Fukushima, janvier 2014

1er janvier 2014

  • Japon : TEPCO annonce que l’usine de traitement des eaux ALPS qui devait fonctionner en septembre 2012 ne fonctionnera pas, au mieux, avant avril 2014. Un site japonais a rendu public un document transmis par TEPCO au ministère de l’industrie : la station ALPS permet bien de précipiter la radioactivité sous forme solide… mais les boues qui sortent alors de la machine sont très radioactives et on ne sait pas quoi en faire. TEPCO cherche une autre technique… qui pour le moment n’existe pas.

2 janvier

  • Japon : selon la NRA, les dossiers reçus pour le redémarrage des réacteurs ne sont pas complets, négligeant encore les conséquences des séismes et de l’activité volcanique. Ceci signifie que les dossiers ne seront pas examinés avant qu’ils soient complétés et donc qu’aucun réacteur ne redémarrera dans les mois à venir.
  • Japon : TEPCO annonce avoir commencé à récolter les débris du réacteur n°3. Cela se fait uniquement avec des robots car ces débris présentent une radioactivité trop forte.

3 janvier

  • Japon : pour accélérer le retour des populations (qui lui coûte très cher), le gouvernement japonais vient d’avoir une super-idée : proposer à ceux qui ont perdu leur emploi de se former pour devenir intervenant sur le site de la centrale ! Pas sûr que cela intéresse beaucoup de monde.

4 janvier

  • Japon : TEPCO verse 714 euros par mois à chaque personne évacuée. Le quotidien Maïnichi rapporte que la mesure ne s’applique pas à d’anciens salariés de TEPCO, une centaine, qui ont dû quitter les lieux après avoir atteint la limite d’exposition à la radioactivité. Cela provoque des réactions très négatives des salariés de l’entreprise.

5 janvier

  • Japon : le quotidien Maïnichi a enquêté pour savoir ce qu’est devenue la nouvelle prime versée par TEPCO pour chaque salarié présent sur le site et distribuée depuis le mois de décembre (environ 70 euros par jour). Dans certaines entreprises, cette prime est bien apparue sur les fiches de paie, mais pas dans d’autres où ce sont les sous-traitants qui la gardent.

6 janvier

  • Japon : les médias japonais révèlent qu’un des huit ordinateurs de contrôle du surgénérateur de Monju a été piraté depuis la Corée du Sud. Rien de dangereux quand le réacteur est à l’arrêt comme actuellement, mais que ce serait-il passé s’il avait été en marche ?

7 janvier

  • France : Médiapart publie un article sur les fausses informations qui circulent sur l’accident de Fukushima dénonçant tout autant les infos lénifiantes d’un côté que celles catastrophistes de l’autre. L’article rappelle que les réacteurs, bien qu’ayant perdu beaucoup de leur puissance, continuent à produire de la chaleur de manière importante ce qui, avec le refroidissement par l’eau, entraine le maintien d’un panache de fumée radioactive, le panache du réacteur n°3 étant le plus dangereux car il relâche du plutonium. Pour le retour à la normale, il faudra attendre : TEPCO ne prévoit pas d’intervenir sur le cœur du réacteur n°3 avant dix ans.
  • Japon : le gouvernement japonais a limité la décontamination des terres uniquement aux zones comprises entre 20 et 50 mSv/an en espérant ainsi restreindre la zone évacuée. Cela représente quand même une surface de 1000 km2. S’il devait s’attaquer aux zones qui présentent une contamination supérieure à 1 mSv/an, limite d’exposition de la population avant l’accident, la surface à nettoyer serait de 13 000 km2.

8 janvier

  • Japon : TEPCO annonce en être à 132 assemblages évacués de la piscine du réacteur n°4. Alors que jusqu’à peu les conférences de presse pouvaient durer des heures, cette première conférence de presse de l’année ne dure que 12 minutes.

