Une autoroute qui lacérerait les marais du grand Ouest ? C’est une idée qui a longtemps animé les fonctionnaires du ministère de l’Équipement, les élu·es locaux de droite, et les gros patrons de la région. Ainsi, pour assurer une liaison rapide entre Nantes et Bordeaux, un projet d’autoroute voit le jour en 1987. L’autoroute A83 doit initialement traverser le marais poitevin. La coordination pour la défense du marais poitevin voit le jour dès 1989, en lien avec la Ligue de Protection des Oiseaux pour préserver l’habitat des oiseaux du marais.
Dès 1990, Ségolène Royal, alors députée des Deux-Sèvres, monte au créneau tout comme des écologistes loca·les. En 1994, le gouvernement accepte de dévier le tracé de l’A83 pour contourner le marais, abandonne un projet de 2x2 voies entre Sainte-Hermine et la Rochelle, mais propose immédiatement un nouveau projet écocidaire : l’A381 doit relier Fontenay-le-Comte à la Rochelle, en tailladant encore une fois à travers les zones humides des marais.
L’opposition se renforce : Vivre Bien en Aunis se crée en 1997, et défend des alternatives routières. Des réunions publiques et festives sont organisées – forum sur les transports, grand loto, théâtre, etc. L’association publie un bulletin d’information trimestriel, tiré à 7 000 exemplaires ! Des manifestations sont organisées : journée sans voitures à La Rochelle, blocage du péage de Cabariot, défilés de véhicules sur le trajet…
Un bras de fer politique
Malgré cette intense période de mobilisation, le projet A831 est malgré tout déclaré d’utilité publique en juillet 2005. Cependant, des surcoûts laissent présager la fin de l’A831 alors que le Grenelle de l’Environnement en 2007 renvoie les projets autoroutiers à un logiciel productiviste dépassé. À cette occasion, se crée la coalition STOP autoroute.
Mais, en novembre 2011, François Fillon, alors Premier ministre, relance la machine en annonçant financer une partie des travaux. En avril 2012, la concession de la future autouroute est confiée à un consortium Vinci-Eiffage-Bouygues. Frustré·es de la lenteur du projet, des chef·fes d’entreprise locaux manifestent et construisent en 2013 un premier tronçon symbolique de l’autoroute tant attendue.
En mars 2015, Manuel Valls, alors Premier ministre, redonne espoir aux partisan·es de l’autoroute, mais Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, ne l’entend pas ainsi. En juillet, elle gagne son bras de fer avec le Premier ministre et annonce la fin du projet. Le décret d’utilité publique n’est pas prolongé et l’autoroute abandonnée. Il aura fallu près de 30 années de mobilisation pour obtenir la victoire !
