Dossier Énergies

Le Jardin de Sandrine, la ferme qui produit son propre gaz

Perché sur les reliefs des Baronnies, dans les Hautes-Pyrénées, le Jardin de Sandrine est un lieu de culture et de transformation de fruits, de champignons et de légumes où vivent et travaillent Sandrine et Pierlo. Une petite unité de méthanisation fermière lui permet de satisfaire une partie de ses besoins.

C’est la lecture de Silence, puis la rencontre des Ami·es de Silence qui ont contribué à amener le couple à la construction écologique (une maison en paille porteuse) dans les années 2000 et sur les pas de l’installation agricole, nous confie Pierlo. Le duo produit des fruits, des petits fruits, des champignons et des légumes et les transforme sur place pour en faire des desserts, tartinades et autres produits transformés, avec les labels Bio et Nature et Progrès. Le lieu accueille également des ateliers (lactofermentation, picométhanisation, etc.).

Être autonomes pour transformer les fruits et légumes

Le projet de départ est d’être le plus autonome possible au niveau des énergies. Sandrine et Pierlo participent au lancement dans le cadre de l’Ardear (1) d’un groupe de réflexion sur la méthanisation à petite échelle. Le début de construction d’un biodigesteur sur place s’avère complexe. Après la rencontre avec l’association Picojoule (voir article précédent), le couple décide d’en installer un déjà construit. Les modèles existants viennent d’Israël ou de Chine. Le modèle chinois étant plus gros, donc plus adéquat à leur projet d’autosuffisance pour le laboratoire de transformation, est choisi (2). Le chantier d’installation a lieu avec l’aide de wwoofeu·ses en 2019 (3).
Le groupe de travail avec l’Ardear ayant permis à Pierlo de se former sur le tas pendant quatre ans, et la petite formation initiale avec Picojoule venant compléter cela, l’utilisation et la maintenance du digesteur ne lui semblent pas complexes à gérer. « Il n’y a pas grand-chose à faire au quotidien, explique-t-il. Quand il y a un problème, cela demande de se creuser un peu la tête pour comprendre où est bloqué le gaz, qu’est-ce qui ne marche pas. »

Un projet pilote paysan

Le digesteur est alimenté en totalité avec les déchets de la ferme : déchets du maraîchage, du labo de transformation, et domestiques. Seul un peu de bouse de vache fournie par un éleveur bio du coin est utilisée après l’hiver pour démarrer la réaction. Le digestat, quant à lui, est rejeté du digesteur dans une tranchée contenant du broyat et de la paille. Quand celle-ci est saturée, il est épandu au pied des arbres fruitiers qui, depuis deux ans d’expérimentation, semblent apprécier. Le couple, après analyse du digestat, va demander à Nature et Progrès le feu vert pour l’utiliser aussi en maraîchage.

Quand il y a trop de gaz, celui-ci est utilisé pour la cuisinière. Environ 12 bouteilles de 13 kg sont utilisées chaque année pour le laboratoire de transformation de la ferme, et deux pour le gaz domestique. Des problèmes ou des désagréments se sont-ils produits depuis deux ans ? « Nous n’avons pas rencontré de fuite de gaz ou de digestat, et n’avons constaté aucune mauvaise odeur, constate Pierlo. Les gens qui viennent en sont surpris. » Le digesteur est aussi un projet pilote. Un travail expérimental est réalisé, notamment pour compresser le gaz en bouteilles, ce qui permettra d’être autonome en hiver.

G. G.

Le Jardin de Sandrine, Plaa Debat, 65130 Esconnets, www.lejardindesandrine.com

(1) Association régionale pour le développement de l’emploi agricole et rural, qui est une émanation de la Confédération paysanne pour former et accueillir les paysan·nes. Ardear Occitanie, Mas Saporta, bâtiment B, 34875 Lattes Cedex, tél. : 04 67 06 23 67, www.agriculturepaysanne.org/ARDEAR-Occitanie
(2) Il s’agit du modèle Puxin, d’un volume de 1, 2 m³ de digestat et 1, 5 m³ de gaz.
(3) Le wwoofing met en lien des fermes biologiques et des personnes désireuses de donner un coup de main pour découvrir, se former etc., dans un cadre de bénévolat (maximum 4 heures par jour et 5 jours par semaine), avec hébergement et repas offerts sur place. https://wwoof.fr

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