Les colons ont tout à la fois exploité l’Afrique, édifié le mythe d’une nature édénique peuplée d’animaux sauvages, et rendu les Africain·es responsables de sa dégradation. Ce récit colonial ne prend pas fin avec les indépendances. Dans les quelque 350 parcs naturels du continent, les organisations internationales telles que l’UNESCO ou le WWF perpétuent la doctrine d’une incompatibilité entre l’agro-pastoralisme des populations et la préservation de la faune et des paysages. Les méthodes ont parfois évolué et cherchent désormais à privilégier la « gestion communautaire » des parcs. Mais les déplacements de population restent en vigueur, accompagnés de violences et de paupérisation. À partir du cas de la région du Siemen, en Ethiopie, l’auteur montre les mécanismes aboutissant au remplacement des populations locales des plus frugales par des touristes venus en avion, suréquipés et qui retourneront dans un Occident où les activités humaines passent avant la nature. Un livre entièrement à charge, qui rend plus lucide sur l’ampleur du « colonialisme vert » mais qui n’achemine vers aucun espoir de solution.
Préface de François-Xavier Fauvelle, éd. Flammarion, 2020, 344 p., 21,90 €