Fukushima, avril 2012

2 avril

  • Un collectif d’artistes japonais a installé un logement dans un conteneur industriel, lequel a été placé à la limite de la zone interdite de Fukushima. Les artistes ont ensuite offert ce logement à tout politicien qui souhaiterait venir vivre dans cette zone légalement habitable.
  • Le quotidien japonais Asahi publie une liste de « dons » faits par l’industry nucléaire aux autorités chargées de délivrer les autorisations de construction ou à celles qui sont chargées de veiller au respect de la sûreté. Ainsi la Japan Atomic Energy Agency aurait reçu 250 millions de yens depuis l’accident de Fukushima (environ 2,7 millions d’euros). Le quotidien a trouvé ces sommes en épluchant les comptes fiscaux de ces organismes publics.
  • Le gouvernement allemand publie son bilan carbone pour 2011. Alors que selon nos politiciens français cela devait être une catastrophe après l’arrêt de 8 réacteurs en 2011, le résultat est… (suspens !)… une baisse des émissions de CO2 de 1 % sur l’année ! Comme quoi, on peut non seulement sortir du nucléaire, mais en plus lutter contre le réchauffement climatique. Il suffit de le vouloir et d’avoir des responsables politiques à la hauteur.
  • Des experts japonais estiment qu’un tsunami de 30 m de haut est possible en cas de séisme au large de magnitude 9. De fait aucun des réacteurs du pays, tous construits en bord de mer, n’est prévu pour résister à cela. Fukushima n’avait par exemple pris en compte qu’une vague de 6 m.

3 avril

  • Le groupe des écologistes au conseil régional du Centre ont déposé un vœu demandant une révision des PPI, Plan particulier d’intervention, autour des centrales nucléaires. S’appuyant sur les suites de l’accident de Fukushima, il demande que ces PPI, élaborés en 1980, soient étendus à l’ensemble de la région et non à un rayon de 5 km autour de chaque réacteur.
  • Le gouvernement japonais a demandé à la NISA, l’autorité de sûreté nucléaire japonaise, de mettre en place un nouveau cahier des charges pour les compagnies d’électricité, qui soit accepté par les autorités locales et régionales, lesquelles pour le moment bloque tout redémarrage de réacteurs.

4 avril

  • Le gouvernement japonais estime qu’1,7 million de personnes devraient toucher des indemnités du fait des préjudices subit depuis l’accident de Fukushima (restriction de circuler, contrôle médical, difficulté à s’alimenter…). Selon lui, cela devrait coûter au moins 4500 milliards de yens à TEPCO (41 milliards d’euros) qui pour le moment n’a versé que 491 milliards de yens (4,5 milliards d’euros). Mais évidemment ce chiffre de 1,7 million est largement sous-estimé : il y a des préjudices pour les gens bien au-delà de Tokyo et ses 35 millions d’habitants.
  • TEPCO ouvre une chaîne de télévision sur internet.
  • Le site reporterre.net a traduit un article d’un journaliste japonais sur le rôle des médias au Japon, montrant que les grands quotidiens sous-estiment les conséquences de l’accident de Fukushima… pour ne pas perdre la manne publicitaire des électriciens. Rien que TEPCO a acheté en 2011 pour 230 millions d’euros de pages de publicités. Pour l’ensemble des compagnies d’électricité, on dépasse le milliard d’euros. A ceci s’ajoute les avantages directs dont bénéficient les journalistes par le biais des « clubs de la presse » (kisha club) financés par les industriels. Il rappelle que la plupart des chaînes de télévision appartiennent à des groupes financiers liés au nucléaire. On n’imagine pas qu’en France, Bouygues, constructeur de l’EPR à Flamanville puisse être par ailleurs à la tête de TF1.
  • 47 syndicalistes alsaciens, en leur nom personnel, lancent un appel pour la fermeture de la centrale de Fessenheim. Interrogés lors d’une conférence de presse, ils disent être membre de différents syndicats (CGT, CFDT, FSU et Solidaires). Le texte précise « nous sommes prêts à défendre les emplois mais pas en acceptant n’importe quoi » (…) « La fermeture peut se faire sans licenciements, il faudra notamment travailler longtemps à la mise en sécurité puis au démantèlement du site ». Ils dénoncent la position à courte vue de la CGT EDF qui refuse tout débat sur une sortie du nucléaire.

