personnes qui interviennent sur le site, 12 400 sont dans les catégories 5 à 8. Or ces catégories ne font l’objet d’aucun suivi radiologique et de santé. Très mal protégés, ces intérimaires sont remplacés au fur et à mesure qu’ils tombent malades. Ils n’apparaissent pas sur les statistiques de la sécurité sociale. Il relève que comme en France, il y a un problème générationnel : la plupart des personnes qui viennent parler dans les médias en faveur du nucléaire ont l’âge de la retraite.

9 mars

  • La pétition « Dix millions de citoyens pour dire adieu au nucléaire » lancée au Japon par Kenzaburo Oe et Satoshi Kamata lors du rassemblement de Tokyo du 19 septembre 2011, vient de franchir les 4 millions de signatures.
  • 20 minutes rappelle dans un dossier sur les conséquences de l’accident que les communications sur le nombre de personnes qui seront victimes de Tchernobyl ne repose que sur des spéculations car, à part pour les fortes doses, il faudra attendre de nombreuses années pour constater une évolution des maladies (au moins 5 ans pour les cancers de la thyroïde).
  • Asahi  publie les résultats de mesures faites sur 65 personnes vivant à Fukushima ville en avril 2011 : 50 d’entre eux présentent des taux d’iode radioactif trop important au niveau de la thyroïde. On se prépare donc à une catastrophe sanitaire.
  • Mainichi Japon publie des statistiques sur l’état de santé des populations qui vivent dans les zones proches des zones évacuées : on y constate une hausse de toutes les maladies. C’est trop tôt pour que cela soit provoqué par la radioactivité. C’est donc principalement l’angoisse qui explique cette montée des maladies.

10 mars

  • Le Figaro publie un tableau présentant la situation des réacteurs par rapport au risque d’inondation (données de l’ASN de 2001). Pour rappel, sont construites plus bas que les crues millénaires les centrales de Chinon (0,35 m), Gravelines (0,46), Belleville (0,5), Le Blayais (0,96) et Dampierre (1,77).
  • A Fessenheim, une manifestation réunit un millier de personnes devant la centrale. Les syndicats avaient appelé à une contre manifestation qui n’a réuni qu’une soixantaine de salariés (sur 770 salariés et 200 prestataires de services).
  • Le Parti socialiste répond par la négative à l’invitation qui lui a été faite de participer à la chaîne humaine pour la sortir du nucléaire dans la vallée du Rhône.

11 mars

  • Un an après l’accident, 70 % des Japonais sont pour l’abandon de l’énergie nucléaire. Dans son discours pour le premier anniversaire de l’accident, le premier ministre japonais Yoshihiko Noda, a promis d’intensifier ses efforts… pour convaincre les élus locaux d’accepter le redémarrage des réacteurs nucléaires ! Encore un grand démocrate !
  • Combien d’évacués un an après ? Les médias s’emmêlent les pinceaux entre les personnes évacuées suite au tremblement de terre, suite à l’accident nucléaire… et celles qui sont parties sans être évacuées par les autorités. Il y a 110 000 personnes évacuées par les autorités concernant l’accident nucléaire et 60 000 de plus du fait du tremblement de terre. Sur le nombre de personnes totales qui sont parties, par contre les estimations sont plus floues, mais c’est plus de 300 000 et cela continue tous les jours.

12 mars

  • Dans Le Monde , un article rappelle que Fukushima fait oublier un peu vite le drame de Tchernobyl. 26 ans après l’accident, 2 millions de personnes vivent toujours dans des zones fortement contaminées en Biélorussie. Dans cette zone, une grossesse sur deux est interrompue avant terme et malgré cela, le nombre de malformations augmente. Les habitants autour de Fukushima peuvent s’attendre au pire… 2 millions de Japonais vont devoir être suivis médicalement.
  • Le gouvernement japonais indique que ses importations de pétrole n’ont augmenté que de 4 % en un an. Sachant que le nucléaire fournissait 28 % de l’électricité du pays, cela confirme bien que l’essentiel de la sortie du nucléaire a été possible… simplement en économisant, car aucun projet d’envergure n’a vu le jour dans le domaine des énergies renouvelables.

