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Présidentielles : le jour d’après…

Stephen Kerckhove

D’ici à quelques jours, nous serons appelé·es aux urnes afin d’élire celui ou celle qui présidera aux destinées de notre pays pour les cinq ans à venir. Nous nous y rendrons vraisemblablement sans illusion et sans doute déçu·es avant même d’entrapercevoir l’heureu·se élu·e. Par habitude, facilité ou renoncement, nous avons intériorisé le fait que l’élection avait désormais plus à voir avec un concours de beauté ou une course de petits chevaux qu’un temps fort de notre démocratie.

Trop souvent, l’engagement démocratique se résume ainsi à accorder un blanc-seing à celui ou celle qui aura réuni au mieux une quinzaine de pour cent du corps électoral. Une fois revêtus les habits de Chef∙fe tout∙e-puissant∙e, délaissant la côte mal-taillée du candidat ou de la candidate qui a trop promis pour s’en souvenir, le Président ou la Présidente jupitérienne de la cinquième puissance du monde n’aura que faire de cette cohorte d’élect·rices déçu·es et mécontent·es.

Un rêve qui tourne mal

Mais avant la déception, laissons place au rêve. Faisons un exercice (toujours facile à l’heure où j’écris cette tribune, c’est-à-dire le 15 février 2022…) de prospective politique.
Nos 46 candidat·es de gôôche écolo ont fini soit par s’entendre, soit par s’entretuer et une dynamique politique est née de ce pugilat confraternel. Inespérée, cette victoire a été acquise avec 112 % des voix (une fois décomptées les voix des générations futures, du climat et des locataires de l’arche de Noé).
Au lendemain d’une élection pleine de rebondissements, des millions d’écologistes sabrent le champomi bio et finissent même par convaincre le camarade Roussel de gouter du tofu cuit à la bougie. Puis, comme de mauvaises habitudes, l’appel de la maison douillette et du vélo à assistance électrique ont eu raison de la mobilisation, laissant le géant Vert nouvellement élu face à la solitude du pouvoir et la pugnacité des lobbies.
En effet, pour tout un tas de bonnes et surtout mauvaises raisons, à la suite d’une victoire ou d’un revers électoral, l’intérêt des citoyen·nes pour la chose publique reflue. Versant des larmes de crocodile, chaque élu·e, tout en regrettant l’isolement du pouvoir, a ainsi tout loisir de trahir ses engagements et de contenter les lobbies qui, tapis dans l’ombre, n’ont plus qu’à récolter les fruits de leur perspicacité. Car pour eux, il n’y a pas un avant et un après : tout juste un continuum durant lequel ils appliquent et répètent, s’attachant à obtenir avant, pendant et surtout après l’élection, les décisions qui leur sont favorables.

Nos véritables victoires s’obtiennent par la lutte

Quel que soit le nom du futur ou de la future présidente, nous devrons donc être présent·es et nous faire entendre au lendemain de l’élection. Le système capitaliste est en effet suffisamment barbapapesque pour se déformer et s’adapter à toutes les situations.
Avant de voter, gardons en tête que nos victoires sont avant tout celles nées de nos engagements collectifs, de notre détermination, de nos combats dont les échéances électorales ne sont qu’une étape, seulement une étape.
Stéphen Kerckhove

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