Né en 2014 près de Barcelone, il continue aujourd’hui d’exister au Chili où il a fêté son dixième anniversaire. À cette occasion, il a co-organisé la deuxième édition du Lubrica Fest, plusieurs journées dédiées à la santé sexuelle, au plaisir et à l’auto-exploration.
Les « sorcières cyborgs » (1) de Gynepunk portent une critique radicale des origines colonialistes, racistes et hétérosexistes de la gynécologie et de son fonctionnement actuel. Le collectif a ainsi rebaptisé les glandes de Skène (2) « glandes d’Anarcha », en référence à une des esclaves ayant subi les horribles expérimentations menées par le docteur Sims (considéré comme le père de la gynécologie américaine) pour mettre au point le spéculum au milieu du 19e siècle.
Face à la logique de contrôle des corps ancrée dans l’histoire de la discipline et aux violences gynécologiques encore fréquentes (pratiques invasives, attitudes paternalistes, discriminations liées au genre, à l’orientation sexuelle et au physique…), Gynepunk prône la réappropriation des techniques scientifiques dans une logique Do It Yourself. Elles ont mis au point un spéculum 3D à imprimer et un kit d’analyse composé d’une centrifugeuse, d’un microscope et d’un incubateur.
Un kit pour gagner en autonomie
Disponible en open source et reproductible avec peu de moyens, ce kit permet d’étudier les fluides corporels et de détecter les mycoses vaginales ou les infections urinaires. Il s’adresse notamment aux populations pour qui l’accès aux soins peut s’avérer particulièrement compliqué, comme les personnes exilées ou les travailleur·ses du sexe. Mais son usage est plébiscité dans tous les milieux dans la lignée des pratiques d’auto-gynécologie mises au point dans les années 70 par des féministes américaines.
Ces actions remettent en question l’hégémonie du système médical classique, héritier des politiques natalistes et des chasses aux sorcières qui ont dépossédé les femmes de leur pouvoir sur leur propre corps depuis le 18e siècle. En faisant usage de techniques modernes, Gynepunk ne partage pas l’association essentialiste du corps féminin à la nature et le rejet de la technologie présents dans certains courants écoféministes.
Contact : https://gynepunk.tumblr.com
(1) Le « cyborg » est théorisé par Donna Haraway dans son Manifeste Cyborg en 1984 : figure qui brouille les frontières de genre mais aussi celles entre nature et technologie.
(2) Aussi appelées glandes para-urétrales.
Pour aller plus loin :
• L’auto-gynécologie, une réappropriation féministe de son corps, avril 2020, Silence 488.
• Le gynécologue et la sorcière, Arte Radio, Un podcast à soi, Episode 6.
• « Vulvatomique : petit traité d’auto-gynécologie » sur Infokiosques.net
• https://gynandco.wordpress.com : site participatif qui recense des praticien·nes médicales recommandé·es comme safes.