13 mars

  • L’AIEA, organisme pronucléaire dépendant de l’ONU publie un rapport sur le vieillissement du parc nucléaire mondial. Rappelant que 80 % des réacteurs ont plus de 20 ans, 32 % plus de 30 ans, 5 % plus de 40 ans, l’AIEA affirme qu« il y a des inquiétudes concernant la capacité de cette flotte nucléaire vieillissante à remplir ces attentes ». L’AIEA exprime son doute sur la possibilité de maintenir les réacteurs anciens à des niveaux de sûreté suffisants… et se prononce pour la construction de nouveaux réacteurs.
  • Global Chance, groupe d’experts indépendants, avec Bernard Laponche, ancien du CEA, Benjamin Dessus, ancien d’EDF… publie une contre expertise sur le rapport Energie 2050 remis il y a peu à Eric Besson. Selon eux, il s’agit d’un tour de passe-passe idéologique s’appuyant sur des biais méthodologiques indignes d’un scientifique. Premier oubli : le potentiel des économies d’énergie… sauf pour les discréditer ! Le nucléaire est classé dans les énergies primaires… ce qui occulte la place particulière de l’uranium que l’on importe à 100 %. Le rapport omet les engagements internationaux de la France (20 % de réduction de la consommation d’énergie en 2020). Bizarrement, cette contre-expertise n’a pas le même écho que le rapport.

14 mars

  • Nouvel important séisme dans le nord du Japon (magnitude 6,8). Les populations littorales de trois préfectures sont évacuées après une alerte au tsunami. Deux centrales nucléaires se trouvent dans le secteur : heureusement, elles sont à l’arrêt. Ces réacteurs, au nord de Fukushima avaient suscité bien des inquiétudes le 11 mars 2011.

15 mars

  • C’est seulement maintenant que l’on apprend que le 5 février, sur le site de l’usine Areva NC du Tricastin, le réseau d’eau incendie a été inopérant pendant trois heures à cause du gel. Le 14 février, après une inspection, l’ASN a demandé à Areva de faire des vérifications sur l’état des canalisations souterraines qui peuvent avoir été fissurées par le gel.
  • En mer du Nord, le parc éolien allemand au large de l’île de Borkum donne d’excellents résultats : les éoliennes d’une puissance de 5 MW ont fourni en 2011, 15 % de courant de plus que ce qui était envisagé. De 20 éoliennes, le parc va être étendu à 40 éoliennes (soit 200 MW) puis 120 d’ici 2014 (600 MW). Particularité de ces éoliennes géantes : elles sortent d’une usine allemande située à Bremerhaven et qui appartiennent à Areva Wind. En Allemagne, Areva a déjà fait sa reconversion !
  • Selon un sondage Ifop, les Français commencent à être moins opposés au nucléaire : les opposants totaux ne seraient plus que 19 % au lieu de 24 % au second semestre 2011, alors que les pronucléaires seraient 37 %. Dans le détail, ce sondage est manipulatoire car ce qui a légèrement baissé ce sont ceux qui sont pour une sortie immédiate du nucléaire… il faut y ajouter les 36 % qui sont pour en sortir progressivement. Un autre sondage réalisé pour le compte d’EDF montre lui saussi un affaiblissement des antinucléaires qui prouve que le matraquage publicitaire et des Sarkozy-Besson a un effet… mais ce sondage réalisé régulièrement depuis 1977, montre qu’en France les opposants au nucléaire ont toujours été majoritaires sauf entre 1982 et 1986.
  • Une délégation japonaise est en Bretagne pour rencontrer une couveuse d’activités qui travaille sur les possibilités de créer des éoliennes offshore flottantes (actuellement, les éoliennes en mer sont posées sur le fond). Le gouvernement japonais pourrait lancer un vaste programme de ce type d’éoliennes.
  • Des scientifiques (Michel Fernex, Yves Lenoir…) qui soutiennent l’association Les enfants de Tchernobyl rappellent des données sur Tchernobyl : ont été évacuées les zones dépassant 5mSv/an… et aujourd’hui, 80 % des enfants vivant dans des zones non évacuées à seulement 550 bq/m2 (soit 1000 fois moins que dans la zone évacuée) sont malades. Au Japon, pour le moment, les zones évacuées sont celles à plus de 2 microsieverts/heure soit environ 17 mSv/an. Soit des doses plus du triple qu’à Tchernobyl. Ils en concluent donc que dans les années à venir, la situation sanitaire au Japon va devenir dramatique.
  • A la veille de son arrivée au salon du livre de Paris, Kenzaburô Ôé, prix Nobel de littérature, très engagé dans la mobilisation antinucléaire au Japon, est interviewé dans Le Monde . Il explique son engagement ancien contre l’arme nucléaire et comment les médecins spécialisés d’Hiroshima ont tout de suite alerté sur les conséquences sanitaires que va avoir l’accident. Pour Kenzaburô Ôé, le drame est aussi dans le domaine politique : c’est la fragilité de la démocratie qui est rendu visible. Les mensonges succèdent aux mensonges et alors que la population demande la sortie du nucléaire, le gouvernement cherche par tous les moyens à relancer les réacteurs.
  • Le Figaro annonce que le Wall Street journal table sur la construction de 258 centrales électriques entre 2011 et 2015… et qu’elles seront toutes au gaz du fait de l’abondance des extractions de gaz de schiste. Titre de l’article : « Le gaz a tué le nucléaire aux USA ».

