Fukushima, janvier 2012

1er janvier

  • Dans le Journal du dimanche , Jacques Repussard, directeur général de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, estime que « Le gouvernement et EDF sous-estiment le risque d’un accident nucléaire. Un séisme pourrait provoquer des accidents sérieux sur certains sites comme Fessenheim et au Bugey ».

2 janvier

  • L’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, publie un rapport « post-Fukushima » qui, sans surprise, conclut que les réacteurs français sont les meilleurs… pour peu que l’on réalise les travaux exigés précédemment (10 milliards d’euros, quand même, à financer par EDF). Comme le rappelle Jean-Marie Brom, pour le Réseau Sortir du nucléaire : « lorsque l’Etat (via l’ASN) demande à l’Etat (via EDF) de dire que tout va bien, le résultat est prévisible » et de faire remarquer que « si ce rapport avait concerné Fukushima ou Tchernobyl avant leur accident, la conclusion aurait été la même » : nos réacteurs sont prévus pour résister aux accidents que l’on a envisagés, pas à ceux auxquels on n’a pas pu ou voulu prévoir.

3 janvier

  • Greenpeace, Europe-Ecologie-les-Verts et d’autres organisations écologistes réagissent à la publication du rapport de l’ASN : faut-il investir des dizaines de milliards supplémentaires pour maintenir en fonctionnement les réacteurs nucléaires alors que cet argent pourrait servir plus utilement à un scénario de transition énergétique ?
  • Une personne se présentant comme un ingénieur travaillant dans un laboratoire pour le compte de TEPCO a laissé des messages sur des forums de journaux japonais. Il y conteste l’annonce par le gouvernement que la situation soit sous contrôle. Il annonce que l’inquiétude pour le moment est un ramollissement des structures béton situées sous les réacteurs comme l’ont montré des analyses faites par son laboratoire. Il publie à l’appuie de ses dires des photos montrant une sorte de béton mou et jaunâtre. Il annonce que ce qui est en photo est trop radioactif pour être mesuré par son compteur Geiger limité à 500mSv/h. Il craint que ce ne soit le cœur fondu qui soit en train de se répandre sous le réacteur. Plusieurs scientifiques doutent de la validité de ce témoignage…
  • Sur l’année 2011, selon le site Amazon.fr, il a été publié 86 livres en français qui parlent de Fukushima.

4 janvier

  • Le Monde fait écho des frais que devraient entraîner une poursuite du nucléaire dans les années à venir. Pour respecter les demandes de l’Autorité de Sûreté nucléaire (demandes antérieures à l’accident de Fukushima), EDF reconnaît que cela lui coûterait au moins 10 milliards, alors que l’entreprise a déjà besoin de 40 autres milliards simplement pour entretenir les réacteurs et leur permettre de durer dix ou vingt ans de plus. Alors que le titre d’EDF baisse en bourse, Eric Besson est monté au créneau se voulant rassurant : « cela ne devrait faire que moins de 2 % par an sur les factures des particuliers par an » pour les dix ans à venir… soit en intérêt cumulé quand même 22 % de hausse ! Petit calcul des professionnels des renouvelables : avec 50 milliards, on peut construire 50 000 MW éolien… soit de quoi produire 26 % de la consommation électrique française et ainsi fermer 18 réacteurs nucléaires.

