Chronique Féminismes L’Écho féministe

Verdragon : allier féminisme, antiracisme, lutte des classes et écologie

Renda Belmallem

Les membres du Front de Mères et d’Alternatiba continuent de bâtir leur maison de l’écologie populaire (présentée dans Silence n°501 p.23). Une Amap, L’école de Verdragon, un temps d’écrivain public, des conférences variées, du théâtre d’impro’, des ateliers d’écriture, une première résidence d’artiste, un atelier d’autodéfense féministe, de la danse, des ateliers cuisine, un ciné-club, des commémorations historiques, une radio portée par des jeunes formées par Antoine Chao de France Inter et Sarah Belhadi de Radio Parleur : voici un échantillon de toutes les activités qui se sont déroulées dans ce nouveau lieu en à peine quelques mois. Les habitant·es construisent semaine après semaine une écologie populaire en alliant réflexions, pratiques et détermination. Ces écologistes – pour beaucoup des mères – veulent transformer le monde pour les enfants qui y résident, et « rien ne peut arrêter des personnes qui se battent pour leurs enfants ».

Transmettre par des temps forts

Le vendredi 12 novembre 2021 s’est déroulé une conférence essentielle, co-organisée avec le média Reporterre, intitulée « Social, Climat : Reprendre nos vies en mains ». Elle a réuni les organisations historiques qui travaillent à construire des alliances et faire des ponts entre les luttes. L’Après-M était venu de Marseille représenté par Kamel Guemari. Salah Amokrane du TactiKollectif est venu de Toulouse, Adrien Cornet de la CGT Total et membre de Révolution Permanente, de Grandpuits (1). Assa Traoré, du Comité Adama, se déplace chaque fois qu’il faut donner de la force aux luttes – et cette fois n’y a pas fait exception. Et les deux hôtes, Alternatiba et le Front de Mères, étaient incarnés par Gabriel Mazzolini et Fatima Ouassak. Les militant·es ont tou·tes souligné combien l’entraide entre les collectifs est déterminante dans le chemin vers une victoire politique pour un monde juste et soutenable pour tou·tes, vraiment tou·tes.

La puissance sur tous les fronts

Malgré une campagne médiatique haineuse menée par l’extrême-droite contre Verdragon, accusée d’être une association « indigéniste » et islamiste" anti-République, la lutte ne faiblit pas à la lisière de Montreuil et de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). Au contraire, les militant·es s’organisent, créent du politique, démontrent qu’il est indispensable d’allier féminisme, antiracisme, lutte des classes et écologie, se réapproprient leurs quartiers, reprennent le pouvoir sur leur espace de vie, luttent sans relâche pour l’égalité et le changement de nos façons de faire monde. Et pour sûr, la lutte paye.

Renda Belmallem

(1) L’après-M est un restaurant social et solidaire implanté dans les locaux abandonnés d’un ancien McDonald’s dans les quartiers nord de Marseille (http://lapresm.com). L’association TaktiKollectif, née dans les quartiers nord de Toulouse en 1997, organise notamment chaque année le festival Origines contrôlées (https://tactikollectif.org). Révolution Permanente est un média trotskiste en ligne et un parti politique issu d’une scission avec le NPA (www.revolutionpermanente.fr). À Grandpuits, en Seine-et-Marne, la CGT Total a été active dans une grève ouvrière contre le licenciement de 200 employé·es de la raffinerie.

Pour aller plus loin :
• Verdragon, Maison de l’Ecologie Populaire, 14 rue de l’Épine Prolongée, 93170 Bagnolet.
• Front de Mères : www.front2meres.org. Alternatiba : https://alternatiba.eu.
• « L’écologie sans lutte pour l’égalité, c’est du jardinage ! », Blog Médiapart, Front de Mères, 16 novembre 2021.

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