16 mars

  • L’UMP d’Alsace se démarque de Sarkozy : les élus de la droite locale qui avaient voté en 2011 une motion demandant le respect du délai de vie fixé à 30 ans, ont réaffirmé qu’il fallait fermer Fessenheim.
  • EDF annonce l’arrêt du chantier de l’EPR pour plusieurs mois, le temps de procéder à la réparation du béton défectueux en de nombreux endroits. Il s’agit de refaire les consoles sur lesquelles doit reposer le futur pont de manutention au dessus du cœur du réacteur.

18 mars

  • Nouveau sondage au Japon : 80 % des Japonais sont favorables au maintien à l’arrêt des réacteurs nucléaires et à la sortie du nucléaire.
  • The Yomiuri Shimbun annonce que l’institut pour la recherche océanographique de l’université de Tokyo a mesuré le césium 137 dans des échantillons de plancton marin depuis la côte jusqu’à 600 km. A 600 km à l’est du Japon, on dépasse encore les 500 bq/kg. Ces taux de césium vont ensuite se concentrer le long des chaînes alimentaires… et donc dans le poisson sur de très grandes distances.

19 mars

  • La ville d’Osaka, l’une des plus importantes du Japon, a demandé à sa compagnie électrique Kansai Electric Power Co de mettre un terme « aussi rapide que possible » au recours à l’énergie nucléaire.
  • Une enquête réalisée à Fukushima ville par les autorités auprès de 225 enfants ayant entre six et 11 ans, évacués de la région proche du réacteur, montre que 40 % ne comprennent rien à la pollution radioactive. Beaucoup n’ont qu’une compréhension très relative de la question. Seuls 7 % (surtout les plus âgés) connaissent les précautions à prendre quand on sort ou quand on choisit un aliment. Dans ce contexte, les autorités s’interrogent sur les risques que cela représente pour leur santé… puisque la plupart ne prennent aucune précaution particulière.
  • Le réacteur n°2 de Fessenheim remis en route le 6 mars est tombé en panne ce jour.
  • L’Allemagne publie un premier bilan après l’arrêt de 8 des 17 réacteurs en 2011 : l’augmentation du recours au charbon et à la lignite n’a augmenté que de 1,7 %. Le reste a été compensé par les renouvelables et les économies d’énergie. La poursuite de cette politique va non seulement permettre de fermer les derniers réacteurs nucléaires, mais l’Allemagne envisage également de fermer progressivement ses centrales au charbon, les plus polluantes pour les gaz à effet de serre.

20 mars

  • L’agence suisse des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (AEE) publie une étude sur les possibilités de sortir du nucléaire. Conclusion : « les énergies renouvelables peuvent sans problème remplacer les plus vieilles centrales ». Pour remplacer la centrale de Mühleberg, il suffit de 3m2 de panneaux photovoltaïques par habitant. Plutôt que d’investir dans la maintenance des réacteurs, le passage au renouvelables entraînerait une hausse du prix du courant négligeable.
  • Le gouvernement allemand donne les résultats de sa consommation en 2011 : malgré l’arrêt de 8 de ses 17 réacteurs, le recours au charbon et à la lignite n’augmente que de 1,7 %, le gaz et le pétrole sont stables. Globalement, les énergies fossiles ont couvert 58 % des besoins (contre 57 % un an avant), alors que le nucléaire est passé de 22,3 % à 17,6%. La différence provient des énergies renouvelables en progression de 20 % sur un an et par une baisse des exportations, l’Allemagne restant excédentaire. Enfin, la demande l’efficacité énergétique est aussi présente : la consommation d’électricité abaissé de 0,3 %. Si l’Allemagne construit actuellement des centrales au gaz (pour 10 GW), le gouvernement précise qu’elles ne sont pas destinées à remplacer les derniers réacteurs nucléaires, mais à remplacer les centrales thermiques les plus anciennes et les plus polluantes. La sortie du nucléaire ne remet donc pas en cause les engagements de l’Allemagne vis-à-vis des gaz à effet de serre : le pays non seulement sort du nucléaire, mais également progressivement du thermique.
  • Kenzaburo Oe, prix Nobel de littérature, a profité de son passage au salon du libre de Paris pour lancer un appel à la fermeture de tous les réacteurs du monde. 

