Bien sûr, les caravanes et autres roulottes ne sont pas le fruit de l’auto-construction, bien que leurs aménagements soient souvent le fruit d’une multitude de procédés ingénieux pour contourner l’étroitesse du logement. Mais les techniques évoluent et des logements écologiques et inventifs, aux techniques de construction simples, se multiplient.
Des habitats et des formations
« Avant les yourtes, il y a eu les grandes heures des tipis, se souvient Guillaume, membre de l’association Habitats libres en Poitou. Dans les années 1980, 1990 plusieurs dizaines de personnes vivaient par exemple en tipis dans la vallée de Coumeille ». Ces constructions très simples sont faites de toiles ou de peaux et de bois. Et depuis quelques dizaines d’années, le champs des habitats atypiques ne fait que s’élargir. Venant souvent de formations d’ingénieur (mais pas toujours !), ils et elles sont nombreuses à développer des savoirs-faire. Évelyne Adam décide de construire un habitat écologique et monte un habitat avec le terre ou du chanvre, en forme de dôme : c’est la naissance de la kerterre. La kerterre ne possède que quelques mètres carrés et est très basse de « plafond », cependant elle a été conçue pour répondre à un programme d’habitat éclaté où les pièces sont séparées les unes des autres.
Plus proche de la yourte, la construction de dômes géodésiques se multiplie ces dernières années. Inventé au début du 20e siècle et popularisé dans les années 1950, le dôme est une structure sphérique en triange et recouvert d’une toile de coton.
On pourrait aussi citer les cabanes, les maisons en bois/terre/paille, etc. autant de structures qui ne laissent pas ou très peu d’empreinte environnementale.
La construction de ces habitats séduit, en témoigne le très fort développement des stages et formations pour participer à leur construction. Depuis quelques années, les chantiers fleurissent, portés par des associations de construction ou des artisan·es. Il est souvent possible de participer à la création de son propre habitat, à des chantiers participatifs pour d’autres, ou pour les plus téméraires de se lancer seul·es, après avoir glané des conseils !
Des constructeurs partie prenante
Le nombre de structures de constructions d’habitats légers ne fait qu’augmenter. Ses acteurs sont souvent eux-mêmes habitant·es d’habitat léger, et proposent une démarche de transmission des savoirs de construction. Ils et elles sont d’ailleurs nombreu·ses à avoir rejoint à sa création en 2020 la Fédération de l’habitat réversible, dans le but de développer ce type d’habitat, mais aussi de revendiquer une démarche écologique et un changement de société.
La Frênaie fait partie des premières à s’être professionnalisées dans la construction de yourte, en 2007. Guillaume, fondateur d’Habitats libres en Poitou, mais aussi à l’origine avec d’autres de la naissance de La Frênaie, rappelle que « les yourtes sont relativement récentes en France. Le mouvement débute dans les années 2000, et reste confidentiel jusque dans les années 2010. J’ai commencé à être fabriquant en 2005, a un moment où il n’y avait pas grand monde, mais où beaucoup commençaient à bricoler dans son coin. Quand La Frênaie s’est créée en 2007, il y existait déjà Yourteco à Angers créé par Nicolas Chailloux, La Maison Voyageuse fondée par Olivier Dauchet, Yourtetoiles, créé par Thierry Hullin, etc. Thierry a fait des choix techniques radicaux dans la simplicité de fabrication et peut proposer des yourtes à partir de 3 000 euros ». Le prix des yourtes varie souvent entre 5 000 et 15 000 euros, « mais quand elle est construite dans le cadre d’un chantier participatif, tu descends ton prix de 40 % », précise Guillaume.
La Frênaie est une coopérative qui se revendique de l’écologie pratique : elle a développée depuis 14 ans à la fois un atelier de fabrication et d’accompagnement à l’auto-construction de yourtes et une structure d’hébergement sous yourtes associée à un pôle d’éducation à l’environnement sur le territoire du Marais Poitevin. Fonctionnant en autogestion et de façon horizontale, elle incarne, parmi d’autres, ces structures alternatives qui portent une autre façon d’habiter, mais aussi une autre façon de travailler. Tout comme à Silence, les salarié·es de la coopératives disposent d’un salaire égal, d’un temps partiel et participent aux décisions.
Impossible de lister ici toutes les ressources et les structures permettant de se former à la construction en habitat léger, mais leur développement, dans un souci fort de transmission, est enthousiasmant.
Martha Gilson
Pour aller plus loin :
Silence, « Les chantiers de l’habitat léger », n° 505, décembre 2021.
Contact
La Frênaie
34 route de Courçon
17170 La Grève sur Mignon
Tél. 09 81 67 40 37