5 janvier

  • Selon le quotidien suisse 24 heures , plus de 60 phoques ont été retrouvés morts en Alaska ces derniers jours et 80 autres grièvement malades par des scientifiques des Etats-Unis. D’autres sources indiquent également de nombreux phoques morts du côté Russe et au Canada. Les scientifiques envisagent qu’il puisse s’agir des conséquences des rejets radioactifs en mer. Des analyses de radioactivité ont été lancées.
  • L’International Journal of Cancer présente une étude épidémiologique, réalisée par des chercheurs de l’Université Paris-Sud, de l’INSERM et de l’IRSN, sur le risque de leucémie de l’enfant près des centrales nucléaires françaises. Elle porte sur la période 2002 à 2007 et concerne l’ensemble des 19 sites. Il ressort de cette étude que l’incidence de leucémies aiguës chez les enfants de moins de 15 ans vivant à proximité des centrales nucléaires, c’est-à-dire dans un rayon de 5 km, est pratiquement doublée (ratio de 1,9) et que cette sur-incidence de leucémies est statistiquement significative. Cette information n’est pratiquement reprise par aucun média français. Le prix des pages du pub d’EDF et d’Areva expliquent sans doute cela.

6 janvier

  • Sondage en Suisse : alors qu’il y avait 53 % des Suisses pour la sortie du nucléaire avant l’accident de Fukushima, on en serait maintenant à 69 %.
  • En visite à la centrale de Chinon, Claude Guéant, annonce un renforcement de la sécurité des centrales nucléaires : des chiens et l’élagage d’arbres sont prévus… pour empêcher des militants d’entrer sur les sites !
  • Le gouvernement japonais propose de limiter la durée de vie des réacteurs du pays à 40 ans… qui était l’âge des réacteurs de Fukushima. Il s’agit d’une manœuvre de diversion alors que les députés demandent eux que soient revue la sûreté de l’ensemble des réacteurs. Rappelons que l’âge ne fait pas tout : le réacteur n°4 de Tchernobyl accidenté le 26 avril 1986 était quasiment neuf, celui de Three-Mile Island accidenté le 27 mars 1979 aussi.
  • Des vidéos circulent sur internet montrant un ballet d’hélicoptères autour du réacteur n°4 de Fukushima, le 2 janvier 2012, au lendemain d’un nouveau fort séisme la veille. Des habitants de la ville de Fukushima indique que le taux de radioactivité (Césium 137) dans la ville a été multiplié par 4 ce jour-là. Aucune communication officielle n’a eu lieu sur une possible complication dans ce réacteur où les piscines de combustibles avaient pris feu en mars dernier, mais où le réacteur lui-même avait pu être arrêté.

7 janvier

  • Eric Besson déclare qu’« arrêter le nucléaire serait un gâchis monumental ». Un accident de type Tchernobyl ou Fukushima est aussi un gâchis monumental !
  • TEPCO demande au gouvernement japonais de pouvoir augmenter de 10 % le prix de l’électricité.

10 janvier

  • Selon Les Echos , le premier réacteur de la centrale de Chooz, qui a fonctionné de 1967 à 1991, pourrait commencer à être démantelé dès 2014 à l’aide d’un robot spécialement conçu pour travailler en zone radioactive. Le démantèlement pourrait alors prendre une trentaine d’années… Autant dire que la sortie de la production d’électricité, cela peut être demain, par contre la sortie réelle du nucléaire, ce sera dans des millénaires.
  • Selon l’AFP, Tepco négocierait un emprunt de 10 milliards d’euros auprès des banques japonaises. Celles-ci accepteraient à condition que le prêt soit garanti par l’Etat, que les tarifs d’électricité soient augmentés de 10 % et… que les réacteurs nucléaires à l’arrêt soient autorisés à redémarrer. Que pense la population japonaise de ce genre de chantage ?
  • Selon le quotidien Mainichi Japan, un ouvrier de 60 ans est dans le coma après s’être évanoui sur son lieu de travail. Officiellement, il a reçu 52 microsieverts de radiation pour la seule journée du 9 janvier.
  • Selon le quotidien Mainichi Japan, depuis un mois, le collectif Minnade Kimeyo (laissez-nous décider) a lancé une campagne de signatures pour obtenir un référendum sur la sortie du nucléaire. Un mois après, ils ont annoncé avoir déjà 78 000 signatures à Tokyo alors qu’il en faut 210 000 pour que le gouverneur organise un tel référendum. Ils en ont aussi collecté 43 000 à Osaka, alors qu’il en faut 50 000. Le collectif indique que 12 000 personnes se sont mobilisées pour collecter des signatures.
  • Suite à un communiqué de l’Acro, l’étude annonçant un doublement des leucémies autour des centrales nucléaires se répand enfin dans les médias… mais l’IRSN allume immédiatement un contre-feu : si le taux de leucémies augmente, ce n’est pas forcément du à la radioactivité : cela pourrait aussi provenir des nombreux déménagements dans ces régions du fait de la sous-traitance qui intervient sur les sites (les pauvres intervenants seraient donc en mauvaise santé ?).

