Chronique Femmes, hommes, etc. L’Écho féministe

Autogestion, réappropriation et carnaval : les Bombes Atomiques ont encore frappé !

Coline Guérin, Fanny Hugues

Les Bombes Atomiques se sont à nouveau retrouvé·es lors d’une semaine antinucléaire et féministe du 24 février au 1er mars 2020, en mixité choisie sans homme cisgenre (1), à Bure, lieu que l’État souhaite transformer en poubelle nucléaire en y enfouissant des déchets nucléaires.

Voici des extraits de leurs communiqués et chants :

Durant cette semaine, nous avons appris à nous connaître, nous avons vécu dans une forme d’autogestion incroyable à 150 personnes. La grange a été transformée en cantine. De la cuisine collective, en action toute la journée émanaient des odeurs merveilleuses, tous les espaces disponibles ont été habités de nos multiples réflexions, ressentis, rêves de lutte, stratégies, des écrits se sont déposés sur les papiers, des criées partagées, des AG infernales dans la salle multi-bondée et transpirante, des coups de barre, des éclats de rire, des boums improvisées, des tentes envolées et sauvées de la tempête, des toilettes sèches vidées à la pelle, des bûches fendues à la masse, des imaginaires en ébullition, des partages sur l’histoire des femmes dans les luttes antinucléaires, la proposition de réinventer l’écoféminisme par un « éco-queer », faire des intersections dans nos luttes, des ateliers de dessin, de la (re)découverte de nos corps, des intimités partagées, une farandole musicale et colorée sous la neige devant le tribunal pour soutenir une amie malfaitrice, des rencontres de partout ici dans la Meuse.

« Oli oli ola, et l’Andra n’est plus là. C’est nous les Bombes Atomiques, c’est nous les Bombes Atomiques. Oli oli ola, et l’Andra n’est plus là, et nous les Bombes Atomiques, sur ses cendres on danse-là »

Pour clore la semaine, nous avons organisé un carnaval. Nous avons confectionné de magnifiques masques avec des tissus de récupération, des paillettes, et plusieurs personnes ont profité de cet évènement pour apprendre à manier une machine à coudre. Une fois costumé·es de lierre, de capes, de robes à froufrou, de jupes en pneu et chambres à air, de leggings rayonnants, les portes de la maison se sont ouvertes. Ce fut un cortège dans la tempête, dans le vent qui faisait claquer nos banderoles, sous la pluie qui frappait nos visages rayonnants de faire ce trajet que nous n’avions pas fait depuis longtemps. Nous sommes arrivé·es à pied devant le laboratoire de l’ANDRA (2), et nous avons brûlé les marionnettes à taille humaine à l’effigie de représentants du pouvoir. Nous avons dansé autour de ce feu de joie, chanté, repeint une partie des lieux, et finalement décidé collectivement de rentrer, tous et toutes ensemble.

Malgré la surveillance déployée durant le carnaval et au quotidien sur ce territoire militarisé, malgré la présence policière, nous avons réussi ce qui ne l’avait pas été depuis très longtemps : occuper l’espace aux portes du laboratoire, manifester notre présence et notre puissance d’action.

« Écoutez l’bruit d’nos sabots, écoutez gronder nos colères. Écoutez l’bruit d’nos sabots, notre révolte antinucléaire ».

(1) Être cisgenre signifie que notre genre correspond au genre qu’on nous a assigné à la naissance. Cette précision marque le fait que les hommes trans’ avaient toute leur place dans cet évènement.

(2) Agence Nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

Silence existe grâce à vous !

Cet article a été initialement publié dans la revue papier. C'est grâce à vos abonnements et à la vente de la revue que nous pouvons continuer à proposer des alternatives à la société consumériste et destructrice actuelle. Sans publicité, sous forme associative, notre indépendance et notre pérennité dépendent de votre engagement humain et financier !

S'abonner Faire un don Participer