9 janvier

  • Japon : des scientifiques de l’Agence japonaise de l’énergie annoncent vouloir construire un réacteur nucléaire de petite taille pour y provoquer « sous contrôle » un accident avec fusion du cœur, ce qui, selon eux, permettrait de mieux comprendre ce qui se passe à Fukushima. Au risque de provoquer un réel nouvel accident ? Rappelons que ce sont des scientifiques qui, en faisant une expérience de criticité à Tchernobyl, ont provoqué l’accident majeur le 26 avril 1986.
  • Etats-Unis : une vidéo montrant des prises de mesure de radioactivité sur des plages près de San Francisco provoque un début de panique sur internet. Les autorités reconnaissent que fin décembre, des taux supérieurs de 5 à 14 fois la normale ont été mesurés sur ces plages… mais que cela n’a rien à voir avec la radioactivité de Fukushima.
  • Japon : la NRA et TEPCO annoncent la mise en place d’une étude pour essayer de limiter le rayonnement X dégagé par les cuves d’eau et les réacteurs accidentés, car cela est dangereux pour les ouvriers. Les doses actuelles de ce rayonnement sont au moins huit fois trop importantes. Ce rayonnement X provient d’une réaction entre l’eau radioactive et le fer des cuves et de certaines tuyauteries.
  • Japon : les médias révèlent que TEPCO n’a pas publié 140 mesures de strontium dans l’eau souterraine faites entre juin et novembre 2013 car elles sont considérées comme erronées. Les concentrations de strontium dépassaient les valeurs des émissions de radioactivité en béta total, ce qui est impossible. TEPCO s’engage à chercher d’où viennent les erreurs de mesure.
  • Japon : TEPCO après séparation en deux compagnies, une qui gère le chantier de la centrale, l’autre qui reprendrait seulement les activités d’électricité, envisage de changer de nom pour cette deuxième compagnie.
  • Japon : un lycéen de Kohriyama tweete « j’ai une leucémie aigüe ».

10 janvier

  • Japon : un audit financier sur TEPCO conclut que l’entreprise paie trop cher certaines prestations car elle ne fait pas d’appel d’offres assez larges. Dans certains cas, des marchés sont confiés à des entreprises sous-traitantes à des prix estimés 2 à 5 fois trop chers.
  • Japon : 2151 habitants de Naraha remettent au conseil municipal une pétition demandant un référendum sur le projet de stockage de déchets radioactifs sur la commune, ce qui est beaucoup plus que le minimum requis pour demander un tel référendum.
  • Japon : le gouvernement était au courant des relevés de strontium cachés par TEPCO, mais n’a rien dit pour ne pas alerter sur cette nouvelle pollution qui déborde maintenant largement du site accidenté.

11 janvier

  • France : séisme de magnitude 3,1 à proximité de Cherbourg. EDF affirme que la centrale de Flamanville est prévue pour résister à un séisme de 5,7. Il n’y a pas de normes pour le stockage des déchets près de l’usine Areva de la Hague.
  • Japon : la NRA met en route 400 nouvelles balises de surveillance autour de la centrale de Fukushima sur 12 communes dont certaines évacuées, preuve que l’on s’attend à devoir surveiller les émissions radioactives encore pendant longtemps.
  • Japon : les nouvelles mesures du sol communiquées par TEPCO montrent que les installations mises en place pour empêcher l’écoulement de l’eau contaminée dans la mer provoquent en fait un détournement des flots et une pollution qui entre en profondeur.
  • Japon : L’agence de recherche des coopératives de pêche annonce avoir pêché une dorade grise avec 12 400 Bq/kg en césium (124 fois la limite de consommation). Elle a été prise dans l’embouchure du fleuve Niidagawa, à 37 km à vol d’oiseau de la centrale le 17 novembre dernier. Si la mer est contaminée surtout à proximité de la centrale, malheureusement les poissons peuvent se déplacer sur de grandes distances.

12 janvier

  • Japon : l’industrie nucléaire a tenu son Forum pour l’emploi : le nombre d’étudiants qui se présentent pour travailler dans le nucléaire a été divisé par 5 depuis l’accident de mars 2011. Interrogés par la télévision publique NHK, les candidats actuels annoncent qu’ils veulent aider leur pays et savent qu’ils vont sûrement travailler dans le secteur du démantèlement. La question du renouvellement aussi bien des travailleurs que des cadres dans ce secteur est en train de devenir un problème grave.
  • Japon : TEPCO interrompt la traduction en anglais sur son site du suivi des travaux, ce qui de fait complique énormément la possibilité de savoir ce qui se passe.
  • Etats-Unis : un marin du porte avion USS Ronald-Reagan passe aux actualités télévisées. Il est en chaise roulante.