12 janvier

  • Le groupe mobilisé à Osaka pour obtenir 10 % des signatures d’électeurs pour exiger un référendum sur le nucléaire, annonce avoir recueilli 53 500 signatures alors qu’il en faut seulement 43 000.
  • Le Japon Times annonce que des échantillons du lait de 10 000 jeunes mamans de la région comprise entre Fukushima et le nord de Tokyo vont être prélevés pour y mesurer la radioactivité. Qu’il y ait des femmes allaitantes (et donc des bébés) encore présentes, dix mois après l’accident, est un crime !
  • Le Monde rapporte que le musée du Louvre envisage de prêter 23 œuvres pour une exposition de solidarité de cinq mois dans trois musées de la région de Fukushima. La direction du Louvre annonce que les œuvres seront transportées dans des caisses étanches, qu’elles ne seront ouvertes que dans les salles d’exposition où elles seront présentées dans des vitrines étanches. Les peintures plus fragiles, seront dès le départ placées dans des caissons vitrés scellés qui ne pourront pas être ouverts de tout le voyage. Si on pouvait prendre autant de précautions avec les visiteurs de ces expositions !

13 janvier

  • Un 49e réacteur est arrêté au Japon. Il en reste 5 en fonctionnement.
  • Claude allègre reçoit un prix de la part d’Atoms for Peace (Japon) et du Conseil mondial des travailleurs du nucléaire (France), deux organisations pro-nucléaire, pour son soutien au développement du nucléaire. Claude Allègre avait réaffirmé son soutien à l’énergie nucléaire après l’accident de Fukushima, le 11 mars 2011.

14 janvier

  • Les autorités de la ville de Fukushima constatant que la radioactivité reste élevée s’inquiète des conséquences sur la santé des 37 000 personnes résidant dans la ville et ayant été exposées à plus d’1 millisievert depuis l’accident selon les relevés des dosimètres qu’elles portent en permanence. Certaines personnes ont été exposées à des doses record de 2,7 millisieverts.
  • Sur le blog Fukushima.over-blog.fr , Michel Fernex, médecin et ancien président des Enfants de Tchernobyl, publie un important article sur les conséquences sanitaires probables qui attendent les Japonais. Il rappelle en introduction les liens entre l’OMS et l’AIEA, expliquant que l’on ne peut faire confiance aux institutions de l’ONU pour avoir un avis sur la question, le lobby nucléaire ayant historiquement toujours contrôlé l’ONU. Il fait ensuite des comparaisons avec ce qui a été observé à Tchernobyl. Après l’accident de 1986, il a été constaté une surmortalité des fœtus féminins avec une baisse de 5 % du nombre de filles. Cette diminution a non seulement touché la Biélorussie, l’Ukraine et la Russie, pays les plus exposés, mais également les pays d’Europe de l’Est… jusqu’en Allemagne. Cela prouve qu’une faible dose de radioactivité peut être létale pour un fœtus. Les Japonais peuvent donc s’attendre à la même chose sur au moins la moitié nord du pays. Cette surmortalité s’est accompagnée d’une augmentation des malformations congénitales, notamment par de nombreuses déficiences cardiaques entraînant une surmortalité des jeunes enfants. De nombreux enfants ont ensuite développé prématurément des leucémies et des cancers. De très nombreuses autres maladies ont entraîné une surmortalité des plus jeunes (avec par exemple un diabète spécifique à la région de Tchernobyl, les maladies auto-immunes comme la thyroïdite de Hashimoto). Enfin, il est constaté une augmentation constante des cancers dans la population. (http://fukushima.over-blog.fr/article-les-consequences-sanitaires-de-fukushima-avertissements-et-recommandations-de-michel-fernex-97116504.html)

