Éditorial Agriculture Alimentation

Sortir de l’élevage industriel

Guillaume Gamblin

En France, sur un milliard d’animaux abattus chaque année, 80 % sont confinés dans des élevages intensifs sans accès extérieur. La prise de conscience de la nécessité de manger moins de viande n’a pas encore fait baisser significativement le nombre d’animaux consommés.

Face aux pratiques de l’élevage industriel, on peut distinguer au moins trois grandes orientations :
• améliorer l’élevage industriel. La justification de ce choix réformiste est souvent le pragmatisme : pour alléger la souffrance de milliards d’animaux le plus rapidement possible, il serait plus efficace d’avoir un discours audible par les industriels qui exploitent ces usines. Le « welfarisme » demande l’arrêt des pratiques les plus douloureuses, telles que l’écornage, ou le coupage du bout du bec des poules (1) ;
• sortir de l’élevage industriel. D’autres organisations, comme la Confédération paysanne et le CIWF (2), militent pour cette option et pour le développement d’un élevage paysan, jugé plus sain à tous niveaux, et réduisant fortement la souffrance animale ;
• abolir l’élevage. Cette orientation s’inscrit souvent dans une perspective antispéciste, et en lien avec un mode de vie végane. Des associations comme L214, One Voice, 269 libération animale, 269 life ou encore Peta font partie de ce mouvement abolitionniste.

Considéré soit comme une fin, soit comme une étape, l’objectif de sortir de l’élevage industriel pourrait-il réunir dans un combat commun ces différents courants abolitionnistes, réformistes ou paysans, par-delà leurs différences de philosophie ou d’objectif politique ?
Une telle lutte pour la sortie de l’élevage industriel pourrait aussi agréger des associations de défense des sols, des littoraux et des rivières, de la santé (3), des organisations végétariennes, ou encore les mobilisations contre les fermes-usines (4).

Notes :
(1) L’association Welfarm, par exemple, fait campagne contre les élevages de poules en cages, contre la castration des porcs ou encore contre le transport d’animaux vivants vers des pays tiers. Welfarm, 176 avenue André-Malraux, 57000 Metz, tél. : 03 87 36 46 05, https://welfarm.fr
(2) Compassion in World Farming. CIWF France, 13, rue de Paradis, 75010 Paris, tél. : 01 79 97 70 50, www.ciwf.fr.
(3) Préoccupées par l’antibiorésistance, ou encore par les zoonoses qui se développent dans les élevages industriels et qui se transmettent ensuite parfois à l’humain.
(4) Qui ont abouti à la création d’une coalition Bretagne contre les fermes usines, et qui s’organisent également au niveau national en lien avec Terres de luttes.

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