14 janvier

  • Japon : l’élection du gouverneur de Tokyo doit avoir lieu le 9 février prochain. Agé de 76 ans, M. Hosokawa, Premier ministre en 1993-1994, a annoncé sa candidature sur un programme clairement antinucléaire. Il a reçu le soutien de Junichiro Koizumi, également ancien premier ministre de 2001 à 2006. Le premier est de centre-gauche, le second de centre-droite.
  • Japon : le candidat du parti au pouvoir pour le poste de gouverneur de Tokyo, Yoïchi Masuzoé, s’est prononcé lui aussi contre l’énergie nucléaire, contrairement à la position officielle de son parti. Shinzo Abe, l’actuel premier ministre, qui officiellement soutient la relance du nucléaire, a appelé les différents candidats à ne pas se focaliser sur cette question. Mais ce sont les sondages qui incitent les candidats à prendre position : la très grande majorité des électeurs sont en effet pour l’arrêt définitif des réacteurs.
  • Japon : nouveau record de radioactivité dans la nappe souterraine proche, au puits 1-16 : 2,4 millions de becquerels par litre.
  • Japon : alors que des familles sont autorisées à aller en journée dans leurs maisons en zone contaminée, les autorités de Fukushima ont organisé un exercice d’alerte simulant un relâchement important de radioactivité en provenance de la centrale accidentée. Des véhicules ont sillonné la zone avec des haut-parleurs ; des messages ont été envoyés par courriel sur les téléphones portables, des appels ont été faits aux talkies-walkies distribués dans deux communes. Résultat : 26 des 36 habitations testées n’ont pas entendu l’alerte. Ce sont les talkies-walkies qui se sont avérés les plus efficaces.
  • Japon : des militants anti-nucléaires de Kyûshû ont célébré leur 1 000e jour d’occupation devant le siège de la compagnie Kyushu Electric à Fukuoka. Ils sont là de 10h à 17h en semaine, avec des banderoles.
  • Japon : un groupe de recherche privé (Kankyo Keizai Kenkyujo) a publié une étude sur le temps d’évacuation à prévoir autour de chaque centrale nucléaire, dans un rayon de 30 km, en tenant compte de la possibilité d’un séisme qui détruirait ou non les routes. Selon les scénarios étudiés, cela prend entre 12 heures et 6 jours. Il conclut que ce n’est pas satisfaisant : au bout de six jours, des personnes en zone radioactive peuvent déjà être dangereusement contaminées. Ils demandent que les plans de secours soient améliorés avant d’autoriser le redémarrage des réacteurs, ce qui, pour certaines centrales, nécessite d’augmenter les capacités du réseau routier.
  • Japon : interrogé dans le Nikkei Shimbun, un des ingénieurs présents au moment de l’accident raconte qu’ils se sont aperçus à ce moment-là que les téléphones portables ne passaient pas lorsqu’ils se rendaient dans les bâtiments réacteurs, et qu’ils n’avaient pas prévu d’autres moyens de communication, ce qui a compliqué la gestion des accidents.
  • Japon : dans une vidéo diffusée sur internet, un ouvrier de Fukushima témoigne : « TEPCO c’est Dieu et nous sommes ses esclaves. Des employés sont battus, menacés de mort s’ils parlent à l’extérieur ».

15 janvier

  • Japon : le gouvernement annonce un report de l’annonce de sa nouvelle politique énergétique. L’élection du gouverneur de Tokyo le 9 février prochain n’est sans doute pas sans rapport avec ce report.
  • Japon : le gouvernement annonce avoir approuvé le plan de redressement financier de Tepco, qui prévoit le redémarrage de deux réacteurs de Kashiwazaki-Kariwa en juillet 2014, et de deux autres tranches en 2015. Ceci alors que la NRA, l’autorité de sûreté, ne s’est pas prononcée sur la conformité de ces installations. C’est un détournement de la loi. Le gouverneur de la région concernée – Niigata — dénonce un plan essentiellement destiné à rassurer le milieu bancaire, en totale contradiction avec les nouvelles mesures de sûreté adoptées après l’accident de Fukushima et totalement hors-procédures normales.
  • Etats-Unis : une compagnie de pêche de Seattle a fait contrôler la radioactivité de poissons pêchés dans le Pacifique du côté des côtes des Etats-Unis. La radioactivité est détectable, mais très faible (moins de 2 Bq/kg).

16 janvier

  • Japon : la commune d’Ôkuma, dont 96 % de la surface est classée en « zone de retour difficile », annonce la construction d’une ville nouvelle dans les 4 % qui restent pour y accueillir principalement ceux qui travaillent à la centrale. La commune indique vouloir construire 3000 logements d’ici 2018.

17 janvier

  • Japon : TEPCO annonce avoir retiré 154 assemblages sur 1533 de la piscine du réacteur n°4.
  • Japon : le gouvernement annonce vouloir mettre en place de nouvelles mesures pour les personnes qui ont des difficultés à se déplacer, en cas de catastrophe nucléaire. Lors du tsunami de mars 2011, 60 % des victimes avaient plus de 60 ans.
  • Japon : nouveau record de radioactivité dans la nappe souterraine proche, au puits 1-16 : 2,7 millions de becquerels par litre.
  • Japon : dans une vidéo mise sur internet, un ancien maire de Fukushima s’étonne de la hausse de la mortalité chez les lycéens. Interrogés, des fonctionnaires indiquent « ignorer ces problèmes » et l’ancien maire de rappeler que « le discours officiel est d’affirmer que les maladies n’ont aucun rapport avec la radioactivité ».