15 janvier

  • Dans Rue89, un entretien avec Nasubi, une syndicaliste qui dénonce la manière dont sont gérés l’embauche et le suivi des travailleurs envoyés sur le site de la centrale accidentée. Elle explique que les syndicats ne s’intéresse pas à cette main-d’œuvre intérimaire, préférant se concentrer sur les emplois « réguliers », ce qui fait que l’on sait très peu de choses sur leurs conditions de vie et qu’ils sont très peu défendus. Elle fait une comparaison avec la prostitution : les sous-traitants du nucléaire sont des hommes, souvent ruraux, sans travail, à qui l’on fait miroiter un bon salaire… le même discours que l’on fait aux femmes rurales qui arrivent en ville et se retrouvent dans les réseaux de prostitution. Dans les deux cas, les filières sont contrôles par les Yazukas, la mafia locale qui bénéficie plus ou moins ouvertement du soutien du patronat et de l’Etat, au nom de l’efficacité. Elle rappelle qu’au moins 500 000 personnes ont été employées dans le nucléaire pour la maintenance depuis le début du nucléaire en 1966, que seules une vingtaine ont osé demander des indemnités pour accident du travail et que seules dix demandes ont été retenues. La plupart des sous-traitants sont envoyés sur le site sans contrat de travail, ce qui fait qu’ils « disparaissent » ensuite très vite.
  •  A Yokohama, une Conférence globale pour un monde libéré de l’énergie nucléaire réunit plus de 11 500 participants dont des représentants d’une trentaine de pays. La conférence a été suivie en direct sur internet par plus de 100 000 personnes. Huit maires, dont deux de la région de Fukushima, y ont lancé un réseau d’élus pour la sortie du nucléaire.

17 janvier

  • Selon l’AFP, EDF renonce à ses projets nucléaires aux USA, officiellement parce que le pays s’est massivement tourné vers l’exploitation des gaz de schiste.

18 janvier

  • Concernant l’accord avec les écologistes (24 réacteurs fermés d’ici 2025), François Hollande promet de ne fermer que la centrale de Fessenheim au cours des cinq ans à venir. Le lobby nucléaire est rassuré. Pas nous.

19 janvier

  • Plusieurs immeubles actuellement en reconstruction dans la zone détruite par le tremblement de terre du 10 mars 2011, présentent un taux de radioactivité trop élevé pour être habitables. En cause, le béton utilisé, réalisé avec des graviers provenant d’une carrière située aujourd’hui dans la zone interdite et qui a continué à fonctionner jusqu’au 22 avril 2011. Au moins 5200 tonnes de graviers ont été livrés à 19 distributeurs lesquels ont fourni du béton à 200 entreprises de construction. Au rez-de-chaussée d’un des nouveaux immeubles, la radioactivité mesurée (10 millisieverts par an) atteint la moitié du seuil fixé pour déterminer la zone d’évacuation. De nombreux immeubles et sans doute des ponts risquent de devoir être démolis à nouveau…
  • Les usines d’eau usées au Japon se trouvent confrontées à une accumulation de boues radioactives dont on ne sait plus quoi faire. Avant elles étaient incinérées, ce qui n’est plus possible, la radioactivité partant alors dans l’air.
  • Les gouvernements japonais et indien signent un accord pour la création d’une « station balnéaire » en Inde d’une capacité de 50 000 personnes, près de la ville indienne de Chennai (côte sud-est de l’Inde). Le projet serait financé directement par la Banque du Japon (plus de 10 milliards d’euros d’investissement). La même Banque du Japon investit également dans la Corée du Sud (pour plus de 50 milliards d’euros) dans des lotissements en « résidences fermées ». Là, cela pourrait accueillir plusieurs centaines de milliers de personnes, officiellement pour les vacances. Certains commentateurs estiment que les familles les plus riches se préparent à quitter la pays.
  • Dans un entretien à l’agence Dow Jones Newswires , le ministre japonais de l’Industrie reconnaît que tous les réacteurs nucléaires du pays seront à l’arrêt d’ici mai 2012.
  • Une étude médicale conclut que les doses de césium qu’absorbent quotidiennement les habitants de la préfecture de Fukushima ne présentent pas de danger pour la santé. Le négationnisme est en route…