21 mars

  • Le gouvernement britannique annonce la fin de la surveillance des troupeaux de moutons en Ecosse et pays de Galles, le taux de radioactivité en césium ayant suffisamment diminué aujourd’hui. Il s’agit des conséquences du passage du nuage radioactif de Tchernobyl, il y a 26 ans. Jusqu’alors 334 fermes élevant 250 000 bêtes étaient sous surveillance. Nous sommes là à plus de 2000 km du réacteur accidenté.
  •  Selon une communication de l’Elysée, le plafond d’indemnisation en cas d’accident nucléaire devrait passer de 91,5 à 700 millions d’euros. Au-delà de cette somme, c’est l’Etat, donc nous, qui paiera. Par comparaison, un accident comme AZF à Toulouse, en 2001, a coûté 1,5 milliard aux assurances. L’accident de Tchernobyl dépasse les 1000 milliards, celui de Fukushima dépasse déjà les 200 milliards. Donc en cas d’accident majeurs, nous sommes tous non seulement contaminés mais aussi ruinés.
  • A Kudankulam, en Inde, un chantier de centrale nucléaire lancé en 2002 en coopération avec les Russes avait été suspendu en octobre 2011, alors que l’on en était aux finitions (démarrage initialement prévu fin 2011). En mars 2012, sans que rien n’est été fait pour tenir compte de l’accident de Fukushima, le gouvernement indien a demandé aux entreprises russes de reprendre le chantier. Depuis de violents affrontements opposent les populations locales et les policiers, les premiers essayant de bloquer l’entrée du personnel sur le chantier. Des associations de journalistes ont protesté contre l’interdiction faite aux médias de se rendre sur place.

22 mars

  • Après les récents tremblements de terre de janvier 2012, des scientifiques japonais alertent les médias sur le risque au niveau du réacteur n°4 de Fukushima. Il s’agit cette fois des piscines de stockage du combustible (usagé ou non) qui se trouve actuellement en équilibre précaire au sommet d’un réacteur dont le bâtiment principal, éventré, est fragilisé. Si un tremblement de terre fait tomber une des piscines au sol, la situation serait incontrôlable et la radioactivité qui s’en échapperait serait sans commune mesure (en pire) avec ce qui s’est passé jusqu’à maintenant. Pour ces scientifiques, pour le coup, il faudrait évacuer Tokyo. Mais le pire est que pour sécuriser ces piscines, il faut pouvoir reconstruire un système d’extraction des barres de combustibles, puis les sortir une par une, puis les stocker ailleurs… et quoi que l’on fasse, cela va prendre des années !

25 mars

  • Un 53e réacteur (le dernier pour TEPCO) est mis à l’arrêt. Il n’en reste plus qu’un… qui devrait être fermé avant fin avril.
  • Selon TEPCO, une nouvelle mesure complète du réacteur n°2 par détection thermique indique qu’il n’y a pas de zones chaudes supérieures à 60°C dans le réacteur n°2. Ceci est censé mettre un terme aux débats provoqués par les données d’un thermomètre qui semblait annoncer une reprise d’activité. Les injections d’eau qui étaient monté jusqu’à 17 tonnes/heure le 12 février sont quand même encore de 9 tonnes/heure, ce qui reste bien supérieur à ce qui était injecté en janvier dernier. TEPCO a aussi découvert qu’il ne restait plus que 60 cm d’eau dans le cœur alors qu’il en faut 3 m, ce qui signifie qu’il y a toujours un évaporation intense… ou des fuites non détectées. Ou autre chose…

