Dossier Alternatives Habitat

Les enjeux du stade

Michel Bernard

Comment passer du bolo (coopérative d’habitants et activités économiques liées) à un quartier où le voisinage de plusieurs bolos permet d’aller plus loin dans la recherche d’autonomie ? Une formidable opportunité se présente à Kraftwerk : un stade voisin devait être transformé en centre commercial, puis le projet a été abandonné. Depuis maintenant dix ans, il est investi par les gens du quartier et un tiers de la surface est occupée par des jardins partagés. L’occasion de passer à une autre échelle ?

Quand on arrive du grand boulevard où passe le tramway, que l’on traverse le premier ensemble Kratfwerk et que l’on ressort à l’arrière, on tombe sur un vaste espace arboré. Hans Widmer nous y entraîne à la fin de la visite.
Les arbres que l’on voit ont une dizaine d’années : ils ont poussé depuis que des personnes du quartier occupent l’ancien stade.
Des allées fraîchement tondues (il y a un salarié pour cela) nous font circuler entre de petites parcelles de quelques dizaines de mètres carrés où les habitant•es ont pris l’habitude de cultiver des légumes. Au centre, quelques cabanes et une esplanade couverte permettent de cuisiner et d’organiser des repas collectifs, de ranger le matériel de jardinage, d’annoncer les rendez-vous.
L’eau est fournie par les anciennes conduites du stade. Une immense zone de compostage, coordonnée par le salarié, permet de fournir de la matière organique à tout le monde.
Un peu plus loin, un skate park a été réalisé entièrement, et sans aucune subvention, par des jeunes du quartier. Encore plus loin, on devine les dernières installations des activités sportives.
Hans Widmer a fait des dessins pour expliquer qu’il était possible de construire des immeubles principalement sur la périphérie de la parcelle, en réalisant trois îlots (trois bolos) sur l’entièreté du stade. De quoi accueillir 1 500 personnes environ. Et, cerise sur le gâteau, les surfaces cultivables au centre des îlots correspondraient à trois fois la surface des jardins actuels.
Le projet suscite des débats entre ceux et celles qui veulent conserver le statut actuel, avec juste une association assez informelle, et ceux et celles qui sont prêt•es à discuter du projet avec la mairie. Mairie qui, pour le moment, ne répond pas…
Hans Widmer est optimiste : la cheffe de la police de Zurich est habitante de Kraftwerk, ce qui assure une certaine retenue des forces de l’ordre ; et un adjoint de la mairie est aussi présent sur place, facilitant le dialogue. Enfin, par référendum, la mairie est dans l’obligation de trouver des terrains pour de nouvelles coopératives d’habitants… donc ce projet pourrait être une opportunité intéressante.

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