20 janvier

  • 9 militants de Greenpeace passe en procès à Troyes pour s’être introduit sur le site de la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine le 5 décembre 2011. A l’extérieur, plusieurs dizaines de personnes apportent leur soutien avec une banderole « Merci d’avoir porté notre parole ». Le procureur accuse Greenpeace d’indiquer aux terroristes comment procéder ! Jugement le 21 février.
  • L’agence de presse Reuters rapporte que Siemens estime que la sortie du nucléaire en Allemagne coûterait 1700 milliards d’euros. Siemens dément immédiatement en annonçant une mauvaise interprétation de leurs études : la sortie du nucléaire peut ne coûter que 2 milliards (et au pire 250 milliards)… alors que le reste est la somme nécessaire pour maintenir le système en état jusqu’en 2030, avec ou sans nucléaire. Et ceci sans tenir compte du démantèlement qu’il faut faire dans un cas comme dans l’autre (estimé à au moins 60 milliards pour les 19 réacteurs).
  • La température de l’eau dans le réacteur n°2 serait, selon TEPCO, descendu entre 42 et 45°C. C’est le moins endommagé des trois réacteurs. Les autres sont maintenus en-dessous de 100°C.

22 janvier

  • Le quotidien Mainichi Japan rapporte que les données concernant les doses reçues par les travailleurs sur le site de Fukushima ne prennent en compte que les heures où les personnes travaillent… alors qu’elles logent à proximité et reçoivent donc d’importantes doses pendant leur temps de repos. Avec cette « astuce », les « liquidateurs » peuvent recevoir jusqu’à trois fois les doses limites fixées.
  • Les médias japonais révèlent que les comptes-rendus de la cellule de crise dirigée par le premier ministre Naoto Kan, au moment de l’accident, et qui ont décidé des zones d’évacuation, ont disparu. Le gouvernement affirme n’en avoir conservé aucune trace.

24 janvier

  • La compagnie Delta qui possède la seule centrale nucléaire des Pays-Bas annonce la suspension du projet de construction d’un deuxième réacteur.
  • Deux militants de Greenpeace qui ont réussi à rester une journée cachés sur le site de la centrale de Cruas (Ardèche) passent en procès à Privas. 200 personnes sont venues les soutenir. Jugement le 28 février.
  • Après avoir annoncé une remontée des émissions radioactives en janvier 2012, depuis le centrale de Fukushima, TEPCO donne comme explication une baisse importante du niveau d’eau dans les piscines de combustible du réacteur n°4 après le tremblement de terre du 1er janvier 2012.
  • Le quotidien économique Nihon Keizai , pourtant fidèle pilier du nucléaire, dénonce le manque de sérieux de la NISA, l’Agence de sûreté nucléaire japonaise : c’est elle qui aurait du assurer la retranscription des débats de la cellule de crise suite à l’accident ; retranscription qui a disparu. La NISA a répondu qu’elle était submergée de travail et que de tout manière tout a été dit dans les conférences de presse… ce qu’unanimement la presse japonaise met en doute.
  • Le quotidien japonais Mainichi , publie des documents qui montrent que le gouvernement a volontairement caché au public que le pays disposait de suffisamment de moyens de production électrique pendant l’été pour compenser l’arrêt de tous les réacteurs nucléaires. Selon le quotidien, le gouvernement aurait fait ce choix pour alimenter la crainte d’une pénurie de courant et convaincre l’opinion de l’urgence de redémarrer les réacteurs à l’arrêt.

