Marseille, comme de nombreuses métropoles, manque cruellement de parcs. Pourtant ces poumons verts publics représentent l’unique espoir en temps de canicule pour trouver un peu de fraîcheur. Les quelques parcs municipaux font régulièrement les frais de projets d’aménagement qui privatisent pour mieux bétonner. Le parc Longchamp, unique parc du centre-ville, a longtemps risqué de perdre une de ses parcelles pour un parking. Le projet comprenait un parking payant de plusieurs étages alors même que les autres parkings payants de la ville sont rarement saturés.
Une association voit le jour, SOS Longchamp, qui proteste contre l’intrusion de la voiture dans un des poumons verts de la ville. En 2000, le nouveau Plan d’occupation des Sols reclasse le parc en zone verte à l’exception de la parcelle 33. En 2003, la mairie affirme que le projet de parking est annulé… mais en 2006, la société Qpark dépose un permis de construire, accordé en 2008. Les recours juridiques déposés par SOS Longchamp bloquent le projet : il s’agit de faire annuler le permis de construire et de contester le déclassement de la parcelle. Si les recours n’offrent pas la victoire, ils font gagner du temps.
Planter des arbres pour éviter le béton
Une manifestation est organisée en 2009. Les pétitions s’enchaînent. Elles récoltent des dizaines de milliers de signatures. Au conseil municipal, les élu·es socialistes et écologistes dénoncent le projet, et prennent part en 2014 à une plantation d’arbres sur la parcelle menacée. Un collectif d’associations, Laisse béton, voit le jour en 2016 pour lutter contre la bétonisation des espaces verts marseillais. Le projet est englué dans les délais juridiques.
Au vu des retards, la mairie est forcée en 2018 de résilier le contrat avec Qpark, qui est indemnisé à hauteur de 1.8 million d’euros. Elle s’entête et le plan d’urbanisme intercommunal (PLUi) de 2019 déqualifie des parcelles supplémentaires d’espace vert. Ce PLUi historique, qui regroupe toute la nouvelle métropole d’Aix-Marseille donc 18 communes, fait l’objet de résistances, tout aussi historiques, par des associations regroupées derrière la bannière Un centre-ville pour tous et qui dénoncent d’abord le manque de de logements sociaux du plan.
Finalement, la victoire électorale du Printemps républicain aux municipales de juillet 2020 signe la fin du projet. Elle marque aussi la fin du projet d’hôtel de luxe sur la Corniche qui devait privatiser le parc Valmer. Quant au parc Longchamp, presque à l’abandon, son herbe défraîchie ne joue pas encore le rôle de poumon vert urbain. Espérons que les concertations publiques pour sa future restauration sauront mieux prendre en compte les habitant·es que le récent projet d’aménagement de la Plaine, une place-parking dont l’aménagement avait fait l’objet de nombreuses résistances, mais c’est une autre histoire !
Contacts :
• SOS Longchamp : stop.parking.longchamp@gmail.fr.
• Collectif laisse béton : cité des associations, boîte aux lettres no 277, 93 la Canebière
13001, collectiflaissebeton@gmail.com.