Chronique 40 ans dans le rétro Alternatives

1992 Le mouvement écologiste secoué par les débats

Michel Bernard

La guerre en Yougoslavie, le traité de Maastricht, le développement durable : Silence anime les débats autour de positions qui divergent.

Après la chute du bloc soviétique, c’est au tour de la Yougoslavie d’éclater en morceaux. En juin 1991, la Slovénie se déclare indépendante, pratiquement sans heurts. En Croatie, cela ne se passe pas de même. Ce n’est qu’après cinq ans de conflit que les affrontements s’arrêtent. C’est encore pire pour la Bosnie-Herzégovine, et l’OTAN intervient en soutien aux Bosniaques. Dans ce contexte, Silence se fait le relais des groupes anti-guerre d’ici et de là-bas.

Lutter contre la pollution et la bétonisation

Dans le n°150, de février 1992, un article raconte l’arrivée du Dakar-Paris, une fausse compétition qui inverse le sens du Paris-Dakar. L’action est signée Terre des Hommes, et la photo de Pierre-Emmanuel Weck, qui donnera ensuite régulièrement des photos à Silence.
En mai, Silence est présent en Vallée d’Aspe, pour une manifestation contre le projet de tunnel routier. Il y a près de 10 000 personnes, ce qui retarde considérablement la construction du tunnel. En février 1994, Silence présente un dossier sur l’alternative ferroviaire.

Comment se positionner ?

L’été voit se tenir le Sommet de Rio sur l’environnement. On est en plein paradoxe du développement durable et par anticipation. Dans son numéro d’été, Silence donne la parole à Yves Cochet, député européen, qui rappelle que 20 ans plus tôt, il y avait eu le Sommet de Stockholm, qui permet de mesurer le niveau d’inefficacité de ces rencontres. Depuis, il y a en a eu bien d’autres.
La rentrée est marquée par le référendum sur le traité européen de Maastricht. Les Verts sont hésitants. Dans le n°157 de septembre, nous publions un « pour » (Jean-Paul Deléage), un « contre » (Alain Lipietz), un refus de vote (Jean-Marc Luquet), un autre « contre » (Claude Charpentier, porte-parole de la commission paix et désarmement des Verts) et un texte d’Alain-Claude Galtié qui explique que les partisan·nes du « oui » croient possible une écologie libérale, un capitalisme vert. Le 20 septembre, le traité est adopté avec 51,04 % de votes positifs. La position floue des Verts a sans doute permis au traité de passer.
En octobre 1991, la revue Actuel avait titré « les écolos fachos ». Probablement une tentative du Parti socialiste pour contrer la montée des Verts. Silence répond dans le n°158, d’octobre 1992, par un dossier sur les fachos-écolos, qui utilisent des arguments écolos à l’extrême-droite.

Et en interne

Lors de son assemblée générale, Silence continue de se féminiser : Myriam Cognard, comptable, remplace Jacques Caclin à la trésorerie, celui-ci étant parti travailler au Burkina-Faso. Perline, rédactrice, Michèle Dussault-Delorme, rédactrice, et Thérèse Troivaux, correctrice, entrent aussi au CA, soit quatre femmes sur six. Myriam Cognard va rester à ce poste jusque dans les années 2010.
Durant l’été, la Maison de l’écologie, qui abrite la revue, récupère le premier étage et double sa surface. Silence et les Européens contre Superphénix montent leurs bureaux à l’étage.
MB

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