26 mars

  • Selon un sondage CSA commandé par Greenpeace, 88 % des sondés français s’estiment sous informés en matière de nucléaire, 80 % pensent que la France est trop dépendante du nucléaire et que l’on devrait diversifier les sources d’énergie, 54 % estiment que l’on peut se passer du nucléaire en développant les énergies renouvelables et les économies d’énergie (44 % contre, 12 % sans avis), 67 % estiment qu’un accident aussi grave que Fukushima est possible en France (74 % à gauche, 55 % à droite), 76 % estiment que le vieillissement des centrales augmente ce risque.
  • Un consortium regroupant Areva, GDF Suez et Vinci annonce vouloir lancer des parcs éoliens offshore gigantesques : 3 parcs de 125 éoliennes de 4,5 MW l’une au large de Dieppe, de Fécamp (Seine-Maritime) et de Courseulles-sur-Mer (Calvados). Au total, cela représente une puissance de 1700 MW… soit une production électrique attendu équivalente à celle d’un EPR. Prix annoncé : entre 7 et 9 milliards d’euros. L’ensemble serait construit au Havre.
  • • Les autorités internationales rendent publique un incident grave qui s’est passé le 9 février 2012 à la centrale de Gori en Corée du Sud : le gouvernement coréen a essayé de masquer l’incident : un arrêt incontrôlé du réacteur n°1 qui a été privé d’alimentation électrique pendant 12 minutes. Pendant ces 12 minutes sans contrôle, la température du cœur à l’arrêt a augmenté de 20°C. Le réacteur de 556 MW, datant de 1978, devait être arrêté en 2007, mais le gouvernement l’a autorisé à fonctionner dix ans de plus. Les médias coréens ont ironisés sur le fait que la demande de prolongation faite en 2007 s’appuyait sur la décision du Japon de poursuivre l’activité du réacteur n°1 de Fukushima !
  • Pour la troisième fois depuis qu’il est en campagne, Sarkozy visite une centrale nucléaire. Il faut croire qu’il y a vraiment urgence à défendre mordicus nos réacteurs !
  • Un sommet sur le nucléaire militaire se tient à Séoul (Corée du Sud). Celui-ci s’inquiète de la multiplication des sources d’uranium hautement enrichi et de plutonium qui circulent dans le monde, porte ouverte à la prolifération. François Fillon qui y représente la France n’a semble-t-il pas trop insisté sur le fait qu’aujourd’hui la technologie qui permet de faire de l’uranium hautement enrichi et de l’uranium enrichi pour les réacteurs nucléaires est la même et que vendre des réacteurs nucléaires, c’est indirectement donner accès à la bombe.
  • Le site spécialisé Enerzine donne les chiffres suivants : d’avril 2011 à janvier 2012, le nombre de demande de raccordement au réseau d’installation photovoltaïques au Japon a progressé de 140 % pour atteindre 215 178. Il s’agit d’installations sur des maisons individuelles. Par ailleurs, 30 centrales solaires plus importantes sont en projet pour une puissance de 140 MW. Enfin, le gouvernement japonais devrait mettre en place à partir de juillet 2012 des tarifs plus intéressant pour le rachat de l’électricité provenant des énergies renouvelables.

27 mars

  • TEPCO annonce avoir détecté une nouvelle fuite d’eau dans la mer avec notamment une pollution au strontium.
  • Le quotidien japonais Asahi publie de nouvelles mesures de radioactivité réalisées après décontamination dans des villes évacuées autour de Fukushima. Malgré des travaux importants de décontamination effectués dans le cadre d’un programme pilote lancé en novembre 2011, le résultat est très souvent décevant et de nombreuses mesures dépassent encore la limite maximale fixée à 20 millisieverts par an.
  • Le site http://fukushima.over-blog.fr se fait l’écho d’une polémique dans les médias japonais sur ce qui se passe dans le réacteur n°2 : s’il n’y a vraiment que 60 cm d’eau, il n’est pas normal qu’il n’y ait pas augmentation de la température… sauf si le cœur fondu (94 tonnes) se trouve ailleurs. Dans la piscine de récupération des liquides sous le réacteur ? Encore plus bas ?
  • La Banque européenne pour la reconstruction et le développement annonce la construction imminente d’un nouveau sarcophage à Tchernobyl. Il devrait être en place en 2015… soit 29 ans après l’accident… si le calendrier est respecté. L’actuel sarcophage laisse pour le moment passer d’importantes quantité de radioactivité. Les accidents nucléaires, on sait quand ça commence, pas quand on les termine…
  • 14 Indiens de la région de Kudankulam terminent un jeûne d’une semaine pour protester contre la répression qui frappe les antinucléaires locaux : plus de 500 personnes sont actuellement en prison. 7000 personnes ont de nouveau manifesté contre le démarrage de la centrale construite par les Russes et qui est en phase de démarrage après 14 ans de chantier.
  • Nouvelle fuite d’eau dans le réacteur n°1 de Fukushima : 120 tonnes se sont échappées. L’essentiel est resté dans des bassins de rétention, mais au moins 80 litres ont atteint la mer. Cette fuite a provoqué une importante montée de la radioactivité autour du réacteur n°1.

