Article Transports

Les élu·es écologistes contre le Tour de France

Francis Vergier

Le Tour de France cycliste doit partir de Brest, fin juin 2021. Les organisateurs (qui sont les mêmes que le Paris-Dakar) envisageaient une étape à Rennes, mais, le 16 août 2020, plusieurs élu·es écologistes sont intervenu·es contre cette demande. Explications.

Outre le prix élevé que la ville doit payer aux organisateurs de la course cycliste, les élu·es écologistes de Rennes dénoncent une course responsable d’une distribution intense de gadgets publicitaires inutiles, une montagne de déchets abandonnés le long du trajet, la nécessité de se doper pour atteindre un tel niveau de compétition, le sexisme des commentateurs, l’argent roi, le sport business. Faut-il rappeler que pour un coureur cycliste, on compte dix véhicules motorisés ?
Les élu·es écologistes font la distinction entre la promotion du vélo comme mode de transport et le sport cycliste qui relève d’une toute autre logique. Ils et elles ont demandé aux organisateurs et organisatrices de la grande boucle ce qu’ils comptaient faire pour diminuer leur empreinte carbone. Évidemment, ils et elles se sont fait insulter par la grande presse, les sportifs… et tou·tes les complices de cette vaste campagne publicitaire. Des élu·es d’opposition centristes et Républicains ont dénoncé ce refus au nom des « retombées économiques ». Valérie Fauchaux, adjointe EELV à la mobilité a rappelé que « la dépense d’une seule étape représente le budget du centre communal d’action sociale ».
En 2019, Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, avait déjà refusé le passage du Tour dans sa commune, mais le Tour de France y est revenu en 2020… les frais étant pris en charge par la Métropole (alors majorité PS). Deux jours avant le passage du Tour de France à Lyon, le 10 septembre 2020, Grégory Doucet, le nouveau maire EELV a dénoncé un Tour « machiste et polluant ». Il a annonce que le passage du Tour à Lyon (arrivée et départ) a coûté 600 000 € à la ville. La maire EELV de Poitiers Léonore Moncond’huy en a remis une couche le même jour, alors que l’étape arrivait dans sa commune : elle a demandé que le Tour de France deviennent « plus sobre et plus vertueux », « moins de véhicules, moins d’images publicitaires » affirmant « un autre Tour est possible ». Eh bien justement...

Un autre tour de France est possible

Rappelons qu’il existe depuis 2008 un AlterTour « contre tous les dopages » qui propose chaque année de concevoir le vélo comme un plaisir, un mode d’échange convivial, et qui visite les alternatives présentes sur le trajet.
Sur l’AlterTour, il y a bien un maillot jaune, mais son rôle est de rester en queue de peloton pour vérifier que personne n’est en difficulté. Il existe aussi une règle d’orientation : à chaque carrefour, le vélo en tête s’arrête et son ou sa propriétaire indique avec le bras la bonne direction. Ce vélo ne redémarre que lorsqu’arrive le maillot jaune. Il est ouvert aux hommes comme aux femmes, aux enfants comme aux seniors.
Le bilan carbone de l’AlterTour est des plus limité : il y a une camionnette qui sert de cuisine et de stockage pour les sacs à dos et un mini-bus qui tire une remorque portant des vélos de rechange et qui peut accueillir les cyclistes fatigué·es. Pour chaque étape, la gare la plus proche est indiquée pour pouvoir y venir ou repartir en prenant le train. Silence est partenaire de l’AlterTour depuis ses débuts en 2008. 

Francis Vergier

Yannick Jadot, le politicien populiste… Le vendredi 18 septembre 2020, Jacques Boutault, élu EELV de Paris, dénonçait une épreuve sportive « hyper-dopée ». Un sondage sortait alors qui annonçait que 75 % des Français·es désapprouvaient les critiques faites par les élu·es écolos. C’est alors que Yannick Jadot, eurodéputé EELV, qui se verrait bien à nouveau candidat aux élections présidentielles, a pris la défense de cette « course populaire » qu’il adore regarder, dénonçant un « mépris de classe » de la part des autres élu·es de son parti. Julien Bayou, secrétaire nationale d’EELV est alors intervenu le 21 septembre 2020, pour soutenir les élu·es locaux rappelant que le Tour de France coûte très cher aux villes-étapes et aussi que « Le Tour de France peut générer jusqu’à 35 tonnes de déchets par étape ».

Coordination de l’AlterTour : mathieu.fromont@altertour.net — c/o Mathieu Fromont, 44, Grande Rue, 39600 Cramans, tél. : 06 52 27 64 37.

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer