Chronique Alternatives Enquête d’un autre monde

Tripalium : construire ensemble ses éoliennes

Hélène Petit

« Fabriquer nous-mêmes notre éolienne permet de diminuer les coûts, de savoir comment elle fonctionne, de pouvoir la réparer si besoin, et donc d’être d’autant plus autonomes. » Aurélien

Plutôt que d’investir dans un objet dont ils n’auraient pas la maîtrise, Mélanie et Aurélien ont décidé d’autoconstruire leur éolienne. Le duo participe à un stage avec l’association Tripalium. Ces stages sont ouverts à tout le monde, que l’on soit habitué·e des travaux manuels ou totalement inexpérimenté·e. En une semaine, un groupe fabrique une à deux éoliennes qui sont revendues au prix coûtant des matériaux bruts à toute personne le souhaitant.

Une formation autonomisante

Le stage commence par une brève présentation théorique, et très vite, la dizaine de stagiaires se met au travail avec une motivation perceptible. Chacun·e s’organise comme il ou elle le souhaite sur les trois ateliers : bois, métal et électricité. On se rend vite compte que les profils et les compétences des un·es et des autres sont très variés, ce qui facilite les collaborations et les échanges de savoirs. Pour savoir quoi et comment faire, on se réfère au manuel. Ce guide est une véritable encyclopédie pratique, toutes les informations s’y trouvent, expliquées pas à pas. Ainsi le formateur n’est qu’un participant parmi d’autres qui possède des connaissances spécifiques.
La construction d’éoliennes demande des compétences nombreuses qui permettent, une fois acquises, de fabriquer par soi-même des produits variés : meubles en bois, objets en fer et autres. Autour des repas, chacun·e partage avec les autres ce qu’il ou elle a appris ici et ailleurs. Pour les novices, c’est la découverte d’un nouvel univers : de nombreux systèmes énergétiques performants peuvent être construits sous forme de chantiers participatifs, l’éolienne n’est qu’un exemple parmi d’autres.
« Il se passe des stages dans plein de domaines différents. C’est génial d’apprendre à faire nous-mêmes nos maisons, nos systèmes de production d’énergie, etc. L’autoconstruction permet de reprendre la main sur le matériel que l’on possède, de l’adapter à son usage particulier, d’être plus autonome et plus conscient de ce que l’on utilise. Il faudrait que ça se développe davantage, notamment pour sortir du système de consommation dans lequel on est », estime Marie-Laure.

Construire plutôt que d’acheter

Axel a quitté son travail pour se consacrer à sa famille. Il s’occupe ainsi de sa maison et l’améliore au fur et à mesure par lui-même. « J’ai fini par comprendre quelque chose d’important : quand on travaille, on achète des services, des objets. Quand on ne ‘travaille’ pas, on les crée. »
On interroge aussi les énergies « vertes », leur impact sur l’environnement, l’utilisation des terres rares, la gestion centralisée par des multinationales. L’une des conclusions est celle de la nécessité de diminuer nos besoins énergétiques, ce qui pourrait se réaliser sans baisser significativement notre qualité de vie, à condition que la volonté politique soit bien présente.

Hélène Petit

Tripalium, 20 avenue de Lodève, 34 070 Montpellier, www.tripalium.org.
Reportage issu du livre Enquête d’un autre monde, Hélène Petit et Benoit Cassegrain, éd. Ulmer, 2021.

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