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Adieu bitume, vive les cours d’école végétalisées

Mathilde Sire, Quentin Vernault

« L’année dernière, en fin d’année scolaire, on a eu des périodes de canicule assez compliquées à gérer. On a été obligé de rassembler tous les enfants dans le petit jardin. À cause de la chaleur, il était impossible de rester dans la cour de récréation qui était bitumée en noir », raconte Florent Bourcier, responsable éducation loisirs à l’école de l’Ille, à Rennes (Ille-et-Vilaine).

La cour a été entièrement refaite durant l’été. Parcours de pierre, sols en copeaux de bois, nouveaux jeux, coins calmes pour discuter, sol drainant, végétation… Les élèves peuvent profiter d’activités et d’espaces différents. C’est le résultat d’un travail mené par les enseignant·es, les animat·rices, les équipes de la ville de Rennes, ainsi que par les enfants, également consulté·es.
Des cours de récréation végétalisées similaires commencent à voir le jour à Grenoble, Trappes, Strasbourg, Lyon, Lille,… Beaucoup s’inspirent des cours Oasis, issues de la stratégie de résilience de Paris, adoptée en 2017.

Les cours d’école classiques ne sont pas pensées pour les enfants

À Paris, les cours d’école couvrent plus de soixante-dix hectares. Verdir ces espaces apporte de la nature dans des lieux urbains qui en manquent cruellement, cela limite ainsi les îlots de chaleur, et fait circuler l’eau de pluie…
Par ailleurs, les cours traditionnelles ont comme gros défaut « de ne pas être pensées pour les enfants, mais pour que les adultes puissent les surveiller et les nettoyer facilement », constate Moïna Fauchier-Delavigne, qui a coécrit L’enfance dans la nature (éd. Fayard, 2019) et Emmenez les enfants dehors (éd. Robert Laffont, 2020). « Alors que certain·es élèves y passent trois heures par jour, avec la pause méridienne », complète Raphaëlle Thiollier.
« Elles sont très vides. Ce qui manque, ce sont des éléments pour que les enfants puissent jouer, imaginer, mais aussi être au calme », poursuit Moïna Fauchier-Delavigne. Encore trop peu de cours de récréation proposent des endroits où les enfants peuvent simplement discuter avec un ou une camarade à l’abri des regards. « Pour confier un secret à une amie, ma fille va aux toilettes, comme beaucoup d’enfants. Ce n’est pas normal que ça soit le seul endroit où on peut être tranquille », regrette-t-elle.
Les enfants ont besoin de grimper, manipuler, construire, explorer, se cacher… Des activités difficilement envisageables dans un espace bétonné.
C’est un voyage d’études en Belgique en 2019 qui a convaincu les équipes impliquées dans la conception des nouvelles cours Oasis de proposer des espaces complètement différents. Là-bas, elles ont vu des cours d’école presque entièrement naturelles, avec de la végétation dense, des cachettes, du relief… Les pays d’Europe du Nord sont précurseurs dans ce domaine.
Les enseignant·es belges ont expliqué que ces cours de récréation ont beaucoup apaisé les élèves et fait baisser la violence.
Les cours végétalisées ont surtout le mérite de reconnecter les élèves avec la nature alors que les enfants — et les adultes — vont de moins en moins dehors.

Mathilde Sire et Quentin Vernault

Article initialement publié sur le site www.reporterre.net

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