25 janvier

  • Un vaste sondage est publié dans les médias japonais. Dans un délai de trois ans, 36 % des Japonais sont pour l’arrêt du nucléaire, 36 % pour en fermer autant que possible, 20 % sont pour diminuer le parc nucléaire en conservant quelques réacteurs après vérification, 6 % sont pour le maintien du parc en activité, 2 % sont pour un recours accru au nucléaire. Autant dire que 92 % sont pour réduire le programme nucléaire.
  • Après avoir dit que la situation était sous contrôle, après avoir supprimé les conférence de presse communes Gouvernement-Tepco, le gouvernement japonais donne un ultimatum aux antinucléaires qui campent depuis le 11 septembre 2011 devant le Ministère de l’économie : ils ont jusqu’au 27 janvier pour partir. Au lieu de combattre la radioactivité, de venir en aide aux victimes, d’évacuer les enfants et les femmes des zones contaminées, le gouvernement choisit donc de masquer la contestation ! Une campagne internationale de soutien au campement est lancée sur internet.

27 janvier

  • Un 51e réacteur est mis à l’arrêt au Japon. Il n’en reste plus que 3 en fonctionnement : Takahama n°3 doit être arrêté le 20 février, Kashiwazaki-Kariwa n°6 fin mars, Tomari n°3 fin avril. Alors qu’il fait très froid au Japon, aucune coupure de courant n’a eu lieu.

 

28 janvier

  • Des dizaines de milliers de messages du monde entier arrivent au Ministère. Des centaines de personnes viennent dormir sur place. Le gouvernement recule et le campement devant le ministère de l’industrie est toujours là !

29 janvier 

  • Congrès de France-Nature-Environnement à Montreuil, les candidats aux élections présidentielles sont invités à venir présenter leur programme pendant 15 mn chacun. François Bayrou, Eva Joly, Corinne Lepage, Dominique de Villepin, Hervé Morin, Jean-Luc Mélenchon et François Hollande ont fait le déplacement. Si Corinne Lepage et Eva Joly sont clairement pour la sortie du nucléaire, François Bayrou a estimé que le plus urgent était la survie des abeilles et que le nucléaire est une énergie de transition, reconnaissant ne pas maîtriser les débats sur le CO2. Hervé Morin a déçu. Dominique de Villepin est apparu assez critique sur le nucléaire. Jean-Luc Mélanchon, comme à son habitude, a exprimé son refus personnel du nucléaire, mais en disant que le Front de gauche n’est que pour un référendum sur le sujet. François Hollande a promis… un nouveau Grenelle de l’environnement. Il a évité de dire quoi que ce soit sur le nucléaire, malgré un banderole « Stop EPR » déployée pendant son passage.
  • En pleine campagne négationniste, le gouvernement japonais refuse les soins gratuits pour les enfants de la préfecture de Fukushima.

