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Réparer pour ne plus surconsommer, le boom des Repair Cafés

Justine Guitton-Boussion

Comme chaque samedi matin, la salle du souvenir de la mairie du 5e arrondissement de Paris prend des allures d’atelier de bricolage. Des tournevis de toutes les tailles sont étalés sur une grande table, mélangés à des clés à molette et des paires de ciseaux. Tous ces outils sont mis à la disposition des participant·es du Repair Café.

Le concept, originaire des Pays-Bas, fleurit un peu partout en France depuis plusieurs années. L’idée est simple : des bénévoles aident d’autres personnes à réparer leurs objets, en discutant et en partageant un repas ou une boisson. Et la formule séduit. Toutes les semaines, les cinq bénévoles régulièr·es aident au moins une dizaine de personnes. Le Repair Café représente pour la plupart des participant·es une alternative à la surconsommation, une façon de réduire ses émissions de gaz à effet de serre en évitant la production inutile de nouveaux appareils.
Le Repair Café du 5e arrondissement dépend de l’association Repair Café Paris (qui gère une quarantaine d’antennes en Île-de-France), et appartient au réseau international Repair Café, créé en 2009 par Martine Postma, une activiste écologiste néerlandaise. Près de 2000 cafés de ce réseau existent actuellement dans le monde entier, dont environ 200 dans l’Hexagone.

Des avancées législatives limitées

Ce « boom » de l’auto-réparation en France pourrait encore grandir s’il était encouragé par le gouvernement, notamment par le biais de la loi « relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire ». Mais le texte est actuellement examiné à l’Assemblée nationale, et les ONG écologistes n’en sont pas satisfaites. « Entre ce qui avait été voté par le Sénat et ce qui risque d’être voté par l’Assemblée, il y a quand même un certain nombre de reculs sur le volet réparation et réemploi », déplore Laura Châtel, responsable du plaidoyer à Zero Waste France.
L’obligation pour les entreprises de fournir des mises à jour de logiciel gratuites pendant dix ans sur leurs produits électroniques a été mise de côté. Un autre point, adopté pendant la lecture au Sénat, a depuis été modifié : la création de fonds pour la réparation et le réemploi, destinés à financer pour un·e consommat·rice une partie du prix de la réparation de son objet, et à payer les acteurs et actrices du réemploi. Les ONG espéraient collecter une partie de l’éco-contribution sur les petits produits (smartphones, casques audio, fers à lisser...), dont l’éco-contribution est aujourd’hui très faible.

Les ONG saluent toutefois quelques avancées et espèrent que celles-ci vont rester dans le texte. Par exemple, la rapporteuse Véronique Riotton a déposé un amendement réclamant une obligation de disponibilité des pièces détachées des produits électriques et électroniques d’une durée de cinq ans minimum. Le texte de loi étant actuellement discuté, des changements peuvent encore être effectués.

Justine Guitton-Boussion

Texte initialement publié sur Reporterre

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