Article Nucléaire

La relance du nucléaire déjà morte ?

Michel Bernard

Après avoir usé jusqu’à la corde l’argument du « nucléaire qui va sauver le climat », les pro-nucléaires pensaient avoir gagné avec l’annonce en novembre 2021, par Emmanuel Macron, du lancement de chantiers pour 6 EPR et d’une nouvelle génération de petits réacteurs. Vraiment ?

La réalité a vite douché cet enthousiasme. Pour lancer un nouveau programme nucléaire, il faut de l’argent, beaucoup d’argent, l’État n’en a pas et les investisseurs préfèrent de loin miser sur les renouvelables. 
Comme si cela ne suffisait pas, les pannes graves qui immobilisent maintenant de nombreux réacteurs et font craindre un arrêt total du parc nucléaire pour un temps long (on parle déjà de plus d’un an d’arrêt pour la centrale de Civeaux) vont coûter très cher. EDF, qui avait déjà demandé des délais pour mettre ses réacteurs aux normes post-Fukushima (normes prises il y a maintenant plus de dix ans), se voit confrontée à de nouvelles dépenses qui freinent encore ses capacités d’entretien et encore plus d’investissement.
Le démarrage de l’EPR de Flamanville est de nouveau reporté... et les EPR chinois, les seuls qui semblaient fonctionner, sont en panne depuis plus de 6 mois. Ce qui rend l’avenir de cette filière encore plus douteux. 

Le prix de l’électricité s’envole

Et le prix de l’électricité qui s’envole en Europe (par manque de gaz) est tel que les industriels ne peuvent plus suivre. Conséquence : le gouvernement s’est engagé début janvier 2022 à limiter la hausse à 4 %... obligeant EDF à vendre 20 TWh de plus à prix réduit (46,20 € contre plus de 200 € au prix du marché) entraînant une perte prévisible pour EDF de 7,7 à 8,4 milliards d’euros pour 2022... Cette annonce a provoqué une chute brutale du prix de l’action d’EDF de 14,6 % le 14 janvier 2022. 
L’astuce pour le moment a été pour l’État de combler une partie du déficit d’EDF en rachetant des parts de la société (renationalisation de fait), mais cela a ses limites : l’État possède déjà 84 % des actions. 
Bien sûr le discours des pro-nucléaires reste le même, mais du côté finance, la lutte contre la faillite du secteur est de plus en plus difficile.

Michel Bernard

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