Fukushima, décembre 2013

1er décembre

  • Japon : TEPCO annonce que l’usine pour la décontamination de la radioactivité, actuellement en tests, est de nouveau à l’arrêt suite à la découverte d’une fuite d’acide chlorhydrique. Cette usine, initialement mise en place par AREVA, puis confiée à TOSHIBA, est toujours présentée comme la solution pour résoudre le problème de l’accumulation de l’eau radioactive… mais depuis le début, elle ne fait qu’enchaîner panne sur panne.

2 décembre

  • Japon - Norvège : le fonds d’investissement norvégien KLP annonce son retrait du capital de TEPCO. Cela ne porte que sur 1 million d’euros, alors que le fonds qui gère la retraite des fonctionnaires gère 44 milliards d’euros. 
  • Japon : nouvelle campagne de la part du gouvernement demandant une réduction de la consommation d’électricité, sans objectif chiffré. Elle durera jusqu’au 31 mars. 
  • Japon : selon TEPCO la contamination mesurée dans le puits E1, en aval de la cuve qui a fui en août dernier, a brusquement baissé de 360 000 Bq/l le 29 novembre à 18 000 Bq/l le 30 novembre. Pas d’explication. Ces taux dépendent d’une part des fuites, mais également des conditions d’écoulement des eaux souterraines, donc difficile à analyser. 
  • Etats-Unis : l’autorité de sûreté américaine, la NRC, a déclassifié des documents relatifs aux premiers jours de l’accident de Fukushima, malgré l’opposition du gouvernement japonais.
  • Japon : quatre experts, embauchés par TEPCO pour animer un comité de surveillance, félicitent la compagnie pour les progrès accomplis ! Acheter des experts pour leur demander de communiquer en bien sur vous, une pratique courante des multinationales. Mais dans le cas de Fukushima, il faut quand même faire preuve de beaucoup d’imagination.

3 décembre

  • Japon : l’Université médicale de Fukushima et l’AIEA ont organisé à Fukushima, du 21 au 24 novembre, un colloque "Rayonnements, santé et société : les implications post-Fukushima", dont le compte-rendu est publié ce jour. On y apprend que les problèmes de santé sont surtout des problèmes subjectifs, que l’on tombe malade parce qu’on a peur et que la solution passe par une meilleure communication. Le négationnisme prend de l’ampleur avec le début de la hausse des cancers.
  • Japon : cinq ONG internationale dont Amnesty international ont protesté contre le projet de loi sur le secret. Le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Navi Pillay, a aussi alerté le gouvernement sur ce projet de loi trop flou et qui pouvait conduire à des dérives. Il a demandé que soit respecté le droit à l’information et à la liberté d’expression.
  • Japon : la municipalité d’Ôkuma vote le principe d’un complément d’indemnités en plus des versements de l’Etat. C’est la première commune à prendre cette mesure.
  • Japon : la NRA s’inquiète des conditions de stockage de produits contenant du plutonium à l’usine de "retraitement" de Tôkaï-mura. En cas d’arrêt de refroidissement, il ne faudrait que 23 heures pour qu’une solution riche en plutonium arrive à ébullition… alors que les pertes de contrôle à Fukushima ont été plus importantes que cela.
  • Japon : nouveau record de pollution radioactive dans un puits de contrôle de l’eau souterraine : 1,1 million de becquerels/litre, et ceci à 40 m du rivage. 
  • Japon : TEPCO propose au gouvernement d’investir dans des projets à l’étranger pour tenter de faire des profits qui lui permettraient de rembourser un peu ce qu’il doit au Japon. 
  • Japon : la NRA a demandé à Japan Nuclear Fuel, qui gère l’usine de traitement des combustibles de Rokkashô-mura, de se mettre aux nouvelles normes. L’usine qui devait démarrer en 1997 voit encore s’éloigner sa date possible de mise en route. La mise aux normes a été chiffrée à 1,4 milliard d’euros… qui seront payés par les actionnaires, dont TEPCO qui détient 28,6 % des parts.
  • Japon : des expertises menées sur le site de Fukushima montrent que les réacteurs sont en train de s’enfoncer lentement dans le sol. En principe les réacteurs sont sur des rochers, mais ceux-ci peuvent avoir été fracturés lors du séisme et être aujourd’hui plus instables.

4 décembre

  • Afrique du Sud. Le gouvernement annonce la suspension de son programme nucléaire (6 réacteurs d’une puissance de 9600 MW) au moins jusqu’en 2025. D’ici là, la priorité sera donné à l’hydroélectricité, aux énergies renouvelables et peut-être, si cela s’avère intéressant, aux gaz de schiste.
  • Japon : TEPCO annonce stocker 390 000 m3 d’eau radioactive dont 31 000 m3 sont passés dans l’usine de décontamination ALPS, sans succès. Ceci ne comprend évidemment par les centaines de milliers de m3 injectés dans les réacteurs et qui sont ensuite passés dans le sous-sol.