18 janvier

  • Japon : alors que le gouvernement a étendu la limite d’évacuation autour des centrales de 10 à 30 km, la ville de Hakodaté (Aomori) demande la reprise à zéro de toutes les autorisations de fonctionnement des réacteurs, puisque ces autorisations ne prennent pas en compte les zones de 10 à 30 km. La ville en question est elle-même à 23 km du chantier de la centrale d’Ôma.
  • Japon : selon le site Fukushima Diary , un autre puits indique une montée régulière de la radioactivité dans le sol, situé près du réacteur n°2, il a vu les valeurs de radioactivité multipliées par dix au cours des deux derniers mois.

19 janvier

  • Japon : un robot filme une fuite d’eau importante dans le réacteur n°3. TEPCO n’est pas en mesure de savoir s’il s’agit d’eau qui arrive pour refroidir le réacteur, d’eau qui fuit du réacteur ou d’eau de pluie… Selon le Wall Street Journal , le niveau de radioactivité à proximité de cet écoulement d’eau est particulièrement élevé.
  • Japon : L’association des dentistes de Fukushima va récupérer les dents des enfants de 5 à 15 ans volontaires pour contrôler la contamination en strontium, particulièrement radiotoxique, mais difficile à mesurer. Le projet espère ne pas trouver de strontium pour rassurer les gens… 1000 à 2000 enfants devraient donner leurs dents de lait dans un premier temps.
  • Japon : selon une étude publiée par le quotidien Maïnichi , il y a maintenant plus de 400 000 tonnes d’eau stockées sur le site, et la quantité totale en tritium serait de 817 TBq ((817 000 milliards de becquerels) dans les cuves, et de 58 TBq dans les sous-sols des réacteurs. Cela représente 59 années d’autorisation de rejets en mer pour l’eau radioactive selon les données collectées par l’ACRO (www.acro.eu.org)

20 janvier

  • Japon : selon TEPCO, l’eau qui s’échappe de la fuite dans le réacteur n°3 est radioactive au niveau de 24 millions de becquerels par litre. TEPCO en conclut pour l’instant que ce n’est pas de l’eau injectée dans le réacteur, que ce n’est pas de l’eau de pluie… et ne dit rien de plus. Reste comme solution : de l’eau qui sort du réacteur après avoir approché plus ou moins la matière fissile. Pour en savoir plus, il faudrait s’approcher du lieu de la fuite, ce qui n’est pas possible pour un humain.
  • Japon : Katsunobu Sakuraï a été réélu au poste de maire de Minami-Sôma (54 000 électeurs), commune à moins de 20 km de la centrale. Il est aujourd’hui antinucléaire et anime le mouvement des élus locaux contre le nucléaire. Il a battu deux autres candidats qui soutenaient le nucléaire.
  • Japon : TEPCO annonce vouloir investir dans les gaz de schiste au Japon et à l’étranger pour remonter ses finances. Il lui faudrait 20 milliards d’euros pour cela et la firme négocie avec les banques pour de nouveaux crédits.
  • Japon : selon les chiffres publiés par TEPCO, la contamination en strontium est en hausse partout : dans les nappes souterraines, dans l’eau de mer… et le niveau de tritium dans le puits n°1 atteint un niveau équivalent à la contamination mesurée à la sortie des réacteurs.

21 janvier

  • Japon : la chaîne de télévision publique NHK montre dans un reportage que de plus en plus de personnes habitant dans la région de Fukushima renoncent à contrôler la radioactivité qu’ils reçoivent en ne portant plus leur dosimètre. Le reportage rappelle qu’il est important de continuer à les porter, notamment pour s’assurer que les enfants ne cumulent pas trop de radioactivité. Un médecin indique que la fiabilité des mesures n’est déjà pas assurée, mais qu’en plus, il n’existe pas de connaissances suffisantes pour en tirer des conclusions sur les conséquences sur la santé.
  • Japon : le quotidien Les Echos, en France, a interrogé plusieurs experts à propos des fuites d’eau très radioactive du réacteur n°3. Ces derniers craignent une aggravation de la situation : ces fuites montreraient un affaiblissement de ce qui entoure encore le cœur en fusion.
  • Japon : le ministère de l’environnement a organisé une rencontre avec les maires des communes de Kurihara, Kami et Taïwa (préfecture de Miyagi) : elles ont été sélectionnées pour accueillir un site de stockage des déchets radioactifs, et il s’agit maintenant de faire des études géologiques pour voir si les lieux s’y prêtent. Les maires ont fait part de leur incompréhension quant aux critères de choix de leurs communes.
  • Japon : un ouvrier qui travaillait à proximité du réacteur n°2 a brièvement enlevé son masque pour en essuyer la buée. Il a malheureusement respiré des particules radioactives. TEPCO annonce une contamination interne de 0,38 mSv.
  • France : l’ASN, autorité de sûreté nucléaire, rend public 19 dossiers fixant des exigences complémentaires pour la mise aux normes « post-Fukushima » des 19 centrales françaises.
  • Japon : TEPCO confirme que l’eau très radioactive qui fuit sort de l’enceinte de confinement du réacteur n°3.
  • Japon : d’anciens ouvriers sous-traitants de TEPCO témoignent sur une télévision : « à la fin des interventions, nous nous déshabillons et nous sommes trempés de sueur », « mes dents ont commencé à casser », « nous sommes des morts-vivants ».
  • Japon : l’ambassade du Japon en Suisse publie une carte montrant la probable situation au niveau des réacteurs accidentés : on y voit les nappes d’eau souterraine, avec, sous les réacteurs, le cœur du réacteur enfoncé dans le sol, plus bas que ces nappes d’eau. C’est la première fois que l’on voit un shéma montrant ainsi les cœurs en fusion sortis du réacteur.

