Née en 1978 à Lyon, La Gryffe a dépassé la quarantaine. L’un de ses fondateurs, sociologue, nous plonge dans la longue histoire d’une librairie qui a fait le choix de s’ouvrir largement aux luttes émancipatrices (féminisme, écologie, anticolonialisme, antiracisme…), refusant toute ligne politique trop restrictive. C’est très bien écrit, facile à lire et très instructif sur les difficultés de gérer une alternative sans prise de pouvoir. Mais on peut regretter que l’auteur s’emploie surtout à décortiquer les principaux conflits qui ont agité ce lieu de culture libertaire, au risque de nous laisser l’impression que gérer une initiative de manière libertaire n’est qu’une longue suite de crises. Alors que ce genre de création fait partie de ce que l’on appelle « l’anarchisme positif », on regrettera que les moments heureux, la richesse des rencontres autour des débats, des fêtes, soient trop escamotés.
Éd. Atelier de création libertaire, 2020, 276 p., 16 €