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L’arrêt des ventes d’armes, un « levier » contre la guerre

Patrice Bouveret

Pour une fois, ce n’est pas nous, les inconditionnels antimilitaristes, qui le disons, mais c’est le président Macron, second exportateur mondial d’armement, qui le dit. Décryptage.

« La France a appelé de ses vœux à cesser les exportations d’armes qui sont utilisées sur ces théâtres de guerre. D’autres dirigeants ici ont fait de même. Nous le savons tous, c’est l’unique levier qui pourra aujourd’hui y mettre un terme », a déclaré le chef de l’État le 11 octobre dernier à Chypre lors d’un sommet qui rassemblait les dirigeants des pays du sud de l’Union européenne.
Concrètement, le gouvernement a décidé d’annuler la participation des industriels israéliens impliqués dans la guerre contre Gaza et le Liban lors du salon international d’armement Euronaval à Paris en novembre. Ces derniers ont déposé plainte contre le gouvernement. De son côté, Stop Arming Israel France s’est mobilisée également contre la venue des Israéliens au salon d’armement Eurosatory, qui a eu lieu en juin 2024.
Cette déclaration devrait nous réjouir car n’est-ce pas un des principal arguments que nous utilisons ? Réduire, arrêter la circulation des armes pour mettre fin aux guerres. Argument qui prend d’ailleurs sa source dans la charte de l’ONU, article 26, qui demande aux États de « ne détourn[er] vers les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du monde […] afin de favoriser l’établissement et le maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
Mais, car il y a toujours un mais, Emmanuel Macron avait le regard tourné vers les États-Unis et non pas vers notre propre industrie de défense. Bien qu’elle ne vende pas de produits finis, c’est-à-dire des armes prêtes à l’emploi, elle vend des composants qui sont ensuite insérés par les industriels israéliens dans leurs armements. Et si on en croit les chiffres communiqués par le gouvernement aux parlementaires, le montant des biens à double usage (civil et militaire) vendus à Israël était de 159 millions d’euros en 2023 alors qu’il était seulement de 34 millions en 2022. Cela représente quand même une sacrée augmentation ! Qu’en est-il pour 2024 ? Il faudra attendre juillet 2025 pour connaître les montants.

Une coopération multiforme

Sans compter que la coopération militaire de la France avec Israël ne se limite pas aux seules livraisons d’armes. Elle implique des échanges et participations communes entre les différents services des armées et de renseignements. S’abritant derrière un distingo qui n’a pas de véritable sens entre défensif et offensif, si ce n’est pour l’édification des opinions publiques. Par exemple, les militaires français ont participé avec l’armée étasunienne début octobre aux côtés de la défense aérienne, à l’interception des missiles et autres projectiles tirées par l’Iran, en riposte notamment aux incursions de l’armée de l’État hébreu au Liban et à l’élimination de dirigeants du Hamas et du Hezbollah.
Est-ce vraiment ainsi que l’on reviendra à une solution politique ? Paradoxalement, cette déclaration pour l’arrêt des livraisons d’armes montre surtout l’absence de volonté d’agir d’Emmanuel Macron sur la réalité des relations militaires entre la France et l’Israël.

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