Le réensauvagement en débats

Rivières sauvages, forêts sauvages, réserves de vie sauvage : de nombreux collectifs, intellectuel·les et publications défendent aujourd’hui le réensauvagement comme façon de mieux protéger ce qu’il reste d’espaces naturels. Mais au-delà des effets d’annonce, (re)créer des espaces sauvages à côté d’espaces de plus en plus urbanisés, est-ce la meilleure façon de préserver la biodiversité ?
La vie sauvage continue de s’effondrer et malgré les moyens mis en place, les pouvoirs publics n’arrivent pas à endiguer ce phénomène. Entre 1970 et 2016, « les effectifs de plus de 20 000 mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons » ont chuté de 68 % dans le monde (1). Si les questions du retour du loup ou de la réintroduction de l’ours sont très médiatisées en France, elles cachent des enjeux complexes, et peut-être le véritable problème : l’artificialisation effrénée des territoires.
Les écologistes ont depuis longtemps milité pour préserver une part sauvage du monde, la plus ancienne revue écolo française, créée en 1973, s’appelle d’ailleurs Le Sauvage (2). Cette idée que la non-intervention humaine est la meilleure façon de protéger la nature est précieuse, mais on ne peut faire l’économie d’interroger les rapports complexes qu’entretiennent les humains avec leur territoire. À chaque lieu sa réponse spécifique, pour une cohabitation respectueuse, et prolifique.
Ce dossier donne la voix à celles et ceux qui, sur le terrain et loin des appareils d’États et des logiques néo-libérales, se confrontent quotidiennement à la difficile tâche de prendre soin de la nature, pour que le sauvage soit un principe au service du vivant et des communautés.