5 avril

  • TEPCO annonce une nouvelle fuite d’eau hautement radioactive : douze tonnes, sans pouvoir dire si cela s’est écoulé dans la mer ou non.
  • Début d’incendie sur le réacteur n°2 de Penly (Seine-Maritime). Le réacteur s’est arrêté automatiquement. Les pompiers ne sont intervenus qu’au bout de 50 minutes.

6 avril

  • Alors que la veille, l’incendie était annoncé sans conséquence, EDF signale une fuite d’eau radioactive constatée au milieu de la nuit et stoppée à 5h du matin. Il semble que ce soit une pompe d’un circulateur qui ait pris feu, provoquant ensuite une fuite. 
  • A Penly (Seine-Maritime), c’est une pompe du circuit primaire qui est défaillante, l’incendie concerne une fuite d’huile, et la vapeur d’eau qui s’est échappée était radioactive. Les pompiers ont dû intervenir en tenue de protection. Le réacteur n°2 sera maintenu à l’arrêt le temps d’une expertise complète sur l’état des pompes des circuits primaires.
  • Le gouvernement japonais annonce la publication de nouvelles normes de sûreté pour les réacteurs nucléaires… Les médias ironisent en rappelant que cette publication intervient seulement deux jours après l’annonce de la préparation de ces nouveaux textes.
  • C’est la rentrée scolaire au Japon. Dans la préfecture de Fukushima, les inscriptions dans les 54 établissements publics (primaire et secondaire) ont baissé de 70 %. 12 de ces établissements restent fermés car en zone interdite. Le Collectif de Fukushima pour le droit à suivre une scolarité dans des lieux non contaminés, renouvelle sa demande d’évacuation totale des enfants du département.

7 avril

  • TEPCO annonce que 460 employés de la centrale ont démissionné en 2011. Pour rappel, il y avait 580 salariés de TEPCO sur la centrale avant l’accident, tous les autres intervenants étant des sous-traitants. Cela fait donc 80 % de démission. Explication de TEPCO : ils ont démissionné parce qu’ils ont subi des pressions psychologiques de la part des populations évacuées. Autres explications possibles : ils ont été poussé à la démission après avoir reçu des doses de radioactivité importante et ainsi n’apparaîtront pas dans le bilan des victimes de l’accident quand ils seront malades puis morts. Plus généralement, cela signifie que la gestion de l’accident est assurée sur le terrain aujourd’hui presqu’uniquement avec des sous-traitant, qui après avoir atteint leur dose d’irradiation maximum, disparaissent. Et ainsi, nous n’avons jamais aucune victime des radiations.
  • Inquiétude en Suisse : la centrale souterraine de Lucens avait été fermée en 1969 après un accident majeur. Le réacteur avait alors complètement fondu. Depuis, le réacteur est muré dans un sarcophage de béton d’où s’écoule quand même de l’eau contaminée. Alors que jusqu’à maintenant le niveau radioactif de cette eau était relativement faible :15 bq/litre de tritium, il est remonté à 230 bq/litre, fin 2011. Donc la pollution d’un réacteur arrêté en catastrophe peut brutalement augmenter 40 ans après un accident…

8 avril

  • Le gouvernement japonais annonce le lancement de la construction d’un site de stockage pour les déchets radioactifs à Naraha, une ville située dans la zone interdite. Ce site de 2,5 hectares pourra recevoir 25 000 tonnes de débris provenant des suites du tremblement de terre et du tsunami. Il sera toutefois limité aux débris de moins de 100 000 bq/kilos. Les déchets plus radioactifs devront faire l’objet d’un conditionnement avant d’être entreposés sur d’autres sites à déterminer. Ce site n’est que le premier d’une longue liste puisque les débris du séisme et du tsunami dans la zone interdite sont estimés à 474 000 tonnes. A ceci devra s’ajouter la terre prélevée dans les zones où l’on essaie de décontaminer, les milliers de tonnes d’eau radioactive qui a servi à arroser le réacteur, etc. etc. pour les siècles des siècles.