5 décembre

  • Japon : 1000e jour après le début de la catastrophe. Les médias japonais font un état des lieux. Concernant les reconstructions des logements détruits par le tsunami, cela avance très lentement : il faut reconstruire en dehors des zones trop contaminées, il est difficile de trouver de nouveaux terrains plats, d’en trouver les propriétaires parfois partis ou décédés. 80 % des personnes bénéficiant de logements provisoires y logent toujours.
  • Japon : l’AIEA finit son inspection et recommande de changer la communication sur le tritium pour expliquer que le relâcher en mer n’est pas un problème, ce qui permettrait de préparer l’opinion au rejet pur et simple, en mer, des eaux contaminées stockées sur le site. Tout plutôt que critiquer le nucléaire !
  • Japon : le gouvernement adopte une loi stipulant que l’indemnisation des réfugiés sera étendue sur une période de 10 ans, et non plus de 3 ans comme auparavant. La loi prévoit aussi des mesures simplifiées pour le suivi de ces personnes car avec le temps, elles se sont dispersées pour une part dans l’ensemble du pays et ne peuvent plus toujours justifier de leur statut. 
  • Japon : TEPCO publie une étude sur la contamination des crabes pêchés entre 1 et 3 km de la centrale. Tous sont contaminés par l’argent 110, un radionucléide dont la période est de 250 jours. Si cet argent radioactif est présent, c’est la preuve que les fuites en mer se poursuivent.
  • Japon : TEPCO annonce que la piscine commune n’est pas assez grande pour stocker l’ensemble des barres de combustibles stockés dans les 4 réacteurs accidentés. 

6 décembre 

  • Japon : malgré la multiplication des manifestations (plusieurs dizaines de milliers de personnes ce jour à Tokyo) et des pétitions depuis deux mois, malgré de nombreux articles de la part des journalistes qui craignent pour l’avenir de leur profession, malgré les protestations des avocats, des écrivains, des acteurs, des cinéastes, malgré les protestations nombreuses au niveau international, notamment de la part des Nations Unies, le gouvernement fait voter sa très controversée loi sur la protection des renseignements touchant à la sûreté nationale. Cette nouvelle loi permet de classer "secret d’Etat" toute information jugée sensible. Ce flou dans la définition permet tous les excès. Après avoir comparé les manifestations à l’extérieur du Parlement à des "actions terroristes", le premier ministre voit sa popularité s’effondrer dans les sondages. Reste à savoir quelles seront les informations "sensibles" sur un sujet comme l’accident de Fukushima.
  • Japon : la télévision NHK annonce qu’un taux record de radioactivité a été mesuré par TEPCO près d’une cheminée d’évacuation située entre les réacteurs accidentés 1 et 2 : plus de 25 Sieverts/heure. Une personne exposée à une telle dose meurt en 20 minutes. Si on bat des records de radioactivité après 1000 jours de lutte contre l’accident, on peut en conclure que l’on est encore loin de le maîtriser.
  • France-Chine : une forte délégation de ministres et hommes d’affaires français accompagnent Jean-Marc Ayrault en Chine pour se rendre sur le chantier de deux EPR en construction et faire la promotion du savoir-faire français en la matière. Henri Proglio, PDG d’EDF, a affirmé à la presse locale qu’il n’était pas aux côtés de Jean-Marc Ayrault pour lui forcer la main !
  • A noter que si en France, le gouvernement annonce vouloir que le nucléaire ne dépasse par 50 % de l’électricité en 2030, en Chine, Arnaud Montebourg, lui, annonce "50 % au minimum". Cela lui vaut une réaction de Jean-Vincent Placé, sénateur EELV : "Arnaud Montebourg, le VRP de tout ce qui échoue".
  • Etats-Unis-Japon : en visite sur place, Allison Macfarlane, présidente de l’autorité de sûreté nucléaire des Etats-Unis, estime, comme l’AIEA, qu’il faut diluer l’eau radioactive puis la rejeter en mer, seule solution possible. Ce qui bien sûr est faux : il est aussi possible de la stocker pendant des dizaines d’années en cuve comme actuellement, jusqu’à ce que la radioactivité baisse naturellement… mais cela a deux inconvénients : cela coûte très cher et surtout cela rappelle en permanence qu’un accident nucléaire ne se termine jamais.

7 décembre

  • Grande-Bretagne-Japon : un spécialiste du nucléaire interrogé par la BBC estime que les opérations très médiatisées de vidage de la piscine du réacteur n°4 sont de la "diversion" : pendant ce temps, on oublie de parler de la radioactivité qui s’échappe sans cesse des réacteurs accidentés 1, 2 et 3. 

8 décembre

  • Canada-Japon : une équipe de scientifiques canadiens estime que les quantités de césium 137 qui se sont échappées des réacteurs de Fukushima atteignent déjà presque le double de ce qui a été relâché à Tchernobyl. On en serait déjà à 138 PBq (138 millions de milliards de becquerels). La même équipe conteste les données rassurantes du gouvernement canadien sur les rejets qui ont traversé le Pacifique : de nombreux isotopes radioactifs n’ont pas été pris en compte. 
  • Japon : selon TEPCO, probablement du fait de la construction du mur, l’eau contaminée s’accumule sous la centrale… jusqu’à 800 m à l’intérieur des terres.
  • Japon : TEPCO rend publique une mesure du strontium 90 dans un échantillon prélevé le 11 septembre 2013 dans les eaux souterraines à proximité du réacteur n°1 : 7700 Bq/ l. Trois mois pour donner cette information.
  • Japon : des analyses sur le tabac produit pour la marque JT Burley montrent une contamination au césium dans 71 % des cas. Dans deux échantillons analysés, la limite de commercialisation de 100 Bq/kg est dépassée.

