Éditorial Alternatives Covid-19

Au carrefour des mondes d’après

La rédaction

A l’image du reste de la société, le fonctionnement de Silence a été perturbé durant la période du confinement. Nous avons dit adieu à nos locaux et à nos collègues et sommes rentré·es chez nous parler à nos plantes vertes.

L’équipe salariée est passée en chômage partiel et en télétravail. Les bénévoles locaux ont dû renoncer à tenir les stands. Les envois de numéros et de commandes ont été suspendu·es. Le numéro d’avril, déjà imprimé, est resté sagement confiné chez notre imprimeur en attendant la reprise.
Après quelques débats nous avons décidé de rester fidèles à notre format de revue papier et de ne pas céder aux sirènes du tout-numérique nous incitant, par exemple, à publier des numéros en ligne plutôt que sur papier. Dans une période propice à la numérisation généralisée du monde et de nos modes de vie, il nous a semblé important de réaffirmer notre positionnement critique à ce sujet.
En ce mois de mai, ce sont deux numéros qui sont pliés et envoyés par la revue : celui d’avril et celui de mai-juin. Par leurs dossiers respectifs, tous deux ont un pied en Suisse.
Face à la gestion politique et autoritaire du virus, pas question de confiner notre esprit critique ! Mais pas si simple, dans un contexte qui nous a d’abord sidéré·es et déboussolé·es. Dans ce numéro vous trouverez, dans les pages de « brèves », quelques-unes de nos réflexions concernant l’épisode inédit que nous vivons.
D’autres analyses suivront dans les numéros à venir.
L’émergence du Covid-19 constitue un symptôme supplémentaire de la crise écologique inédite que nous sommes en train de vivre. Nous avions déjà goûté aux prémices du changement climatique, nous connaissons aujourd’hui les conséquences de la destruction des écosystèmes. Notre monde apparaît de plus en plus globalisé et fragile. Les catastrophes écologiques qui s’y multiplient frappent principalement les individus, les peuples et les pays les plus pauvres.
Les effets de cette parenthèse ouverte dans la course effrénée au profit que mènent nos sociétés capitalistes sont inédits. Une parenthèse qui a eu le mérite de réouvrir les imaginaires et qui a apporté la preuve qu’il est possible de mettre en pause une grande partie de notre économie si c’est nécessaire.
Mais cette pandémie et sa gestion politique ont aussi mis en lumière et amplifié les effets des inégalités présentes dans notre société. Ce sont les plus précaires qui ont davantage souffert de ses effets sanitaires et sociaux, et d’un recul massif des libertés individuelles. Nous avons pu constater collectivement à quel point les miettes de services publics qui n’ont pas encore été dévorées par le néolibéralisme sont précieuses pour nos vies.
Cette crise questionne les trajectoires de nos sociétés, mais nous ne savons pas encore dans quelle mesure nous allons aller vers plus de dépendance au numérique et à un monde dématérialisé, vers le renforcement des puissances économiques dominantes, ou bien vers plus d’autonomie, vers la sobriété collective et la décroissance choisie.
À quoi ressemblera le « monde d’après » ? À ce carrefour inédit où nous nous trouvons et où ont été ouvertes les voies vers le pire comme vers le meilleur, nous savons que si le pire est malheureusement probable, le meilleur reste possible.

La rédaction

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