9 avril

  • Kansai Electric Power demande l’autorisation de redémarrer les réacteurs nucléaires 3 et 4 de la centrale d’Oi. Le gouvernement n’y serait pas opposé, prétextant que cela éviterait une pénurie d’électricité pendant l’été (même discours que l’année précédente !)… mais les autorités de la région d’Osaka et Kyoto ont déjà annoncé leur opposition : elles rappellent que les modifications demandées par le gouvernement depuis l’accident de Fukushima n’ont pas toutes été effectuées. Les dirigeants de la Compagnie d’électricité reconnaissent qu’il faudra attendre 2015 pour que les réacteurs soient de nouveaux aux normes. Le gouvernement va-t-il passer outre ? « Nous allons faire tous les efforts pour obtenir la compréhension des citoyens » a expliqué le ministre de l’Industrie Yukio Edano. De nombreux médias montent au créneau pour dénoncer la position du gouvernement, estimant scandaleux que l’on n’ait pas encore commencé à faire les travaux nécessaires pour mettre les réacteurs au nouveau niveau de normes post-Fukushima.
  • L’Argentine annonce vouloir développé des réacteurs nucléaires de petite taille (25 à 30 MW) estimant que cela permettrait de limiter les risques. En fait, cela ne change pas grand chose à la question des déchets, ni aux temps de réaction extrêmement court en cas de perte de contrôle, ni au risque d’accident : lorsque Tchernobyl a explosé, une expérience était en cours et croyant limiter ainsi le risque, le réacteur ne fonctionnait qu’à une puissance de 30 MW.

10 avril

  • Selon une nouvelle étude publiée par l’association états-unienne des Physiciens contre le nucléaire, en collaboration avec des physiciens japonais, Fukushima (63 PBq soit 63 millions de milliards de becquerels) est en train de rattraper Tchernobyl (70 Pbq) en terme d’émission de Césium 137. La demi-vie du Césium 137 est de 30 ans.
  • Des diplomates japonais résidents en Suisse ont rapporté les propos de l’ancien ambassadeur du Japon en Suisse, Mitsuhei Murata : « si le bâtiment sinistré du réacteur de l’unité 4 — avec 1535 barres de combustible dans la piscine de combustible usé à 100 pieds (30 mètres) au-dessus du sol — s’effondre, non seulement il va provoquer un arrêt de toute intervention possible sur les six réacteurs, mais il peut aussi entraîner avec lui la piscine commune de combustible usé contenant 6375 barres de combustible, situé à 50 mètres du réacteur 4 ». Les barres de combustibles se retrouveraient à l’air libre… alors « la catastrophe ne concernerait plus alors seulement le Japon mais la planète entière ».
  • EDF annonce débloquer 15 millions d’euros pour renforcer le radier (la dalle sur laquelle repose les réacteurs) de Fessenheim, travaux réclamés depuis des années par les autorités de sûreté. Si cette annonce intervient quelques jours avant des élections c’est évidemment pour essayer de forcer la main à François Hollande qui a promis la fermeture du site.
  • Un consortium d’industriels japonais annonce la construction dans la préfecture de Kagoshima (sud-ouest) de la plus grande centrale photovoltaïque du pays : 70 MW sur 127 hectares pour un coût de 235 millions d’euros.

12 avril

  • Le quotidien Mainichi Japan rapporte qu’un panel de scientifiques qui travaille pour le compte du ministère japonais de l’environnement, conclut qu’il est possible de réduire les émissions de CO2 du pays de 25 % d’ici 2030 par rapport à 1990 sans recourir à l’énergie nucléaire.

13 avril

  • Selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung , la France, la République Tchèque, la Grande-Bretagne et la Pologne ont demandé que l’Union européenne subventionne le nucléaire comme le solaire ou l’éolien prétextant que cette énergie ne produit pas de gaz à effet de serre. Il faut dire que sans argent public, le nucléaire n’a jamais eu aucune rentabilité.
  • Le municipalité d’Osaka, actionnaire de la compagnie Kansai Electric Power a rendu public huit conditions pour qu’il donne un avis favorable à un redémarrage de la centrale nucléaire d’Oi, outre la mise aux normes de sûreté déjà évoquée (voir 9 avril 2012), le mairie demande une réforme des processus de décisions : la compagnie ne devant pas pouvoir fonctionner sans l’aval des citoyens. Il faut aussi se rappeler qu’une pétition a réuni assez de signature pour qu’un référendum se tienne sur la poursuite ou non du nucléaire dans cette préfecture.

