Dossier Alternatives

Des matières naturellement écolo

Béatrice Blondeau

Les matières naturelles, c’est bien ; encore faut-il que les plantes aient été cultivées le plus sainement possible en respectant l’environnement et les travailleu·ses, et que le processus de transformation soit lui aussi sain. Cela passe autant par le travail des fibres que par l’utilisation des teintures. Focus sur trois matières naturelles.

Le coton

Le coton est la première des fibres naturelles produites dans le monde : elle représente plus de la moitié de la consommation mondiale de fibres textiles. C’est aussi la plus simple à travailler. La culture conventionnelle du coton est la plus polluante de la planète. Elle utilise environ un quart des pesticides vendus dans le monde alors qu’elle ne représente que 2, 4 % de la surface agricole. Le coton est de fait nocif pour ce·lles qui le travaillent et, dans une moindre mesure, pour ce·lles qui le portent. Il est principalement cultivé en Chine, en Inde et au sud des États-Unis. Le coton biologique est sans OGM et la consommation d’eau nécessaire pour sa culture est réduite de moitié par rapport au coton conventionnel, mais reste encore très marginale (0,5% de la production mondiale en 2016). Sa fibre est blanchie à l’eau oxygénée et non au chlore.

Le chanvre

Les conditions de culture du chanvre sont particulièrement intéressantes : croissance rapide, aucun besoin de pesticides, d’engrais chimiques ni d’irrigation… La plante, qui assainit et revitalise les sols, peut absorber jusqu’à 15 t de CO2 par hectare cultivé. Toute la plante peut être utilisée : la graine, la partie ligneuse et les fibres. C’est une plante locale dont la France est le premier producteur européen et le deuxième producteur mondial. Le chanvre est difficile à travailler en raison de sa longueur et de sa solidité. Aussi, certains fabricants pratiquent les bains d’acide pour l’assouplir puis le travailler industriellement. Il convient donc de bien se renseigner sur le processus de fabrication. Par ailleurs, c’est un tissu robuste, quasi inusable et isolant. Il a néanmoins le défaut d’être un peu rêche. Dans l’industrie textile, il est souvent utilisé à part égale avec le coton.

Le lin

Il s’agit également d’une plante locale, cultivée surtout en Normandie et dans les Flandres, entre autres, et utilisée, elle aussi intégralement : pulpe, graines, huile, rien ne se perd. Durant toutes les opérations de transformation — teillage, peignage, filature et tissage —, l’activité est mécanique. La culture du lin ne nécessite pas d’arrosage en plus de l’eau de pluie et demande très peu d’intrants. Comme le chanvre, sa culture permet d’assainir les sols. Il n’est plus filé en France — la dernière filature a fermé en 2005 — mais certaines marques le font transformer en Europe, notamment au nord du Portugal. Le tissu, très isolant et régulateur, peut être porté aussi bien en hiver qu’en été. On trouve de plus en plus de vêtements en lin.

Béatrice Blondeau

Sources :
• La révolution textile, 41 rue Beaucru, 31120 Roquettes, France, www.larevolutiontextile.com
• wedressfair, hello@wedressfair.fr www.wedressfair.fr
• Sorbonne Université
• Laspid, 3 place du Griffon, 69001 Lyon, tél. : 04 78 23 54 66, www.laspid.com

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