Une société norvégienne a annoncé en septembre 2022 avoir mis au point des éoliennes flottantes avec deux niveaux de pales. Les mâts feraient 400 mètres de haut (plus haut que la Tour Eiffel) pour une puissance de 40 mégawatts (MW) (1). La plus grosse éolienne actuellement en fonctionnement a une puissance de 16 MW. Elle fait 264 m de haut et balaie déjà une surface de 46 000 m². Ce n’est pas assez pour l’usine chinoise LZ Blades, qui a annoncé le 12 septembre 2022 pouvoir produire des pales d’éolienne de 123 mètres de long, ce qui laisse supposer des éoliennes encore plus hautes.
En France, le plus grand parc éolien terrestre se trouve actuellement à Fruges dans le Pas-de-Calais, avec 70 éoliennes pour une puissance totale de 140 MW. C’est une broutille en comparaison du parc éolien chinois qui devrait compter 7 000 éoliennes dans le désert de Gobi, à l’ouest du pays, et atteindre une puissance de 20 gigawatts (GW) en 2025. C’est dans un autre désert, celui des Mojave, en Californie, que se trouve le deuxième plus grand parc, suivi par celui du Jaisalmer, dans le désert du Thar, au Rajasthan, ouest de l’Inde avec respectivement 600 et 1000 éoliennes. En mer, des projets gigantesques sont programmés, notamment en mer du Nord. En 2030, la puissance des éoliennes dans cette mer devrait atteindre 65 GW soit 4 fois plus qu’aujourd’hui. En 2050, l’objectif est de 150 GW.
Des panneaux solaires dans les champs
Le domaine du solaire vire aussi au gigantisme. L’Inde est en train de construire un parc solaire de 57 km² toujours dans le désert du Thar. Il aura une puissance estimée à 2 245 MW. Un autre parc de 53 km² d’une puissance de 2 050 MW est également en construction à Pavagada, au Karnataka (centre-ouest de l’Inde), sur des terres agricoles louées aux agricult·rices nettement plus cher que ce que rapportent les cultures habituelles. La consommation d’électricité en Inde augmente de plus de 7 % par an et ces nouvelles installations, bien que gigantesques, ne suffisant pas à suivre la hausse de consommation, le pays continue à mettre en marche des centrales au charbon.
En France, la taille des centrales solaires reste beaucoup plus modeste. En milieu urbain, le record devrait revenir au Marché d’intérêt national de Marseille qui construit sur son toit 150 000 m² de cellules photovoltaïques et qui devrait produire 18 gigawattheures (GWh) par an, soit plus que ce que consomme le bâtiment (13 GWh/an). Un usage raisonnable, car ne détruisant pas d’espace agricole ou forestier, contrairement au parc de Cestas, au sud de Bordeaux. D’une puissance globale de 300 MW, il occupe une surface de 2,6 km² prise sur une forêt, au détriment des êtres vivants qui l’habitent. C’est typiquement le genre de projet à combattre.
Politique de sobriété et centrales villageoises
Comment contrer ce déploiement d’installations gigantesques ? Le plus efficace est de privilégier les initiatives villageoises de production d’énergie, qui sont souvent couplées à un effort de réduction de la consommation (2). Mais ces initiatives restent inoffensives face aux investissements colossaux des multinationales, toujours orientées vers le profit et donc le gigantisme. Si l’on veut limiter ce déploiement à grande échelle, la priorité reste la mise en place d’une réelle politique de sobriété (3), qui dépasse le simple outil de communication.
(1) Un mégawatt (MW) correspond à un million de watts. Un gigawatt (GW) correspond à un milliard de watts. Pour comparer, une centrale nucléaire a une puissance d’environ 1 000 MW, c’est-à-dire 1 GW.
(2) Comme nous l’avions montré dans le n°478, dans un article intitulé « Centrales villageoises, des alternatives à petite échelle ».
(3) Lire La voix de la sobriété, Mansoor Khan, Éditions Écosociété/Silence, 2022.