14 avril

  • Certaines parties des réacteurs endommagés de Fukushima restent dans un état totalement inconnu car la radioactivité y est trop forte pour y pénétrer et même les robots ont du mal à résister. TEPCO diffuse ce jour la première photo de la piscine de combustibles usagés du réacteur n°3. On peut y voir que la grue de 35 tonnes qui normalement la surplombe pour pouvoir bouger les barres de combustible, gît dans l’eau, pesant de tout son poids sur les barres immergées… Combien de temps celles-ci peuvent-elles tenir sous ce poids, mystère.

15 avril

  • Le quotidien Japan Times titre son éditorial : Le Titanic et le fiasco nucléaire. Cent ans après le naufrage, la comparaison est excellente entre la fierté à l’époque à présenter ce bateau le plus grand, le plus rapide du monde, et le plus sûr… avec le discours des promoteurs du nucléaire et leurs réacteurs tous plus sûrs les uns que les autres.
  • Greenpeace-Japon publie une étude montrant que l’on peut se passer du nucléaire pendant l’été, période de consommation de pointe du fait du recours à la climatisation. Greenpeace démonte ainsi les arguments spécieux du gouvernement (voir 9 et 13 avril).
  • Doris Leuthard, ministre suisse de l’Énergie et de l’Environnement propose de construire d’ici 2035, 4 à 7 centrales gaz à cogénération chaleur-électricité pour remplacer les réacteurs nucléaires au fur et à mesure de leur arrêt. Le nombre définitif de centrales gaz dépendrait de la possibilité ou non de baisser la consommation électrique. Mais d’autres conseillers fédéraux renâclent devant l’augmentation prévisible de la fiscalité écologique. Enfin, des associations dénoncent un risque d’augmentation des émissions de CO2, ce qui reste à démontrer, la cogénération ayant un excellent rendement.

16 avril

  • L’ASN, Autorité de sûreté nucléaire française, lève ses réserves sur le dispositif contrôle-commande de l’EPR… suite à un important problème révélé en octobre 2009. Il a donc fallu plus de deux ans à EDF pour modifier son dispositif sur un seul point. Le chantier de l’EPR est toujours interrompu du fait des malfaçons observées au niveau du béton.
  • Selon un arrêté du gouvernement japonais, les réacteurs 1 à 4 de Fukushima ne sont plus officiellement des réacteurs en activité, mais des réacteurs en démantèlement. Le parc nucléaire japonais passe ainsi officiellement de 54 à 50 réacteurs. Il s’agit une nouvelle fois de faire croire que l’accident est terminé… alors qu’évidemment, il n’en est rien.
  • Le Réseau Sortir du nucléaire rend public l’analyse interne d’EDF sur l’incident de Penly du 5 avril 2012. On y apprend que c’est le bassin d’huile refroidissant un moteur de la pompe du circuit primaire qui s’est vidée partiellement suite à une fuite, le moteur a chauffé et l’huile a pris feu. L’incendie a duré une heure et le Plan interne d’urgence a été enclenché. L’ASN a aussi mis en place un dispositif de crise pendant 24h. L’incendie a endommagé la pompe provoquant une fuite de vapeur d’eau du circuit primaire, de l’eau fortement radioactive : 2300 litres à l’heure. Le Réseau s’étonne de l’absence de données sur les possibles irradiations des personnes qui sont intervenues pour colmater la fuite.

17 avril

  • Rue 89 coince Nathalie Kosciusko-Morizet sur la question du voyage de Sarkozy au Japon le 31 mars 2011. Alors que la porte-parole du candidat se contente de répéter le mensonge comme quoi le Président est allé présenté ses condoléances au peuple japonais, le site rappelle la tenue du discours de Sarkozy, lequel a défendu bec et ongles la poursuite de l’utilisation du MOX et du nucléaire. Rue 89I rappelle que cela a valu à Sarkozy d’être surnommé par les médias japonais « shi no shônin », « le marchand de mort ».
  • Selon une commission d’experts qui a rendu son rapport au gouvernement japonais, certaines centrales nucléaires comme celle d’Hamaoka ne peuvent être sécurisées vis-à-vis d’un tremblement de terre de même ampleur que le 11 mars 2011. La logique voudrait que ces centrales soient définitivement fermées.
  • Les médias japonais annoncent que c’est le 6 mai, au plus tard, que s’arrêtera le dernier réacteur nucléaire en fonctionnement.
  • Des sous-traitants du nucléaire en France se mettent en grève pour demander de meilleures conditions de travail. Ils font des piquets de grève devant plusieurs centrales nucléaires (Cattenom, Fessenheim, Cruas) et( devant l’usine Centraco, du Tricastin.