9 décembre

  • Japon : un essai de culture de riz a été fait en zone contaminée. La couche superficielle des rizières a été enlevée, puis le riz planté ce printemps, la récolte faite en octobre. Le riz ne présenterait qu’une radioactivité inférieure à 10 Bq/kg. Bien que largement en-dessous de la limite fixée par le gouvernement (100 Bq/kg), ce riz ne sera pas commercialisé. 
  • Japon : pour rassurer les gens, le gouvernement annonce que 540 kg de riz provenant de la région de Fukushima vont être servis dans les cantines des fonctionnaires des ministères. 
  • Japon : le ministère du travail va rendre obligatoire la tenue d’un cahier de doses pour les personnes qui interviennent sur les chantiers de décontamination, comme pour les travailleurs qui sont sur les sites nucléaires.

10 décembre

  • Corée : le gouvernement annonce une révision à la baisse de son programme nucléaire. Alors que celui-ci devait produire 40 % de l’électricité en 2035, ce ne sera plus que 29 % (26 % actuellement). Concrètement, cela signifie que les 5 réacteurs en cours de construction seront achevés, mais que les 9 autres programmés sont abandonnés. Le nouveau programme indique également que la consommation d’électricité devrait baisser par rapport au plan précédent de 13 % (mais cela se traduit quand même par une hausse de la consommation).
  • Japon : le président de la commission d’enquête parlementaire sur l’accident de Fukushima souligne dans un rapport que l’autorité de sûreté nucléaire, la NRA, n’est pas aussi indépendante qu’elle devrait l’être, du fait qu’elle n’est composée que d’experts japonais identifiés et donc soumis à un intense lobbying. Il suggère que, comme pour l’aviation civile, la sûreté nucléaire soit placée sous un contrôle international. Mais on lui répondra que l’AIEA existe déjà et est malheureusement bien plus sous influence que la NRA japonaise. 
  • Japon : un groupe d’élus proches du gouvernement suggère de plafonner les aides aux sinistrés à hauteur de 71 000 à 100 000 euros selon le taux de contamination de leurs lieux d’habitation. Or ce niveau d’indemnités va être atteint d’ici le 3e anniversaire de l’accident et il est bien évident que pour la plupart des déplacés, rien n’est résolu. Cela provoque des réactions indignées dans les médias. 
  • Japon : rencontre entre les ministres de l’environnement et de la reconstruction, le gouverneur de la province de Fukushima et les maires de Futaba, d’Ôkuma et de Naraha, les communes les plus proches de la centrale. A l’ordre du jour : l’entreposage pour une durée de 30 ans des déchets radioactifs provenant de la décontamination des sols, des boues des stations d’épuration, des cendres d’incinérateur… Les maires avaient donné leur accord pour une étude de faisabilité, mais n’acceptent pas l’idée du stockage qui risque de n’avoir de "provisoire" que le nom. 
  • Japon : TEPCO annonce un taux record de radioactivité dans le puits de contrôle 1-16 : 1,4 million de Bq/l. Le taux dans le puits E1 près de la cuve qui a fui en août, remonte également, mais sans aucune explication.
  • Japon : TEPCO annonce avoir fini un 3e convoi depuis la piscine du réacteur n°4 et a donc évacué 66 assemblages sur 1533.

11 décembre

  • France : le groupe EELV obtient le soutien de l’Assemblée nationale pour la mise en place d’une commission parlementaire chargée d’étudier les coûts de la filière nucléaire, de son éventuel remplacement ou démantèlement ou prolongement. Elle rendra un rapport dans six mois.
  • Japon : le gouvernement a prévu 700 millions d’euros dans le budget 2014 pour acheter des terrains pour le stockage des déchets radioactifs. Cela en substitution de TEPCO qui n’a pas les moyens financiers de le faire. Une nouvelle fois, le gouvernement fait payer aux contribuables ce qui devrait être payé par les actionnaires. Et ce n’est que le début : le plan gouvernemental annonce un budget total de 7 milliards d’euros pour la construction ensuite de bâtiments de stockage. 
  • Japon : la NRA autorise l’usine de reconditionnement de Tôkaï-mura à reprendre partiellement ses activités pour conditionner 400 m3 de déchets très radioactifs à vie longue et 3,5 m3 de déchets liquides ayant un fort taux de plutonium pour solidifier ces liquides et ensuite vitrifier les déchets. Cette reprise partielle va durer un certain temps : il faut au moins 2 ans pour solidifier les déchets liquides et 21 ans pour ensuite conditionner le tout par vitrification. Même quand la production nucléaire est arrêtée, il reste encore du travail dans le secteur 