22 janvier

  • Japon : Selon La voix de la Russie (agence de presse proche du gouvernement russe), Shinzo Abe, le premier ministre, jusqu’alors pour la poursuite du nucléaire, a reconnu que l’abandon total de l’énergie nucléaire pourrait être étudiée.
  • Japon : les quelques familles qui acceptent de rentrer chez elles sont confrontées à une invasion de cochongliers, un croisement entre les cochons d’élevage qui se sont échappés au moment de l’accident et les sangliers sauvages. N’ayant pas peur de l’homme, ces cochongliers n’hésitent pas à enfoncer les portes pour accéder aux stocks de nourriture. Des battues ont été organisées pour les tuer, mais pour le moment, ils se reproduisent plus vite qu’on ne les tue.
  • Japon : selon une étude, le fleuve Abukuma qui se jette dans l’océan à Miyagi après être passé à travers la province de Fukushima aurait rejeté plus de 10 000 milliards de becquerels en césium lors de la première année qui a suivi la catastrophe.
  • Japon : TEPCO annonce que les sommes provisionnées par le gouvernement (240 milliards d’euros) ne seront pas suffisantes.
  • Japon : nouveau record de radioactivité dans la nappe souterraine proche, au puits 1-16 : 3,1 millions de becquerels par litre.
  • Etats-Unis : les scientifiques débattent des quantités de radioactivité libérées par Fukushima. Pour certains, on aurait déjà dépassé les quantités produites par le réacteur accidenté de Tchernobyl (estimé à 70 millions de milliards de becquerels pour le césium 137).

23 janvier

  • Japon : des chercheurs de l’université de Tsukuba proposent d’utiliser les propriétés des rayonnements cosmiques pour essayer de localiser les cœurs des réacteurs accidentés de Fukushima. En effet, parmi les rayonnements cosmiques, certains, les muons, ont un énorme pouvoir de pénétration et ne sont stoppés que par des matériaux très denses… comme l’uranium. En mesurant où ils sont stoppés sur le site de Fukushima, on devrait pouvoir déterminer à quelles profondeurs se trouvent les 3 réacteurs en fusion.
  • Japon : progressivement, la NRA élargit les mesures sur la contamination radioactive : après le césium, le strontium, le plutonium, elle donne pour la première fois des analyses concernant le potassium 40 (K40). Rappelons que ce sont environ 1 millier d’isotopes divers qui sont émis par les réacteurs accidentés. On est donc encore loin de savoir exactement ce qui contamine l’environnement de la centrale.
  • Japon : TEPCO publie de nouvelles mesures sur des poissons pêchés en mer : on dépasse la limite de 100 bq/kg à plus de 20 km du site.
  • Japon : TEPCO annonce que la porte de l’enceinte de confinement du réacteur n°3 est bloquée, déformée par les explosions et que pour le moment, les tentatives pour y pénétrer avec un robot ont échoué.
  • Japon : la région d’Iwaté a saisi la commission d’arbitrage, TEPCO ayant refusé de prendre en compte les demandes d’indemnités de nombreuses communes contaminées. C’est la première fois que c’est une région qui fait cette demande.