18 avril

  • Les statistiques du Japon indique que pour la première fois depuis la mise en place de ces données (1950), la population du pays a baissé. L’archipel qui comptait 127,8 millions d’habitants en octobre 2010 a perdu 259 000 habitants un an après. Selon les statistiques officielles, cela est dû à une baisse des natalités. La peur des radiations ne va pas arranger les choses.
  • L’Union européenne publie un document sur l’évolution du prix de l’électricité qui étudie différents scénarios à l’horizon 2030. Conclusion : que l’on maintienne le nucléaire ou pas, que l’on développe les renouvelables ou pas, le prix de l’électricité sera en hausse. Sur le long terme, ce qui donne les prix les plus bas, ce sont les solutions les plus diversifiées qui sont celles qui permettent la plus haute efficacité énergétique.
  • Sur le chantier de l’EPR, EDF découvre de nouvelles malfaçons ! Selon le Canard enchaîné, les colliers de fixations des câbles électriques qui ont été choisi ne sont pas les bons et n’ont pas une durée de vie suffisante. EDF va devoir en changer quelques dizaines de milliers (un tous les 40 cm sur chaque câble !), ce qui devrait fournir du travail pour quelques mois. Le Canard enchaîné ironise : alors que l’EPR devait être la grande réussite de Sarkozy avant les élections présidentielles de 2012, sera-t-il prêt avant les élections présidentielles de 2017 ?
  • A Fukushima, un incendie se déclare dans un complexe chimique voisin des réacteurs, où sont conditionnés des fûts contenant de l’uranium appauvri. Le feu prend de l’ampleur pendant la journée.

19 avril

  • A Fukushima, l’incendie n’est toujours pas maîtrisé. La fumée probablement radioactive est visible de fort loin. En France, les médias ont les yeux tournés sur les élections et personne n’en parle.
  • Au Japon, le patronat fait le forcing pour redémarrer des réacteurs car le prix de l’électricité a augmenté. Les élus des communes concernées par l’éventuel redémarrage des réacteurs sont coincées entre deux impératifs : d’un côté une opposition très ferme de la population, ce qui peut les conduire à ne pas être réélus ; d’autre part, une perte financière importante : les taxes que versent les compagnies d’électricité sont proportionnelles à la production électrique et peuvent couvrir jusqu’à 60 % du budget de certaines communes. L’arrêt de réacteurs depuis souvent plus d’un an, met ces communes en difficulté. La situation est encore plus critique dans la région de Fukushima du fait des déplacements de population, du départ d’une partie importante des familles, et de la défaillance de l’Etat qui ne prend pratiquement rien en charge.

20 avril

  • L’incident de Penly du 5 avril 2012 prend de l’ampleur. La fuite d’eau radioactive dans le circuit primaire va nécessiter des travaux de réparation qui, selon EDF, pourrait prendre trois mois. Les Echos y consacre un article, expliquant que c’est la première fois qu’une telle chaîne d’événements (fuite d’huile, incendie, fuite d’eau radioactive, dysfonctionnement de vannes) se produit en France et annonçant qu’il faut décharger le cœur pour faire l’intervention dans la pompe primaire.
  • Troisième jour d’incendie à Fukushima. 

21 avril

  • A Strasbourg, une centaine de manifestants ont déployé des banderoles sur le pont de l’Europe pour demander l’arrêt de Fessenheim et rappeler qu’en cas d’accident, le nuage ne s’arrêterait pas à la frontière.
  • Le Figaro fait dans l’odieux en titrant un article en ligne : « Depuis Fukushima, le charbon a tué plus de 10 000 personnes ». Et d’affirmer que selon TEPCO, seuls 28 travailleurs ont été irradiés sur le site. Rappelons qu’à Fukushima, on en est à plus de 20 000 sous-traitants qui sont intervenus depuis l’accident dont 167 selon TEPCO (au 31 janvier 2012) ont été gravement irradiés. Des milliers ont « disparu », c’est-à-dire qu’ils ne travaillent plus sur le site, ayant dépassé les normes d’exposition autorisées… et qu’ils ne font l’objet d’aucun suivi médical. Rappelons que l’on ne meurt pas de la radioactivité du jour au lendemain. 26 ans après l’accident, autour de Tchernobyl, on a dépassé le million de morts… auxquels il faut ajouter entre 7 et 8 millions de malades.
  • Alors qu’au Japon, le syndicat patronal a officiellement demandé le redémarrage de réacteurs nucléaires pour faire baisser le prix de l’électricité, une étude est rendue publique par le gouvernement qui montre que ce n’est pas l’opinion des dirigeants d’entreprise : 72 % d’entre eux estiment que les conditions de sûreté passent en premier et qu’il ne faut pas redémarrer les réacteurs tant qu’ils ne seront pas aux nouvelles normes… même si 65 % estiment que l’arrêt du nucléaire (et donc le rationnement et la hausse du coût de l’électricité) a provoqué des difficultés dans leur entreprise. 78 % des patrons demandent qu’un éventuel redémarrage des réacteurs soit précédé d’une réforme administrative et politique estimant qu’il y a eu des fautes dans ce domaine. 