30 janvier

  • Les services de renseignements français ont arrêté trois Anonymus suspectés d’avoir coordonné des attaques contre les sites d’EDF les 20, 23 avril et 2 juin 2011. Ces militants étaient sous surveillance depuis la première attaque. D’autres interpellations ont eu lieu en Allemagne et Italie (15 personnes) d’où d’autres attaques ont eu lieu, laissant des messages antinucléaires sur les sites d’EDF.
  • La Commission Energies 2050 doit remettre son rapport au gouvernement le 13 février. Une version est parvenue à la presse. Titre de Médiapart : L’Etat n’a rien appris à Fukushima. Selon ce pré-rapport, plus il y a de nucléaire, plus c’est intéressant sur le plan économique. « Les Français sont plus intéressés par leur pouvoir d’achat que par les problèmes environnementaux ». Toute option autre que le prolongement du fonctionnement des réacteurs existants est forcément plus coûteux. Areva y affirme pouvoir construire jusqu’à 5 EPR par an… alors que dans la réalité, il n’arrive pas à en construire 2 depuis maintenant presque dix ans ! Les économies d’énergie et l’efficacité énergétique (amélioration des appareils) ne sont pas pris en compte. Commentaire de Benjamin Dessus : « un exercice médiocre, biaisé par des erreurs factuelles, des non-dits, des hypothèses implicites et des omissions majeures ».
  • De nouvelles fuites d’eau radioactives ont été découvertes autour des piscines de stockage du combustible. TEPCO invite la possibilité du gel qui aurait fait exploser des conduites où circule l’eau de refroidissement. Il n’ont qu’à laisser remonter un peu la température dans les réacteurs !
  • Une centrale EDF en feu ! Heureusement, il s’agit d’une centrale thermique au charbon, située dans le port du Havre. 200 personnes travaillant sur place ont du être évacuée et l’incendie a duré de longues heures.
  • Europe-Ecologie Les Verts rend public les conclusions de la Cour des Comptes, un jour avant la parution officielle du rapport en communiquant « Le nucléaire a mangé son pain blanc ». Selon ce rapport, même en n’(intégrant pas le coût de la recherche, le coût du nucléaire a été sous-estimé d’au moins 20 % (reste quelques grosses inconnues, le coût du démantèlement dont les estimations varient de 1 à 100 !, le coût de la gestion des déchets dans le temps, le coût d’un accident toujours possible…). Si on choisit de prolonger la durée de vie des réacteurs, c’est la solution la moins coûteuse, mais la plus risquée en terme d’accident. Si on choisit de renouveler le parc avec des EPR, cela nécessitera des coûts faramineux.

31 janvier

  • Sans surprise, l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, agence de l’ONU contrôlée par la filière nucléaire, valide le processus de tests proposé par la NISA, Agence japonaise de sûreté nucléaire. Au Japon, des experts estiment que la connivence entre NISA et AIEA ne permet pas d’estimation indépendante de la validité de ces tests. D’autres soulignent qu’il est impossible de finaliser le processus, l’accident de Fukushima n’ayant pas encore permis de connaître tous les risques (notamment la crainte d’un fort tremblement de terre qui toucherait aujourd’hui la centrale accidentée). Deux experts de la NISA ont même pris la parole publiquement : Hiromitsu Ino et Asasji Goto ont déclaré que les tests ne suffisaient pas dans la mesure où ils ne simulaient qu’une seule catastrophe naturelle à la fois et ne prenaient pas en compte la possibilité de défaillances techniques ou humaines comme cela a été le cas à Fukushima.
  • La désinformation est totale : l’agence de presse Reuters reprend sans commentaires un bilan de l’AIEA qui annonce que les conséquences sanitaires ne sont pas pour le moment importantes. L’AIEA déclare en effet que « Les personnels, qui ont été exposés à de fortes doses de radiation à Fukushima, présentent un bilan médical initial normal ». Oui, initial, donc avant l’accident, ils n’étaient pas irradiés ! Et maintenant ? Mystère !
  • Le réacteur nucléaire n°2 de Byron (Illinois, Etats-Unis, 160 km au nord-ouest de Chicago) est victime d’une perte d’électricité qui entraîne un arrêt brutal du réacteur. Pour éviter que celui-ci n’explose sous la pression, des soupapes s’ouvrent automatiquement, relâchant un nuage radioactif (principalement du tritium). L’arrêt aurait été provoqué par un faible tremblement de terre (2,4 de magnitude). La Nuclear Regulatory Commission, l’autorité de Sûreté, reconnaît être dans l’incapacité de chiffrer les quantités de radioactivité relâchées et classe l’événement sous la rubrique « exceptionnel ».