24 janvier

  • Japon : le centre thermal de Tsuchiyu qui se trouve dans la région de Fukushima inaugure une installation électrique qui fonctionne à partir de la chaleur des sources chaudes et laisse à la sortie de l’eau encore assez chaude pour les bains. Cela permet d’alimenter le centre, mais également environ 500 foyers autour.
  • Japon : la NRA demande de nouvelles études sur les 23 failles qui passent sous la centrale de Kashiwazaki-Kariwa. Dans son dossier, TEPCO affirme qu’elles ne sont pas actives… alors qu’en 2007, un séisme sur place a endommagé plusieurs réacteurs. Cette demande de la NRA bloque de fait la demande de redémarrage de cette centrale.
  • Japon : des inspecteurs de l’AIEA se rendent sur les chantiers de décontamination et affirment que l’on peut passer la limite d’exposition de 1 à 20 mSv par an sans problème.
  • Japon : TEPCO annonce mettre en place un plan pour évacuer le combustible de la piscine du réacteur n°2. Ce réacteur n’ayant pas explosé vers le haut, la piscine est pratiquement intacte, mais la radioactivité est telle que l’évacuation ne pourra se faire qu’avec des robots. TEPCO envisage de percer le dôme du réacteur pour faire l’évacuation par le haut, où la radioactivité est moindre.
  • Etats-Unis : les autorités militaires refusent pour le moment d’ouvrir une enquête sur les multiples maladies que présentent les militaires présents sur le porte avion qui se trouvait sous le nuage radioactif de Fukushima. Selon les mesures relevées sur le navire, le taux de radioactivité n’aurait pas dépassé 300 fois la normale et cela ne peut expliquer ces maladies.
  • Japon : déclaration du ministre de la justice, à propos de la loi sur le secret : « Il s’agit de museler la presse, d’enfermer les lanceurs d’alertes et d’assurer que la catastrophe nucléaire de Fukushima cesse d’être une source d’embarras avant les jeux olympiques de 2020 ».

25 janvier

  • Japon : huit points de mesure situés à proximité du réacteur n°1 présentent des taux records. La radioactivité dans le sol monte très vite ce qui laisse supposer que le cœur du réacteur est passé sous le bâtiment et se trouve en contact direct avec les nappes phréatiques. L’autorité de sûreté, la NRA, confirme la probabilité que cela signifie que le liquide de refroidissement injecté en permanence pour refroidir la réaction nucléaire s’écoule ensuite directement dans la mer.

26 janvier

  • Japon : le site Fukushima diary rappelle les risques actuels : il est quasi-certain maintenant que les cœurs en fusion sont sortis des réacteurs pour s’enfoncer dans le sol et contaminent les nappes phréatiques et la mer. D’autres menaces sont bien présentes : les piscines des réacteurs 1, 2 et 3 sont inaccessibles et contiennent d’importantes quantités de combustibles, les bâtiment sont fragilisés, et en cas de fort séisme, une chute des piscines est possible et serait catastrophique. Les centaines de citernes d’eau radioactives ne sont pas prévues pour résister non plus à un séisme.

27 janvier

  • Japon : Greenpeace  publie un rapport sur les enjeux de la décontamination autour de Fukushima. L’association rappelle que cela emploie 20 000 personnes d’au moins 700 entreprises depuis maintenant des années, sans que cela ne produise autre chose que des problèmes supplémentaires. Déjà 12 milliards d’euros ont été dépensés sans qu’il soit possible d’évaluer si cela apporte un mieux ou pas. Ces 20 000 personnes n’interviennent que sur les 11 communes les plus contaminées, celles évacuées, les autres communes, au moins une centaine, se chargeant de la décontamination par elle-même. Initialement, l’objectif fixé par l’Etat était de faciliter le retour des populations quand on aurait une exposition inférieure à 1 millisievert par an. Dorénavant cet objectif est abandonné : le gouvernement a fixé la limite à 20 fois plus… sans que soit présentées les conséquences sanitaires inévitables que cela entraînera.
  • Japon : le déficit commercial du pays bat un record : 80 milliards d’euros. Il était déjà de 50 milliards l’année précédente. Fukushima en est la cause : le gouvernement émet énormément de monnaie pour financer le suivi de l’accident, ce qui entraine une baisse de la valeur du yen au niveau international (-26 % en un an par rapport à l’euro).
  • Japon : l’université de Tohoku publie une étude qui montre que 28 % des enfants de 3 à 5 ans vivant dans la région de Fukushima présentent des troubles comportementaux : vertiges, maux de têtes, dépression, angoisses, soit 4,5 fois plus que la normale… Les universitaires estiment qu’ils ont besoin de soins psychologiques. En plus de soins psychologiques, ils ont aussi besoin de ne plus vivre en zone radioactive.
  • Japon : le quotidien Asahi publie une enquête sur les hommes politiques qui ont reçu de l’argent des compagnies d’électricité pendant leur campagne électorale. Le quotidien nomme ainsi Akira Amari, ancien ministre de l’industrie et de l’économie, qui a actuellement pour mission au sein du gouvernement de convaincre les élus locaux d’autoriser la reprise des réacteurs : celui-ci a bénéficié de dons pour plusieurs millions de yens. Le quotidien explique que TEPCO a sa liste d’hommes politiques à arroser selon leur importance.
  • Japon : le Conseil des Sciences du Japon annonce qu’il va étudier l’option de l’entreposage des déchets radioactifs en surface car aucun site n’a été trouvé pour un enfouissement en profondeur. 
  • France : la ville de Paris organise une journée de soutien aux sinistrés de Fukushima, notamment en organisant une dégustation de produits issus de la région (alcool, riz, légumes et fruits de mer). Les élus EELV protestent contre cette tentative de "dédiabolisation du nucléaire".