28 mars

  • Le gouvernement bulgare annonce l’annulation de la construction d’un deuxième réacteur dans le pays. Il avait été commandé à la Russie qui demande à toucher des indemnités.
  • le quotidien japonais Asahi publie les résultats d’une étude sur la radioactivité autour de Tchernobyl. Les chercheurs japonais interrogés s’inquiètent que 26 ans après l’accident, la végétation et les animaux continuent à présenter un haut taux de contamination au césium… et craignent, avec raison, que la situation à Fukushima dure aussi longtemps.
  • Polémique à Osaka (Japon) : le gouverneur reconnaît qu’avec 55 428 signatures validées (sur 62439 déposées), les comités de citoyens sont en mesure de demander un référendum sur la question nucléaire (on dépasse le 50e du corps électoral), mais il tergiverse en disant que cela n’aurait de sens que si l’on s’orientait vers l’adoption d’un nouveau programme nucléaire… alors que les autorités des différentes villes au contraire appuient une sortie du nucléaire.

29 mars

  • EON et RWE, deux compagnies électriques allemandes ont annoncé leur retrait de sociétés créées notamment avec Areva pour relancer le nucléaire en Grande-Bretagne.
  • L’Union européenne annonce la baisse des contrôles sur la nourriture importées du Japon du fait que « les autorités japonaises font leur travail correctement et efficacement ». Ils ne doivent pas lire la presse japonaise où les scandales alimentaires sont récurrents.
  • Pour la deuxième fois de suite, le conseil général du Vaucluse est perturbé par une action antinucléaire. Après un déploiement de banderole dans l’enceinte, cette fois-ci les élus ont eu la chance de pouvoir « sentir » la radioactivité, le Collectif antinucléaire de Vaucluse ayant placé autour du siège du Conseil général des fûts de déchets radioactifs parfumés au lisier de porc.

30 mars

  • Le premier ministre lituanien annonce qu’il vient de signer un accord pour la construction d’un réacteur nucléaire de 1300 MW… avec la firme japonaise Hitachi (qui fournit également TEPCO !). Travaux prévus à partir de 2015.
  • Le Japon adopte une loi très favorable à la filière géothermique. Situé sur la « ceinture de feu » du Pacifique, le potentiel du sous-sol est estimé à 23 000 MW soit de quoi produire autant qu’une vingtaine de réacteurs nucléaires.
  • AREVA poursuit sa diversification. Après l’éolien, elle lance une filière pour des petites centrales à biomasse.
  • Le site http://fukushima.over-blog.fr publie un article « Effacer Fukushima » qui démonte les différentes techniques utilisées pour minimiser ou oublier Fukushima. On y relève par exemple cette affirmation du 11 avril 2011 provenant de Thierry Charles, de l’IRSN : « Dans trois mois (…) les habitants pourront théoriquement revenir ». En théorie donc.

31 mars

  • Dans un entretien avec Mediapart, Mycle Schneider, consultant international sur l’énergie, remet les pendules à l’heure sur ce qui se passe à Fukushima : dans l’enceinte du réacteur n°2, le taux de radioactivité est actuellement de 73 sieverts par heure… soit plus de 600 000 fois les limites à respecter pour le public. Une radiation qui empêche toute entrée humaine… et donc, de fait les données communiquées par TEPCO ne sont que des spéculations. Il rappelle que l’une des menaces aujourd’hui est la chute d’une piscine de combustible, en particulier sur le réacteur n°4 : les doses de radioactivité sur place seraient telles que les ouvriers seraient mortellement irradiés en seulement une minute. Il rappelle que depuis l’accident, Fukushima a déjà eu 6 séismes dépassant le niveau 7, 96 de niveau 6 et que chacun d’eux fragilisent les structures.