22 avril

  • Á 8h du matin heure locale (0h heure de Paris), l’incendie à Fukushima provoque une forte explosion. Un ouvrier est tué, onze autres blessés. Le soir, après quatre jours, l’incendie est enfin maîtrisé. Les autorités japonaises ne communiquent aucune donnée sur la pollution radioactive.

23 avril

  • Le quotidien japonais Mainichi Shimbun révèle que 20 préfectures ont été sollicités pour mettre en place un plan d’évacuation à 30 km autour de chaque centrale… Cela concerne 4,42 millions de personnes. Jusqu’à présent les plans d’évacuation ne prévoyaient des périmètres d’intervention que de 8 à 10 km.

24 avril

  • Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, en visite à Tokyo, a supplié le gouvernement japonais de redémarrer ses réacteurs nucléaires, pour éviter une grave crise économique. Mais pour qui la crise économique ? Pour le lobby nucléaire ?
  • Luc Oursel, nouveau PDG d’Areva, demande au Japon de redémarrer ses réacteurs nucléaires. Tiens, le même jour que pour l’OCDE… Coïncidence ? Areva se dit prêt à donner des conseils au Japon pour cela. Petit rappel : Areva avait fait évacuer ses salariés sur le site de Fukushima dès le début de l’accident. Si les conseils, c’est de fuir en cas d’accident, cela promet pour la prochaine catastrophe !
  • Quelques heures plus tard, coïncidence encore, le gouvernement japonais signe l’autorisation de redémarrage partiel de la centrale de Ohi, à 100 km d’Osaka. Le gouvernement n’a pas demandé son avis à la Commission de sûreté nucléaire, ni au gouverneur local, ce qui signifie que pour le moment, c’est purement un effet d’annonce. Le maire d’Osaka, Toru Hashimoto, a fait le commentaire suivant : « C’est un signe de l’effondrement de notre administration ». L’ex premier ministre Naoto Kan est intervenu dans les médias pour demander au gouvernement de respecter le peuple japonais très majoritairement opposé au redémarrage des réacteurs.
  • Des ballons d’enfant provenant de la région de Fukushima s’échouent sur les plages d’Alaska. 

25 avril

  • Europe : le Parlement européen vote une rallonge de 650 millions d’euros pour la construction du réacteur Iter à Cadarache (Bouches-du-Rhône).
  • Belgique : l’Institut supérieur de la santé publie une étude montrant qu’il y a plus de cancers que la moyenne sur le territoire autour des centrales de Mol-Dessel et Fleurus : augmentation des cancers de la thyroïde et des leucémies notamment. L’étude indique qu’il n’y a par contre pas d’écart significatif autour des centrales de Tihange et de Doel. De même qu’elle n’en a pas trouvé autour de la centrale française de Chooz située proche de la frontière.
  • Japon : Tepco indique qu’il injecte toujours environ 1000 tonnes d’eau par jour dans les réacteurs. Laquelle est ensuite stockée sur le site. Ce sont des milliers de wagons citernes qui sont mobilisés (et contaminés) pour cela. La compagnie indique chercher comment utiliser moins d’eau, mais pour le moment, toutes les méthodes essayées ont échoué. En attendant les fuites dans les citernes…
  • Japon : Le quotidien Mainichi Japan  publie un reportage d’un envoyé spécial en Ukraine, à l’occasion du 26e anniversaire de l’accident de Tchernobyl : « Qu’est-ce que les Japonais peuvent apprendre de Tchernobyl ? ». Le journaliste rappelle qu’évidemment la zone interdite existe toujours, mais aussi que les essais de décontamination des sols autour ont été abandonnés car on ne fait que déplacer les problèmes… et que donc des millions de personnes vivent sur ces sols contaminés. Il raconte aussi l’évolution démographique : la population a baissé jusqu’à 250 km en aval, sur le fleuve Dniepr. Très peu de naissance et pour ceux qui le peuvent, déménagement.

