On y retrouve de grandes dates historiques comme la marche du sel de Gandhi et la lutte des paysans du Larzac, des mobilisations récentes telles que les campagnes pour le climat d’ANV-COP 21 ou celles des mouvements antipub et anti-OGM, mais également de nombreuses actions moins connues et qui entrent en résonance avec l’esprit de Silence.
Pour réaliser ce travail, nous avons demandé à des personnes et organisations engagées dans la non-violence active et la désobéissance civile d’apporter leurs contributions. Le résultat est un bel objet foisonnant qui peut s’afficher chez soi ou servir de base de discussion et de formation.
Les dates qui suivent offrent quelques exemples de la diversité des actions de désobéissance civile que cette affiche tout en couleurs donne à connaître. En espérant que le résultat vous apportera autant de plaisir et d’intérêt que nous avons eu à la réaliser !
Quelques exemples de grandes dates de la désobéissance civile :
1880, France Hubertine Auclert et la grève féministe de l’impôt
Hubertine Auclert (1848–1914) est une militante féministe française. Elle s’engage pour la conquête des droits civils et civiques pour les femmes par la révision du code Napoléon et fonde notamment en 1876 la société Le Droit des femmes, qui soutient le vote pour les femmes. Dans ce cadre, elle entame en 1880 une grève de l’impôt en défendant l’idée que, faute de droits civiques et civils, les femmes ne devraient pas être imposables. Cet acte de désobéissance à la loi établie au nom d’une exigence d’égalité et de justice qui lui est supérieure n’est que l’un des nombreux combats qu’elle mène durant son existence, et rejoint d’autres actes de désobéissance menés par des féministes à la même époque, en Grande-Bretagne et aux États-Unis notamment.
Années 1970, États-Unis Des jardins communautaires occupés à New York
Deux types de mouvements convergent dans un New York en crise : les « guérillas vertes », conduites par des artistes qui médiatisent le geste de jeter des « bombes de graines » dans des terrains laissés en friche, et l’occupation de terrains vagues par des groupes de personnes pauvres pour y jardiner. Au fil d’années de batailles, ces actions entrent peu à peu dans la légalité, formant aujourd’hui les Community Gardens. Par ces occupations d’espaces, les plus précaires mettent en pratique, sans attendre qu’on leur en donne l’autorisation, les droits qu’ils et elles revendiquent et l’alternative constructive qu’ils et elles souhaitent mettre en place.
1975 – 1980, France Grève des loyers dans les foyers Sonacotra
En 1974 puis en 1975, la Sonacotra, organisme qui administre des foyers d’hébergement pour travailleurs immigrés célibataires dans toute la France, augmente de 15 % le prix des loyers de ses 60 000 résidents. Ceux-ci vivent dans des demeures exiguës (6 m2 par personne, à peine un WC par étage), avec un règlement intérieur très restrictif et des directeurs souvent issus de l’armée.
En 1975, le foyer Romain-Rolland de Saint-Denis, qui regroupe onze nationalités, refuse de payer la redevance. Le mouvement s’étend et en septembre 1975 naît une coordination de cinquante foyers en grève. Le comité de coordination réclame une modification radicale du règlement intérieur, une diminution de la redevance.
« Les résidents ont choisi de désobéir : ils tiennent réunions sur réunions et ont opté pour une stratégie qui exclut la violence (autodiscipline, interdiction de l’alcool, des mises de jeu…) face au climat d’insécurité (meurtre et attentats) entretenu par des gérants ou des hommes de main de la Sonacotra qui manient la délation, paient des provocateurs pour casser du matériel et créent des ‘groupes d’autodéfense’, en fait de véritables commandos de choc. »
La grève déteint sur d’autres foyers et, selon le comité de coordination, quarante mille résidents refusent de payer. La redevance augmente de nouveau en juin 1978, les procès contre les résidents se multiplient. La grève des loyers réunit 80 nationalités. Elle permet d’assouplir le règlement de nombreux foyers, et le pouvoir finit par reculer sur les expulsions.
1984, Brésil Occuper des terres pour les travailler
Dans un pays où 1 % des propriétaires terriens possèdent la moitié des parcelles agricoles, des millions de paysans et de paysannes travaillent sous la dépendance des agro-industriels. Un système d’exploitation hérité de l’ère coloniale. C’est dans ce contexte que naît en 1984 le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST). Ses membres s’organisent sous la forme d’occupation de terres sur lesquelles ils et elles établissent des campements précaires et revendiquent l’application de le réforme agraire telle qu’elle est inscrite dans la Constitution brésilienne. Malgré la répression, le MST a déjà permis l’accès à la terre de plus de 350 000 familles paysannes, à l’issue de luttes sur le terrain (occupations massives de terres délaissées) et dans les tribunaux. Aujourd’hui présent dans 24 États sur 26, il s’est progressivement engagé dans une lutte beaucoup plus large pour la justice sociale.
2005, Grande-Bretagne Bloquer les avions pour protéger le climat
Le mouvement écologiste Plane Stupid focalise son attention sur les effets climatiques de l’aviation de masse. Il lutte contre le développement du transport aérien et notamment contre les projets d’extension d’aéroports tels que celui de Heathrow. Le collectif organise des blocages d’avions, en se couchant en masse sur le tarmac pour les empêcher de décoller.