28 janvier

  • Japon : 70 % de la surface de la province de Fukushima est boisée. Or, il est impossible de gratter le sol dans une forêt comme cela est fait dans les champs. Plutôt que d’enlever le sol contaminé, un essai est en cours sur une parcelle de 200 m2 pour voir ce qui se passe quand on pose 10 cm de terre non contaminée sur le sol, en vrac, ou dans des sacs… Apparemment, personne n’avait pensé à faire des études avant l’accident ! Et en France, on a fait des études pour cela ? Secret militaire.
  • Japon : la NRA demande à la Japan Nuclear Fuel Limited de nombreuses nouvelles études concernant la sûreté de son usine de “retraitement” de Rokkashô-mura. Autant dire qu’elle n’est pas près de démarrer.
  • Etats-Unis : selon les avocats des marins contaminés parce que présents sur le porte-avion USS Ronald Reagan sous le vent de Fukushima, ce sont maintenant plus de 250 militaires qui les ont contactés. Pour chacun, les avocats demandent 40 millions de dollars.
  • Japon : TEPCO a commencé à combler le port de la centrale, ce qui rend inopérantes 13 bornes de surveillance. La direction du site estime que cela freinera la dispersion de la radioactivité en mer.
  • Japon : le niveau de radioactivité entre le réacteur n°2 et le bord de mer est maintenant si élevé que TEPCO annonce qu’il va devenir impossible d’y faire intervenir des ouvriers.

29 janvier

  • Japon : TEPCO essaie de commencer à geler des conduites souterraines pour limiter les écoulements d’eau. Mesure spectaculaire, coûteuse en énergie, mais purement destinée à faire croire que l’on peut réduire les conséquences de l’accident… car dans la réalité, l’eau qui ne pourra pas passer par une conduite gelée, passera par ailleurs.
  • Japon : dans un reportage diffusé par la chaîne publique NHK, des experts se déclarent choqués après avoir visionné une vidéo qui montre que dans le réacteur n°1, l’eau coule librement de l’intérieur de l’enceinte de confinement vers l’extérieur. Titre du reportage : "crise cachée à la centrale de Fukushima Daiichi".
  • France : Pierre-Franck Chevet, le président de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), lors de ses vœux, déclare : "Schématiquement, si vous dessinez un cercle de 80 km autour d’une centrale européenne – ce qui a été plus ou moins la zone d’impact de l’accident de Fukushima – vous êtes dans la plupart des cas à cheval sur plusieurs pays", et demande une meilleure coordination européenne. Il serait temps d’y penser ! Pour le moment, les plans de secours (PPI en France) sont limités à 10 km de rayon en France, 16 km aux Etats-Unis, 30 km au Japon depuis l’accident de Fukushima.
  • France : Les Echos publient des extraits des demandes de l’ASN à EDF pour adapter les réacteurs français aux exigences post-Fukushima. Alors qu’EDF s’appuyait jusqu’à présent pour les séismes, sur les sources connues en remontant entre 1000 et 10 000 ans, l’ASN demande de remonter à 20 000 ans. L’ASN demande un renforcement des mesures contre les risques d’inondation pour les centrales de Gravelines (Nord) et Le Blayais (Gironde).
  • Japon : le site internet Fukushima diary explique pourquoi la radioactivité sur le site augmente sans cesse, et les risques qui en découlent : des zones de plus en plus grandes où il devient impossible de travailler, donc moins de surveillance, un risque d’usure accélérée des structures, donc un risque à terme d’effondrement d’un réacteur, et bien sûr une aggravation de la contamination de la mer.

