Dossier Alternatives Santé

Quelle profession pour l’herboristerie ?

Ida Bost, Marc Robichon

Avez-vous déjà cherché des informations ou des conseils sur des produits à base de plantes ? Pas facile de trouver un herboriste pour répondre à vos questions, et pour cause : la profession n’est plus reconnue par l’État depuis le milieu du 20e siècle. À quand une nouvelle reconnaissance ?

L’herboriste certifié du 19e siècle
Entre 1803 et 1941, la loi définissait l’herboriste comme la personne vendant des plantes médicinales indigènes, fraîches ou sèches, installée dans une boutique. Dans les faits, les herboristes proposaient également de nombreux autres produits à base de plantes, comme des vins médicinaux ou des baumes, ainsi que de l’eau minérale, des instruments d’orthopédie, d’optique, voire de l’épicerie. Loin de se limiter à la vente, ils et elles soignaient, avec leurs plantes, celles et ceux qui n’avaient pas les moyens d’aller consulter un médecin. Le métier était alors exercé très majoritairement par des femmes, qui étaient souvent en parallèle sages-femmes.
Le certificat était délivré à la suite d’un examen portant sur la reconnaissance d’une cinquantaine de plantes fraîches et d’une cinquantaine de plantes sèches, suivie de quelques questions de botanique. L’État ne proposait aucune formation, le ou la postulante étant amené·e à se former par ses propres moyens.
Ces manques furent autant d’arguments, utilisés par l’Association générale des pharmaciens de France, pour faire supprimer un acteur qu’elle considérait comme un concurrent déloyal. Et, en 1941, le certificat est supprimé par un décret-loi.

Être herboriste après la disparition du certificat
La suppression du certificat a complexifié la vente des plantes médicinales dans les herboristeries. Après 1941, seuls les herboristes déjà certifiés pouvaient exercer ce métier. Un arrêté de 2008 a libéré 148 plantes, sous des conditions de préparation et de choix des parties utilisées. Depuis, ces plantes peuvent être vendues par tout un chacun. Mais cette liste est restrictive ne comporte pas certaines plantes médicinales courantes. Un·e herboriste qui ne serait ni médecin ni pharmacien·ne n’a pas le droit de soigner une maladie.
Pourtant, la demande du public en matière de médecines naturelles et de conseil en produits à base de plantes ne cesse de croître. Face à cette croissance, les formations privées se multiplient. On observe également de nombreux parcours intégrant des formations allant du domaine agricole jusqu’au domaine médical et paramédical.
La grande variabilité de ces parcours, tout comme celle des métiers exercés, confère une forme de liberté à l’exercice des activités d’herboristerie. Les contreparties de cette liberté sont un manque de visibilité de la profession, ainsi que des possibilités limitées et incertaines de développement, toujours dans les interstices de la loi. Face à cette situation plus qu’insatisfaisante, le Sénat, ainsi que les institutions du milieu herboristique, à l’image de la Fédération française des écoles d’herboristerie (FFEH) ou de la Fédération des paysans herboristes, sont à l’origine d’initiatives complémentaires.

Se professionnaliser en herboristerie demain
Dans la continuité de la mission d’information de 2018, Joël Labbé, sénateur écologiste du Morbihan, a fondé en 2019 un groupe de travail sénatorial qui réfléchit à une évolution législative afin de recréer une profession réglementée d’herboriste.
La FFEH travaille actuellement sur une voie parallèle, reposant sur la création d’une certification professionnelle. À cette fin, elle a commandité l’étude et la rédaction d’un référentiel « Métier de l’herboriste », achevé en juin 2019. Ce référentiel s’est attaché à conserver la diversité des activités dans le champ de l’herboristerie.
Au moment de la rédaction de cet article, le dossier de demande d’enregistrement de la certification professionnelle d’herboriste est en cours d’instruction. En cas d’acceptation du dossier par France compétences, cette certification de niveau 5, c’est-à-dire un équivalent professionnel à un diplôme bac+2 de type BTS ou DUT, pourrait alors figurer au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP).

Marc Robichon et Ida Bost
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Écoles dédiées aux plantes médicinales

  • Cap Santé
    Ty Boul’Ouarn
    Rue Jules-Ferry
    29410 Plouénour-Ménez
    www.capsante.net
    tél. : 02 98 78 96 91

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