12 décembre

  • Japon : Toshiba et ses 17 sous-traitants se font rabrouer par l’inspection du travail : quand les ouvriers présents sur le site de Fukushima voyaient leur dosimètre sonner l’alarme, ils se contentaient d’en changer !
  • Japon : TEPCO a demandé aux communes voisines de Fukushima l’autorisation de procéder à la fermeture administrative des réacteurs du site. Cette demande est nécessaire car les communes vont alors voir cesser le versement de taxes liées au site. Ce jour, le conseil municipal de Tomioka, est le premier à voter en faveur de cet arrêt. 
  • Japon : des cochons abandonnés à l’état sauvage au moment de l’accident se sont croisés avec des sangliers et leurs descendants font aujourd’hui des ravages dans les maisons abandonnées lorsqu’ils y entrent pour chercher de la nourriture. Les autorités cherchent des chasseurs volontaires pour essayer de les abattre. Chasser en tenue de protection sans donner l’alerte au porcs, cela va être coton 
  • Japon : TEPCO annonce pouvoir assurer le recrutement de nouveaux salariés pour intervenir sur le site au moins jusqu’à fin 2015, mais craint ensuite de manquer de personnel. TEPCO précise qu’il lui faut trouver des volontaires pour au moins 40 ans. Cette affirmation a provoqué de multiples réactions de la part des syndicats qui estiment que l’on a déjà un manque de personnel et que celui qui est présent manque de formation pour être compétent. TEPCO reconnaît que le défi est immense car il faudra à un moment donné oser pénétrer dans les bâtiments accidentés et que les défis techniques sont multiples. Pour encourager les entreprises sous-traitantes à fournir du personnel, TEPCO leur fait miroiter qu’ensuite, elles pourront postuler pour le démantèlement de n’importe quel autre réacteur dans le monde. 
  • France-Brésil : François Hollande, en visite au Brésil, essaie de convaincre le gouvernement de relancer son programme nucléaire. 

13 décembre

  • Japon : Bernard Laponche de Global Chance, publie une étude sur l’évolution de la consommation d’énergie au Japon depuis l’accident de Fukushima, prenant en compte l’arrêt total des réacteurs nucléaires. On y voit que la consommation d’énergie finale était stable entre 2000 et 2007 puis baisse du fait de la crise en 2008, remonte ensuite légèrement jusqu’à l’accident avant de se stabiliser un peu au-dessus du creux de 2008. Si l’on ne prend en compte que l’électricité, on constate là aussi que la baisse provoquée par la crise en 2008 est plus forte que les campagnes d’économie lancées après l’accident de 2011. C’est principalement la demande du tertiaire (-18% après l’accident) qui accompagne ces variations devant l’industrie (-13 %) devant le résidentiel (-11,8 %), les transports (-1,4 %) et l’agriculture (0%) étant stables. Concrètement, la consommation est redescendue au niveau de 1992. L’arrêt du nucléaire a été compensé par le gaz, le charbon et le pétrole. Contrairement à l’Allemagne, les renouvelables restant à un niveau négligeable. Les émissions de CO2 sont remontées (+16 %) au niveau de 2005. Une remontée limitée par l’amélioration de l’efficacité énergétique. Le remplacement du nucléaire a coûté 2,5 milliards d’euros en 2011, 15 milliards d’euros en 2012… soit seulement 20 % de la hausse du coût de l’énergie. 
  • France : après que l’ASN ait dénoncé la présence de matériel défectueux dans la conception du futur EPR (43 défauts relevés), le ministère du travail somme EDF d’arrêter le chantier. Le contrôle de l’ASN fait suite à la chute d’une pièce du chariot du pont roulant intérieur, le 16 octobre dernier et la découverte que deux treuils installés pour soulever des charges pesant jusqu’à 500 tonnes peuvent se percuter, ne disposent pas d’arrêt d’urgence et leur mode d’emploi est uniquement en anglais.
  • Japon : des habitants ont été autorisés à rentrer chez eux sur la commune de Miyakoji, à moins de 20 km de la centrale. Comme les doses reçues sont encore entre 1 et 20 mSv par an, seule une trentaine de familles sur 117 ont fait le choix de revenir : les personnes âgées. Problème : n’étant plus en zone évacuée, les familles qui ne rentrent pas verront leurs indemnités stopper dans un an. Un moyen de chantage. Le quotidien Asahi a enquêté auprès des familles qui ne sont pas revenues : 16 disent qu’elles devront rentrer après la fin des indemnités, 7 ne rentreront jamais, 24 ne rentreront pas d’ici un an, mais espèrent encore pouvoir revenir plus tard, les autres sont indécises.
  • Japon : une étude portant sur 700 000 enfants de 5 à 17 ans, montre que le surpoids est en diminution dans le pays, sauf dans la région de Fukushima… où les enfants ne peuvent jouer librement à l’extérieur. Le nucléaire rend obèse !
  • Japon : TEPCO publie un nouveau rapport sur le déroulement de l’accident. Il ressort que la fusion du cœur du réacteur n°3 a été plus importante qu’annoncé notamment parce que quand les pompiers ont injecté de l’eau pour ralentir la réaction nucléaire, trop de vannes étaient restées ouvertes laissant filer l’eau à l’extérieur et que la radioactivité était trop importante pour envoyer des humains les fermer manuellement. 
  • Japon : la loi sur le secret d’Etat est promulguée.