30 janvier

  • France : à Grenoble, la revue alternative Le Postillon publie un article dénonçant le stockage de déchets radioactifs en provenance du campus universitaire dans des grottes non sécurisées : le taux de radioactivité atteint par endroits 3000 fois la normale selon les analyses de la CRII-Rad. C’est un employé d’une entreprise sous-traitante qui a vendu la mèche. L’incident est classé au niveau 2 par l’ASN, et une étude est lancée pour estimer la dose reçue par cet employé.
  • France : après la publication d’un article sur le site Reporterre , Areva confirme que 80 % de la cuve de l’EPR (425 tonnes) en cours d’installation à Flamanville a été forgée au Japon. C’est également le cas de 30 % des pièces des générateurs de vapeur. Un réacteur donc aussi sûr que les réacteurs japonais ?
  • Japon : 1400 personnes — 38 de la province de Fukushima, 400 coréens et taïwanais, et près de 1000 japonais d’autres provinces du pays — ont porté plainte contre Hitachi, Toshiba et General Electric, les trois fournisseurs de matériaux pour la centrale de Fukushima accidentée. Ils ne réclament que 100 yens (70 centimes) symboliques par personne… espérant que cela fasse jurisprudence car pour le moment, la loi japonaise ne tient pour responsable que l’exploitant. Un appel a été lancé pour que d’autres se joignent à la plainte, espérant trouver au moins 10 000 plaignants.
  • Japon : un économiste s’est vu interdire sa chronique sur la radio publique NHK parce qu’elle portait sur le coût réel du nucléaire. Prétexte de la radio : on ne peut passer une telle chronique en pleine campagne électorale de Tokyo. L’économiste a démissionné.
  • Japon : TEPCO annonce avoir découvert un trou de 10 cm2 dans le fond de l’enceinte de confinement du réacteur n°2 : l’écoulement d’eau est tellement important que les injections d’eau n’arrivent plus à couvrir totalement le combustible fondu… d’où une radioactivité accrue.
  • Japon : TEPCO annonce que le système d’injection du liquide de refroidissement du réacteur n°1 donne des signes de faiblesse et ne permet plus d’injecter que 80 % de l’eau nécessaire. Conséquence : le combustible chauffe plus et la radioactivité augmente. Selon TEPCO, une réparation n’est actuellement pas possible car la radioactivité empêche toute intervention humaine.

31 janvier

  • Japon : TEPCO annonce un chiffre d’affaires en hausse de 11 %… ce qui n’a rien d’étonnant car dans le même temps, le prix de l’électricité a augmenté de 11 %. TEPCO annonce aussi un bénéfice de 5,7 milliards d’euros sur les neuf derniers mois… en comptant dans les recettes les milliards que l’Etat lui a versés pour indemniser les victimes… mais sans provisionner ce qui n’a pas été versé aux victimes ! La comptabilité montre également un arrangement avec l’Etat pour diminuer la perte de valeur de l’entreprise après la fermeture officielle des réacteurs 5 et 6 de Fukushima. Que ne ferait-on pas pour essayer de convaincre les banquiers de continuer à prêter de l’argent…
  • Grande-Bretagne : la Commission européenne confirme la mise en place d’une enquête sur l’accord passé entre le gouvernement Cameron et EDF concernant la construction de deux EPR. Selon un pré-rapport, Bruxelles "doute que l’aide puisse être déclarée compatible" : Cameron a en effet précisé dans l’accord, un prix garanti pour l’achat de l’électricité… à 109 € par MWH pendant 35 ans… alors que le prix de l’électricité d’origine éolienne est déjà parfois plus bas que ce seuil.
  • Danemark : une éolienne Vestas d’une puissance de 8 MW commence à produire de l’électricité. C’est l’éolienne la plus puissante au monde en fonctionnement.
  • Japon : selon les calculs de TEPCO, ce sont 4,5 tonnes par heure qu’il faut injecter en permanence pour refroidir le réacteur n°3, eau qui disparaît ensuite totalement, rien ne pouvant être pompé du fait de la radioactivité trop élevée.
  • Japon : interrogé devant le Parlement, le premier ministre a déclaré que son gouvernement allait diversifier les sources d’énergie.
  • Japon : la NRA publie des mesures d’eau potable dans l’ensemble du pays. Il y a du césium détectable dans les eaux de 12 provinces sur 47 (d’Iwaté, Miyagi, Yamagata, Fukushima, Ibaraki, Tochigi, Gunma, Saïtama, Chiba, Tôkyô, Kanagawa et Niigata) preuve qu’une grand partie du pays s’intoxique.
  • Japon : TEPCO annonce qu’il se retranche derrière la loi du secret pour ne plus communiquer d’information sur la pollution par le strontium.
  • Ukraine : alors que se construit un nouveau sarcophage pour isoler le réacteur de Tchernobyl accidenté, on apprend qu’il faudra que celui-ci soit ventilé pour éviter tout risque d’explosion par accumulation de gaz. Dit autrement : on va continuer à rejeter la radioactivité à l’extérieur. Et nous en sommes à 28 ans après l’accident !