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De jeunes ingénieur·es en quête de sens promeuvent les technologies douces

Mathieu Jublin

S’approprier des techniques écologiques grâce à des ateliers, voilà l’ambition de la deuxième édition de la Semaine des alternatives et des low-tech (Salt). Le camp a réuni une quarantaine de participant·es — Covid oblige — et a contribué à la structuration du mouvement des technologies sobres.

C’est à la Laudonnière, lieu-dit à 20 kilomètres au sud de Poitiers (Vienne), qu’a eu lieu du 17 au 23 août 2020 la deuxième édition de la Semaine des alternatives et des low-tech.
Pensées en opposition à la fuite en avant high tech et à la crise écologique, les technologies douces ne s’apprennent pourtant pas toutes seules. C’est pourquoi le collectif Ingénieurs engagés et l’association OseOns (Our shared energies, our network solutions) ont lancé en 2019 la première Salt, réunissant pendant une semaine une soixantaine de participant·es et de format·rices autour d’ateliers pédagogiques.

"Retrouver la dimension physique du métier d’ingénieur"

Cette année, le thème de cette édition, "Techniques anciennes et outils de demain", se déclinait en de multiples ateliers : initiation au travail du bois et du métal, construction d’une mini-éolienne, d’un concentrateur solaire, d’une serre pliable, d’un four troglodyte…
Ce matin, Cyrille, un des formateurs, apprend à son auditoire à se passer de pétrole en construisant un concentrateur solaire. Le principe : concentrer les rayons du soleil à l’aide d’un miroir parabolique sur un seul point, où la température peut dépasser mille degrés Celsius. "J’ai trouvé un vieil essieu de Renault 19 pour servir de socle à la parabole", explique le soudeur à ses élèves du jour, qui s’emploient à découper à la meuleuse le morceau d’acier. Dans l’après-midi, une autre équipe polira une vieille parabole satellite, récupérée elle aussi, pour la transformer en miroir.
Parmi les élèves du jour, Dorian, 23 ans, sort d’un cursus d’ingénieur et cherche à "retrouver la dimension physique du métier". "Les cursus d’ingénieurs sont devenus trop théoriques, déplore-il. On apprend à utiliser des machines à plusieurs dizaines de milliers d’euros, mais on ne touche plus à rien".
Comme les autres participant·es, Dorian souhaite d’abord se réapproprier les technologies du quotidien. Une vocation nouvelle qui a suivi le « choc » de la prise de conscience écologique. Cette remise en question brutale, beaucoup l’ont connue au cours de leurs études. "Progressivement, on apprend des choses sur le réchauffement climatique et l’énergie, puis, à un moment, on atteint un seuil où l’on se sent obligé d’agir, poursuit-il. À partir de là, très vite, en tant qu’ingénieur, on met un pied dans la low-tech".
"En réunissant tous ces ingénieurs en quête de sens et d’expériences alternatives, la Salt permet au mouvement low-tech de se structurer", résume Sophie Baudelet, l’une des initiatrices de l’événement. Les organisat·rices ont déjà prévu de monter deux Salt en 2021, l’une au printemps, l’autre à l’été.

Mathieu Jublin

Ingénieurs engagés : https://ingenieurs-engages.org

Article initialement publié sur Reporterre : www.reporterre.net
OseOns : oseons.tech@gmail.com

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