14 décembre

  • Japon : une commission formée par le gouvernement pour étudier l’avenir du nucléaire dans le pays conclut en affirmant que le nucléaire est une source d’énergie "importante et fondamentale". Elle va ainsi dans le sens du premier ministre qui cherche des arguments pour relancer les centrales. Le président de cette commission est Akio Mimura, président d’honneur de Nippon Steel & Sumitomo Metal, premier groupe sidérurgique du pays et l’un des plus gros consommateurs d’électricité.
  • France : en juillet, un taux anormal de tritium a été mesuré sous la centrale du Tricastin. EDF annonce ce jour, après cinq mois de recherche, avoir trouvé l’origine de la pollution. Un joint défaillant dans le réacteur n°3.
  • Japon : le gouvernement met en place un Institut de recherche sur le démantèlement nucléaire. Mieux vaut tard que jamais.
  • Japon : le gouvernement veut acheter des terrains en zone contaminée (1900 hectares) pour y stocker les déchets nucléaires (déjà 28 millions de m3). Mais il ne veut payer que la valeur actuelle du terrain, soit une valeur évidemment très faible puisque la contamination en empêche tout autre usage. Des médias et des élus s’interrogent : pourquoi ne pas louer les terrains si ce n’est, comme annoncé, que pour un stockage d’une durée maximale de 30 ans ?
  • Japon : le gouvernement avait annoncé que les indemnisations pour les personnes évacuées seraient limitées à 5000 milliards de yens (36 milliards d’euros), mais cette somme est déjà presque dépensée et il annonce une nouvelle limite à 9000 milliards de yens (65 milliards d’euros). Cette somme s’ajoute aux frais de gestion sur le site de Fukushima (déjà plus de 40 milliards d’euros) et aux frais de décontamination des sols… 
  • Japon : les taux de contamination des eaux souterraines dans le puits 1-16 continuent à battre des records : 1,5 million de becquerels par litre le 9 décembre, 1,8 MBq/l le 12 décembre.

16 décembre

  • Japon : le gouvernement présente un nouveau modèle de drone, conçu par l’AIEA, qui sera utilisé pour mesurer la radioactivité sur le site de Fukushima, ce qui, en principe doit permettre de diminuer les expositions pour les travailleurs. Problème : il ne peut s’approcher ni des lignes électriques, ni des bâtiments. 
  • Japon-France : une délégation de l’IRSN (institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire) visite le site de Fukushima pendant deux heures. Des journalistes français sont présents. L’occasion pour Jacques Repussard, directeur général, de mentir dans nos médias : "Le site est aujourd’hui sous contrôle, en dehors de tout risque d’une nouvelle catastrophe naturelle" (L’usine Nouvelle). Totalement faux : en cas de fort séisme, la piscine du réacteur n°4 peut toujours s’effondrer et rien n’est sûr sur la solidité des réacteurs 1, 2 et 3. Et de s’extasier : "TEPCO est clair, le projet est précis (…) il est relativement robuste et nous avons le sentiment qu’il sera mené à bien". Il n’y a qu’à lire cette chronologie pour voir combien TEPCO avance de manière "robuste" ! Et de fanfaronner sur les conditions d’évacuation : "En France, je pense que nous ferions mieux". Espérons que nous n’aurons pas à le vérifier.
  • Japon : un consortium de 77 banques commerciales annonce étudier la possibilité d’arrêter de prêter de l’argent à TEPCO alors que l’entreprise vient d’emprunter pour plus de 2 milliards d’euros. La Sumitomo Mitsui Banking Corp est la banque qui a prêté le plus : environ 7 milliards d’euros, soit trois fois plus que les limites accordées avant l’accident. Les banques demandent des garanties au gouvernement. Celui-ci annonce couvrir la dette jusqu’à concurrence de 32 milliards d’euros… et prêter ensuite l’argent directement à TEPCO.
  • Japon : la NRA publie une nouvelle carte de la contamination dans la zone des 20 km. Cela évolue à la baisse du fait de la disparition des radionucléides à durée de vie courte, mais la baisse est très lente et sera de plus en plus lente. 
  • Japon : une habitante d’une résidence de Shirakawa, a signalé à la presse que les enfants jouent à proximité des sacs de déchets radioactifs laissés sur place après décontamination. Un journaliste du quotidien Maïnichi s’est rendu sur place : il a constaté que près de ces sacs, le débit de dose est de 2,23 microsieverts/heure alors que la limite fixée par la loi est de 0,23 microsieverts/heure. Cette limite de dose est celle que l’on a à l’entrée des habitations. Le même jour, le journaliste voit deux collégiens qui discutent à proximité de tels sacs. Interrogés, ils disent ignorer ce que contiennent ces sacs !

17 décembre

  • Japon : lors de la visite de la délégation française, TEPCO reconnaît que l’usine de décontamination de l’eau ne devrait pas être fonctionnelle avant deux ou trois ans. Rappelons que depuis le début, de nombreux physiciens ont expliqué que cela ne résoudrait rien : au mieux, on déplacera la radioactivité, mais on ne peut pas la détruire.
  • Japon : le gouvernement publie un nouveau nombre de décès liés à l’accident nucléaire : 1605 au 30 novembre 2013. Cela inclut les personnes mortes pendant l’évacuation, les suicidés, mais pour le moment aucun travailleur du site ou malade d’un cancer. Pour la première fois, ce nombre dépasse celui des victimes des décès directs provoqués par le tsunami et les séismes du 11 mars (1603), nombre qui ne bougera plus contrairement au premier.
  • Japon : la NRA publie une carte de la contamination des eaux de mer. Si au-delà des premiers kilomètres, la contamination est faible, elle est mesurable à des centaines de kilomètres de la centrale.

