Slavoj Žižek est un philosophe très fécond et facile de lecture. Il aborde ici les différents aspects de la pandémie en cours et ce qu’elle a déjà changé ou pourrait changer dans la société. Ainsi, le confinement a vu cette situation paradoxale : des solidarités se sont développées à un moment où se mettait en place la distanciation. Les discours de ultralibéraux, Trump, Johnson ou Macron, qui d’un seul coup redécouvrent les vertus du collectif sont critiqués, alors que l’auteur se réjouit sans détour du possible effondrement des certains secteurs (les gros bateaux de croisière, les parcs d’attractions…). Notre acceptation d’un plus grand contrôle social est interrogée par le philosophe, qui conclut l’ouvrage sur l’espoir d’une nouvelle forme de communisme : « Nous devons changer complètement de perspective : oublier l’industrie automobile, les produits de mode, les vacances dans les pays lointains ; laisser tomber tout cela, calmement, et faire en sorte que les personnes jusqu’à présent employées dans ces secteurs travaillent à mi-temps ailleurs. Nous devons partir en quête d’une économie capable de continuer de fonctionner lorsqu’une société appuie sur le bouton Pause, contrainte de s’immobiliser pour une durée prolongée au fil de laquelle ne pourront être fournis que les produits de première nécessité (…) Un monde beaucoup plus modeste où chacun bénéficiera des soins de santé nécessaires et pourra satisfaire ses besoins alimentaires de base, où chacun contribuera à la société selon ses capacités. (…) Un tel monde peut se révéler très satisfaisant sur la plan spirituel comme sur le plan émotionnel ». Vers la sobriété heureuse, donc.
Traduction Frédéric Joly, éd. Actes Sud, 2020, 156 p., 16 €