26 avril

  • Ukraine : 26e anniversaire de l’accident de Tchernobyl. Rappel : déjà plus d’un million de morts, sept à huit autres millions vivant sur des sols contaminés, condamnés à terme. Le sarcophage qui doit être construit pour limiter les émissions radioactives est annoncé dans de nombreux médias… comme chaque année.
  • France : EDF annonce que le réacteur n°2 de Penly, accidenté le 5 avril, sera déchargé à partir du 9 mai.
  • France : incendie à la centrale de Fessenheim, dans la salle des machines, sans conséquence au niveau radioactivité.
  • Suisse : l’Alpiq, compagnie d’électricité qui gère des centrales thermiques dans 32 pays européens, tient son assemblée générale à Genève. Celle-ci est perturbée par Greenpeace qui déroule une banderole « Ni énergies fossiles, ni nucléaire, 100 % renouvelables ». 
  • Japon : Tepco annonce que 16 salariés cessent leur travail, ayant cumulé plus de 100 millisieverts en moins d’un an. Il s’agit des salariés de Tepco et non des sous-traitants qui eux ne sont que vaguement suivis médicalement et qui « disparaissent » par milliers.
  • France : lors de son passage à la télévision, Sarkozy se trompe sur la question du nucléaire : il parle de 48 réacteurs au lieu de 58. Et d’appeler à construire de nouveaux réacteurs…
  • Biélorussie : malgré" le régime totalitaire, 2000 personnes manifestent contre le nucléaire à Minsk. 
  • Ukraine : le président ukrainien rappelle dans un discours que six à sept millions de personnes, en Ukraine, en Biélorussie et en Russie, vivent en zone radioactive et mangent des aliments contaminés et qu’en Ukraine, 2,4 millions d’habitants sont l’objet de soins de santé suite à l’accident, dont 428 000 enfants. Il rappelle aussi qu’au moins 85 % des enfants de Biélorussie sont malades.

27 avril

  • Japon : Le maire d’Osaka, proche de la centrale d’Oi, lance un appel à la population lui demandant de faire le maximum d’économie d’électricité, en particulier en n’utilisant pas les climatiseurs, pour soutenir la position de la mairie contre le redémarrage de la centrale demandé par le gouvernement.
  • Japon : « vendredi jaune », les mouvements opposés au redémarrage des réacteurs nucléaires, appellent les citoyens à porter des vêtements jaunes pour dire leur opposition.
  • France : le réacteur n°4 de Cattenom s’arrête après une perte d’alimentation électrique. Selon les données officielles, il y a actuellement 16 réacteurs sur 58 à l’arrêt en France pour différentes raisons… et on ne manque toujours pas d’électricité !

28 avril

  • Japon : Le gouvernement annonce qu’il va collecter des signatures en faveur du redémarrage de la centrale de Oi dans la préfecture d’Osaka. Il annonce en avoir déjà recueilli à ce jour 540. Rappelons que la pétition pour demander l’abandon du nucléaire dans la préfecture, remise aux autorités le 28 mars 2012, en a collecté 55 428… et demande un référendum sur la question. Ce référendum est une mesure légale. Sans la tenue de celui-ci le redémarrage des réacteurs d’Oi serait illégal.
  • France : environ 170 petites manifestations se tiennent en commémoration de l’accident de Tchernobyl. 800 personnes manifestent devant la centrale de Fessenheim.

30 avril

  • Japon : selon la traduction fournie par le site kibo-promesse.org , des médias japonais dénoncent la mise en place de commissions médicales chargées de minimiser les conséquences prévisibles sur la santé des japonais… et les accords passés avec les yakusas, la mafia locale, pour recruter la sous-traitance… et ensuite faire « disparaître » ceux qui sont contaminés. Ainsi, dans les statistiques médicales ne sont pris en compte que les salariés de la centrale (580 initialement, presque tous aujourd’hui remplacés) et non les sous-traitants (au moins 20 000 déjà passés sur le site).