18 décembre

  • Japon : selon TEPCO, le début de l’évacuation du combustible de la piscine du réacteur n°4 marque le début de la deuxième phase du démantèlement des réacteurs. Cette 2e phase consiste à retirer le combustible. Si cela va être facile pour les réacteurs 5 et 6 non accidentés, risqué pour le réacteur n°4 où le cœur n’a pas fondu, personne ne sait comment cela va être possible pour les réacteurs 1, 2 et 3. TEPCO annonce que cette deuxième phase devrait durer entre 20 et 30 ans, avec tout d’abord une phase de recherche pour savoir comment entrer dans les réacteurs accidentés… où pour le moment seuls des robots ont réussi à enregistrer quelques mesures. TEPCO devrait notamment s’appuyer sur l’expérience de Three Mile Island, en Pennsylvanie (Etats-Unis) dont le cœur avait fondu en 1979. Dans cette dernière, l’accident a eu lieu le 28 mars 1979… mais bien que le cœur n’y ait pas percé la cuve, il a fallu plus de 20 ans pour évacuer le combustible. Donc 20 à 30 ans pour Fukushima semble bien optimiste ! TEPCO annonce qu’un chantier va être mené pour collecter les morceaux de l’explosion de la centrale qui sont éparpillés partout sur le site, ceci afin de faire baisser les doses d’exposition pour les travailleurs. TEPCO estime qu’une fois ce chantier mené à bien et les sols grattés puis bitumés, les taux d’exposition pourraient être divisés par dix à l’extérieur des réacteurs.
  • Japon : TEPCO annonce le lancement de l’arrêt administratif des réacteurs 5 et 6, ayant eu l’aval des communes concernées. Il sera effectif le 31 janvier 2014. L’évacuation du combustible dans ces réacteurs est en cours et devrait être terminée en septembre 2014.
  • Japon : conséquence de l’évacuation des populations, l’explosion des divorces. Car, si les hommes veulent rester pour conserver leur emploi, les femmes s’en vont. Le maire de Iitate, commune évacuée, annonce ainsi qu’avant l’accident, il y avait 1700 ménages dans la commune… alors que le nombre de foyers fiscaux a presque doublé en trois ans pour atteindre 3000… Ce ne sont toutefois pas toujours des divorces, il y a aussi parfois l’impossibilité de reloger des grands parents avec leur famille après l’évacuation, mais globalement, les familles se désagrègent.
  • Japon : TEPCO donne des mesures de radioactivité sur des poissons pêchés jusqu’à 20 km de la centrale, cela monte jusqu’à 1070 Bq/kg (dix fois la limite fixée). Pour les poissons pêchés dans le port de la centrale, cela monte jusqu’à 131 000 Bq/kg.
  • Japon : TEPCO a fini un 4e transport depuis la piscine du n°4 (soit 88 assemblages). A ce rythme, il faudra deux ans pour vider l’ensemble de la piscine.
  • Japon : la commune de Tokyo annonce la fermeture fin décembre du dernier gymnase de la capitale qui assurait le logement de personnes évacuées. Selon la mairie tout le monde a trouvé un logement définitif.
  • Etats-Unis : 51 militaires, âgés de 20 à 25 ans, ayant participé aux opérations de sauvetage au moment du tsunami, sont aujourd’hui atteints de cancers, de cécité ou d’impuissance. Ils étaient marins sur le porte-avions USS Ronald Reagan qui a été pris dans le nuage radioactif de Fukushima. Ils viennent de porter plainte contre TEPCO.

19 décembre

  • Japon : afin d’accélérer la décontamination autour de Fukushima, le gouvernement annonce un doublement du budget qui passe de 32 à 64 milliards d’euros de prêt sans intérêt à TEPCO. Le gouvernement va également prendre en charge la décontamination des sols pour 18 milliards d’euros, et les centres de stockage des déchets pour 8 milliards. Total : déjà 90 milliards d’euros.
  • Japon : il y avait deux centrales nucléaires dans la préfecture de Fukushima : Fukushima daï-ichi où quatre réacteurs sont accidentés, ceux dont nous parlons tout le temps ici ; et la centrale de Fukushima daï-ni, dont les 4 réacteurs ont été inondés par le tsunami et qui est à l’arrêt depuis mars 2011 heureusement sans accident nucléaire. Le gouverneur de la région a demandé que cette dernière soit aussi officiellement arrêtée.
  • Japon : Japan Nuclear Fuel Ltd reporte pour la 20e fois la date de démarrage de son usine dite de retraitement des combustibles irradiés de Rokkashô-mura. Nouvelle date annoncée pour le lancement : octobre 2014. On en est à 7 ans de retard. Le chantier dure depuis 1993 !
  • Japon : des champignons sont analysés avec des taux de 434 000 Bq/kg à Minamisoma. Cela fait 4340 fois la limite autorisée pour la consommation.
  • Japon : TEPCO doit intervenir en urgence pour vider une cuve d’eau très radioactive qui s’est mise à fuir.

20 décembre

  • Japon : selon un nouveau pointage, 82 des 135 communes (60 %) situées à moins de 30 km d’un réacteur n’ont toujours pas mis en place leur plan d’évacuation.
  • Japon : le gouvernement annonce la mise en place d’une prime pour ceux qui acceptent de retourner vivre en zone « décontaminée » (c’est-à-dire en principe en-dessous de 20 mSv/an). Cette prime est de 6400 euros par personne. C’est peu payé pour y laisser sa santé !
  • France : Areva a offert 35 millions d’euros au gouvernement du Niger apparemment sans contrepartie officielle. L’Observatoire du nucléaire a estimé qu’il s’agissait de corruption. Areva a attaqué l’association pour diffamation. Le procès a lieu ce jour à Paris.
  • Japon : deux salariés de TEPCO, surnommés Happy et Sunny, qui travaillent sur le site de Fukushima depuis le début de l’accident répondent de manière anonyme à des questions via internet. On y apprend que la radioactivité près du réacteur n°3 est la plus intense, probablement parce que le combustible MOX (mélange uranium plutonium) est entré en fusion. Dans ce réacteur, la dose limite peut-être atteinte en une demi-heure, ce qui empêche pratiquement toute intervention. Près de certains tuyaux qui fuient, il y a des doses mortelles en quelques minutes. Ils dénoncent les bricolages de TEPCO qui multiplient les tuyaux d’eau contaminée en plastique par manque d’argent pour installer des tuyaux en métal. Ce manque d’argent fait que les réparations sont de plus en plus de mauvaise qualité. En principe, il est interdit à un travailleur d’être seul à une tache, mais du fait du manque de personnel, cela devient de plus en plus courant… et cela multiplie les erreurs de manipulation. Selon eux, il y a bien assez d’ouvriers pour exécuter le travail, mais pas assez de personnel formé pour les encadrer. Le problème est que si l’on peut renouveler les moins qualifiés, ce n’est pas le cas de ceux de l’encadrement qui ont tous atteint leurs limites de doses. Les personnes qui ont atteint leur limite de dose se retrouvent sans travail et sans salaire. Si une opportunité se présente, elles partent travailler ailleurs, et les plus qualifiées sont celles qui ont le plus d’occasions de partir. Ce manque de personnel est aussi provoqué par les choix de TEPCO : par manque de liquidités, la direction a baissé les versements aux entreprises sous-traitantes, et ces dernières se récupèrent en ne versant plus les primes de risque à leurs salariés.
  • Japon : après la fermeture officielle des 6 réacteurs de Fukushima, il reste en principe 48 réacteurs en possible fonctionnement… en réalité beaucoup moins : certains ne pourront jamais satisfaire aux nouvelles normes.
  • Japon : TEPCO annonce avoir mesuré pour la première fois de la radioactivité dans les eaux souterraines profondes (25 m sous les réacteurs). C’est faible pour le moment (89 Bq/l), mais cela prouve que la radioactivité se diffuse largement dans le sol.
  • Japon : nouveau record de radioactivité dans la nappe souterraine proche, au puits 1-16 : 1,9 millions de becquerels par litre.

21 décembre

  • Niger : plusieurs centaines de personnes manifestent à Niamey contre les contrats déséquilibrés proposés par Areva pour l’exploitation des mines d’uranium.
  • Finlande : annonce d’un contrat avec Rosatom (Russie) pour la construction d’un réacteur nucléaire d’ici 2024.

22 décembre

  • Japon : la NRA publie de nouvelles données sur la pollution en mer. Le maintien d’une plus forte radioactivité dans les eaux proches de la centrale indique la poursuite des fuites (sinon, le taux s’homogénéiserait).
  • Japon : nouvelle manifestation antinucléaire à Tokyo avec une chaîne pour encercler le parlement. 15 000 personnes selon les organisateurs, 2000 selon la police.

23 décembre

  • Japon : un journaliste du Nouvel Observateur rappelle que les « Big bags » utilisés pour stocker la terre contaminée et stockés un peu partout dans la zone contaminée, ne sont garantis que 3 ans et ne résisteraient pas au passage d’un ouragan.
  • Japon : TEPCO indique que de nouvelles fuites ont été constatées au niveau des murets prévus pour retenir l’eau de pluie. Outre le doublement de la hauteur de ces murs, ceux-ci vont être enduits avec un produit imperméabilisant.
  • Japon : La municipalité de Minami-Sôma publie ses propres analyses sur des aliments. Pour les champignons, la contamination en césium monte à plus de 400 000 Bq/kg.
  • Japon : des experts japonais lancent un appel au gouvernement pour faire face à la flambée de cancers qui va sûrement se produire chez les jeunes dans la région de Fukushima.

24 décembre

  • Japon : TEPCO annonce un plan de restructuration pour limiter ses pertes financières. Une nouvelle entreprise serait spécialement créée pour gérer le seul site de Fukushima, entreprise gérée par l’Etat. TEPCO fait pression sur le gouvernement pour autoriser le redémarrage de réacteurs nucléaires à Kashiwazaki-Kariwa d’ici juillet 2014. Un tel redémarrage permettrait selon TEPCO de débloquer de nouveaux prêts de la part d’un milieu bancaire de plus en plus réticent. Derrière ces manœuvres, il y a l’essai de remettre TEPCO sur un secteur hors-accident qui peut être rentable pour ses actionnaires… et de se débarrasser des coûts de l’accident auprès de l’Etat donc des contribuables. La centrale de Kashiwazaki-Kariwa a été victime d’un séisme en 2007 et seuls deux réacteurs redémarreraient maintenant, deux autres en 2015… et les 3 derniers endommagés par le séisme, probablement jamais.
  • Japon : le nombre d’étudiants dans la province de Fukushima est en baisse. C’est la seule province où c’est le cas. Principalement parce que les étudiants d’autres provinces n’y viennent plus.
  • Japon : TEPCO qui avait annoncé précédemment que les fuites au niveau des murets de rétention ne concernaient que quelques m3 revoit son chiffre à la hausse : c’est maintenant 225 m3.

