Éditorial Agriculture Bzzzzz

Élevage ou sauvage ?

Anaïs Zarkaoui, Martha Gilson

Le sort réservé aux abeilles est révélateur de nombreuses dynamiques destructrices actuelles qui s’exercent sur notre territoire : artificialisation des terres, baisse de la diversité causée par les grandes monocultures, utilisation de produits chimiques, réchauffement climatique qui décale les floraisons. Érigée en symbole de la protection de l’environnement, l’abeille de ruches est devenue en parallèle prétexte à de faux gestes environnementaux et source de revenus.
Les abeilles sont des pollinisatrices indispensables à la flore. On compte plus de 960 espèces d’abeilles sauvages en France, et plus de 20 000 sur la planète. En parallèle, certaines abeilles sont dites « abeilles à miel » ou « abeilles mellifères » : ces termes désignent la seule espèce d’abeilles qui produit du miel en quantité significative. Privilégiée pour l’apiculture, cette abeille est souvent appelée « abeille domestique ». Les espèces sauvages semblent davantage touchées par les agents infectieux et l’appauvrissement de la biodiversité. L’augmentation de la densité d’abeilles domestiques – due aux pratiques d’élevage intensif – peut affecter les abeilles sauvages, qui se trouvent concurrencées pour les ressources alimentaires.
Cette rivalité entre abeilles domestiques et abeilles sauvages n’est pas naturelle : elle a été construite par les pratiques apicoles. L’apiculture, sous sa forme intensive, n’échappe pas aux travers de l’agriculture « moderne ». Au contraire, elle reproduit ses pratiques de non-respect du rythme biologique des animaux, d’élimination précoce pour ne conserver que les plus productifs, de recherche de rendement.
Alors que faire ? Abandonner l’apiculture ? Pratiquer une apiculture plus raisonnée ou redonner toute sa place à la pollinisation ? Peut-on allier apiculture naturelle et préservation des abeilles sauvages ?
Ce dossier tente de donner quelques conseils pour ne pas renoncer aux liens entre humains et abeilles dans le respect de ces dernières. Pratiquer une apiculture naturelle, connaître les enjeux du recours à telle ou telle espèce, savoir préserver un environnement favorable à la biodiversité… autant de pistes pour un rapport renouvelé aux abeilles, sauvages comme domestiques.

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