Chronique Féminismes L’Écho féministe

Rencontres en Eaux Troubles

Laure Henriette

La Sève et Voix Déterres ont organisé une journée intitulée « Eaux Troubles, rencontres écoféministes houleuses » le 17 juin 2023 à la Parole Errante, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis.

Les deux collectifs se sont déjà associés, avec d’autres, pour une « journée découverte des écoféminismes » à Paris en novembre 2022. Pour cette journée de juin, les envies sont à un évènement festif, placé sous le signe de l’eau : fluide, débordante, vivante et menaçante… Troublant alignement des éléments, un furieux orage a justement éclaté au milieu de l’après-midi, suscitant une joyeuse agitation. Environ 300 personnes sont passées dans la journée, dispersées dans les différents espaces, devant une projection, en cercle dans l’herbe ou sous les chapiteaux.

Les vases communicants des luttes

Les rencontres défendent un « écoféminisme radical au carrefour des luttes écolo, queer, féministes, décoloniales, handies, de classe, antispécistes ». La diversité des ateliers de la journée en est le reflet : expression corporelle liant danse et adelphité (1), projection de films, lecture collective de texte, ou encore écoute d’un épisode d’un podcast (2) et partage d’expériences sur l’écologie queer. Certains ateliers font intervenir d’autres collectifs comme la Legal Team (collectif de défense juridique collective) pour une discussion-formation sur l’anti-répression, le collectif sexepositif Agentivæ pour un atelier sur le consentement, et le Laboratoire des résistances pour l’élaboration d’une « fresque des résistances », soit une sorte de cartographie de la diversité des mouvements et des modes d’action. Le collectif Vietnam Dioxine a quant à lui proposé le visionnage d’un film (3), ainsi qu’une exposition. Le soir, après la cantine des Femmes Battantes, s’enchaînent des performances, une chorale féministe, des dragshows et DJ sets.

D’affluents divers en horizons communs

L’évènement est ouvert aux « personnes refusant le cistème hétéropatriarcal » : cette mixité choisie spécifique, qui est celle appliquée au sein du collectif Voix Déterres, permet de fonder l’organisation sur des positionnements politiques. C’est une manière d’accueillir des alliées, et de prendre en compte la complexité des appartenances sociales, dans une perspective intersectionnelle. Ce rassemblement est aussi l’occasion de se donner les rendez-vous de l’été : le festival organisé par La Sève à Dijon fin juillet, mais aussi les Digitales, festival d’« écologies vénéneuses », qui ont eu lieu fin août à Montreuil.


Contacts :

Le collectif La Sève : https://lasevefestival.fr, lasevefestival@riseup.net.
Le collectif Voix déterres : https://voixdeterres.fr, voix_deterres@riseup.net.
La Parole Errante : 9, rue François Debergue, 93100 Montreuil, https://laparoleerrantedemain.org/, info@laparoleerrantedemain.org.

(1) L’adelphité est un mot neutre du point de vue du genre pour parler de relations comme la sororité ou la fraternité.
(2) Avis de tempête, saison 2, épisode 11, Éclosions transpédégouines — faire proliférer les écologies queer, sur arteradio.com.
(3) Kate Taverna et Alan Adelson, Agent orange, la dernière bataille, 2021, 54 min.

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