25 décembre

  • Japon : comme l’année dernière, les personnes évacuées qui le souhaitaient pouvaient demander à rentrer chez elles le temps du réveillon. Seules 556 familles soit 1700 personnes l’ont fait sur un total de 27 150 familles.
  • Japon : la NRA a reçu des dossiers pour les demandes de redémarrage de 15 réacteurs sur 48 possibles. Aucun dossier n’a pour le moment été traité.
  • Japon : la NRA republie des cartes de contamination sur 80 km autour de la centrale accidentée. Il y a une baisse sensible : à 1 m du sol, on a en moyenne une baisse de 47 % par rapport aux maximums enregistrés. Cela est dû à la disparition presque totale du césium 134 (période de deux ans), mais aussi au lessivage des sols par les eaux de pluie qui entraine la radioactivité plus loin… et sans doute quand même aux travaux de décontamination des sols.
  • Japon : dans une vidéo mise en ligne sur internet, l’association des Mères de Fukushima fait état de la dégradation de la santé de nombreuses personnes, de cas de leucémies chez les enfants et d’étranges résultats discordant sur les examens de la thyroïde selon que les examens sont faits dans la région ou plus loin.

26 décembre

  • Japon : alors qu’initialement la campagne de décontamination des terres devait s’achever en mars 2014, le ministère de l’environnement annonce que cela durera jusqu’en mars 2017. De toute manière tant que de la radioactivité s’échappera de la centrale accidentée, la décontamination des sols ne peut être définitive… et, pour le moment, 70 % du territoire (montagnes et forêts) ne font l’objet d’aucune décontamination, de même que la zone centrale où l’on dépasse les 50 mSv/an. Le gouvernement estime qu’il va falloir stocker au moins 800 000 tonnes de déchets.
  • Italie : le ministère de l’environnement lance un appel pour une consommation modérée de viande de sanglier, celle-ci pouvant encore atteindre 600 Bq/kg, conséquence du nuage radioactif de Tchernobyl de 1986.

27 décembre

  • Japon : TEPCO demande une nouvelle aide à l’Etat d’un montant de 7,1 milliards d’euros. Le gouvernement a déjà versé 34,2 milliards d’euros (sur les 64 prévus dans le budget adopté le 19 décembre).
  • Japon : 16e demande de redémarrage d’un réacteur. Il s’agit cette fois du réacteur n°2 d’Onagawa, la centrale plus proche de l’épicentre du séisme du 11 mars 2011. A l’époque, les trois réacteurs de la centrale se sont arrêtés automatiquement, mais un incendie s’était déclaré dans un des réacteurs et des générateurs de secours avaient été noyés par le tsunami.
  • Japon : une étude médicale estime que le nombre de morts à long terme pour l’accident de Fukushima pourrait atteindre 600 000 auxquels il faut ajouter 100 000 enfants morts-nés supplémentaires et 100 000 enfants présentant des malformations génétiques.

28 décembre

  • Etats-Unis : 20 marins supplémentaires du porte avion USS Ronald-Reagan se joignent à la plainte contre TEPCO (voir 18 décembre).

29 décembre

  • Japon : des ouvriers du site de Fukushima ouvrent un site internet pour collecter de l’argent pour acheter des sous-vêtements chauds ! Non seulement, ils prennent la radioactivité, mais en plus, ils souffrent du froid.

30 décembre

  • Japon : France24 passe un reportage de Reuters montrant comment les entreprises sous-traitantes de TEPCO recrutent des SDF pour faire le sale boulot. Nombre de ces entreprises sont contrôlées par la mafia. Sur 733 entreprises retrouvées par Reuters, 56 ne sont pas habilitées par le ministère de l’environnement, 5 n’ont aucune adresse publique. La police est intervenue à plusieurs reprises : les recruteurs empochent une partie des salaires et certains SDF n’ont même pas de quoi vivre.
  • Sri Lanka : le gouvernement proteste après avoir trouvé des aliments provenant du Japon avec des taux de radioactivité autour de 15 à 20 Bq/kg. Si la limite pour la commercialisation au Japon est de 100 Bq/kg, le Sri Lanka estime que c’est quand même trop pour eux.
  • Japon : pour gagner du temps sur les temps de transport, le gouvernement japonais indique qu’il va donner son accord aux demandes des entreprises pour que les ouvriers chargés de la décontamination des sols puissent dormir sur place… à condition que chaque ouvrier ne dépasse pas les 20 mSv/an.
  • France : le CEA, Commissariat à l’énergie atomique publie une étude sur Fukushima, évidemment très incomplète (secret défense oblige), mais avec des cartes qui montrent clairement que le 23 mars 2011, le nuage radioactif avait déjà envahi l’ensemble de l’hémisphère nord à des taux mesurables (plus de 5 mBq/m3)

31 décembre

  • Japon : selon les statistiques des industriels du secteur, 6300 MW de panneaux solaires ont été installés en 2013 au Japon, ce qui en fait le deuxième marché derrière la Chine (8600 MW). En 2014, 7200 MW sont déjà programmés au Japon.
  • Japon : nouveau record de radioactivité dans la nappe souterraine proche du puits 1-16 : 2,1 millions de becquerels par litre.
  • Japon : le quotidien Tokyo Shimbun révèle que l’université de médecine de Fukushima a signé un protocole d’accord avec l’AIEA, Agence internationale de l’énergie atomique, qui prévoit que les résultats d’études seront classés secrets.
  • Etats-Unis : des sites internet dénoncent le silence de l’armée US à propos des doses reçues par les marins du porte avion USS Ronald-Reagan : pour qu’il y ait des cancers aussi rapidement, il faut que les doses reçues aient été massives.