Chronique Chroniques Terriennes Environnement

Participez à l’opération « Une bouteille à la Mer »

Stephen Kerckhove

Des sommets alpins aux fosses océaniques, de l’eau que nous buvons à l’air que nous respirons, les microplastiques imprègnent notre environnement quotidien.

Depuis 1950, 8,3 milliards de tonnes de plastiques ont été produites, dont la moitié entre 2000 et 2016. Moins de 1% de ce plastique a été recyclé plus d’une fois. Loin du mythe d’une économie circulaire qui ferait de ce déchet une ressource, le fait est que le plastique fait quasi exclusivement partie de la première catégorie, appelé à être incinéré, mis en décharge ou abandonné dans l’environnement.
Sous l’effet du soleil, des UV ou de l’érosion, le plastique se fragmente en micro- et nanoparticules. Les deux principales sources de contamination de l’environnement – les textiles synthétiques et les pneumatiques – libèrent ainsi dans les eaux et dans l’air des milliards de particules qui, avec la contamination radioactive seront sans doute la trace indélébile que nous légueront aux générations futures.
D’autant que cette pollution plastique se double d’une autre menace, celle d’une dissémination d’additifs entrant dans leur composition. Plastifiants, perturbateurs endocriniens, colorants, retardateurs de flamme, autant de molécules peu ou pas évaluées et couvertes par le secret industriel. De ce fait, le processus même de recyclage porte en germe un risque évident, celui de réintroduire, y compris dans des plastiques à usage alimentaire ou dans des jouets, des substances interdites comme le bisphenol A.

Le mythe de l’économie circulaire

Mais sous l’effet d’une vaste campagne de blanchiment écologique, le recyclage des plastiques, véritable bombe toxique à retardement, apparaît comme la solution, là où il n’est qu’une fuite en avant perpétuant en le banalisant la société du jetable.
Chaque année, ce sont plus de 6 milliards de bouteilles en plastique qui sont consommées en France, dont une moitié est « recyclée », principalement sous forme de laine polaire. À chaque cycle de lavage, une polaire libère 400 000 fibres synthétiques qui finiront éternellement dans l’environnement. L’autre moitié, soit plus de 3 milliards de bouteilles, est mise en décharge, incinérée ou jetée dans un sous-bois, le long d’une route ou sur une plage.

Envoyez vos bouteilles à l’Elysée !

Face à cette pollution insidieuse, nous vous proposons un petit geste… À chaque fois que vous voyez une bouteille en plastique, ramassez délicatement l’objet du délit (pour ne pas écrire le « délire de l’objet »), écrasez-la de façon que son épaisseur soit inférieure à 3 centimètres, déposez-la dans une enveloppe et adressez la ensuite à : Emmanuel Macron – Présidence de la République – 55 rue du Faubourg Saint-Honoré – 75008 Paris. Inutile de l’affranchir car écrire au chef de l’État bénéfice d’une franchise postale. Si vous êtes inspiré·e, n’hésitez pas à y glisser un petit message courtois et déterminé, invitant le président de la République à interdire les plastiques à usage unique sous 5 ans.

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer

Disponibilité